• Charles Berty tué par les nazis avait couru le Tour de France

    Charles Berty tué par les nazis avait couru le Tour de France

    C'était de la graine de champion et pourtant Charles BERTY n’est jamais revenu du camp de Mathausen en Autriche, lui. qui avait couru trois Tours de France ! Cet Isérois, coéquipier du "Pédaleur de charme" René VIETTO en 1939, avait fini par s’engager dans la Résistance après avoir poursuivi sa carrière de cycliste en 1942 en tenant parallèlement un magasin de cycles, et cela malgré le conflit. On dit qu'il aurait été dénoncé par un voisin jaloux. Arrêté chez lui par la Milice et les SS pour qu'il livre quelques complicités, il sera aussitôt torturé, puis déporté à Mauthausen. Un kapo plein de haine attendra dans ce fichu camp qu’il se plaigne d’une inflammation à son bras pour le massacrer, le 18 avril 1944, à coups de crosse de fusil. Dans le magasin de cycles qu’il tenait à Grenoble, Charles BERTY dissimulait des tracts clandestins. Une excellente couverture qu'il mettra à profit sans se douter de ce que pouvait être la méchanceté des gens qui fréquentaient son magasin ou qui jalousaient ses quelques réussites. Il est vrai que ses sorties d’entraînement n’éveillaient pas les soupçons, comme lorsqu’il escaladait la Chartreuse, quatre fois par jour, pour repérer les cibles allemandes ou les futurs terrains de parachutage et être utile à ses amis de la Résistance. Aux maquisards, il lui arrivera également de fournir des bicyclettes. Hélas, il avait sans doute été repéré !

    Charles Berty tué par les nazis avait couru le Tour de France

    Son nom a été donné au stade vélodrome de sa ville en 1948, là où il avait débouché en tête à l'arrivée d'une étape du Tour 1936 menant les coureurs d'Aix-les-Bains à Grenoble, un Tour qu'il avait achevé à la 25ème place. Cette étape qu'il terminera à la 4ème place reviendra finalement à Theo MIDDELKAMP. Ce sera l'un de ses meilleurs classements sur la Grande Boucle, et restera longtemps en mémoire de beaucoup de ceux qui l'appréciaient. Sur une des rares photos retrouvées (ci-contre) on le voit poser avec René VIETTO et son équipe du Sud-Est. Sans doute aurait-il aimé triompher dans sa ville de Grenoble lui qui avait vu le jour dans la région en septembre 1911 à Saint-Laurent-du-Pont. En 1939, il participera également à la classique italienne Milan-San Remo qu'il achèvera à la 17ème place. Charles BERTY était aussi détenteur de six records du monde sur piste. A l’occasion de travaux, l’enceinte est devenue le Stade de l’agglomération grenobloise, puis le Stade des Alpes. Aujourd’hui, c’est une plaque penaude, clouée à l’indifférence du hall sud, qui rend hommage au cycliste grand résistant qui avait laissé une fille au moment de sa mort à Mathausen. Mais, longtemps après son assassinat chez les nazis, qui se souvient encore aujourd'hui de ce qu'était Charles BERTY et de son sacrifice pour que vive notre pays ? A l'heure où se dispute le Tour de France cycliste, il n'était pas inutile de rendre un hommage à ce jeune champion trop méconnu !

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  • Un ancien officier SS assassiné en juillet 1976

    Un ancien officier SS assassiné en juillet 1976

    Il est probable que le corps calciné retrouvé voici quarante-cinq ans le 14 juillet 1976 dans une maison incendiée à Traves, dans le département de la Haute-Saône durant une période de sécheresse mémorable, était celui de l'ancien adjoint d'Heinrich HIMMLER. Le colonel SS Joachim PEIPER alors âgé de 61 ans avait été condamné à mort après la guerre pour le massacre de prisonniers américains désarmés, à Malmédy en Belgique ainsi que pour quelques autres atrocités commises en Italie. Cependant, l'autopsie réalisée après coup n'en avait pas fourni la certitude tant le corps calciné avait été difficile à identifier. Qu'était-il donc arrivé au Waffen SS le plus haï de l'histoire qui avait voulu finir ses vieux jours à Traves après y avoir fait bâtir une maison ? Le corps retrouvé à 4 h 30 le 14 juillet ne sera identifié que le 24 mai 1977, près d'un an plus tard. Un groupe de résistants aurait-il voulu chasser l'ancien officier SS dont les villageois avaient demandé le départ de Traves en publiant même un tract (ci-contre) et celui-ci surpris par l'incendie, n'aurait pas eu le temps de s'enfuir ? C'est la version qui a longtemps couru. L'écrivain Georges ARNAUD, qui avait refait l'enquête avec le réalisateur Roger KAHANE, n'était pas convaincu par cette explication. Dans un livre consacré à cette affaire, PEIPER aurait manigancé toute cette mise en scène afin de pouvoir disparaître en se faisant passer pour mort. Le corps retrouvé calciné ne serait donc pas le sien, mais celui de quelqu'un d'autre qui aurait permis à PEIPER de partir vivre en paix ailleurs. Face aux menaces des gens de Traves, sa femme était partie se réfugier en Allemagne, chez Benno MULLER, l’ancien adjoint de MENGELE. En l'absence de test ADN à l’époque, c’était bien un corps humain réduit à 80 cm à cause d’une fournaise de 1 400 degrés qui avait été retrouvé, du groupe sanguin 0 + et la seule dent conservée, une molaire supérieure, correspondait bien à une radio dentaire de PEIPER.

    Un ancien officier SS assassiné en juillet 1976

    Pour un ancien journaliste aujourd'hui retraité, quelqu’un a voulu faire justice au nom de la France, profitant de la date du 14 juillet, et de feux d'artifice pour provoquer cet incendie. Encore que la date du 14 juillet n'ait pas été anodine. Plusieurs coups de feu auraient été entendus cette nuit là avant que le feu embrase la propriété de l'ancien colonel SS.

    Natif de Berlin où il était né en 1915, et issu du sérail des Jeunesses Hiltlériennes bien que n'ayant jamais adhéré au parti nazi, Joachim, dit Jochen PEIPER pouvait s’enorgueillir de porter à l’âge de 29 ans seulement le grade de colonel ou d’Obersturmbannführer. Il avait même été de toutes les batailles participant aussi bien à l'invasion nazie à l'est qu'à d'autres campagnes comme en France en Normandie ou plus tard dans les Ardennes voire en Italie. C'est d'ailleurs dans les Ardennes qu'il fera tuer des prisonniers américains en nombre, ce qui lui vaudra d'avoir sa tête de mise à prix !  

     
     
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  • Issu d’une famille ouvrière de Bully-les-Mines où il était né en 1920, Roger PANNEQUIN, celui que l'on appelait Commandant Marc, appartenait à une génération communiste de la Résistance qui n'avait jamais accepté la tutelle nazie et cela même bien avant le déclenchement de l'opération de conquête Barbarossa lancée par HITLER en juin 1941. D'abord Socialiste, il deviendra membre des Jeunesses communistes dès janvier 1941 faisant très vite partie des groupes de militants des Jeunesses qui récupèreront matériel, papier, argent en vue de l'exécution des tout premiers sabotages. Il deviendra ensuite en octobre 1941 membre du Parti Communiste clandestin. Il semblerait que c'est une rencontre avec un militant communiste, Julien HAPIOT qui lui avait proposé « de faire quelque chose » que serait né son engagement de résistant.

    Après l’invasion de la Russie par les nazis le 21 juin 1941, il est vrai que la résistance s'était simplifiée pour les communistes. Mais en mai 1942 Roger PANNEQUIN sera arrêté à la sortie de son école par la police mobile de Lille. Il sera torturé à diverses reprises puis jugé en juin 1942 par la spéciale d’appel de Douai puis condamné à 15 ans de travaux forcés. Emprisonné à la centrale de Huy, il s'en évadera le 17 juillet 1943. Chargé de la confection du "Patriote du Pas-de-Calais" tiré à 10 000 exemplaires, il échappera peu de temps après à une nouvelle arrestation, mais la femme du résistant qui devait le recevoir Suzanne LANNOY arrêtée par la Gestapo sera interrogée dans des conditions tellement effroyables que la malheureuse expirera dans les deux jours, mais sans avoir parlé. Roger PANNEQUIN la vengera en exécutant son tortionnaire principal, un certain Helmuth. Arrêté à nouveau le 24 mai 1944, à Lens et écroué à la prison de Cuincy, il parviendra à s’en évader le 26 juin en compagnie d’autres prisonniers. Sous un pseudonyme qui le rendra célèbre il assurera la responsabilité des liaisons entre un mouvement de résistance : le Front national et les FTP dans les départements de l’Aisne, des Ardennes et de la Meuse. La guerre finie il sera élu le 13 mai 1945, premier adjoint de la municipalité de Lens (Pas de Calais) aux côtés du nouveau, maire Auguste LECOEUR et sera en charge du budget et des écoles. Roger PANNEQUIN sera également désigné en décembre 1945 pour faire partie de la Commission départementale d’enquête chargée auprès des Comités de libération locaux du bilan de l’épuration, créée à l’initiative de la Commission de la justice du Conseil national de la Résistance. Après avoir été candidat du PCF aux élections cantonales à Bertincourt, il sera également candidat sur la liste communiste aux élections législatives d’octobre 1945 puis de juin 1946, mais sans être élu. Elu au Comité central, au XIIe congrès en avril 1950, PANNEQUIN sera nommé rédacteur en chef des Cahiers du Communisme devenant, à l’automne 1952, directeur de l’École centrale.

    Il sera fait officier de la Légion d'Honneur. Il a laissé deux livres : Ami si tu tombes et Adieu camarades qui ont été publiés chez Actes Sud. Le film ci-dessous rend hommage à cette armée des ombres à laquelle appartenait le résistant Roger PANNEQUIN.

     

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  • Christian Pineau, le résistant cégétiste...

    En acceptant de signer et de participer à un "Manifeste des douze" dès novembre 1940, et donc bien avant l'offensive nazie à l'est, Christian PINEAU avait déjà choisi son camp. Et son camp ne pouvait être celui de cette main tendue à l'occupant nazi symbolisée par la rencontre de Montoire-sur-Loir entre HITLER et le Maréchal PETAIN dans une gare restée un triste souvenir. Une rencontre qui n'était que l'illustration d'une volonté de collaborer avec une dictature qui n'en n'était encore qu'à ses premières exactions en l'absence de données sur le traitement réservé aux Juifs dans les différents camps.

    Christian Pineau, le résistant cégétiste...Licencié en Droit et diplômé en Sciences Politiques dès 1924, il était hors de question pour ce fils d'officier qu'après cette armistice concédée aux nazis à Rethondes en juin 1940 Christian PINEAU participe avec quelques autres affairistes politiques à un tel renoncement et qu'il s'engage dans une collaboration avec l'ennemi. Ce dont il était persuadé c'est qu'il fallait à tous les jeunes gens qu'il avait choisi de suivre un leader et, plus qu'un leader, un fédérateur, mais cet homme, ce fédérateur pouvait-il être Charles de GAULLE ? Certes, en juin 1940 beaucoup d'interrogations demeuraient encore, même après un tel discours et cet appel du 18 juin resté célèbre. Issu également d'un milieu syndical, celui de la CGT dont il était le secrétaire au conseil économique en 1938 et 1939, Christian PINEAU entraînera rapidement derrière lui un grand nombre de gens décidés à bouter l'occupant nazi hors de France. Devenu chef de cabinet de son beau-père, Jean GIRAUDOUX, au Commissariat à l’Information, il fondera néanmoins en secret, dès l’armistice, un journal clandestin périodique : Libération après avoir échangé avec un certain Robert LACOSTE. Il rédigera aussi avec lui, en novembre 1940, dans un petit bureau de la Caisse des dépôts et consignations, le Manifeste du syndicalisme français. Cette initiative énormément soutenue par les milieux syndicaux lui permettra d'échanger avec Londres grâce à un entregent de Pierre BROSSOLETTE et d'être considéré avant Jean MOULIN comme le premier interlocuteur résistant du général de GAULLE. Il semble aussi que le général en fin tacticien ait perçu l'importance que pouvait avoir ce Christian PINEAU dont l'influence était effectivement évidente parmi les milieux syndicaux. C'était pour lui la possibilité d'obtenir une sorte de caution de la classe ouvrière.

    Mais, traqué par les nazis dans le Nord, il sera contraint de s'abriter en zone libre dès le début de l'année 1942. Arrêté avec Jean CAVAILLES dans la nuit du 5 au 6 septembre 1942 au cours d'une opération d'embarquement clandestine vers l'Angleterre, il sera interné à la prison militaire de Montpellier, réussissant cependant à s'en évader en sautant du train au cours de son transfert vers le camp de Saint-Paul d'Eyjeaux le 12 novembre 1942. Le 14 janvier 1943, par avion, lors d'un second voyage à Londres, il y plaidera la cause d'un rassemblement national unissant mouvements et partis, préfigurant le Conseil national de la Résistance. Ce sera aussi en janvier 1943 qu'il rencontrera pour la première fois Jean MOULIN. Juste avant d'être à nouveau arrêté en mai 1943 et déporté à Buchenwald.

    Christian Pineau, le résistant cégétiste...Il sera appelé par de GAULLE au gouvernement provisoire comme ministre du ravitaillement en mai 1945, quelques jours seulement après son retour de déportation. Ce Sarthois sera l'un des Compagnons de la Libération avec Raymond DRONNE mais plutôt que de rejoindre la mouvance gaulliste, Christian PINEAU rejoindra la SFIO et deviendra député socialiste jusqu'en 1958. Devenu ministre des Affaires étrangères le 1er février 1956, il aura à gérer la crise de Suez et la négociation des traités de Rome. Il a d'ailleurs joué un rôle essentiel dans la construction européenne. Au cours de sa carrière, il se sera positionné comme pro-européen, défenseur de la malheureuse Communauté européenne de défense aux côtés d’Antoine PINAY, dans un contexte politique défavorable à tout rapprochement avec l’Allemagne. Opposé au retour du chef de la France Libre en 1958, il ne sera pas réélu à la députation en 1958 et il s'en tiendra dès lors à l'exercice de mandats locaux et il publiera des écrits. Grand officier de la Légion d'honneur, il décédera le 5 avril 1996 et l'interview ci-dessous sera l'un des derniers qu'il accordera à un média.

     

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