• Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologique

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologique

    Ce bon vieux docteur, un véritable monstre l'aura tuée avec un rouleau à pâtisserie avant de s'en prendre à ses deux enfants !... Une horreur !  

    Nous avions déjà consacré un rapide article à cette affaire en 2019 sur laquelle l'actualité revient puisque Jean-Claude ROMAND jouit à nouveau aujourd'hui et depuis la fin juin de davantage de liberté. Selon l'écrivain Gilles CAYATTE, cet homme qui va sortir de vingt-huit années d'étroite surveillance voulait sans doute construire un homme parfait qui ne voulait en aucun cas décevoir ceux qu'il aimait. Quelqu'un qui avait été jusqu'à déclarer à sa future femme Florence (avec lui ci-dessus) qu'il souffrait d'un cancer des ganglions pour mieux parvenir à la séduire. Quelqu'un qui n'hésitait pas à se faire passer pour un chargé de formation qui menait des recherches sur les cultures cellulaires à l'INSERM. Pour maintenir son image dans les yeux de ceux qu’il aimait, il devait les tuer. Il n'y avait pas d’autre issue. « Jean-Claude Romand a été élevé comme un enfant précieux, premier de son canton, il était survalorisé par ses parents », dira de lui un psychiatre. Coupable de narcissisme criminel, l'histoire de l'homme apparemment débonnaire qu'est Jean-Claude ROMAND que l'on prendrait pour un curé de campagne, ressemblerait presque à celui de Magda GOEBBELS, la chienne nazie. D'un rôle de mère idéale à celui de père idéal, ROMAND aura finalement réussi à tuer ses deux enfants, son épouse et ses parents pour qu'ils ne sachent jamais la vérité, avec un même sang froid sidérant que celui avec lequel l'égérie national-socialiste avait opéré dans le bunker de Berlin pour que ses six enfants ne sachent jamais qui elle était réellement. Sans pour autant avoir dévié, lui, dans un total comportement pervers, puisqu'il reconnaîtra avoir eu du mal à tuer son chien, témoin d'une enfance, un animal auquel il avait dû livrer plus jeune quelques ressentis. Au point d'ailleurs d'être bien plus atteint le jour de son procès par la mort de cet animal que par celle de toute sa famille et d'avoir même craqué à l'issue de sa confession ! Ce qui apparaît comme horrible dans ce fait divers, c'est que Jean-Claude ROMAND n'émettra jamais le moindre regret d'avoir tué femme, enfants et parents, même durant sa longue peine d'incarcération ! L'écrivain Emmanuel CARRERE s'est passionné durant sept ans par ce sujet que les psychologues, passionnés eux aussi par ce conte de la folie ordinaire et extraordinaire fait divers, avaient qualifié de « narcissique criminel ». C'est en 1993 qu'il avait pris attache avec lui pour la première fois et qu'il recevra une réponse deux ans plus tard. « J'ai entendu qu'il comptait sur moi plus que sur les psychiatres pour lui rendre compréhensible sa propre histoire », a expliqué l'écrivain. Plusieurs films ont été tirés de ce monstrueux fait divers dont l'Adversaire tourné avec l'acteur Daniel AUTEUIL.

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologiqueSorti du coma qui lui avait valu d'être hospitalisé à l'hôpital de Genève, et au terme de sept heures d'interrogatoire toujours ponctuées d'affirmations fantaisistes succédant à quatre longues journées d'enquête un homme apparaîtra, révélé par des contacts pris par les enquêteurs avec l'O.M.S puis l'INSERM où l'on déclarera ne connaître aucun Jean-Claude ROMAND. Quelqu'un qui sera très vite soupçonné, mais d'un abord discret et peu expansif et qui avait de bonnes relations avec tout le voisinage. Un message retrouvé interpellera les enquêteurs : « Une injustice peut être la cause d'un grand drame ! » On se demandera comment cet individu socialement si respectable dont le train de vie était élevé avait pu en arriver là et s'il n'avait pas voulu punir son entourage pour finalement lui reprocher d'avoir cru en quasiment vingt années de mensonges ? Car des mensonges on en découvrira quelques-uns et pas qu'à l'O.M.S. On dira à ce propos qu'il était sur le point d'être découvert par son épouse Florence et qu'il n'était plus en mesure d'honorer les demandes de remboursement de ceux qui avaient fait appel à lui pour placer leurs fonds en Suisse car l'homme avait des contacts dont il avait bien entendu parlé. Les faits, presque vingt-neuf ans plus tard, continuent à faire froid dans le dos, car rien ne laissait présager un tel drame, même s'il est clair aujourd'hui que cet assassin ait pu préparer tous ces meurtres car la préméditation ne fait aucun doute. Il a du reste été prouvé qu'il avait acquis un silencieux trois jours avant de tuer.

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologiqueAinsi, le 11 janvier 1993, à quatre heures du matin, les pompiers retireront d'une maison en flammes de Prévessin-Moëns les corps de son épouse Florence le crâne défoncé par un rouleau à pâtisserie et de ses deux enfants de 8 et 5 ans abattus à coups de fusil de chasse. Leur père, celui que l'on estimait encore à l'époque être le docteur ROMAND de l'O.M.S gisait à leurs côtés inconscient et, plongé dans un coma artificiel, il sera longtemps dans l'incapacité de répondre aux questions des enquêteurs. On retrouvera un peu plus tard les corps de ses parents à une centaine de kilomètres de là, dans le Jura près du lac de Clairvaux, abattus également à coups de fusil de chasse. Une sombre histoire d'homme en noir sera un temps évoqué par le pseudo médecin avant qu'il accepte d'avouer et de reconnaître qu'il était l'auteur des cinq meurtres. ROMAND confiera alors qu'il était désespéré et qu'il était sur le point d'être démasqué, et aussi qu'il n’en pouvait plus de faire semblant depuis vingt ans d'être un grand médecin, un ponte de l’O.M.S, et de prétendre qu'il y occupait un bureau au siège à Genève voire de chargé de cours à l'INSERM. Il se serait servi d'un badge d'auditeur de l'O.M.S lui permettant d'aller à des conférences pour faire croire autour de lui qu'il y avait un bureau. Il faisait également croire aux siens que, grâce à son entregent, il pouvait les enrichir en plaçant leurs économies en Suisse. De l'argent qu'il collectait chez les uns pour faire vivre ses autres proches sans rien leur refuser. Pendant des années, il investira de grosses sommes prêtées dans des opérations prétendument fructueuses, remboursant les uns avec ce que lui apportaient en dépôt les autres, une escroquerie que l’on appelle « cavalerie ». Grâce à une volonté de se tenir informé par la lecture de revues médicales, il se tiendra informé de ce qu'il convenait de savoir. Mais lui seul savait que son existence, bâtie sur du sable, s'effondrerait un jour. Elle avait déjà menacé de le faire quelques mois plus tôt quand son beau-père était décédé sans que l'on explique complètement ce qui avait été à l'origine de sa disparition. On se demandera d'ailleurs longtemps et certains se demandent encore si Jean-Claude ROMAND n'avait pas, déjà, tué ce beau-père parce que ce dernier lui avait demandé de le rembourser. Il aura donc suffi début 1993 que la banque de ses parents menace, leur compte étant devenu débiteur après certaines ponctions de Jean-Claude, que les traites de la BMW qu'il avait acquise soient rejetées sans provision et que ses amis commencent à se poser des questions, faute de rapports suffisants sur les placements effectués, pour qu'il déraille un jour de janvier 1993. Après avoir tenté une ultime démarche auprès d'une ancienne maîtresse chirurgien-dentiste, Chantal DELALANDE, qu'il essaiera de tuer dans un bois en région parisienne après lui avoir promis un magnifique cadeau et de dîner chez "son ami Bernard KOUCHNER", alors qu'il venait déjà, la veille, de commettre ses premiers meurtres. Ce qui est également curieux dans cette affaire et dans tous ces mensonges qui auront pu être répandus, c'est que ce prétendu médecin ait pu, six années durant, continué à suivre les cours de la seconde année de médecine après son échec à l'examen de fin d'année avant qu'on lui montre la sortie et sans que l'on se pose la moindre question sur sa volonté de se cramponner viscéralement à cette deuxième année comme si sa vie en dépendait. Si on l'avait fait, on aurait peut-être évité un tel drame.

    Jean-Claude Romand, le froid menteur pathologique

    Il admettra devant les juges avoir eu une enfance à problèmes. « J'étais toujours souriant, et je crois que mes parents n'ont jamais soupçonné ma tristesse. Je n'avais rien d'autre à cacher alors, mais je cachais cette angoisse et cette tristesse. Ils auraient été prêts à m'écouter, Florence aussi y aurait été prête, mais je n'ai pas su en parler. J’ai tué tous ceux que j’aime mais je suis enfin moi ». Condamné en juillet 1996 à une peine de prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, Jean-Claude ROMAND avait déposé une demande de libération conditionnelle qui avait déjà, semble-t-il, fait l'objet d’un long travail de préparation de son défenseur. Avant qu'on lui trouve une place en juin 2019 dans une communauté religieuse, celle de l'abbaye de Fontgombault où il réside depuis en liberté conditionnelle avec l'obligation de porter un bracelet électronique lors de ses rares sorties à des heures déterminées. Depuis la fin du mois de juin 2021, il n'est plus soumis au port du bracelet mais il devra répondre aux convocations de la justice et aura interdiction de se rendre dans les régions de ses crimes. Selon des visiteurs catholiques, ROMAND aurait découvert en prison une raison d'espérer et Dieu. Son comportement à la Centrale de Saint-Maur jouait, c'est vrai, en sa faveur, d'autant que, pour la première fois il a pu donner des conseils médicaux aux autres détenus se prévalant de ce qu'on lui avait enseigné en première année de médecine. Ce qui démontre que l'homme n'a en rien changé et qu'il serait même tout à fait capable de donner par la suite des consultations ! C'est vrai que ce détenu modèle de la Centrale s’occupait aussi de l’alphabétisation et du suivi scolaire des autres prisonniers. Pour la direction de cette centrale : « c’était un détenu qui ne posait aucun problème, qui est tout à fait gérable et qui n’avait pas de passé disciplinaire ». Mais comme pour n’importe quel autre détenu, la question est de savoir : « s’il pourrait être un danger pour la société une fois sorti, et s’il avait compris le sens de sa peine ? ». Pourtant, sa personnalité appelle cependant une certaine vigilance, compte tenu de son profil de brillant manipulateur : « Il a pu cacher son histoire toutes ces années, et il n’est pas impossible que pour sa demande il ait monté un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu’il est. C'est en outre un homme qui a toujours su comment les autres réagiraient face à ce qu'il leur disait et qui aurait fait un bon psychiatre ». L'incendie commis chez lui avec l'aide de deux jerrycans d'essence est-ce que ça n'avait pas été une fois de plus pour tromper les autres et tenter de faire croire qu'on avait voulu tous les assassiner ? D'ailleurs, hospitalisé avant d'être confondu, ne tentera t-il pas de faire adresser un télégramme à sa belle-mère pour qu'elle lui donne des nouvelles de son épouse Florence. Comme s'il avait oublié qu'il lui avait défoncé le crâne à coups de rouleau de pâtisserie avec une rage difficilement quantifiable ! Pour Emmanuel CROLET, sa soeur Florence était au courant de la situation financière du couple, ce qui aurait pu éveiller ses soupçons et ce qui a fini par arriver. Et puis par le biais d'une connaissance que l'O.M.S, elle avait appris qu'on y organisait chaque année un arbre de Noël et elle était surprise de se rendre compte que ses enfants ne s'y rendaient jamais. « Cela ne m’étonnerait pas qu’on me dise un jour que mon mari est un espion russe », avait-elle dit à une amie au téléphone sur le ton de ce qui aurait pu prêter à sourire. Sans être animés d'une vengeance aveugle, Emmanuel et Jean-Noël CROLET, ont aussitôt entrepris de clamer leur indignation, estimant devoir faire entendre la voix des victimes qui ne sont plus là pour témoigner. Emmanuel qui a participé à plusieurs émissions de télévision s'est même révolté lorsqu'on lui a appris que ROMAND avait fait appel après le refus de la Justice de le laisser sortir de prison ! Comme s'il avait envie, dira t-il, que l'on oublie ce qu'il avait fait. Toujours avide de connaissances, le faux docteur a en revanche finalement obtenu en prison un vrai diplôme d'ingénieur informaticien, parallèlement à des activités de restauration d'archives sonores menées pour le compte de l'INA.

    Une histoire qui n'était pas qu'un Romand et le comble de ce drame qui aura passionné les amateurs de faits divers, tient finalement à une seule réussite de Jean-Claude ROMAND. Le jour où, candidat aux épreuves du baccalauréat en juin 1971, il était parvenu à décrocher un 16/20 en philo, traitant d'un sujet qui résume parfaitement tout son propre drame : La vérité existe-t-elle ? 

     

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