• Grock, notre ami le clown suisse

     Grock, notre ami le clown

    Grock, notre ami le clown

    Depuis sa mort, il est resté le clown le plus génial des temps d'avant. Né dans le Jura bernois en janvier 1880, son numéro de clown qui tenait en un seul numéro, celui d'un Auguste musicien éprouvant les pires difficultés à jouer de son violon aura amusé déclenchant une hilarité générale. Sa tante, un jour, l'avait emmené au cirque. Et le petit Charles-Adrien avait tellement ri qu'il s'est alors juré de devenir clown. Plus tard, après avoir survécu de différents autres petits emplois, le génial énergumène a d'ailleurs fichtrement été à la hauteur de son rêve. Il est bel et bien devenu clown. Et quel clown ! Un clown qui parlait six langues couramment et qui jouait de plus d'une vingtaine d'instruments. L'histoire n'avait pas tardé à démarrer puisqu'en 1903, le jeune homme était caissier au Cirque National Suisse. Remarqué par le directeur, ce dernier lui avait proposé un duo… Vous vous appellerez « Brick et Brock » tous les deux. Sur quoi, notre humoriste, perplexe, avait rétorqué… « Pas Brock, non, moi je veux m'appeler GROCK. Et comme ça nous serons Brick et Grock ! », une proposition qui sera acceptée.

    Charlie CHAPLIN, qui était pourtant avare de compliments, lui avait dit un jour, subjugué: « Si je suis le plus fort à l'écran, vous, vous êtes le plus fort sur la scène ! ». Bel hommage du vagabond à ce clown blanc au sourire malicieux: GROCK, alias Charles-Adrien WETTACH qui aura joué devant les reines et les rois, devant tout ce que l'époque comptait de beau linge et de stars et il eut même le malheur de plaire à HITLER et à son propagandiste GOEBBELS, ce qui lui sera amèrement reproché jusqu'à sa mort. Cela lui vaudra même de sortir du conflit ruiné ! Grâce à un numéro inimitable interprété en huit langues, GROCK aura fait le tour du monde, entraînant ses valeureuses godasses et son petit violon dans la légende. De la salle Pleyel à Paris au Coliseum de Londres, il irradiait. Magique et universel. Le premier ministre britannique avait été pris au piège qui lui avait déclaré en la personne de CHURCHILL et d'un ton assuré, à l'issue d'un spectacle: "Eh bien reconnaissez, Monsieur GROCK, que tous les meilleurs comiques sont anglais ! » Ce à quoi le clown lui avait répliqué qu'il n'était point, hélas, sujet de sa gracieuse Majesté mais... Suisse ! Dissimulant son étonnement derrière son flegme bien british, Sir Winston lui avait alors répondu : « Eh bien, allez donc vous faire naturaliser ! »  

    Grock, notre ami le clown

    GROCK a réussi grâce à un numéro, toujours le même, qu'il peaufinait sans cesse, avec la minutie et l'obstination toute horlogère de sa terre natale. Il s'était d'ailleurs inspiré de l'accent traînard de ses compatriotes avec ses fameux "pourquoâââ" et ses "sans blâââ-gue". Lui, le moins que rien, était arrivé à l'autre opposé. Clown de génie mais aussi homme d'affaires redoutable, il était devenu riche, très riche. Peu attiré par les femmes, il adorait jouir de sa richesse patiemment amassée. Joueur, il disputait de fiévreuses parties de billard. Mondain, il fumait de gros cigares. Mégalo, il s'était fait construire un château rococo, à Imperia, sur la Riviera italienne, style facteur Cheval et Rocambole (Photo ci-contre). Une belle revanche sur la pauvreté de son enfance ! Un palais qui suscitera même la convoitise du brave ALPHONSE XIII qui proposa à son bienheureux propriétaire de l'acquérir, mais qui se verra répondre: « Ce château n'est pas à vendre, il appartient déjà à un roi, au roi des clowns ! »

    Comme un ultime feu- d'artifices, GROCK est mort dans sa villa de rêve le 14 juillet 1959 à 79 ans. Dernière grimace. A l'entrée de son palais on pouvait lire: "C'est ici où je ris". Le violoniste Max van EMBDEN, fidèle partenaire de GROCK durant plus de trente ans et qui vivait à Genève, est mort, lui, à l'âge de 93 ans. Il aurait été ingrat de ne pas citer ce fabuleux faire-valoir à la verve contagieuse comme si la boucle se devait d'être bouclée. Mais la règle du jeu nous rappelle que le spectacle continue bien qu'il ait failli s'arrêter après la disparition de ce clown génial. Tombé dans l’oubli, son héritage dilapidé par ses proches, il aura fallu attendre que son destin hors norme et sa légende soient réhabilités par de nombreuses publications, productions et manifestations.

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