• Helmut KNOCHEN est l'un de ceux qui seront passés entre les mailles du filet alors que son implication dans le génocide juif est avéré. Chef de la Police de sûreté et du Service de sûreté, le fameux SD de HEYDRICH pour la France et la Belgique, il est effectivement impliqué dans la politique antisémite de l'occupant, notamment dans les déportations massives de Français juifs vers les camps de concentration nazis, et il s'est rendu responsable de l'exécution de plusieurs milliers de résistants français. Devenu officier SS en 1937, il avait été envoyé à Paris pour couvrir l'Exposition Universelle avant de débuter à son retour à Berlin par une activité de renseignement au sein du SD. Promu au rang de lieutenant SS, il effectuera pendant quelques mois essentiellement des travaux de secrétariat qui lui permettront de faire état de ses aptitudes rédactionnelles et de son sens de la synthèse. Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1939, à la suite d’un attentat raté contre HITLER à Munich qui avait été organisé par Georg ELSER, il capturera deux agents britanniques du MI6 à la frontière germano-néerlandaise et il les ramènera en Allemagne. Une prise qui lui vaudra de recevoir des mains de son Führer la croix de guerre de 1re et 2e classe.

    HEYDRICH le nommera à la tête d'un commando d'universitaires qui seront chargés d'espionner pour le compte des nazis. Parmi tous ses contacts émergeront un certain "Monsieur Henri" et les gens de la Carlingue de Henri LAFON. L'ancien truand de la rue Lauriston y mène grand train de vie avec, aussi, une certaine Violette MORRIS, une ancienne championne déchue qui avait été grandement impressionnée par le décorum nazi aux Jeux de Berlin de 1936 et qui aimait se déguiser en homme. Pour mieux piloter les bolides de course, elle était même allée pour cela jusqu'à se faire enlever les seins. Elle en voulait à un pays qu'elle avait représenté et qui l'avait sanctionné lui reprochant ses tenues trop masculines et probablement d'être bisexuelle ! Violette MORRIS sera chargée pour KNOCHEN de recruter des espions, de contrer les réseaux anglais du "Special Operations Executive" (SOE) et d’infiltrer les réseaux de résistance du Grand Ouest pour les livrer à la Gestapo. Elle sera ensuite chargée des interrogatoires des femmes résistantes rue Lauriston où elle se livrera à des activités de tortionnaire, au point d'être surnommée "la Hyène de la Gestapo". Avant toutefois de tomber dans un traquenard et d'y laisser la vie.

    En février 1954, alors que la France s’enfonçait dans la guerre d’Algérie, Helmut KNOCHEN comparaîtra avec Carl OBERG devant le tribunal militaire de Paris. Condamnés tous les deux à mort, ils bénéficieront de la grâce du président Vincent AURIOL. Son successeur, René COTY, commuera la peine de KNOCHEN en vingt ans d’incarcération, tandis que celle d’OBERG restera la prison à vie. Mais, le 20 novembre 1962, Charles de GAULLE ordonnera leur libération soucieux, sans doute de faire un pas de plus dans la réconciliation franco-allemande après avoir reçu en France le chancelier Konrad ADENAUER. Ce sera l'une des graves erreurs de notre grand homme d'Etat, même si dix-huit ans après les agissements de ces monstres nazis, il convenait d'apaiser les relations franco-allemandes. KNOCHEN aura donc la possibilité malgré ses crimes de se reconvertir et de mourir tranquillement dans son lit en 2003, à l’âge de 93 ans. 

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  • Hugo Boss, le trop célèbre équimentier nazi

    Hugo Boss, le célèbre équimentier naziLe secret a longtemps été préservé et il est facile d'en comprendre les raisons. Profitant de la structure de l'atelier de couture de ses parents, Hugo Ferdinand BOSS né en 1885, n'avait pu se faire une place en Allemagne que grâce à l'arrivée au pouvoir des nazis d'Adolf HITLER. Et aussi, a-t-on dit, parce qu'Hugo BOSS était le couturier préféré de ce dernier, ce qui n'a pas été confirmé. A l'automne 1932, Heinrich HIMMLER fera également appel à lui pour qu'il dessine la future tenue destinée à habiller sa garde noire de SS (Schutz Staffel). Bien qu'on lui ait prêté une première collaboration avec les S.A de ROHM dès 1924, il est plus vraisemblable qu'Hugo BOSS ait dû attendre 1928 ou 1929 avant de vraiment travailler pour les nazis et de concevoir tous leurs uniformes et également ceux des Jeunesses hitlériennes. 

    La firme créée en 1924 à Metzingen dans le Würtemberg, ne produisait en effet avant les retombées du krach de 1929 que des coupe-vent, du linge, des chemises d'homme, avant de se tourner vers le vêtement de travail, le vêtement de sport et les imperméables. La crise venue, des 33 employés qui y travaillaient, il n'en restera plus que 25 et ce sont les premières commandes des nazis qui permettront à Hugo BOSS de faire redémarrer son entreprise. Grâce à des locations de machines, des réductions de salaire acceptées par le personnel et des commandes qu'il avait sans doute su capter en adhérant au NSDAP dès 1931. Il est démontré que l'entreprise a bénéficié à partir de 1938/1939 d'une préparation à la guerre et que ses commandes se sont envolées à partir de là. Pour faire face à la demande émanant des ses plus fidèles clients surtout au cours des dernières années de guerre, BOSS aura, lui aussi, comme l'affairiste Günther QUANDT, recours à une manne providentielle constituée de prisonniers de guerre et de travailleurs forcés, en provenance des Etats Baltes, de Belgique, de France, d'Italie, d'Autriche, de Pologne, de Tchécoslovaquie et d'URSS. Si BOSS n'a pas été directement impliqué dans la maltraitance de ces ouvriers, la marque reconnaîtra après coup qu'il n'avait rien fait pour l'empêcher. Après la déroute nazie et la capitulation du grand Reich, Hugo BOSS connaîtra une période nettement moins favorable puisqu'accusé d'être un "opportuniste de guerre" il sera condamné à verser de très lourdes amendes et il se verra privé de ses droits civiques. La firme Hugo BOSS reconnaîtra que le passé nazi de son fondateur n'était donc pas uniquement motivé par des raisons financières malgré ce que celui-ci avait affirmé au lendemain de la victoire alliée en 1945, sans doute pour échapper à une sanction encore plus conséquente. 

    Reprise par son gendre Eugen HOLY, Hugo BOSS décédant en 1948, la firme aura du mal à retrouver une place en vue, même dans l'Allemagne des années BRANDT et SCHMIDT vingt-cinq ans plus tard. Après la révélation du passé nazi du couturier par le Washington Post en 1997, le groupe devra même commander à Elisabeth TIMM, une historienne américaine, une étude sur les activités de la firme pendant la guerre. Roman KOSTER y reviendra au début des années 2000 afin que le passé sulfureux de l'entreprise soit explicité. Pour solder le passé, le fabricant de prêt-à-porter présentera ses regrets d'avoir employé 140 travailleurs forcés dont une majorité de femmes ainsi que 40 prisonniers de guerre français. Mais, en 2009, la diffusion à la télévision d'un "HITLER Apocalypse", est revenue sur la création de ces uniformes Hugo BOSS et durant la soirée, l'entreprise a dû contenir nombre de témoignages des internautes sur sa propre page Internet en désactivant les commentaires, ainsi que sur sa page Facebook. Dix ans, plus tard, le groupe, toujours basé en Allemagne, s'est internationalisé, et le propriétaire est aujourd'hui le fonds d’investissement privé britannique PERMIRA qui détient également d'autres participations dans le monde. C'était peut-être la solution pour que l'on oublie plus facilement ce passé trop lourd et l'attitude d'un homme prêt à tout pour faire de l'argent. La valeur capitalistique des actions atteignait même dernièrement des sommets à 20 milliards d’euros, la firme Hugo BOSS vendant un costume sur six dans le monde. Et l'actrice Gwyneth PALTROW, juive pratiquante, a été un temps l'égérie des parfums Hugo BOSS. Comme quoi !

     

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  • Julius Streicher, l'abominable créateur de Der Stürmer

    Julius Streicher, l'abominable créateur de Der Stürmer

    Son visage et ses attitudes, ainsi que ses violences verbales donnaient déjà une idée du personnage répugnant que pouvait être cet amateur de pornographie. Mais sans que l'on sache jamais si ce sont ces goûts obsessionnels qui lui auront valu de tomber en disgrâce dès la fin de l'année 1939. D'autant qu'il faisait partie de la garde fidèle des premiers instants puisqu'il était devenu l'un des cadres du NSDAP au moment du putsch manqué d'Adolf HITLER à Munich en novembre 1923. Editeur, tout comme Max AMANN, il continuera cependant à éditer jusqu'à la fin du conflit le véritable torchon qu'était son média : Der Stürmer (ci-contre), que l'on pourrait traduire par l'Attaquant. STREICHER, curieusement instituteur de formation, alors qu'il n'était vraiment pas considéré comme "une tête", deviendra au fil des années sans doute l’antisémite le plus connu de son époque, surtout grâce à ce scandaleux journal dont il fit un organe de masse méprisé dans le monde entier. et qu'on avait eu du mal à cacher durant les Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Convaincu que de nombreux juifs réussissaient à obtenir des postes de « planqués » dans l’Allemagne en guerre, convaincu de ses lubies, il était progressivement devenu antisémite. Bien que responsable pénalement, on dit qu'il aurait cependant souffert de déséquilibres mentaux. Un nazi de plus !

    Instituteur avant la guerre de 1914-18 qu'il achèvera au grade de lieutenant, il sera responsable de l'extrême-droite de Franconie, et il est vraisemblable que son influence au cours des premières années ait contribué à faire de Nuremberg une ville emblème où les nazis organiseront à partir de 1934 quantité de célébrations. Les nazis auront cependant du mal à contenir ses excès durant la tenue des Jeux Olympiques et à lui faire retirer de certains panneaux trop en vue des affiches stigmatisant les Juifs.

    Julius Streicher, l'abominable créateur de Der Stürmer

    Condamné à mort par le tribunal de Nuremberg en octobre 1946, Julius STREICHER refusera de s'habiller pour aller à la potence et c'est en tricot de corps et en caleçon qu'on devra le traîner jusqu'au lieu de son exécution.

    On notera à l'occasion l'excellente composition de l'acteur Sam STONE (en photo ci-contre) dans son interprétation du personnage, lors du tournage du film réalisé sur le procès de Nuremberg.

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  • Fernand de Brinon, l'ambassadeur collabo

    Considéré et jugé comme collabo avec les nazis, le nom de Fernand de BRINON ne revient pas systématiquement sur les lèvres quand on évoque la collaboration pétainiste. Comme ceux de LAVAL, DORIOT, DEAT, BRASILLACH, CELINE ou DRIEU de la ROCHELLE et pourtant ! Pourtant cet avocat et journaliste sera l’un des agents de la collaboration avec les nazis durant la guerre de 1939-45. Ce qui est d'autant plus surprenant car son épouse Jeanne Louise Rachel FRANK était issue d'une famille de la grande bourgeoisie juive belge. Devenue marquise de BRINON en 1938, il semble que ce nouveau statut l'ait préservée un peu plus tard des mesures raciales du gouvernement de Vichy. Selon Pierre ASSOULINE, elle aurait même été déclarée « aryenne d'honneur » mentionné sur une sorte de certificat qui permettait de bénéficier, pour services exceptionnels, de clauses de sauvegarde incluses dans l'article 8 du statut des Juifs, et de la protection de Philippe PETAIN, chef de l'État français. La seule faiblesse de Fernand de BRINON était donc cette épouse juive, qu'il trompait ouvertement, mais qu'il n'abandonnera pas aux nazis. Nous préciserons que les nombreuses protections de Madame de BRINON suffisaient, car elle était tout à fait en phase avec les idées politiques de son mari. Aussi, n'aura-t-elle jamais à porter l'étoile jaune ! 

    Né en 1885 en Dordogne où sa famille possédait des terres, le comte Fernand de BRINON était licencié en droit et diplômé en sciences politiques. Passionné de course hippique, et personnage mondain cultivant une réputation de séducteur – on lui prête même une liaison avec la comédienne ARLETTY – il était devenu au début des années 20 un journaliste respectable et respecté, bien que déjà farouche partisan d'un rapprochement avec l'Allemagne. Nommé ambassadeur de France en Allemagne le 5 nov. 1940, puis délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés le 17 novembre, il deviendra en 1942 Secrétaire d'État dans le gouvernement LAVAL. « BRINON, écrira L'Express dans l'un de ses articles, est l'un des visages les plus glauques de la collaboration que les archives filmées nous aient laissés. Toujours empressé auprès des officiels nazis, d'une obséquiosité sans retenue, adepte zélé du salut hitlérien, le délégué général de Vichy dans les territoires occupés, a gardé une place de choix dans la galerie de portraits des salauds absolus que nous offre cette période... Son entretien avec le Führer publié dans Le Matin en novembre 1933, la création du Comité franco-allemand et du club du Grand Pavois, ses fréquents séjours dans l'Allemagne des SA, lui valent une réputation encombrante. On le tient à l'écart, même si DALADIER aime à s'entourer de ses avis... Sans doute son entregent lui a-t-il permis de sauver quelques vies et de dispenser des juifs, dont sa propre femme, du port de l'étoile jaune, mais il couvre toutes les mesures de répression et met en oeuvre le pire, évoluant avec une aisance de grand prince au milieu de ce monde mafieux de la collaboration ».

    Lors du procès du vieux maréchal, un juré, M. Lévy­ ALPHANDERY, lui demandera quelle avait été la réaction du maréchal au moment où il avait appris les atrocités commises contre les Israélites, citoyens de France. Une question à laquelle de BRINON répondra qu'il avait toujours eu, à ce sujet, des réactions extrêmes, vives, douloureuses, mais personnellement qu'il n'en connaissait pas de particulières, autres que ce qu'il avait pu lui dire dans les conversations, à savoir que c'était atroce, et qu'il fallait essayer d'y parer. Encadré par deux gendarmes, voûté, traînant la jambe de BRINON était à ce moment-là très malade — celui qu'on a appelé l'ambassadeur de Vichy à Paris — regagnait la prison d'où il avait été extrait. Il sera fusillé quelques mois plus tard.

     

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