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Philippe Henriot, la voix du Radio Paris allemand de 1943-44
Philippe HENRIOT reste l'une des figures marquantes de la collaboration avec les nazis, une période durant laquelle il aura été considéré en Allemagne, à l'instar de l'époux de Magda la chienne, Joseph GOEBBELS, comme le responsable de la propagande gouvernementale de Vichy. Grâce notamment à des tribunes virulentes parfois tenues sur Radio-Paris, la radio d'Etat d'une France collaborationniste, ce qui justifiait bien qu'avec le propagandiste nazi, les deux hommes puissent se rencontrer (article presse ci-contre). Le courant passait d'ailleurs bien entre eux et, au sortir de cette première et unique entrevue du début juin 1944, les deux hommes avaient confié à leurs proches tout le bien qu'ils pensaient l'un de l'autre. En le raccompagnant, l'Allemand avait même glissé à l'oreille du Français que le débarquement de Normandie, qui avait commencé la veille, n'était qu'un leurre et que le bon, le vrai, celui que tout le monde attendait impatiemment se produirait dans le Pas-de-Calais, comme le Reich l'avait toujours prévu… Sans doute pour le rassurer sachant que ses jours allaient être difficiles après ce début juin 1944 mais sans pour autant présager qu'on attenterait à la peau du pilier du Radio-Paris allemand, HENRIOT quelques jours plus tard.
HENRIOT avait failli être écrivain et il aurait voulu être une plume avant d'épouser des causes pour le moins discutables et, comme l'a été Adolf HITLER, il sera l'illustration même de l'artiste contrarié. Professeur de lettres et directeur de l'Action Catholique, cet artiste contrarié trouvera à une tribune dès janvier 1925 l'occasion de se rendre compte, lui aussi tout comme HITLER, qu'il avait des dons d'orateur. Un temps député de la Gironde au début des années trente, il participera à la chute du gouvernement de Camille CHAUTEMPS au moment de l'affaire STAVISKY. Tout d'abord opposé aux Allemands, il semble qu'il ait mesuré assez rapidement tout ce qu'il pourrait tirer d'une entente avec le dictateur nazi. D'autant qu'il était déjà un admirateur de FRANCO et de MUSSOLINI. « Il voyait dans le nouveau régime l’État autoritaire qu’il souhaitait, débarrassé des arguties de la démocratie et, en PETAIN, l’incarnation de la droite réactionnaire et traditionaliste dont il était lui-même issu », écrira à son propos un biographe. En février 1942, il aura l'occasion de prononcer son premier discours et d'acquérir une certaine aura qui lui vaudra d'animer ensuite quantité de tribunes avec un timbre de voix assez caractéristique. Devenu milicien dès 1943, anticommuniste et antimaçonnique, profondément antisémite, ses émissions sur Radio-Paris en feront un tribun de tout premier plan avant que dans les derniers mois de la collaboration on ne lui confie un poste de secrétaire d'État à l'Information et à la Propagande.
Il sera abattu à l'aube du 28 juin 1944 sous les yeux de son épouse sur ordre venu de Londres par un comité d'action de la Résistance composé d'une quinzaine d'hommes opérant sous la direction de Charles GONARD, futur compagnon de la Libération dans son propre ministère de l'information de la rue Solférino, là même où le Parti Socialiste s'installera quelques décades plus tard lorsque la génération MITTERRAND sera au pouvoir. Le chef du gouvernement pétainiste Pierre LAVAL interviendra sur Radio-Paris pour rendre un hommage appuyé à son ministre : « Vous êtes venus, comme tous les jours, à la même heure pour entendre la voix de Philippe Henriot. Vous ne l'entendrez plus. Philippe Henriot a été assassiné, ce matin, au ministère de l'Information, Il a été abattu à coups de revolvers sous- les yeux mêmes de sa femme. Je viens de quitter cette femme douloureuse et digne. Ma pensée reste auprès d'elle et de ses enfants si Injustement et si cruellement frappés ». En représailles, la Milice de DARNAND se livrera à des exactions meurtrières dans tout le pays occupé et notamment à l’assassinat de Georges MANDEL (ci-contre), l'une des figures de la Résistance. De la disparition de Philippe HENRIOT restent des images, celles de ses obsèques conservées par l'INA (extrait reportage ci-dessous). On notera que l'humoriste Pierre DAC qui avait aussi été pendant la guerre la voix de la Résistance de Londres, avait réagi quelques mois auparavant à une attaque d'HENRIOT qui lui reprochait comme à tous les autres Juifs de ne pas aimer la France.
Lors de la débandade de Vichy en juin, sa haine des Juifs, des « rouges », de la « secte » maçonnique, de la finance anglo-saxonne, des Alliés et des « terroristes », éclatera avec toute la virulence dont il était capable. Dans une biographie, fort bien documenté notamment grâce aux rapports des renseignements généraux, Christian DELPORTE a retracé le parcours de celui qui a été « la voix de la France allemande, le symbole même de la trahison ». Un homme qui, au fil de sa vie, aura gravi tous les degrés du fourvoiement pour devenir le propagandiste zélé du régime de Vichy. Son petit-fils, Jacques HENRIOT sera, de 1988 à 2011, le secrétaire départemental de la fédération du Front National des Pyrénées Atlantiques sous l'ère de Jean-Marie LE PEN avant que la fille de ce dernier entreprenne dans le cadre d'une dédiabolisation de changer quelques petites choses au sommet de la pyramide F.N ! A l'heure où certains médias sont soupçonnés de collusion avec l'Etat comme les plus grandes chaînes de télévision, ou comme BFMTV on ne peut que revenir sur cette mauvaise collaboration passée et sur les risques qui pèseraient aujourd'hui immanquablement sur ceux qui sont montrés du doigt, si du moins se tenait un nouveau procès de Nuremberg. Ne serait-ce que pour avoir été les auteurs d'une manipulation d'opinion avant les dernières élections présidentielles et avoir fait craindre l'arrivée au pouvoir d'une prétendue extrême-droite alors que la Macronie est en train d'assassiner la France avec l'aide du nazi Klaus SCHWAB. Il était important de le dire !
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