• 1929... le monde à l'arrêt, le fascisme s'était imposé !

    En 1929 alors que les Etats-Unis connaissaient un plein boom économique et une forte croissance, celle-ci avait eu un corollaire avec un emballement du cours des sociétés cotées. Jusqu'à ce que survienne en octobre un effondrement du marché à Wall Street provoquant maintes et maintes faillites avant de contaminer ensuite le monde entier. Les causes de ce krach sont aujourd'hui mieux connues et surtout associées à une bulle spéculative. Car avant que se produise l'impensable et une telle dégringolade des cours, chaque Américain, du businessman au simple chauffeur de taxi était devenu le propriétaire d'un portefeuille d'actions, souvent même en achetant des valeurs à crédit. Rien pourtant ne justifiait une telle envolée des marchés ! Ni la productivité des entreprises cotées, ni les salaires de la plupart des intervenants sur le marché. Après tout, puisque chaque mois qui passait voyait les cours des principales valeurs progresser régulièrement, pourquoi n'y aurait-on pas cru en s'imaginant déjà devenir riche et en s'octroyant une part de cette réussite économique dont se vantaient les Etats-Unis ? On notera au passage que ce recours au crédit restera longtemps en vigueur et qu'en France, à la veille d'un autre krach dont on a peu parlé - celui d'octobre 1987 - il était toujours possible d'acheter des valeurs à crédit en ne réglant que 20% de ses acquisitions au comptant.

    Les conséquences seront effroyables provoquant des banqueroutes jusqu'en Europe et l'arrêt par les Etats-Unis du versement d'aides qui avaient pu être dispensées à certaines économies défaillantes depuis la fin de la guerre de 1914-18. Et aussi l'émergence d'une vague de chômage considérable en lien avec une impitoyable récession. Ce sera le cas de l'Allemagne facilitant l'arrivée au pouvoir de prédateurs dont on mesure mieux à présent quelles étaient les visées et dont les agissements seront la cause en septembre 1939 de la seconde guerre mondiale.

    Les dangereux réflexes d'un monde à l'arrêt

    Une impitoyable récession. Le terme fait peur et s'il fait peur en ces instants où les économies s'effondrent les unes après les autres, ce n'est pas cette fois-ci à cause de la hausse inexplicable des marchés, lesquels à l'exception de deux ou trois places n'avaient pas cédé jusque-là à un emballement excessif, mais à cause d'un gel provoqué par l'arrêt de leur production. La cause de cet arrêt tient à un seul vocable : la COVID-19, un virus qui, parti de Chine a rapidement gagné l'Europe et le reste du monde, sans que notre pays réagisse comme il aurait dû le faire à cause de la désinvolture et de l'incompétence de nos gouvernants, contraignant les entreprises à mettre un terme à leur production de biens et de services. Ce que l'on craint aujourd'hui, c'est davantage la reproduction de schémas dangereux que la reprise économique que beaucoup se plaisaient à espérer dès la fin du confinement. Car certaines réactions commencent à faire peur et si, en Allemagne, les nazis avaient dû batailler quelques années de plus avant d'accéder au pouvoir et d'imposer leurs directives, chez nous en France, beaucoup d'agissements de responsables déjà au pouvoir laissent craindre une résurgence de mauvais réflexes. Des mauvais réflexes et la volonté certes cachée mais parfois trahie par des réactions inappropriées de responsables, comme ceux, par exemple, d'un préfet de police (photo ci-dessus) aux méthodes pour le moins critiquables rappelant un certain Heinrich HIMMLER à la tête quatre-vingt ans plus tôt d'escouades répressives. Ou par un responsable économique qui laisse entendre que ceux qui sont les moins profitables à l'économie d'un pays doivent laisser la place, parce qu'âgés ils deviennent un poids pour la société qui leur alloue une pension de retraite. Une thèse qui est même reprise scandaleusement sur des plateaux de télévision et de radio par des gens qui se prétendent hélas être des journalistes mais qui ne sont que des marionnettes comme cet individu à l'écharpe rouge !

    Alors quoi ? Si les Juifs étaient considérés comme un poids inutile par le Troisième Reich qui les accusait de tous les maux, faudrait-il que nos aînés de plus de soixante-dix ans se sentent coupables d'être un poids pour la France à l'heure de ce virus ? Un avocat qui nous donne le sentiment d'avoir cerné ce qui se passe et agissant au nom de six cents de nos soignants menacés, ne vient-il pas de déposer une plainte contre une grande partie de ceux qui nous dirigent, parlant notamment de catastrophe humanitaire. Mais comment pourrait-on qualifier le fait de laisser mourir des milliers de personnes âgées dans des conditions aussi épouvantables que celles qu'on leur offre dans certaines EHPAD aujourd'hui ? Et pire encore, qu'on continue à sacrifier des milliers de soignants en les envoyant à la mort pour tenter d'endiguer les pathologies de malades que l'on a été incapable de préserver de ce virus contaminant ? En les invitant notamment à une consultation électorale organisée le 15 mars dernier à grands renforts de publicité alors que le danger était pourtant déjà manifeste ! Notre pays va décidément bien mal et le média VALEURS ACTUELLES vient d'ailleurs de consacrer un article dont le titre parle de lui-même : "Éliminer les vieux pour sauver l'économie : comment cette pensée carnassière infuse dans la société". Ne serait-il pas temps que ceux qui sont arrivés au pouvoir au Printemps 2017 se reprennent ou laissent la place ? Pour que dans quelques années l'Histoire n'en fasse pas des élus qui auraient déshonoré une France qui était pourtant considérée comme la patrie des Droits de l'Homme.

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  • Hans Litten, l'opposant juif à Hitler

    Il s'était opposé à HITLER en mai 1931 en lui imposant en tant qu'avocat un long interrogatoire et des questions incisives, le contraignant à témoigner dans l'affaire du dancing Tanz Eden Palast, durant un procès d'activistes nazis à la suite de l'assassinat de deux militants communistes par des S.A. intervenu le 22 novembre 1930.

    Hans Litten, l'opposant juif à HitlerLITTEN, qui avait appelé à la barre le futur dictateur comme témoin, n'avait qu'un but, celui d'exposer la stratégie délibérée du parti nazi dont le but était de renverser la démocratie en semant la terreur dans les rues. Il l'avait acculé pendant deux heures de telle manière que HITLER sera finalement contraint de prêter serment d'allégeance à la constitution et donc en se parjurant. LITTEN lui demandera également comment l'ascension de GOEBBELS était perçue par l'opinion, surtout à la suite de ses violents appels à la révolution. Connaissant parfaitement la dialectique juridique, sa vive intelligence lui permettra de déjouer toutes les ruses habituelles d’un HITLER trop sûr de lui dont la rouerie avait trouvé ses limites. LITTEN démontera tous les tours du futur dictateur employés pour maquiller les faits et la violence fondamentale de son idéologie haineuse. Le fondateur du NSDAP, en pleine ascension politique, n'était pas habitué à ce genre d'épreuve et rouge de colère, il s'emportera donnant de lui une mauvaise image. Celle d'un homme qui n'avait aucune mesure. C'était tout ce que voulait le jeune avocat d'autant que le procès sera largement médiatisé. Qualifié par la presse nazie de figure de haine à laquelle il convenait de s'attaquer, Hans LITTEN paiera son insolence de sa vie dès l'arrivée du dictateur au pouvoir en janvier 1933, puisqu'il sera emprisonné dès l'incendie du Reichstag fin février avec quelques autres opposants et déporté au camp de Sonnenburg qui avait la particularité d'être administré par les S.A de la section 33 de Berlin, ceux-là même que LITTEN avait eu à juger en 1931. Il y sera placé en "détention protective" une mesure qui était prise pour soi-disant les protéger d'une intervention extérieure. Mesurant le danger qui attendait leur fils, ses parents et plusieurs de ses amis l'avaient pourtant incité à quitter l'Allemagne après ce procès. Mais le jeune avocat voulait rester pour protéger les travailleurs contre ce régime prétextant qu'eux ne pourraient pas la quitter. Sa mère essaiera ensuite de toutes ses forces de faire libérer son fils emprisonné mais sans y parvenir. Hans LITTEN se suicidera en février 1938 dans les latrines de Dachau où il avait été déporté, cela après avoir déjà tenté de mettre à plusieurs reprises un terme à son existence. Avant de mourir, violemment torturé dans différents autres camps de concentration où il avait été enfermé, il avait perdu la plupart de ses dents à cause des brutalités de ses géôliers.

    Hans Litten, l'avocat juif qui s'était opposé à HitlerAdmis au barreau de Berlin en 1928, et bien que n'étant pas stalinien, il avait rejoint Ludwig BARBASCH, un militant du parti communiste allemand. Très intéressé par la politique, LITTEN était à 27 ans un rebelle qui ne se plaisait pas dans le milieu bourgeois où il avait été élevé en compagnie d'une soeur et d'un frère (photo ci-contre où il se trouve à gauche). Il avait également et rapidement perçu le danger que représentaient HITLER et le nazisme pour l'Allemagne. Travailleur infatigable, conservateur par une culture assez traditionnelle, il se considérait néanmoins de gauche, tout en étant indépendant des partis politiques. Bien qu'il ait été parmi les premiers à affronter HITLER, LITTEN reste aujourd'hui une figure peu connue pour la plupart de ceux qui s'intéressent aux premières années des nazis en Allemagne et aux premières victimes d'HITLER. Assigner le futur Führer devant les tribunaux, il faut reconnaître que LITTEN n'y avait pas été de main morte en 1931 et que le jeune avocat des travailleurs avait fait preuve d'audace ! Il ne jouissait cependant pas d'une très bonne cote de faveur et les commentaires à son propos faisaient plutôt état d'un homme difficile à traiter, un réel doctrinaire qui avait pour la politique des idées bien arrêtées. Ce qui n'empêchait pas qu'il était très apprécié par ses codétenus, non seulement en raison de ses connaissances incroyables, mais par sa force intérieure et son courage. Ce qu'il démontrera face à HITLER qui sera profondément blessé par le fait d'avoir été moqué lors d'un tel procès. 

    Un documentaire diffusé sur la chaîne de télévision RMC DECOUVERTE : 1931, le Procès d'HITLER a fait connaître l'héroïsme de cet avocat juif que vous découvrirez ci-dessous. Le 10 septembre 2009, la Chambre des avocats et la Chambre fédérale des avocats a apposé une plaque en l'honneur de ce méritoire Hans LITTEN.

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  • Les deux soeurs sarthoises

    Christine et Léa Papin, les deux soeurs sarthoisesLe jeudi 2 février 1933, rue Bruyère au Mans, Christine PAPIN, vingt-huit ans et Léa PAPIN, sa sœur cadette âgée de vingt et un ans, qui travaillaient comme servantes depuis sept ans pour le compte de la famille LANCELIN, une famille de notables, vont soudain assassiner leur patronne Léonie LANCELIN, femme d'un avoué, et sa fille Geneviève. Cet assassinat doublé d'un véritable massacre puisque les deux femmes iront jusqu'à arracher les yeux de leurs deux victimes, fera longtemps parler à une époque où, pourtant, tous les regards étaient tournés vers l'Allemagne où un certain Adolf HITLER venait de prendre le pouvoir le 30 janvier précédent. Beaucoup se demandent encore aujourd'hui si les deux sœurs PAPIN étaient folles ou si elles ne l'étaient pas ? Car énucléer quelqu'un à main nue suppose un certain degré de dérangement mental. Encore que Christine PAPIN la cuisinière des LANCELIN était habituée à énucléer les lapins quand elle s'apprêtait à en faire des civets. A l'époque, les psychiatres les avaient d'ailleurs considérées comme n'étant pas en état de démence et donc parfaitement responsables de leurs actes. Après les avoir arrêtées les enquêteurs seront néanmoins contraints de passer une camisolde de force à l'aînée, celle-ci ayant menacé de s'arracher également les yeux sans doute pour s'autopunir. On dira par la suite que Christine PAPIN était aux portes de la schizophrénie et lors de leur transfert à la centrale de Rennes, mis en présence de sa sœur elle ne reconnaîtra même plus Léa. Il est vrai que le profil des deux sœurs avait de quoi surprendre car durant leurs sept années de service, jamais elles ne demanderont de congé, refusant même tout contact avec l'extérieur ou avec un possible amoureux, ce qui aurait pu être de leur âge. En dehors cependant d'une participation à la messe le dimanche à l'église proche, elles choisiront donc de rester confinées chez les LANCELIN, gagnant leur chambrette leur tâche accomplie. 

    Quel mobile a-t-il pu être à l'origine d'une telle rage de ces deux femmes ? Considérées comme de bonnes employées par leur patronne certes assez tatillonne, elles étaient en train de repasser quand les plombs ont sauté plongeant leur demeure dans l'obscurité. Au retour de leur patronne vers les 17 heures, c'est parce que celle-ci l'aurait giflée que Christine PAPIN dira, du moins dans un premier temps, s'être défendue avant qu'on laisse entendre qu'il y avait peut-être eu un mot de trop de prononcé par Christine qui aurait pu justifier un mouvement d'humeur de la dame LANCELIN. Une épouse qui avait fort à faire avec un époux avoué de son état qui était impliqué dans l'affaire des Mutuelles du Mans, une affaire en cours d'instruction qui avait vu 700 plaignants se manifester. Mais le mobile était aussi, pour d'autres, à rapprocher d'un comportement de froideur et de distance que Léonie LANCELIN observait, n'hésitant pas à réprimander ses deux employées de maison, parfois même pour des futilités. A tel point que les deux sœurs parlaient de persécution. Ce qui interpelle c'est qu'au terme de leurs sept années de bons et loyaux services les deux sœurs, logées, blanchies et nourries étaient parvenues à économiser un peu plus de vingt mille francs, une somme qui aurait pu leur permettre de quitter les LANCELIN et de se mettre à leur compte, ce qu'elles ne feront pas donnant le sentiment de faire preuve de masochisme.

    Persécutées, elles avaient estimé l'être un peu plus encore quand leur patronne avait interdit à leur mère haïe de continuer à les voir trois ans auparavant, ce qui contribuera à transférer sur elle toute la haine que les deux sœurs éprouvaient pour leur mère. Filles de Clémence, une femme paranoïaque qui menaçait régulièrement d'attenter à ses jours et de Gustave, un père alcoolique, privées d'affection maternelle et paternelle durant leur enfance, les deux sœurs PAPIN seront placées avec leur autre sœur Emilia dans des institutions religieuses dès leur plus jeune âge. Naîtra entre Christine et Léa une relation devenue fusionnelle voire même passionnelle. On dira que Christine représentait pour la plus jeune, Léa, une sorte d'image sécurisante en l'absence de repères, celle que leur mère ne lui avait jamais prodigués. Isabelle, la sœur de Clémence qui n'aimait pas les hommes et qui avait accueilli quelque temps Christine encore petite, a-t-elle joué un rôle dans la construction psychique de l'aînée des deux sœurs PAPIN ? C'est plus que probable. Le fait d'être en présence de deux femmes qui se faisaient souvent des câlins sera également mal interprété, surtout à une époque où l'idée de l'homosexualité était mal perçue par la plupart et sévèrement réprimée. C'est peut-être parce que les yeux des deux victimes avaient vu des attitudes et un paraître critiquables que Léonie et Geneviève LANCELIN ont été énuclées, Léonie LANCELIN ayant retrouvé au soir du 2 février une Christine venue à sa rencontre revêtue d'une robe de chambre. On dira aussi pour essayer de rechercher ce qui avait pu provoquer la fureur des deux sœurs qu'elles étaient en train de faire l'amour quand les deux femmes LANCELIN sont rentrées chez elles en s'efforçant, qui sait, de les surprendre, leur reprochant une fois encore d'être en tenue légère, d'avoir laissé leur repassage en comprenant soudain ce qui unissait les deux sœurs. Sans prendre en compte le fait qu'un court-circuit s'était produit plongeant la demeure dans l'obscurité. C'est l'aînée des deux soeurs, Christine, qui revendiquera la paternité de la tuerie dans le but de dédouaner Léa lui donnant l'ordre après les avoir déjà massacrées d'arracher les yeux à Léonie LANCELIN, alors qu'elle s'était déjà chargée de la même besogne sur la jeune Geneviève.

    Christine et Léa Papin, les soeurs sarthoisesLe 2 février, le spectacle sera intenable pour les premiers policiers arrivés sur des lieux plongés dans l'obscurité. Alertés à 19 heures par René LANCELIN qui avait prévu d'emmener les siens dîner chez les RINJARD ne parvenait plus à entrer chez lui, la porte ayant été fermée de l'intérieur et son épouse ne répondant pas, il avait fini par s'adresser au commissariat. Quelques mètres avant le palier, n'en revenant pas les policiers découvriront un œil humain dans l'escalier, puis, scène insoutenable deux cadavres aux visages et aux corps atrocement mutilés qui seront étendus sur le sol. Il s'agissait de Léonie LANCELIN et de sa fille Geneviève. Les deux yeux de la maîtresse de maison allongée sur le dos avaient disparu et les orbites oculaires n'étaient plus que des trous béants. Elle n'avait plus de bouche, les dents ayant été ôtées et projetées un peu partout autour d'elles. On avait eu recours à un couteau de cuisine, un pot en étain, et un marteau couvert de sang qui sera retrouvé un peu plus tard près des deux sœurs. Leur forfait accompli, celles-ci monteront se réfugier dans leur chambrette dont elles fermeront la porte à double tour attendant passives qu'on vienne les en déloger. On les retrouvera nues et enlacées dans le même lit où elles s'étaient blotties l'une contre l'autre comme pour se protéger. On dira même qu'elles venaient de faire l'amour. « Oui, c'est nous qui avons tué, diront-elles aux enquêteurs, et nous ne regrettons rien ! » Pour la psychothérapeute Isabelle BEDOUET qui a rédigé plusieurs ouvrages, ce serait un autre drame qui aurait inspiré les deux soeurs PAPIN, celui commis un an plus tôt à Ruaudin toujours dans la Sarthe. Un fait dont on n'avait cependant pas beaucoup parlé à l'époque en dehors peut-être du journal LA SARTHE DU MATIN, un quotidien qu'elle aurait tout à fait pu apercevoir chez les LANCELIN. Ce fait avait vu un couple, les ANJUBAULT, commettre un crime et s'en prendre aux époux BATTEUX, simplement parce que Léon BATTEUX avait refusé de donner un verre de cidre à Louis ANJUBAULT. Apparemment saines d'esprit, les deux sœurs PAPIN finiront par être montrées comme des employées exploitées qui auraient fini par se révolter et leur meurtre sera longtemps considéré comme un meurtre de classe et le crime de la misère. L'organe du Parti Communiste, l'Humanité ira jusqu'à prendre fait et cause pour les deux sœurs estimant qu'elles symbolisaient la lutte des classes et qu'elles étaient les victimes de l'exploitation capitaliste ! Totalement dévouées jusqu'alors à leur patronne, elles craignaient régulièrement des retenues sur leur paie et les réprimandes et avaient peur de casser le moindre objet. Le 3 février, le lendemain de la tuerie de la rue Bruyère, les ANJUBAULT sur le point d'être jugés et les sœurs PAPIN feront ensemble la une du quotidien sarthois ! Au Mans, le maire redoutant que l'image de sa localité soit entachée par des articles parus dans la presse parisienne fera interdire le numéro de Détective qui avait affiché le portrait des deux sœurs en couverture. Cet horrible fait divers ira jusqu'à passionner certains intellectuels comme Simone de BEAUVOIR et Jean-Paul SARTRE voire le psychanaliste Jacques LACAN qui, dans la revue Minotaure, en fera un thème de réflexion sur les aspects paranoïaques. Simone de BEAUVOIR parlera, elle, de geste de révolte et de sauvage déchaînement d'une liberté. Pour d'autres, ce sera un crime de la condition domestique. 

    Christine et Léa Papin, les soeurs sarthoisesCette affaire passionnera jetant aussi le trouble sur une instruction qui sera menée trop vite et qui durera huit mois. On évoquera en conclusion beaucoup d'incohérences dont la défense des deux sœurs ne profitera pas, témoins les scellés non apposés sur la maison du meurtre, la non-vérification de l'emploi du temps de René LANCELIN à l'origine de rumeurs quant à sa responsabilité dans l'assassinat. Aurait-il eu un geste déplacé à l'égard des deux sœurs dont on dira après coup qu'elles étaient toujours vierges ? A propos du fer à repasser qui avait été à l'origine d'un court-circuit qui avait fait sauter les plombs, on s'apercevra deux jours plus tard qu'il fonctionnait parfaitement. Le 30 septembre 1933, en présence de deux cents policiers chargés de contenir les nombreux badauds, de quarante journalistes et au terme d'un procès très vite conclu, le Docteur LOGRE dira que l'auteur du forfait n'était ni Christine, ni Léa mais le couple que formaient les deux sœurs PAPIN. L'avocat général au terme d'une plaidoirie lyrique demandera à ce que l'on traite l'aînée des deux sœurs en sauvage et en bête fauve, ce qu'elle avait été en commettant ce crime monstrueux et que l'on mette l'autre hors d'état de nuire à tout jamais ! Christine PAPIN sera donc condamnée à mort mais Léa à seulement dix années de bagne. L'aînée des deux sœurs échappera à la guillotine grâce à l'intervention du président de la république, Albert LEBRUN, le 22 janvier 1934 et sa peine sera commuée en vingt ans de travaux forcés. Son état mental s'étant aggravé, elle sera finalement internée à l'hôpital psychiatrique de Rennes où elle mourra en 1937 d'un œdème pulmonaire après qu'elle se soit laissée mourir de faim. Sa sœur Léa, elle, bénéficiera d'une remise de peine de prison et sera libérée en février 1943. Elle mourra le 24 juillet 2001, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans dans les environs de Nantes où elle s'était installée après avoir été libérée, emportant avec elle les secrets de son incroyable geste meurtrier. Elle avait retrouvé un emploi de domestique sous un pseudonyme.

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  • Autre affaire d'Etat... l'assassinat de Jean de Broglie

    Autre affaire d'Etat... l'assassinat de Jean de BroglieC'était le premier des crimes d'Etat commis sous la Présidence GISCARD d'ESTAING ! S'il a précédé celui du ministre Robert BOULIN de la fin octobre 1979, celui de l'ancien député de l'Eure et ancien fondateur et trésorier du parti des Républicains Indépendants, commis devant le domicile de son conseiller fiscal, Pierre de VARGA, n'en reste pas moins tout aussi mystérieux. D'autant qu'il concerne un personnage qui, sans être très connu, et bien que Prince, n'en n'était pas moins député de l'Eure, ancien secrétaire d'Etat et surtout… cousin du Président et ami proche d'un certain… Michel PONIATOWSKI ! Ce qu'on a très peu dit au moment des faits c'est que Jean de BROGLIE s’apprêtait à rejoindre avec armes et bagages le Rassemblement pour la République, le nouveau parti créé par un jeune loup plein d’avenir, Jacques CHIRAC, ce qui déplaisait également et paradoxalement à certains amis de l'ancien Premier Ministre de GISCARD qui aspirait fin 1976 à devenir le maire de Paris. Autre précision, et non des moindres, le fait que les autorités policières aient été au courant qu’un assassinat visant ce brave homme était en préparation, et cela sans qu'elles soient intervenues d'une quelconque façon. Ah Ponia, Ponia ! Nous avons décidément eu des ministres d'intérieur pas très comme il faut ! 

    C'est un projectile de 9 mm tiré en pleine tête qui aura atteint Jean de BROGLIE ce 24 décembre 1976 devant son domicile du 2 de la rue des Dardanelles, une petite rue proche des grands boulevards dans le XVIIème parisien. Il semble même que l'ancien député ait échangé quelques mots avec son agresseur, un jeune homme brun du nom de Gérard FRECHE, avant que celui-ci ne l'abatte et qu'il prenne la fuite. Un assassinat qui sera revendiqué par un mystérieux groupe d’extrême droite, le groupe Charles-Martel, qui explique avoir « liquidé le prince de Broglie en tant que responsable de l’invasion de la France par les hordes africaines ». Ce qui est plus vraisemblable, c'est que ce meurtre ait pu cacher autre chose ! Quelque chose qu'on ne mettre pourtant que peu de temps avant de procéder aux premières arrestations. Comme si chez PONIA, on avait voulu se mettre rapidement à l'abri et montrer patte blanche ! Au point que le ministre de l'Intérieur tiendra rapidement une conférence de presse et qu'il violera le secret de l'instruction, accusant des hommes qui n'avaient pas encore été déférés devant le juge d'instruction. Plus rapide que ça, tu meurs, aurait pu dire le regretté COLUCHE lorsqu'il parlait des milieux autorisés qui s'autorisaient des trucs ! 

    On dit que l'ancien député qui avait participé en 1962 à la négociation des accords d'Evian qui avaient précédé l'indépendance de l'Algérie trempait dans des magouilles que ses amis Giscardiens ne voulaient plus couvrir. A plus forte raison s'il voulait les quitter ! Pas un des ministres du gouvernement BARRE n'assistera d'ailleurs aux obsèques de l'intéressé dans l'Eure ; seulement une poignée de fidèles ! L'homme, était-il devenu le "mouton noir" de la Giscardie ? On l'a prétendu au moment de l'affaire de prêt douteux qui aurait été conclu en vue de l'achat d'une célèbre rôtisserie, celle de La Reine Pédauque. Mais aussi un peu plus tard lorsqu'on a démêlé les liens qui avaient été ceux du Prince de BROGLIE avec la SODETEX, une société semble-t-il coupable de blanchissement d'argent sale et selon toute vraisemblance de financements de campagne et de partis politiques.

    Plus d'un demi siècle après la mort du député de l’Eure, les questions restent toujours sans réponse. On se demande quel objectif Michel PONIATOWSKI poursuivait-il en désignant, dès le 29 décembre 1976, les coupables de l’assassinat de son ancien collègue et cousin ? Interviewé récemment, il a été demandé à Pascale de VARGA, la fille de l'un des accusés, si elle pensait savoir aujourd’hui qui avait commandité l’assassinat de Jean de BROGLIE : "L’Etat à son plus haut niveau", a-t-elle répondu sans la moindre hésitation. Ce qu'elle n'a pas peur de dire ajoutant : "Qu’est-ce qu’ils vont me faire ? Ce serait même intéressant s’ils avaient la bêtise de m’ennuyer maintenant, parce qu’au moins, on saurait pourquoi". Ce qui est plus vrai c'est que l'affaire a surtout fait la lumière sur les relations inquiétantes entre des truands fichés au grand banditisme, les barbouzes proche de l 'organisation et des policiers de la IIeme section des renseignements généraux, la police politique française. 

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