• René Saumande, l'agent K4, du S.T.O à... l'Abwehr

    C'est parce qu'il était réfractaire au S.T.O (Service du Travail Obligatoire) que René SAUMANDE a préféré se mettre à l'abri des éventuelles poursuites qui auraient pu être diligentées contre lui en devenant agent K4 de l'Abwehr sous la responsabilité du capitaine KRAMER avec son camarade de régiment Robert MOOG l'agent K30 puis en travaillant à Lyon pour Klaus BARBIE. Le Capitaine KRAMER et ses hommes auront un rôle prépondérant dans les arrestations de Paris et de Caluire. KRAMER, dit GEGAUF, saura étendre son réseau de renseignements sur toute la France, et même sur l'Afrique du Nord en se servant d'agents, la plupart du temps français, qu'il immatriculera en ajoutant un chiffre à la première lettre de son propre nom. L'Abwehr est sans doute le service allemand qui reste le moins bien connu malgré le passage dans ses rangs du célèbre Amiral CANARIS. Il était divisé en trois sections dont l'Abteilung III qui avait en charge le contre-espionnage et la sécurité militaire avec des membres chargés, en France occupée, d'infiltrer et de faire tomber les groupes de résistants. René SAUMANDE finira par rejoindre ensuite Paris afin d'y préparer l'enlèvement du chef de l'Armée Secrète Charles DELESTRAINT et c'est à lui que l'on doit d'avoir décimé en août 1943 le réseau de résistance Alliance.

    Membre du Parti Populaire Français de DORIOT, c'est dire s'il avait poussé loin le bouchon en faisant plus que collaborer avec la machine de guerre nazie et la Gestapo ! Avec un autre Français "vendu" comme lui, Robert MOOG, on sait effectivement qu'il figurera parmi ceux qui enlèveront le général Charles DELESTRAINT à La Muette à Paris le 9 juin 1943 dont le capitaine nazi KRAMER ! Avant de participer activement à l'arrestation des généraux FRERE, OLLERIS et GILLIOT ! Les détails de cet enlèvement du chef de l'Armée Secrète sont aujourd'hui connus. Mon général, lui dira MOOG vous attendez DIDOT (HARDY). Il n'a pas voulu venir ; il a jugé que l'endroit est trop dangereux. Nous devons vous conduire auprès de lui au métro Passy". Contrarié, le Général ne s'était pas méfié. Non seulement il a accepté de suivre cet inconnu, mais il lui a signalé que deux autres de ses collaborateurs, Joseph GASTALDO, chef du 2e bureau de l'A.S., et Jean-Louis THEOBALD, l'attendent à 9 h 30 près du métro La Pompe. Se rendre à Passy c'était donc compromettre la réunion prévue ultérieurement avec eux deux. Il sera dès lors facile à MOOG et SAUMANDE d'arrêter GASTALDO et THEOBALD, lesquels emmenés vers une voiture seront pris en charge par les agents du S.D. et conduits rue des Saussaies pour y être interrogés. 

    Je n'ai jamais fourni de renseignements d'ordre politique, soutiendra SAUMANDE devant les tribunaux qui auront à le juger. J'étais un réfractaire du S.T.O., et c'est pour échapper à toute répression que je suis entré au service de KRAMER. Je recevais 7.000 francs par mois, mais uniquement pour apporter des renseignements d'ordre économique. Longtemps détenu à la prison de Fresnes, il sera fusillé avec un autre de ses complices lyonnais André MORIN, au Fort de Montrouge le 20 février 1952

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  •  Jean Multon le Résistant passé chez les nazis

    Dans les histoires de Résistance et de la lutte contre les nazis, son nom ne revient pas souvent et en tout cas bien moins souvent que celui d'un autre vendu : René HARDY. A tel point qu'on ne dispose même pas d'une seule photo d'identité de ce personnage campé à l'écran par l'acteur François NEGRET (photo ci-dessus). Il n'en reste pas moins qu'avant de passer à l'ennemi à la fin du mois d'avril 1943, Jean MULTON dit LUNEL avait pourtant été le secrétaire du groupe Combat d'Henri FRENAY, un groupe de résistants qui n'étaient guère favorables aux idées de Jean MOULIN et... du général de GAULLE. Près de quatre-vingt ans après les faits et l'arrestation de Jean MOULIN à Caluire, et cela malgré les deux procès de 1947 et 1950 intentés à René HARDY, d’incroyables zones d’ombres persistent… Sans doute aussi parce que les protagonistes de cette terrible histoire ont tous disparu. Ce que l'on peut en dire, c'est que né en Touraine, Jean MULTON qui était agent d’assurance dans la Vienne, avait cherché à passer en Angleterre en octobre 1942 avant de renoncer à son projet. Probablement après avoir été recherché paradoxalement par la Police de Vichy qui lui reprochait ses activités gaullistes, sans que l'on en connaisse le développement ni ce qui l'incitera à quitter la Vienne pour rejoindre le sud du pays et Marseille. Marseille où après avoir rencontré un certain Henri AUBRY, il finira par adhérer à un mouvement regroupant des résistants de la région, Combat où il sera l'adjoint de Maurice CHEVANCE. Arrêté le 23 avril 1943 boulevard Garibaldi à Marseille par la Police allemande, il décidera par peur de la torture, mais sans s'être pour autant fait beaucoup prié, et après avoir été "retourné" par les Allemands, de collaborer avec les nazis de Ernst DUNKER, un sous-officier de la Gestapo de Marseille. Devenu même l'un de leurs agents les plus zélés, il semble que Jean MULTON était surtout un opportuniste et que servir les plus forts lui paraissait être un prolongement logique. Il n'hésitera d'ailleurs pas dans un premier temps à livrer son propre chef CHEVANCE aux nazis ! 

    MULTON se révélera être un agent intéressant pour les nazis, ne serait-ce que par l'éventail des gens qu'il connaissait en qualité de secrétaire du mouvement dirigé par Henri FRENAY et par une boîte aux lettres, celle de l’Hôtel de Bourgogne de Mâcon, que lui avait fourni Berty ALBRECHT en avril 43. Berty le paiera de sa vie après avoir été arrêtée et elle choisira de se suicider à Fresnes pour ne pas parler sous la torture. Ayant rejoint Lyon le 24 mai après avoir quitté Marseille où il était grillé pour avoir déjà livré plusieurs résistants, il se mettra aussitôt au service de BARBIE et, sur ordre du boucher de Lyon avec un autre Français passé chez les nazis, Robert MOOG. Devenus efficaces, MULTON et les nazis récupéreront vite quantité de messages qui leur permettront ainsi d'enlever à Paris le chef de l'Armée Secrète Charles DELESTRAINT au début du mois de juin dans le quartier de La Muette avant de s'attaquer au gros morceau que constituait la prise de Jean MOULIN dit MAX. Elle interviendra le 21 juin à Caluire chez le docteur Frédéric DUGOUJON. Avec de BENOUVILLE et HARDY et l'aide de sa prostituée de luxe Lydie BASTIEN, MULTON sera donc l'un des quatre responsables de cette arrestation.

    Opportuniste et cherchant toujours à être du bon côté, passé en Espagne en avril 1944, MULTON gagnera le Maroc cette fois-ci comme résistant ! À Casablanca, il rencontrera fortuitement HARDY, celui qu'il avait croisé en juin 1943 avec ses partenaires nazis sur les quais de la gare de Lyon, avant, en septembre 1944, d'être incorporé dans l'Armée de Libération du général de LATTRE de TASSIGNY qui venait de participer au débarquement allié de Provence le 15 août 1944. Le ridicule ne tue pas ! Démobilisé en décembre 1944, en raison de la naissance de son troisième enfant, MULTON s'évertuera à brouiller les pistes en se faisant passer pour un agent infiltré au service de la Résistance, tentant même de rencontrer Henri FRENAY devenu ministre. C'est dire ce qu'était prêt à faire un homme d'une lâcheté extrême qui devait se sentir recherché et qui devait avoir besoin de protection. Reconnu par la future productrice Christine GOUZE-RENAL, il sera arrêté le 7 février 1945 et fusillé au Fort de Montrouge après avoir été condamné à mort. Ce qui semble légitime MULTON ayant été à l'origine de l'arrestation d'environ 120 résistants. Mais beaucoup regretteront qu'on ait agi avec précipitation et que l'on ait pas pris la décision de coupler le procès de ce traître avec celui de René HARDY en 1947 et du nazi DUNKER. D'autant qu'il avait dénoncé HARDY et qu'il aurait sans doute été intéressant de confronter les deux hommes.   

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  • Le petit Eric Peugeot a été enlevé !

    Le petit Eric Peugeot a été enlevé !

    Le 12 avril 1960 reste une date, celle d'un premier enlèvement d'enfant contre rançon commis en France avec celui du petit Eric PEUGEOT (en photo ci-contre) ! Le petit-fils du président de la firme automobile, sera enlevé par deux hommes qui réclameront une rançon. Ce jour-là, la France découvrira avec horreur que l’on pouvait enlever un enfant et le menacer de mort avec pour seul but celui de se faire remettre de l’argent pour le libérer. Au début du premier septennat de Charles de GAULLE et de la nouvelle 5ème République, l'affaire fera grand bruit d'autant que la firme PEUGEOT n'est pas n'importe quelle affaire et qu'elle vend chaque année deux-cents mille voitures. Elle n'a donc pas été choisie au hasard par les ravisseurs.

    Jean-Pierre PEUGEOT, le grand patron du groupe automobile, s'était rendu vers les quinze heures comme il le faisait régulièrement après leur sieste au golf de Saint-Cloud avec son épouse ses deux petits-fils, Jean-Philippe, sept ans, et Eric, quatre ans. Surveillés par leur nurse Janine, les deux gamins jouaient dans un jardin d'enfants, mais, après un moment d'inattention de celle-ci, on s'apercevra qu'Eric a disparu. A côté du toboggan où il jouait, on retrouvera une lettre dactylographiée à l'encre rouge destinée à son père, Roland PEUGEOT, et réclamant pour la libération de l'enfant 50 millions de francs anciens (l'équivalent de 500 000 francs lourds, ceux-ci n'étant entrés en circulation que le 1er janvier) et cela en coupures usagées. « Un Monsieur a pris Eric  » dira une fillette qui jouait avec les gamins et le jardinier de l'endroit trouvera bizarre une voiture mal garée stationnant à proximité. Aussitôt le père de l'enfant alertera la police, tout en demandant à celle-ci de le laisser négocier seul avec les ravisseurs. Pas habituée à ce genre de crime inédit en France et désireuse de ne pas mettre en danger la vie de l'enfant membre d'une dynastie familiale importante de l'industrie française, la police acceptera. Rien ne sera laissé au hasard, les parents de l'enfant s'efforçant de rassurer les auteurs du rapt. La rançon remise aux ravisseurs passage Noisy dans le 17ème, là même où avait été tourné un film de Claude SAUTET : Classes tous risques, le petit Eric sera retrouvé à une heure du matin trois jours après son enlèvement devant Le Brazza, une brasserie de l'avenue Raymond Poincaré dans le 16ème arrondissement parisien. C'est semble-t-il une femme qui laissera le garçonnet sur le trottoir. Au lendemain de la libération de l'enfant, on ignore encore que l'enquête sera longue. Le grand quotidien parisien du soir France-Soir évoquera simplement dans un article quelques indices : "un sac de bonbons, un paquet de journaux lancés d’une voiture trouvés sur la route de St-Cloud et le jour de l’enlèvement, une 403 noire volée à un habitant de Puteaux retrouvée abandonnée à 200 mètres de l’entrée du golf".

    Le petit Eric Peugeot a été enlevé !30 000 policiers seront alors lancés aux trousses des ravisseurs mais sans grande réussite. Après un changement de responsable d'enquête et le dessaisissement du commissaire PIERANGELI de la Sûreté par le commissaire DENIS et le Juge RENARD, il faudra onze mois à la police pour que les preneurs d'otage, un ancien proxénète Pierre-Marie LARCHER et un mythomane flambeur du nom de Raymond ROLLAND dit Roland de BEAUFORT (en photo avec Lise l'une de ses complices), deux petits truands, et trois de leurs complices Jean ROTHMAN, une miss Danemark Lise BODIN et Rolande NEMICZIK, la promise de LARCHER, soient arrêtés le 5 mars 1961 dans une station de sport d'hiver et à Bourg-en-Bresse après une traque méthodique qui aurait pu échouer un journaliste en quête de sensation ayant sorti un article trop tôt. Grâce aussi à l'alerte d'un indic qui trouvait le train de vie de LARCHER et ROLLAND un tantinet dispendieux. Et grâce aussi aux caractères d'une machine à écrire qui avait disparu du domicile de l'ex-épouse de Raymond ROLLAND, une certaine Ginette qui exploitait une parfumerie que les enquêteurs identifieront comme la même que celle qui avait servi à taper la lettre de demande de rançon. Une infime partie de celle-ci, seulement 57 450 NF sera retrouvée, le reste ayant été dilapidé par deux truands qui feront bombance durant plusieurs mois, menant grand train de vie. Cette escroquerie à la petite semaine va devenir, aussi, un crime sur les pouvoirs de la fiction car c’est un roman de la collection « Série noire » : Rapt de l'auteur américain Lionel WHITE de Gallimard qui donnera l'idée aux ravisseurs de monter cet incroyable et inédit enlèvement. La lettre de rançon copiée sera même celle qui se trouvait en 4ème de couverture du bouquin. Pour une fois, c’est la littérature qui vient au secours du réel.

    Bien que défendus par des ténors du barreau en octobre 1961 : René FLORIOT et J-L TIXIER-VIGNANCOURT, les deux gredins seront condamnés à vingt ans de réclusion après trois jours de procès, le maximum prévu par le code pénal. Parce que même sans s'être rendus coupables de violences sur le petit garçon, ils l'avaient été en inquiétant les parents d'Eric et surtout sa mère. Leurs avocats essaieront de les opposer, probablement pour que chacun de leurs clients s'en tire à meilleur compte mais ce sera peine perdue. On notera que la détention profitera aux deux gredins puisque Pierre LARCHER deviendra enseignant dans le Droit après avoir suivi des cours et que Raymond ROLLAND travaillera dans l'édition.

    « Je n'ai été victime d'aucun mauvais traitement, se souvient Eric PEUGEOT lorsqu'il acceptera vingt-sept ans plus tard de témoigner pour un média, Le Télégramme. Disons que les gens qui m'avaient enlevé avaient un certain sens des valeurs. Ils ont joué le jeu à leur manière, mais correctement. Ils n'avaient pas le côté tordu de ceux qui s'en prennent maintenant aux enfants et causent les drames terrifiants que l'on connait. Personnellement, je n'ai pas été traumatisé. La notion de traumatisme, je la vis au travers des autres, et par le fait que je suis moi-même père de quatre enfants. Dans ce genre d'affaire, je pense énormément aux parents et à tout ce qu'ils peuvent ressentir. Ma mère ne s'en est jamais remise. Aujourd'hui encore, elle ne peut pas supporter la vision d'un film à la télévision où il est question d'enlèvement. Je n'oublie pas non plus qu'à l'époque, aussi étrange que cela puisse sembler, les miens avaient reçu davantage de lettres d'injures que de réconfort »

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  • 1944-45 : Les viols des GI's...

    Ils avaient grandi avec les récits de leurs pères, anciens combattants en France en 1917-18 et imaginaient une France, patrie du vin, des femmes et des chansons. Aussi, la promesse de trouver pour certains de ces GI's libérateurs de notre territoire des petites Françaises sensibles à ce qu'ils dégageaient en a-t-il incité quelques-uns à commettre l'irréparable. En Normandie, les mauvais plaisants diront vite qu'avec les Allemands, les hommes devaient se camoufler et que, lorsque les Américains ont débarqué, il a fallu cacher les femmes. Il est vrai aussi que les Américains faisaient rêver bien des jeunes filles inexpérimentées... Du moins, jusqu'à ce que surviennent les premières agressions et que l'on se plaigne dans le bocage normand de viols. Seulement, dans les années qui ont suivi le débarquement et la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, il aurait été inconcevable d'évoquer les affaires de criminalité qui avaient touché la population normande. Sans doute cela aurait-il même paru incongru. Mais aujourd'hui, les historiens s'intéressent de plus en plus au sort des populations civiles durant cette période, et les exactions et crimes qui ont pu être commises par les soldats alliés après le débarquement ne sont plus un tabou.

    Normandie 1944 : viols et face cachée des libérateurs G.I's...Longtemps conservées secrètement, des archives judiciaires viennent même d'être rouvertes et elles permettent de savoir aujourd'hui quelle aura été la teneur des nombreuses exactions commises par les GI's durant la libération de notre territoire. 175 soldats américains seront accusés de viol durant le seul mois de juin 1944 ! 52 prostituées pour 30.000 soldats, l'offre était à Cherbourg trop peu satisfaisante pour qu'aucune agression sexuelle ne soit commise ! D'autant qu'autour d'une dégustation de Calva, les unités américaines étaient trop souvent livrées à elles-mêmes. Car, le plus souvent, c'était l'alcool qui était à l'origine des actes répréhensibles commis par les soldats envers la population normande. Les enquêtes, souvent, n'ont pas abouti, les femmes violées n'osant pas toujours porter plainte de peur qu'on les montre du doigt dans les villages. Une sorte de loi du silence s'est donc parfois imposée. Mais lorsque les coupables étaient trouvés l'armée américaine n'a pu que réagir, allant même jusqu'à juger les soldats coupables de crimes devant des tribunaux militaires. Certains seront condamnés à mort et exécutés. 

     

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