• Franz von Papen, le vice-chancelier comploteur

    On a dit que décoré pour sa bravoure pendant la Première Guerre mondiale (photo ci-contre), il avait fait preuve d'une lâcheté et d'une faiblesse sans précédent pendant la Seconde, méprisé même par ses voisins de banc des accusés. Pourtant de l'homme on aura conservé qu'une seule image, celle de son apparition lors de la nomination d'Adolf HITLER comme chancelier le 30 janvier 1933 qui restera pour la postérité celle d'un homme assez gauche dans ses attitudes, qui hésitait à poser pour les photographes et à s'asseoir aux côtés du futur dictateur, même après y avoir été invité avec insistance. Un comparse dont on pourrait se demander ce qu'il fichait avec les dignitaires nazis coupables à Nuremberg en novembre 1945 de crimes contre l'humanité, les engagements nazis de Franz von PAPEN restant limités à un poste de député puis d'ambassadeur à Vienne et en Turquie. Très malin, il semble qu'il n'avait pas donné toute la mesure de ce dont il était capable. Pendant la Première Guerre mondiale, il avait, à titre d'exemple, tenté d'acheter des armes aux États-Unis qui jusqu'en 1917 sera classé dans les pays neutres. Mais il s’était alors heurté à un problème avec le blocus britannique qui ne permettait pas de livrer des armes à l'Allemagne. Von PAPEN a alors engagé un détective privé pour saboter les entreprises des pays alliés à New York. 

    Elu député à la diète de Prusse en 1921, membre de l’aile droite du Centre catholique, après avoir soutenu la candidature du maréchal HINDENBURG à la présidence en 1925 contre le candidat centriste, son opposition avec le futur chancelier BRUNING, pourtant chef de son parti, lui vaudra d'être appelé par le vieux maréchal à la Chancellerie le 1er juin 1932 pour former un gouvernement conservateur favorable aux intérêts des grands industriels. Exclu de son parti, cherchant à rallier à sa majorité les nationaux-socialistes en levant immédiatement l’interdiction qui frappait les SA, ce geste provoquera une recrudescence de l’agitation sociale qui le conduira à faire appel à la loi martiale à Berlin, où les bagarres entre communistes et SA se multipliaient déjà. Von PAPEN préfèrera démissionner le 17 novembre tout en espérant être rappelé par HINDENBURG, mais ce dernier lui préfèrera Kurt von SCHLEICHER qui tentera de mener une politique d'union nationale avec des réformes fiscales, espérant le soutien, à la fois des syndicats socialistes, et celui des nazis. Mais ses efforts restant vains, von PAPEN tentera de déstabiliser le nouveau chancelier en profitant d'un scandale dans les milieux agricoles pour tenter de revenir au pouvoir sans toutefois y parvenir. Ce qui est sûr c'est que l'homme avait un talent incroyable pour retourner tout le monde contre lui : ses amis, ses collègues, ses partenaires, ses électeurs... Se considérant comme un brillant stratège politique, le problème était que von PAPEN prenait constamment de mauvaises décisions.

    Franz von Papen, le vice-chancelier empruntéLe 28 janvier 1933, Kurt von SCHLEICHER démissionnera, contraignant le président HINDENBURG à accepter, à la demande de von PAPEN, de laisser la chancellerie à HITLER, mais avec un gouvernement conservateur où ne se trouveront place que deux nazis : GOERING et FRICK. Un compromis qui aurait pu paraître habile mais qui ne l'était pas. Car von PAPEN avait pour projet de se débarrasser d'HITLER, et de retrouver le pouvoir avec l'implication du Parti populaire national allemand d'Alfred HUGENBERG qui espérait également, lui aussi, être en mesure de contrôler le nouveau chancelier et ses nazis. Cependant, le Parti Populaire ne représentait que 8 % des voix alors que les nazis en avaient alors 33,1 % et les choses allèrent plus vite que ne l'escomptaient les deux hommes. Obtenant le soutien de l'armée, HITLER débordera en effet ses partenaires, et il mettra en route la « Mise au pas » de l'Allemagne. L'incendie du Reichstag, le 27 février, lui permettra de limiter les libertés civiles et d'éliminer ses opposants politiques, notamment les députés communistes du KPD, malgré l'illégalité de leur arrestation et un providentiel incendie du Reichstag. Von PAPEN en sera pour ses frais, même après avoir tenté de profiter de la discorde que ROHM et ses S.A avaient voulu instaurer et les menaces posant sur lui le dissuaderont d'insister.

    Après avoir tenté après guerre de revenir en politique en 1950, il semble que plus personne n'était prêt à suivre celui qui avait favorisé l'arrivée d'HITLER au pouvoir en 1933 en devenant son vice-chancelier. Franz von PAPEN décédera en 1969 à l'âge de 90 ans.

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  • Jean Cocteau, le poète nazi

    Jean COCTEAU était-il un nostalgique du Troisième Reich, d'Adolf HITLER, des bruits de bottes et des défilés nazis parisiens de l'occupation parisienne ?

    Que d'interrogations qui continuent toujours à captiver les curieux ! Après les accusations portées contre lui par certains résistants pour lesquels il était indéniable qu'il avait collaboré avec l'occupant, ces questions restent d'actualité. Il faut dire qu'une partie du passé du grand poète est à cet égard mystérieuse et son attitude laisse parfois la place au malentendu. Si l'on s'en tient par exemple à ses créations, il est vrai que son Son Aigle à deux têtes, sorti sur les écrans en 1948, interpelle. Pire, en 1943 déjà, le poète servait l’imagerie nazie dans l’Éternel Retour. Reconnu être bissexuel avant de devenir ouvertement homosexuel, il avait fait de son amant, l'acteur Jean MARAIS un jeune garçon élancé dont les cheveux blonds d'archange exterminateur faisait de lui un véritable modèle aryen. On dira même qu'avec ses bottes de cuir, il ressemblait plus à un héros wagnérien ou à un SS qu’à un chevalier du Moyen-Âge. COCTEAU avait, c'est vrai aussi, prêté sa plume à l’hebdomadaire collaborationniste La Gerbe, dirigé par son proche ami, Alphonse de CHATEAUBRIANT. Une publication où ce dernier avait lancé un appel discutable à la jeunesse pour les inciter à participer à un nouvel ordre européen. Qu'entendait-il donc par nouvel ordre et y incluait-il les nazis ? De CHATEAUBRIANT ne fera pas de vieux os en France, une fois l'heure de la Libération venue et le poète ira le visiter dans son ermitage autrichien. Le poète portait également dans son cœur Arno BREKER, le sculpteur officiel du Fürher, à qui la porte de son appartement était grand ouverte pendant la guerre. Lors de l’inauguration de son exposition à l’Orangerie, COCTEAU publiera un « Salut à Breker » qui lui sera par ailleurs beaucoup reproché, notamment par son ami ELUARD. En 1941, la décision du préfet de police d'interdire l'une de ses pièces : La machine à écrire sera annulée par l'antenne française de la Propaganda Abteilung de Joseph GOEBBELS, soucieuse de ne pas trop museler la muse française. Une pièce qui, pourtant, mettait en cause la délation et qui avait fait l'objet de critiques des milieux de la collaboration. Il semble aussi que son goût pour les très jeunes éphèbes et les jeunes gens pleins de santé comme les poulains de sa grande amie Edith PIAF avait aidé à ce qu'il soit détesté par le régime collaborationniste de Vichy et de gens comme REBATET, BRASILLACH et CELINE farouchement opposés à l'homosexualité. Dans Je suis partout, REBATET écrira à propos de COCTEAU : « Nous ne pouvons plus que mépriser Cocteau, le truqueur, l’énervé, le cuisinier de l’équivoque, des artifices les plus soufflés et les plus écoeurants (…). Il est responsable de tout ce qu’il a cassé et flétri, du cortège de jobards mondains, de pédérastes, de douairières excitées qui gloussaient au génie derrière ses pas (…). De palinodies en mensonges, de tarabiscotages en turlupinades, il a touché le bas de la pente ». Reste qu'en 1944, à la Libération, le 23 novembre, il sera rapidement acquitté par le Comité national du cinéma. Peut-être parce qu'on n'y avait retenu que ses bonnes actions. Max JACOB arrêté, COCTEAU avait en effet sonné à toutes les portes susceptibles de pouvoir apporter un secours et le faire libérer de Drancy où il mourra, et il dira s’être offert à la Gestapo pour prendre sa place. D'ailleurs, si son père, Georges COCTEAU, était un antisémite notoire, lui ne l'était pas.

    Jean Cocteau, le poète au passé ambiguCertains ont dit que COCTEAU avait tout vécu, les vertiges mondains comme l’illusion que la guerre aurait pu être jolie, les imprudences avec l’occupant allemand aussi... Car il lui arrivait de se compromettre en acceptant de dîner en compagnie de gens comme l'ambassadeur allemand Otto ABETZ ou le ministre nazi Albert SPEER par goût pour la nouveauté en étant toujours insaisissable, et jamais là où on l'attendait. On trouvera même, on vient de le dire, des articles de COCTEAU produits pour un journal d'extrême-droite La Gerbe dirigé par Alphonse de CHATEAUBRIANT où un ancien ministre de gauche du nom de Marc OGIER s'éclatait. Sans doute fallait-il entretenir la protection officielle d'Ernst JUNGER, l'officier chargé de la censure à l'Etat-Major de la Wermacht à Paris, protection dont il bénéficiait. Lorsque le chef de la censure allemande proposera à COCTEAU, en 1943, de monter Le Prince de Hombourg de KLEIST avec Jean MARAIS dans le rôle principal, il refusera, mais son refus passera inaperçu alors qu'une photo prise avec Zarah LEANDER, la star suédoise du cinéma nazi en tournée à Paris sera exploitée pour le vilipender. Il est vrai que les nazis avaient tenté en arrivant à Paris d'abord de séduire avant, dès l'été 1942 de réprimer et d'assassiner, cherchant à rassurer et à flatter en faisant, dans un premier temps, grand cas de la culture française. A tel point que les autorités d’occupation, moins rigides que celles de Vichy, autoriseront même aux Parisiens certaines expositions et certains films qui n'auraient jamais pu être montrés à Berlin. Les jazz-bands noirs continuaient de se produire dans les boîtes de Pigalle, malgré les critiques orientées d'organes comme le Je suis partout d'HENRIOT contre une musique négro-judéo-américaine. Peut-être aussi avec l'idée que la France pourrirait dans sa décadence, ce qui était le voeu le plus cher d'HITLER. COCTEAU et MARAIS deviendront en 1941 les cibles favorites des militants du PPF de DORIOT et le 27 août 1943, le poète et cinéaste sera hué et tabassé près de la place de la Concorde par des éléments de la Légion des volontaires français.

    Longtemps après ces journées peu glorieuses mettant en cause sa probité, apprenant la disparition d'Edith PIAF en novembre 1963, pris d'un étouffement, il s'éteindra quelques instants plus tard d'une crise cardiaque.

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  • Nuremberg... Albert Speer, sa stratégie de défense

    Albert SPEER (en haut à droite) reste encore aujourd'hui comme le plus énigmatique de tous les accusés qui ont dû répondre à partir de novembre 1945 aux questions du Tribunal de Nuremberg. Ce que démontre une attitude durant le procès qui ne cessera pas d'interpeller les observateurs et chroniqueurs présents. Etait-ce une stratégie cynique destinée à tromper le Tribunal et le monde ? Ou l'envie de prouver qu'il était le seul à être honnête parmi ceux qui, avec lui, avaient à répondre de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ? Et voulait-il qu'il n'y ait plus de culte d'HITLER au sein de la population allemande. Il insistera même sur la démence du dictateur qui lui était apparue in fine lorsqu'il a déclaré que : « l'Allemagne devait gagner la guerre ou être rayée de la carte ! »  

    Responsable des conditions de travail des gens employés dans les usines d'armement qui dépendaient de son ministère à compter de 1942, il semble que le fait d'avoir reconnu devant le Tribunal avoir une part de responsabilité dans le génocide qui était reproché aux dignitaires nazis présents ait joué. Peut-être aussi après avoir souligné qu'il s'était opposé à une venue forcée des travailleurs et au risque de les voir paralyser la production dont il avait été chargé. Car Fritz SAUCKEL sera, lui, condamné à mort alors qu'il était coupable des mêmes faits que SPEER. Il dira également avoir voulu tuer HITLER dans le bunker de Berlin en utilisant les bouches d'aération qu'il avait fait poser et en y rattachant les conduites de gaz. A l'évidence, l'architecte préféré d'HITLER sera responsable de la mise à l'écart d'Hermann GOERING dont l'influence sur les autres détenus était manifeste, surtout durant les quelques repas qu'ils prenaient tous ensemble entre les séances du procès.

    Un film qui se révèle être un parallèle intéressant avec le déroulement des événements tels qu'ils ont été enregistrés. 

     

     

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  • Hitler et Staline... Parallèles entre deux monstres

    Hitler et Staline... Parallèles entre deux monstres

    Soucieux l'un et l'autre de sacrifier l'individu au profit d'un système, entre HITLER et STALINE, il y a longtemps eu plus qu'une rivalité. Et si le dictateur russe admirait HITLER qu'il trouvait habile, il n'en n'était pas de même de ce dernier. Même en juillet 1940, après avoir reçu de son allié encombrant des félicitations au retour d'une campagne menée en France et d'une Blitzkrieg mémorable. Liés l'un à l'autre par un pacte discutable conclu dans les derniers jours d'août 1939 avec l'émissaire nazi von RIBBENTROP (ci-contre) qui provoquera un véritable chambard autour d'eux, les deux hommes ne resteront pas alliés longtemps. On sait que la crainte que la Russie se retourne contre HITLER après l'envahissement de la Pologne aura, semble-t-il, été à l'origine de la conclusion de ce pacte qui écartait le leader russe en l'associant, du moins un temps, à un partage qui n'était qu'une affaire de dupes. D'autant que STALINE avait fait l'effort de lire Mein Kampf et qu'il avait pu avoir en lisant ce programme une idée de ce qui l'attendrait un jour. L'ancien caporal autrichien y avait clairement mentionné son envie d'éradiquer le bolchévisme et de conquérir à l'est l'espace vital dont son Reich de mille ans avait besoin. Le "Petit Père des Peuples" ne le cachait pas au Kremlin et savait pertinemment qu'il avait conclu à l'automne 1939 un pacte avec le diable. Un pacte dont il se hâtera de récupérer la copie dans les ruines berlinoises de 1945 pour qu'on ne sache jamais quels étaient les termes d'accord qui y figuraient réellement et probablement différents de ceux qui ont été portés à la connaissance des historiens.

    Alors qu'en juin 1941, STALINE avait la conviction qu'HITLER n'était pas assez fou pour créer, du moins sans attendre davantage, un deuxième front en lui déclarant la guerre, et qu'à l'ouest, il n'avait toujours pas résolu le problème posé par les Britanniques qui, eux, s'étaient refusés au chant des sirènes nazies, il se produira l'impensable. A 3h30 du matin, le 22 juin 1941 en effet, les troupes nazies envahiront l'URSS. De l'aveu du dictateur nazi fait aussitôt après à MUSSOLINI, cet accord avec les Russes, c'était un véritable supplice mental dont il était heureux de s'être enfin délivré. De l'avis d'un grand nombre de spécialistes, ce plan Barbarossa avait même été prévu pour être exécuté dès le début mai. Au point que l'on pourrait se demander pourquoi HITLER a-t-il attendu le 22 juin pour le déclencher ? Doit-on voir dans ce report la conséquence de l'envol en avion de Rudolf HESS vers l'Angleterre ou le fait que les troupes nazies s'étaient quelque peu laissées prendre à un piège en Yougoslavie ?

    L'extrait d'un reportage qui suit réalisé par ARTE revient sur l'ensemble de ce qui aura précédé cette supercherie à la sauce nazie et sur les nombreuses alliances qui n'auront guère tenu longtemps.

     

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