• Christian Pineau, le résistant cégétiste...

    Christian Pineau, le résistant cégétiste...

    En acceptant de signer et de participer à un "Manifeste des douze" dès novembre 1940, et donc bien avant l'offensive nazie à l'est, Christian PINEAU avait déjà choisi son camp. Et son camp ne pouvait être celui de cette main tendue à l'occupant nazi symbolisée par la rencontre de Montoire-sur-Loir entre HITLER et le Maréchal PETAIN dans une gare restée un triste souvenir. Une rencontre qui n'était que l'illustration d'une volonté de collaborer avec une dictature qui n'en n'était encore qu'à ses premières exactions en l'absence de données sur le traitement réservé aux Juifs dans les différents camps.

    Christian Pineau, le résistant cégétiste...Licencié en Droit et diplômé en Sciences Politiques dès 1924, il était hors de question pour ce fils d'officier qu'après cette armistice concédée aux nazis à Rethondes en juin 1940 Christian PINEAU participe avec quelques autres affairistes politiques à un tel renoncement et qu'il s'engage dans une collaboration avec l'ennemi. Ce dont il était persuadé c'est qu'il fallait à tous les jeunes gens qu'il avait choisi de suivre un leader et, plus qu'un leader, un fédérateur, mais cet homme, ce fédérateur pouvait-il être Charles de GAULLE ? Certes, en juin 1940 beaucoup d'interrogations demeuraient encore, même après un tel discours et cet appel du 18 juin resté célèbre. Issu également d'un milieu syndical, celui de la CGT dont il était le secrétaire au conseil économique en 1938 et 1939, Christian PINEAU entraînera rapidement derrière lui un grand nombre de gens décidés à bouter l'occupant nazi hors de France. Devenu chef de cabinet de son beau-père, Jean GIRAUDOUX, au Commissariat à l’Information, il fondera néanmoins en secret, dès l’armistice, un journal clandestin périodique : Libération après avoir échangé avec un certain Robert LACOSTE. Il rédigera aussi avec lui, en novembre 1940, dans un petit bureau de la Caisse des dépôts et consignations, le Manifeste du syndicalisme français. Cette initiative énormément soutenue par les milieux syndicaux lui permettra d'échanger avec Londres grâce à un entregent de Pierre BROSSOLETTE et d'être considéré avant Jean MOULIN comme le premier interlocuteur résistant du général de GAULLE. Il semble aussi que le général en fin tacticien ait perçu l'importance que pouvait avoir ce Christian PINEAU dont l'influence était effectivement évidente parmi les milieux syndicaux. C'était pour lui la possibilité d'obtenir une sorte de caution de la classe ouvrière.

    Mais, traqué par les nazis dans le Nord, il sera contraint de s'abriter en zone libre dès le début de l'année 1942. Arrêté avec Jean CAVAILLES dans la nuit du 5 au 6 septembre 1942 au cours d'une opération d'embarquement clandestine vers l'Angleterre, il sera interné à la prison militaire de Montpellier, réussissant cependant à s'en évader en sautant du train au cours de son transfert vers le camp de Saint-Paul d'Eyjeaux le 12 novembre 1942. Le 14 janvier 1943, par avion, lors d'un second voyage à Londres, il y plaidera la cause d'un rassemblement national unissant mouvements et partis, préfigurant le Conseil national de la Résistance. Ce sera aussi en janvier 1943 qu'il rencontrera pour la première fois Jean MOULIN. Juste avant d'être à nouveau arrêté en mai 1943 et déporté à Buchenwald.

    Christian Pineau, le résistant cégétiste...Il sera appelé par de GAULLE au gouvernement provisoire comme ministre du ravitaillement en mai 1945, quelques jours seulement après son retour de déportation. Ce Sarthois sera l'un des Compagnons de la Libération avec Raymond DRONNE mais plutôt que de rejoindre la mouvance gaulliste, Christian PINEAU rejoindra la SFIO et deviendra député socialiste jusqu'en 1958. Devenu ministre des Affaires étrangères le 1er février 1956, il aura à gérer la crise de Suez et la négociation des traités de Rome. Il a d'ailleurs joué un rôle essentiel dans la construction européenne. Au cours de sa carrière, il se sera positionné comme pro-européen, défenseur de la malheureuse Communauté européenne de défense aux côtés d’Antoine PINAY, dans un contexte politique défavorable à tout rapprochement avec l’Allemagne. Opposé au retour du chef de la France Libre en 1958, il ne sera pas réélu à la députation en 1958 et il s'en tiendra dès lors à l'exercice de mandats locaux et il publiera des écrits. Grand officier de la Légion d'honneur, il décédera le 5 avril 1996 et l'interview ci-dessous sera l'un des derniers qu'il accordera à un média.

     

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