• Le Titanic ou quand l'insubmersible a failli

    Le Titanic ou quand l'insubmersible a failliDans la nuit du 14 au 15 avril 1912, à environ 700 km des côtes nord américaines, lors d'un périple qui devait le mener de Southampton à New-York, le TITANIC sombrait en un peu plus de deux heures après avoir heurté un iceberg à 23h40 sans avoir pu sauver 1 523 de ses passagers. Alors que l'on pensait ce navire insubmersible, on a longtemps cherché à comprendre dans quelles conditions avait pu se produire une telle catastrophe d'autant que la mer était, cette nuit-là, calme, trop calme ! Cette mer qualifiée de "mer d'huile" n'avait donc pas permis de déceler l'iceberg meurtrier contre lequel s'échouera le navire. Ce sera longtemps l'une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix. Commandé par le capitaine Edward SMITH, le TITANIC dont la construction avait commencé cinq ans plus tôt transportait parmi ses passagers quelques-unes des plus grandes fortunes de l'époque, des gens qui avaient été sensibles au luxe qui régnait à bord (photo ci-dessus)Composé de seize compartiments étanches servant à protéger l'ensemble d'avaries importantes. 

    Une équipe s'est efforcée de comprendre ce qui avait pu se passer voici aujourd'hui un peu plus d'un siècle dans cette nuit d'avril en tentant de remonter à la surface un siècle plus tard ce qu'il restait du navire. L'épave avait déjà pu être localisée en septembre 1985. Comment une telle conception avait pu ainsi sombrer même après avoir heurté un iceberg ! Le problème était que la coque était enfoncée dans la vase et qu'il était donc devenu difficile de répondre aux questions que s'étaient posées les enquêteurs. Contrairement à ce qui avait été avancé par la presse de l'époque, c'est toute une série de petites brèches sur la coque qui auraient précipité la fin du TITANIC et non comme on l'avait longtemps supposé une assez large éventration. On a d'ailleurs réussi à reconstituer le naufrage et à comprendre que le navire s'était tout d'abord brisé avant de sombrer et tout cela en seulement deux heures de temps ! La cause : un acier loin de pouvoir résister qui n'avait pas offert toutes les qualités de résistance indispensables à un navire pourtant qualifié d'insubmersible. Le pire de l'histoire, c'est que trop peu d'embarcations de secours avaient été prévues qui auraient permis aux passagers de pouvoir tous s'en sortir. Une vingtaine, c'était insuffisant ; il en aurait fallu plus d'une centaine !

    Cette anatomie d'un naufrage ci-dessous est passionnante et aide à mieux comprendre ! 

    Yahoo!

    votre commentaire
  • Robert Lynen l'enfant révolté

    Révélé grâce à une composition remarquée aux côtés d'Harry BAUR dans le film Poil de carotte de Julien DUVIVIER, Robert LYNEN était considéré avant-guerre comme le plus jeune acteur vedette français, grâce à un rôle qui l'avait fait remarquer. Mais, en septembre 1939 est survenue une guerre impitoyable.

    Robert Lynen l'enfant révolté

    Né le 24 mai 1920 à Sarrogna dans le Jura, Robert LYNEN, élève à l'école du spectacle où l'avait inscrit sa mère, avait pourtant tout pour devenir un très grand acteur. D'autant que ce première production lui avait permis d'enchaîner avec d'autres films et un autre partenariat remarqué, cette fois-ci aux côtés de Louis JOUVET après avoir incarné pour Marc ALLEGRET, le héros orphelin qu'était Rémy dans Sans Famille (1934). Du jour au lendemain ce Poil de carotte devenu célèbre fera de Robert un artiste qui n'arrêtera plus de tourner. On le verra ainsi apparaître à l’écran en 1936, cette fois sous les traits d'un adolescent dans une courte séquence de La Belle équipe de Julien DUVIVIER qui l'avait révélé, cette fois-ci en compagnie de Charles VANEL, de Viviane ROMANCE et de Jean GABIN. Un extrait vidéo de cette production a pu être numérisé (à voir ci-dessous). A noter que Julien DUVIVIER le fera tourner à quatre reprises. Mais, pour beaucoup, Robert LYNEN restera éternellement l’enfant souffreteux et mal aimé venant à l’esprit lorsque l’on évoquera ensuite son souvenir. Pourtant, en 1938, l’année de ses dix-huit ans, Robert tenait encore un rôle important dans Mollenard de Robert SIODMAK aux côtés de Gabrielle DORZIAT et d'Albert PREJEAN et dans Le petit chose (affiche ci-contre). Des taches de rousseur, un caractère trempé dans l’encre du désespoir : il est vrai qu'à douze ans Robert LYNEN s’était sans doute nourri de sa propre enfance tragique, endeuillée par la mort d'Edgar, son frère aîné, survenue en 1925 à la suite d’une blessure au genou mal soignée, cinq ans après sa naissance dans un environnement familial particulier. Entouré par une mère artiste et un père qui, dessinateur, avait tout abandonné pour ne vivre que de sa production de peintre et d'un élevage de chèvres, ces rôles d'enfant ou de jeunes gens ballottés et écrasés par un destin trop lourds pour eux lui permettront de se faire sans doute davantage connaître. Ce qui ne l'empêchera pas de multiplier ses conquêtes féminines souvent éphémères, ainsi qu'il le racontera assez lestement en 1940 au scénariste Carlo RIM : « J'en ai pourtant baisé des filles et beaucoup je te jure […] presque toutes des figurantes et debout dans les loges, ou des petites vendeuses des Champ's qui voulaient un autographe. J'ai même eu une vieille de la Comédie-Française, d'au moins trente-cinq ans ! »

    Robert Lynen ou l'enfance brisée

    Dès la création des premiers chantiers de jeunesse pétainistes, âgé de vingt ans, il sera malheureusement contraint de rejoindre l'un d'entre eux, tout en sachant déjà quelles étaient les priorités qu'il se devait d'accorder à une existence et cela alors que son pays était occupé par l'ennemi nazi. Et les priorités, ce sera un engagement dans la Résistance après avoir tenté d'échapper à ce Chantier de Jeunesse en suivant le comédien Jean-Pierre AUMONT dans une tournée théâtrale. Il venait d'apprendre le démantèlement d'un petit réseau clandestin marseillais dirigé par son beau-frère Pierre HENNEGUIER pour lequel il avait déjà accompli quelques actions et il venait de rencontrer Jean-Louis CREMIEUX, alors chef du réseau de renseignements Alliance pour le secteur de Marseille. Son beau-frère se souviendra que quand la guerre avait éclaté, il voulait à tout prix faire sauter sans attendre les usines travaillant pour l’ennemi, saboter les voies ferrées, dynamiter les ponts, couler les navires. Et il voulait pendre "haut et court" aux branches des platanes des allées de Meilhan tous les pétainistes qui acceptaient la collaboration. Ce sera le plus beau rôle de ma vie, dira t-il à la responsable du réseau, Marie-Madeleine FOURCADE. Pendant quelques mois il réalisera des activités clandestines qu'il cachera derrière une entreprise marseillaise, Azur-Transport, qu'il avait créée avec son beau-frère et installée au 40, rue Sainte-Bazile en haut de la Canebière. Au début de la présence allemande en zone sud fin 1942, il continuera à transmettre et à collecter des informations filmant notamment tout ce qui concernait l’armée allemande dont les installations se mettaient en place. Bien loin de la fiction cinématographique, on peut dire qu'il en a payé le prix le plus élevé tout en montrant sa vraie grandeur. Après avoir été trahi il sera arrêté au château de Fontcreuse en février 1943 par la Gestapo à Cassis où il s'était installé. Avec son amie l’actrice Assia et Robert VERNON son ami irlandais qui sera fusillé avec lui quelques mois plus tard. Devenu jeune sous-lieutenant des Forces françaises libres sous le nom de l’Aiglon en référence au drame d’Edmond ROSTAND, il sera torturé et croupira un an en prison en Allemagne, essayant de s’échapper à deux reprises et refusant de travailler pour la UFA allemande de Joseph GOEBBELS. On l’entendra chanter le soir dans sa cellule, relatera un déporté à la Libération. Son procès se déroulera les 15 et 16 décembre 1943 devant le 3e Senat, présidé par le juge SCHMAUSER. L’administration judiciaire du Tribunal de guerre du Reich RKG, considérera Robert LYNEN comme le chef de dix autres co-inculpés et le condamnera à la peine capitale pour activité d’espionnage au profit d’une puissance ennemie. Le jugement sera confirmé le 20 janvier 1944 à Torgau par l’amiral BASTIAN, président du RKG et Robert sera fusillé avec ses camarades le 1er avril 1944 à Karlsruhe, deux mois avant de fêter ses 23 ans. 

    Fauché en pleine jeunesse, cet éternel adolescent au visage à la fois grave et juvénile restera à jamais Poil de Carotte, le jeune héros mal-aimé de Jules RENARD immortalisé à l’écran par Julien DUVIVIER en 1932. Seul acteur de 23 ans à avoir été passé par les armes pour faits de Résistance, généreux, chaleureux, spontané, élancé, naturellement distingué, il savait être à l’occasion gouailleur mais sans vulgarité en roulant parfois les mécaniques. Au gré de sa fantaisie, il pouvait être également prince charmant ou Titi parisien. D'abord enterrée dans une fosse commune, sa dépouille sera rapatriée en décembre 1947 et Robert LYNEN recevra l’hommage d’une messe solennelle en la chapelle des Invalides. Un gala sera ensuite organisé en son souvenir et en celui de Jean MERCANTON, un aitre jeune et brillant acteur également disparu. La Cinémathèque scolaire de la Ville de Paris sera baptisée de son nom en 1968. 

    Yahoo!

    votre commentaire
  • Susan Travers, l'amoureuse du général

    Susan Travers, l'amoureuse du généralNée en Angleterre au sein d'une famille très comme il faut, l'intrépide Susan TRAVERS fille d'un militaire aura été l'exemple même de la réussite des femmes durant une guerre meurtrière, celle qui aura opposé les Alliés aux nazis entre 1939 et 1945, alors que leur place n'était pas au coeur des combats ! Mais cette ravissante anglaise qui reste assez méconnue se sera également illustrée par sa love story avec le général Marie-Pierre KOENIG qui n'était pas le dernier à être sensible au charme féminin.

    Entre juin 1941 et 1942, ils vivront tous les deux une passion à peine interrompue par les horreurs de la guerre. Il l'avait chargée de le piloter au volant d'une vieille Humber 38 avant qu'ils échangent tous les deux un peu plus que des conseils militaires. Une passion sur laquelle revient la Miss, le surnom de Susan dans un livre publié en décembre 2001 chez Plon : Tant que dure le jour sans rien occulter de ce que furent ses tourments de femme amoureuse. Dès la fin de la guerre, « les ciseaux des censeurs » se mettront en action pour faire disparaître toute trace, ou presque, de cette fougueuse Anglaise. Bien que meurtrie, elle reconnaîtra plus tard avoir attendu la disparition des principaux protagonistes pour livrer enfin ses souvenirs. En 2010, lors de son discours de réception à l’Académie française au fauteuil de Pierre MESSMER souvent évoqué par Susan, et qui fut lui aussi membre de 13e DB de la Légion, Simone VEIL ne manquera pas de saluer la mémoire et le courage de l’adjudante-chef TRAVERS. Réparant des années d’omission. Dans son livre (ci-contre), malgré les années passées, Susan reviendra avec tendresse sur cet amour de quelques mois vécu aux côtés du général. Cette nuit-là, y écrira t-elle, on coucha ensemble pour la première fois. Tout d'abord il me fit l'amour avec douceur, s'excusant presque. Conscient de mes réticences, comprenant ma nervosité, il me consultait de temps à autre du regard pour s'assurer que tout allait bien. En réalité, je me sentais dans un état de grande vulnérabilité émotionnelle. Mais je ravalai mes larmes, me laissai aller à ses caresses et m'autorisai enfin à me détendre. Beaucoup plus tard dans la nuit, on s'endormit dans les bras l'un de l'autre, son corps lourd et rassurant contre le mien. A l'aube, je le sentis bouger. Il embrassa doucement mon épaule nue, glissa hors du lit, s'habilla et, sans un mot, se glissa hors de ma chambre. Je restai là, les yeux fixés sur le plafond, retenant mes larmes.

    Susan Travers, l'amoureuse du général

    Susan qui avait répondu à l'appel du général de GAULLE après avoir été d'abord infirmière découvrira en Afrique du Nord et à Bir Hakeim la brutalité des champs de bataille et elle sera la première femme à avoir intégré la Légion Etrangère. Elle assistera un homme qui, colonel en juin 1941, deviendra général de brigade en juillet avant de finir une carrière émérite au poste de maréchal de France en 1951. Mais les deux amants se perdront de vue et ce diable de général tombera vite amoureux d'une autre femme, la Suissesse Monique BIERENS. L'homme qui n'avait rien d'un tombeur était connu pour son caractère bien trempé, sa rigueur et sa loyauté et aussi pour son intégrité. Né à Caen en 1898 dans une famille alsacienne Marie-Pierre KOENIG aimait à se faire appeler Pierre. Après des études au lycée Malherbe, il s'était engagé dans le 39ème régiment d'infanterie de Caen et avait rejoint le front dans les Flandres au mois de mai 1918, juste avant la fin de la guerre. Il aura néanmoins le temps d'être décoré de la médaille militaire et s'engagera au lendemain de l'armistice dans l'armée qui occupait la Rhénanie dans le cadre de l'application du Traité de Versailles. La suite sera brillante surtout en Afrique Occidentale où il avait été missionné par de GAULLE au début du conflit avec les nazis. Pendant seize jours, aux côtés de la jolie Susan, ses légionnaires tiendront tête à l'Afrika Korps du général ROMMEL, repoussant de nombreuses attaques. Nommé ensuite général en chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) en 1944, il débarquera dans sa Normandie natale le 14 juin et prendra le poste de gouverneur de Paris au mois d'août suivant. Ministre de Pierre MENDES-FRANCE et d'Edgar FAURE, il décédera en 1970, non sans avoir épinglé une distinction sur la poitrine de celle qui avait gardé de lui un tendre et vibrant souvenir.  

     

    Yahoo!

    votre commentaire
  • Tony de Graaff, l'autre secrétaire de Jean Moulin

    Tony de Graaff, l'autre secrétaire de Jean Moulin

    Né dans une famille de banquiers juifs d'origine hollandaise, son nom ne revient pas souvent dans l'important dossier consacré à l'arrestation du résistant Jean MOULIN. Il est vrai que l'homme était tellement discret qu'on ne détient aucune photo de lui en dehors de cette plaque ci-dessus qui témoigne de ses engagements auprès du chef de la Résistance française. Il semble que Tony de GRAAFF dit Grammont ait souvent accepté de s'effacer devant Daniel CORDIER, le premier des jeunes gens à avoir été approché par l'ancien préfet pour aider à des tâches de secrétariat pour la zone Sud et demandant beaucoup d'abnégation. C'est par l'intermédiaire du commandant Henri MANHES l'un des amis sûrs de l'ancien préfet que de GRAAFF, un ancien Compagnon de France, sera mis en relation avec Jean MOULIN. Après la chausse-trape de Caluire, il rejoindra l'Angleterre avant de participer au débarquement et de rejoindre à la fin 1944 le ministère d'Henri FRENAY qui, pourtant, n'appréciait guère MOULIN. C'est chez Tony de GRAAFF que Jean MOULIN pourra trouver un gîte au 22 de la rue du Commandant Charcot (photo ci-contre) qu'il occupera quelques semaines à Lyon et c'est le père de Tony, banquier de son état, qui se chargera du change pour les quelques devises étrangères dont bénéficiera la Résistance, libellées notamment en dollars US.

    Tony de Graaff, l'autre secrétaire de Jean Moulin

    Retourné à la vie civile dès 1946, Tony de GRAAFF occupera des fonctions éminentes au sein de la société MATRA du groupe LAGARDERE où il sera directeur commercial avant de participer au cours de l'année 1975 et de Meudon à la fondation de l'association : Hôpital sans frontières. Basée à Paris, le but de cette association consistait à mettre à la disposition tentes et du matériel chirurgical, pour des interventions humanitaires (catastrophes naturelles ou conflits).

    De cette expérience, il reste aujourd'hui un livre-témoignage de Guy BARTHELEMY publié chez Flammarion, "En mission avec Hôpital sans frontières" que Tony de GRAAFF aura préfacé. Il décédera toujours aussi discrètement à Aurillac en 1989.  

    Yahoo!

    votre commentaire