• Georges Orwell

    Issu d'une famille qui faisait partie de l'élite dirigeante britannique et né aux Indes, c'est parce que son nom ne lui plaisait pas que Eric Arthur BLAIR est ensuite devenu Georges ORWELL. Et c'est parce qu'il s'était opposé au colonialisme mené par la Grande-Bretagne en Birmanie qu'il mettra, en parfait anti-impérialiste, un terme à un emploi au sein de la police coloniale et à un engagement de cinq ans pour devenir écrivain se contentant de vivre de petits boulots et d'hébergements plus que modestes. Il aimait passer pour un vagabond et fréquenter les asiles pour clochards. Il sera parfois plongeur parfois autre chose avant d'être gagné par une envie, celle de participer à une lutte en Espagne en ayant rejoint les Brigades Internationales. Avant tout parce qu'il se définissait comme étant un socialiste convaincu capable de se montrer révolutionnaire engagé.

    Surtout dépeint comme un être excentrique, et fasciné par la classe ouvrière, c'était avant tout quelqu'un qui aimait comprendre les pauvres et qui, en souffrance, se méfiait des systèmes constitués et de l'idéologie. Sa vision apocalyptique du monde lui permettra d'exploiter une nouvelle façon d'approcher les événements. Il avait même imaginé Londres dévastée par une guerre nucléaire et sa population survivant au milieu des ordures et des gens que l'on se plaisait à manipuler en ayant recours à ce qu'il baptisera du nom de novlangue, un système inventé pour manipuler les masses et qui aurait beaucoup plus au nazi Joseph GOEBBELS. Un concept qui fait même aujourd'hui fureur en France au sein de la Macronie où l'on se plait à alterner mensonges et perversion narcissique. 

    Atteint de tuberculose, il mourra en 1950 à 47 ans sans avoir eu le temps de mesurer le succès de sa dernière création publiée en 1949 : l'ouvrage 1984 qui est considéré comme son roman le plus important. Un roman d'anticipation ou du nom donné à cela : dystopie.

     

    Yahoo!

    votre commentaire
  • Léon Blum, l'un des hommes les plus insultés...

    Emmanuel MACRON restera t-il en tête de tous les sondages d'impopularité passé son règne de dix ans ? Une question que l'on peut se poser puisqu'il est un autre homme politique qui aura longtemps fait les faveurs des mécontents, Léon BLUM. Un homme qui sera même victime d'un attentat pas seulement dû à un jet de casseroles. Et quelqu'un qui, après avoir défendu le capitaine DREYFUS et unifié le Parti Socialiste en s'opposant à sa bolchévisation, puis pris la tête d'un Front Populaire avait fini par récolter contre lui une grande quantité d'oppositions de toute sorte. Antisémites, gens de droite, communistes... tous se montreront même unanimes pour réclamer sa peau.

    Léon Blum, l'un des hommes les plus insultés...Dans une biographie qu'il lui avait consacrée, l'écrivain et historien Jean LACOUTURE était revenu sur le parcours atypique de cet homme né le 9 avril 1872 à Paris rue Saint-Denis. Enfant de santé délicate, il semble qu'il avait trouvé avec ses études un palliatif. Lycées Charlemagne et Henri IV, Ecole Normale dès ses dix-huit ans, Sorbonne, le jeune BLUM (photo ci-contre) avait pour Jean LACOUTURE montré très vite un certain intérêt pour l'écriture. Devenu juriste et reçu au concours du Conseil d'Etat où il deviendra auditeur en 1895, il sera aussi de ceux qui combattront pour que le capitaine DREYFUS soit lavé de tous les soupçons qui avaient failli le terrasser, une affaire qui l'amènera tout naturellement à se mêler alors aux combats politiques. A partir de 1910, Léon Blum devenu maître des requêtes au Conseil d'État remplira avec éclat les fonctions de commissaire du gouvernement auprès de la section du contentieux participant à l'élaboration de la théorie dite de l'imprévision en matière de contrat administratif. Au moment de la déclaration de guerre, le parti socialiste est durement frappé par l'assassinat de JAURES. BLUM qui était son disciple et son véritable héritier spirituel deviendra ensuite le chef de cabinet du ministre socialiste Marcel SEMBAT et sera élu député de Paris en novembre 1919, devenant secrétaire du groupe parlementaire SFIO, restant longtemps député. Avec le cartel des gauches, il sera l'un des artisans de la victoire des socialistes aux élections de 1924 mais la SFIO ne participera pas au nouveau gouvernement qui sera du reste poussé vers la sortie deux ans plus tard. C'est un accord conclu avec le Parti Communiste qui en fera ensuite le leader d'un Front Populaire propulsé à la tête de l'Etat français en 1936, l'extrême-droite et les Cagoulards n'ayant pas réussi à profiter des événements de 1934 et de la révolte de février. Il sera néanmoins contraint de quitter le pouvoir en 1937 laissant les Radicaux seuls au pouvoir avec la Droite jusqu'à juin 1940. Une période où il devra s'opposer à un antisémitisme croissant qui le verra même victime d'une tentative d'assassinat organisé par le mouvement Action Française. Juif, il sera arrêté en septembre 1940 par l'Etat vichyste, jugé en 1942 à Riom et Pierre LAVAL auquel il s'était déjà opposé une douzaine d'années plus tôt le livrera aux nazis en 1943 qui le déporteront à Buchenwald d'où il parviendra à s'extirper sans trop de dommages. Le sort de son fils Robert, prisonnier en Allemagne et de son frère René, déporté à Auschwitz, l'inquièteront longtemps. 

    Appelé à diriger le gouvernement succédant à celui de de GAULLE en déc 1946, et cela après avoir néanmoins refusé de se représenter à la députation,  Léon BLUM remettra deux mois plus tard le 22 janvier 1947 la démission de son gouvernement au Président de la République élu, Vincent AURIOL. Sans doute les multiples difficultés rencontrées auront-elles eu raison de sa ténacité d'homme éprouvé par les  événements. Il se réinstallera alors dans sa maison de Jouy-en-Josas avant de disparaitre le 30 mars 1950 à 77 ans après un infarctus, non sans être resté jusqu'au bout à la tête du Populaire, le média qu'il avait créé et qu'il dirigeait depuis une trentaine d'années. C'est sa dernière épouse Jeanne REICHENBACH qui l'admirait depuis des années qui le soutiendra à un moment où il en avait le plus besoin. A la mort de sa deuxième épouse, en 1938, Léon BLUM s'était en effet rapproché de Jeanne, une jeune femme de 27 ans sa cadette, qui sera son soutien indéfectible durant ses années de détention, Jeanne parvenant à le rejoindre à Buchenwald et à l’épouser. 

    Yahoo!

    votre commentaire
  •  Grock, notre ami le clown

    Grock, notre ami le clown

    Depuis sa mort, il est resté le clown le plus génial des temps d'avant. Né dans le Jura bernois en janvier 1880, son numéro de clown qui tenait en un seul numéro, celui d'un Auguste musicien éprouvant les pires difficultés à jouer de son violon aura amusé déclenchant une hilarité générale. Sa tante, un jour, l'avait emmené au cirque. Et le petit Charles-Adrien avait tellement ri qu'il s'est alors juré de devenir clown. Plus tard, après avoir survécu de différents autres petits emplois, le génial énergumène a d'ailleurs fichtrement été à la hauteur de son rêve. Il est bel et bien devenu clown. Et quel clown ! Un clown qui parlait six langues couramment et qui jouait de plus d'une vingtaine d'instruments. L'histoire n'avait pas tardé à démarrer puisqu'en 1903, le jeune homme était caissier au Cirque National Suisse. Remarqué par le directeur, ce dernier lui avait proposé un duo… Vous vous appellerez « Brick et Brock » tous les deux. Sur quoi, notre humoriste, perplexe, avait rétorqué… « Pas Brock, non, moi je veux m'appeler GROCK. Et comme ça nous serons Brick et Grock ! », une proposition qui sera acceptée.

    Charlie CHAPLIN, qui était pourtant avare de compliments, lui avait dit un jour, subjugué: « Si je suis le plus fort à l'écran, vous, vous êtes le plus fort sur la scène ! ». Bel hommage du vagabond à ce clown blanc au sourire malicieux: GROCK, alias Charles-Adrien WETTACH qui aura joué devant les reines et les rois, devant tout ce que l'époque comptait de beau linge et de stars et il eut même le malheur de plaire à HITLER et à son propagandiste GOEBBELS, ce qui lui sera amèrement reproché jusqu'à sa mort. Cela lui vaudra même de sortir du conflit ruiné ! Grâce à un numéro inimitable interprété en huit langues, GROCK aura fait le tour du monde, entraînant ses valeureuses godasses et son petit violon dans la légende. De la salle Pleyel à Paris au Coliseum de Londres, il irradiait. Magique et universel. Le premier ministre britannique avait été pris au piège qui lui avait déclaré en la personne de CHURCHILL et d'un ton assuré, à l'issue d'un spectacle: "Eh bien reconnaissez, Monsieur GROCK, que tous les meilleurs comiques sont anglais ! » Ce à quoi le clown lui avait répliqué qu'il n'était point, hélas, sujet de sa gracieuse Majesté mais... Suisse ! Dissimulant son étonnement derrière son flegme bien british, Sir Winston lui avait alors répondu : « Eh bien, allez donc vous faire naturaliser ! »  

    Grock, notre ami le clown

    GROCK a réussi grâce à un numéro, toujours le même, qu'il peaufinait sans cesse, avec la minutie et l'obstination toute horlogère de sa terre natale. Il s'était d'ailleurs inspiré de l'accent traînard de ses compatriotes avec ses fameux "pourquoâââ" et ses "sans blâââ-gue". Lui, le moins que rien, était arrivé à l'autre opposé. Clown de génie mais aussi homme d'affaires redoutable, il était devenu riche, très riche. Peu attiré par les femmes, il adorait jouir de sa richesse patiemment amassée. Joueur, il disputait de fiévreuses parties de billard. Mondain, il fumait de gros cigares. Mégalo, il s'était fait construire un château rococo, à Imperia, sur la Riviera italienne, style facteur Cheval et Rocambole (Photo ci-contre). Une belle revanche sur la pauvreté de son enfance ! Un palais qui suscitera même la convoitise du brave ALPHONSE XIII qui proposa à son bienheureux propriétaire de l'acquérir, mais qui se verra répondre: « Ce château n'est pas à vendre, il appartient déjà à un roi, au roi des clowns ! »

    Comme un ultime feu- d'artifices, GROCK est mort dans sa villa de rêve le 14 juillet 1959 à 79 ans. Dernière grimace. A l'entrée de son palais on pouvait lire: "C'est ici où je ris". Le violoniste Max van EMBDEN, fidèle partenaire de GROCK durant plus de trente ans et qui vivait à Genève, est mort, lui, à l'âge de 93 ans. Il aurait été ingrat de ne pas citer ce fabuleux faire-valoir à la verve contagieuse comme si la boucle se devait d'être bouclée. Mais la règle du jeu nous rappelle que le spectacle continue bien qu'il ait failli s'arrêter après la disparition de ce clown génial. Tombé dans l’oubli, son héritage dilapidé par ses proches, il aura fallu attendre que son destin hors norme et sa légende soient réhabilités par de nombreuses publications, productions et manifestations.

    Yahoo!

    votre commentaire
  • Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologique

    Ce bon vieux docteur, un véritable monstre l'aura tuée avec un rouleau à pâtisserie avant de s'en prendre à ses deux enfants !... Une horreur !  

    Nous avions déjà consacré un rapide article à cette affaire en 2019 sur laquelle l'actualité revient puisque Jean-Claude ROMAND jouit à nouveau aujourd'hui et depuis la fin juin de davantage de liberté. Selon l'écrivain Gilles CAYATTE, cet homme qui va sortir de vingt-huit années d'étroite surveillance voulait sans doute construire un homme parfait qui ne voulait en aucun cas décevoir ceux qu'il aimait. Quelqu'un qui avait été jusqu'à déclarer à sa future femme Florence (avec lui ci-dessus) qu'il souffrait d'un cancer des ganglions pour mieux parvenir à la séduire. Quelqu'un qui n'hésitait pas à se faire passer pour un chargé de formation qui menait des recherches sur les cultures cellulaires à l'INSERM. Pour maintenir son image dans les yeux de ceux qu’il aimait, il devait les tuer. Il n'y avait pas d’autre issue. « Jean-Claude Romand a été élevé comme un enfant précieux, premier de son canton, il était survalorisé par ses parents », dira de lui un psychiatre. Coupable de narcissisme criminel, l'histoire de l'homme apparemment débonnaire qu'est Jean-Claude ROMAND que l'on prendrait pour un curé de campagne, ressemblerait presque à celui de Magda GOEBBELS, la chienne nazie. D'un rôle de mère idéale à celui de père idéal, ROMAND aura finalement réussi à tuer ses deux enfants, son épouse et ses parents pour qu'ils ne sachent jamais la vérité, avec un même sang froid sidérant que celui avec lequel l'égérie national-socialiste avait opéré dans le bunker de Berlin pour que ses six enfants ne sachent jamais qui elle était réellement. Sans pour autant avoir dévié, lui, dans un total comportement pervers, puisqu'il reconnaîtra avoir eu du mal à tuer son chien, témoin d'une enfance, un animal auquel il avait dû livrer plus jeune quelques ressentis. Au point d'ailleurs d'être bien plus atteint le jour de son procès par la mort de cet animal que par celle de toute sa famille et d'avoir même craqué à l'issue de sa confession ! Ce qui apparaît comme horrible dans ce fait divers, c'est que Jean-Claude ROMAND n'émettra jamais le moindre regret d'avoir tué femme, enfants et parents, même durant sa longue peine d'incarcération ! L'écrivain Emmanuel CARRERE s'est passionné durant sept ans par ce sujet que les psychologues, passionnés eux aussi par ce conte de la folie ordinaire et extraordinaire fait divers, avaient qualifié de « narcissique criminel ». C'est en 1993 qu'il avait pris attache avec lui pour la première fois et qu'il recevra une réponse deux ans plus tard. « J'ai entendu qu'il comptait sur moi plus que sur les psychiatres pour lui rendre compréhensible sa propre histoire », a expliqué l'écrivain. Plusieurs films ont été tirés de ce monstrueux fait divers dont l'Adversaire tourné avec l'acteur Daniel AUTEUIL.

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologiqueSorti du coma qui lui avait valu d'être hospitalisé à l'hôpital de Genève, et au terme de sept heures d'interrogatoire toujours ponctuées d'affirmations fantaisistes succédant à quatre longues journées d'enquête un homme apparaîtra, révélé par des contacts pris par les enquêteurs avec l'O.M.S puis l'INSERM où l'on déclarera ne connaître aucun Jean-Claude ROMAND. Quelqu'un qui sera très vite soupçonné, mais d'un abord discret et peu expansif et qui avait de bonnes relations avec tout le voisinage. Un message retrouvé interpellera les enquêteurs : « Une injustice peut être la cause d'un grand drame ! » On se demandera comment cet individu socialement si respectable dont le train de vie était élevé avait pu en arriver là et s'il n'avait pas voulu punir son entourage pour finalement lui reprocher d'avoir cru en quasiment vingt années de mensonges ? Car des mensonges on en découvrira quelques-uns et pas qu'à l'O.M.S. On dira à ce propos qu'il était sur le point d'être découvert par son épouse Florence et qu'il n'était plus en mesure d'honorer les demandes de remboursement de ceux qui avaient fait appel à lui pour placer leurs fonds en Suisse car l'homme avait des contacts dont il avait bien entendu parlé. Les faits, presque vingt-neuf ans plus tard, continuent à faire froid dans le dos, car rien ne laissait présager un tel drame, même s'il est clair aujourd'hui que cet assassin ait pu préparer tous ces meurtres car la préméditation ne fait aucun doute. Il a du reste été prouvé qu'il avait acquis un silencieux trois jours avant de tuer.

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologiqueAinsi, le 11 janvier 1993, à quatre heures du matin, les pompiers retireront d'une maison en flammes de Prévessin-Moëns les corps de son épouse Florence le crâne défoncé par un rouleau à pâtisserie et de ses deux enfants de 8 et 5 ans abattus à coups de fusil de chasse. Leur père, celui que l'on estimait encore à l'époque être le docteur ROMAND de l'O.M.S gisait à leurs côtés inconscient et, plongé dans un coma artificiel, il sera longtemps dans l'incapacité de répondre aux questions des enquêteurs. On retrouvera un peu plus tard les corps de ses parents à une centaine de kilomètres de là, dans le Jura près du lac de Clairvaux, abattus également à coups de fusil de chasse. Une sombre histoire d'homme en noir sera un temps évoqué par le pseudo médecin avant qu'il accepte d'avouer et de reconnaître qu'il était l'auteur des cinq meurtres. ROMAND confiera alors qu'il était désespéré et qu'il était sur le point d'être démasqué, et aussi qu'il n’en pouvait plus de faire semblant depuis vingt ans d'être un grand médecin, un ponte de l’O.M.S, et de prétendre qu'il y occupait un bureau au siège à Genève voire de chargé de cours à l'INSERM. Il se serait servi d'un badge d'auditeur de l'O.M.S lui permettant d'aller à des conférences pour faire croire autour de lui qu'il y avait un bureau. Il faisait également croire aux siens que, grâce à son entregent, il pouvait les enrichir en plaçant leurs économies en Suisse. De l'argent qu'il collectait chez les uns pour faire vivre ses autres proches sans rien leur refuser. Pendant des années, il investira de grosses sommes prêtées dans des opérations prétendument fructueuses, remboursant les uns avec ce que lui apportaient en dépôt les autres, une escroquerie que l’on appelle « cavalerie ». Grâce à une volonté de se tenir informé par la lecture de revues médicales, il se tiendra informé de ce qu'il convenait de savoir. Mais lui seul savait que son existence, bâtie sur du sable, s'effondrerait un jour. Elle avait déjà menacé de le faire quelques mois plus tôt quand son beau-père était décédé sans que l'on explique complètement ce qui avait été à l'origine de sa disparition. On se demandera d'ailleurs longtemps et certains se demandent encore si Jean-Claude ROMAND n'avait pas, déjà, tué ce beau-père parce que ce dernier lui avait demandé de le rembourser. Il aura donc suffi début 1993 que la banque de ses parents menace, leur compte étant devenu débiteur après certaines ponctions de Jean-Claude, que les traites de la BMW qu'il avait acquise soient rejetées sans provision et que ses amis commencent à se poser des questions, faute de rapports suffisants sur les placements effectués, pour qu'il déraille un jour de janvier 1993. Après avoir tenté une ultime démarche auprès d'une ancienne maîtresse chirurgien-dentiste, Chantal DELALANDE, qu'il essaiera de tuer dans un bois en région parisienne après lui avoir promis un magnifique cadeau et de dîner chez "son ami Bernard KOUCHNER", alors qu'il venait déjà, la veille, de commettre ses premiers meurtres. Ce qui est également curieux dans cette affaire et dans tous ces mensonges qui auront pu être répandus, c'est que ce prétendu médecin ait pu, six années durant, continué à suivre les cours de la seconde année de médecine après son échec à l'examen de fin d'année avant qu'on lui montre la sortie et sans que l'on se pose la moindre question sur sa volonté de se cramponner viscéralement à cette deuxième année comme si sa vie en dépendait. Si on l'avait fait, on aurait peut-être évité un tel drame.

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologique

    Il admettra devant les juges avoir eu une enfance à problèmes. « J'étais toujours souriant, et je crois que mes parents n'ont jamais soupçonné ma tristesse. Je n'avais rien d'autre à cacher alors, mais je cachais cette angoisse et cette tristesse. Ils auraient été prêts à m'écouter, Florence aussi y aurait été prête, mais je n'ai pas su en parler. J’ai tué tous ceux que j’aime mais je suis enfin moi ». Condamné en juillet 1996 à une peine de prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, Jean-Claude ROMAND avait déposé une demande de libération conditionnelle qui avait déjà, semble-t-il, fait l'objet d’un long travail de préparation de son défenseur. Avant qu'on lui trouve une place en juin 2019 dans une communauté religieuse, celle de l'abbaye de Fontgombault où il réside depuis en liberté conditionnelle avec l'obligation de porter un bracelet électronique lors de ses rares sorties à des heures déterminées. Depuis la fin du mois de juin 2021, il n'est plus soumis au port du bracelet mais il devra répondre aux convocations de la justice et aura interdiction de se rendre dans les régions de ses crimes. Selon des visiteurs catholiques, ROMAND aurait découvert en prison une raison d'espérer et Dieu. Son comportement à la Centrale de Saint-Maur jouait, c'est vrai, en sa faveur, d'autant que, pour la première fois il a pu donner des conseils médicaux aux autres détenus se prévalant de ce qu'on lui avait enseigné en première année de médecine. Ce qui démontre que l'homme n'a en rien changé et qu'il serait même tout à fait capable de donner par la suite des consultations ! C'est vrai que ce détenu modèle de la Centrale s’occupait aussi de l’alphabétisation et du suivi scolaire des autres prisonniers. Pour la direction de cette centrale : « c’était un détenu qui ne posait aucun problème, qui est tout à fait gérable et qui n’avait pas de passé disciplinaire ». Mais comme pour n’importe quel autre détenu, la question est de savoir : « s’il pourrait être un danger pour la société une fois sorti, et s’il avait compris le sens de sa peine ? ». Pourtant, sa personnalité appelle cependant une certaine vigilance, compte tenu de son profil de brillant manipulateur : « Il a pu cacher son histoire toutes ces années, et il n’est pas impossible que pour sa demande il ait monté un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu’il est. C'est en outre un homme qui a toujours su comment les autres réagiraient face à ce qu'il leur disait et qui aurait fait un bon psychiatre ». L'incendie commis chez lui avec l'aide de deux jerrycans d'essence est-ce que ça n'avait pas été une fois de plus pour tromper les autres et tenter de faire croire qu'on avait voulu tous les assassiner ? D'ailleurs, hospitalisé avant d'être confondu, ne tentera t-il pas de faire adresser un télégramme à sa belle-mère pour qu'elle lui donne des nouvelles de son épouse Florence. Comme s'il avait oublié qu'il lui avait défoncé le crâne à coups de rouleau de pâtisserie avec une rage difficilement quantifiable ! Pour Emmanuel CROLET, sa soeur Florence était au courant de la situation financière du couple, ce qui aurait pu éveiller ses soupçons et ce qui a fini par arriver. Et puis par le biais d'une connaissance que l'O.M.S, elle avait appris qu'on y organisait chaque année un arbre de Noël et elle était surprise de se rendre compte que ses enfants ne s'y rendaient jamais. « Cela ne m’étonnerait pas qu’on me dise un jour que mon mari est un espion russe », avait-elle dit à une amie au téléphone sur le ton de ce qui aurait pu prêter à sourire. Sans être animés d'une vengeance aveugle, Emmanuel et Jean-Noël CROLET, ont aussitôt entrepris de clamer leur indignation, estimant devoir faire entendre la voix des victimes qui ne sont plus là pour témoigner. Emmanuel qui a participé à plusieurs émissions de télévision s'est même révolté lorsqu'on lui a appris que ROMAND avait fait appel après le refus de la Justice de le laisser sortir de prison ! Comme s'il avait envie, dira t-il, que l'on oublie ce qu'il avait fait. Toujours avide de connaissances, le faux docteur a en revanche finalement obtenu en prison un vrai diplôme d'ingénieur informaticien, parallèlement à des activités de restauration d'archives sonores menées pour le compte de l'INA.

    Une histoire qui n'était pas qu'un Romand et le comble de ce drame qui aura passionné les amateurs de faits divers, tient finalement à une seule réussite de Jean-Claude ROMAND. Le jour où, candidat aux épreuves du baccalauréat en juin 1971, il était parvenu à décrocher un 16/20 en philo, traitant d'un sujet qui résume parfaitement tout son propre drame : La vérité existe-t-elle ? 

     

    Yahoo!

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique