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Pétain, le coureur de jupons antisémite
Le portrait de Philippe PETAIN qui a été diffusé sur la chaîne ARTE voici déjà quelque temps est révélateur d'une personnalité que peu connaissent. Car, que savait-on exactement de cet ancien héros de la première guerre mondiale qui s'est avili pendant la seconde en fricotant avec les nazis en attendant patiemment son heure aux côtés de FRANCO ? Que c'était un véritable coureur de jupons, célibataire endurci et un chaud lapin aimant coucher avec plusieurs femmes à la fois, ce que révèle une abondante correspondance avec celles qu'il aura "séduites" ? C'est peu probable. C'est d'autant moins probable que l'homme qui aimait à se faire passer pour un défenseur des valeurs morales était, finalement, le pire des mâles en rut et donc quelqu'un capable de tous les excès ! Ce qu'il démontrera également dans d'autres domaines. Il semble que ce soit en 1901, qu'il se serait entiché d'Eugénie dite Annie de 19 ans sa cadette (en photo ci-contre) qu'il avait demandée en mariage mais sans obtenir le consentement de sa famille et qu'à la suite de cette déception, il se soit réfugié dans les bras d’autres femmes. Le succès de Verdun, lui vaudra l’admiration des Français et surtout des Françaises puisqu'on recensera plus de 4 500 correspondances entre PETAIN et les représentantes du sexe faible. Mais une fois marié avec cette Annie qu'il avait retrouvée, Monsieur Travail, Famille, Patrie ne pourra s'empêcher d'aller voir ailleurs et il aura encore de nombreuses aventures durant la seconde guerre mondiale ! Notamment en compagnie d’« une jeune fille qui, selon Patrick BUISSON, se serait déclarée vivement satisfaite de cette “nuit d’amour” en compagnie du grand homme » (1). Certains le décriront même comme un coureur de bordels. Austère et sensuel, cynique et manipulable, inflexible et versatile, les contradictions du personnage donnent chair à la monumentale biographie que lui a consacré l'historienne Bénédicte VERGEZ-CHAIGNON. Des lettres adressées à ses conquêtes ont été retrouvées comme celle adressée à l'une d'entre elles qui montre qu'il savait s'adresser à ces femmes de rencontre ! J'arriverai à Paris à 3 heures, lui écrivait-il, et nous pourrons nous voir un instant seuls. Je me cacherai dès l'arrivée de Jeanne (probablement une autre partenaire). Je t'assure que rien n'est plus excitant. J'aimerai que dès son arrivée ru te montres très gentille et très caressante et que tu l'entraînes sur le divan de la chambre à coucher et avant même que les chemises soient enlevées...
Car en dehors du fait que l'homme reste pour beaucoup ce collabo qui a plongé notre pays dans un climat honteux de renoncement en juin 1940 avec toute une bande de sbires comme LAVAL, DARNAND, PAPON, MARQUET, BOUSQUET et consorts, des êtres qu'il conviendrait d'oublier, bien des livres et témoignages restent muets à propos de quantité de points comme ceux-là. Même si l'anagramme de PETAIN est "inapte" ! Certains des descendants de ceux qu'il avait commandés à Verdun restent d'ailleurs aujourd'hui encore dubitatifs sur les mérites de l'ancien maréchal qui, selon eux, n'avait pas hésité à sacrifier des populations entières de jeunes gens pour arriver à ses fins. Mais le pire de l'Histoire, avec un grand H, c'est que l'homme, lorsqu'il était jeune officier, avait déjà choisi son camp, ce que l'on sait moins. En rejoignant par exemple au moment de l'affaire DREYFUS ceux qui avaient cru en la culpabilité du capitaine juif et en sa trahison. Ce qui dénotait déjà chez ce personnage l'effet d'un antisémitisme évident. D'autres diront que, sans être partisan du capitaine incriminé et emprisonné à l'île du Diable, il avait trouvé sa condamnation justifiée parce que l'officier avait été "mal défendu". Simone VEIL lorsqu'elle parlera son enfance niçoise évoquera ce que son propre père André JACOB assimilait à un reniement de PETAIN à ses idéaux républicains, outré par l'exclusion qu'il avait cru devoir appuyer auprès des nazis, durcissant même le texte d'exclusion qui avait été proposé à son gouvernement de collaboration. Il n'y avait là rien pourtant de bien surprenant tant l'admiration de PETAIN pour les nazis était manifeste. Il suffisait d'ailleurs de le voir avant-guerre en compagnie d'Hermann GOERING (ci-dessus) pour s'en convaincre !
Après un long procès qui se tiendra à l'été 1945, PETAIN sera emprisonné au fort de l'Ile d'Yeu où il s'éteindra cinq ans plus tard.
(1) Patrick Buisson, 1940-1945. Années érotiques. Tome 1 : Vichy ou les infortunes de la vertu, Albin Michel, Paris, 2008
Tags : petain, homme, coureur, 1945, nazis
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