• L'avis de Jacques Baumel à propos de l'affreuse réunion de Caluire du 21 juin 1943

    L'avis de Jacques Baumel à propos de l'affreuse réunion de Caluire du 21 juin 1943

    L'homme n'a pas laissé un souvenir impérissable à ceux qui ont eu à l'affronter lorsqu'il était député et en charge de responsabilités au sein de partis comme l'UDR ou le RPR. Mais, il reste, qu'on le veuille ou non, un résistant dans l'âme qui aura été le témoin de faits comme l'arrestation de Jean MOULIN à Caluire, faits qui l'auront vu apporter ce qu'était sa vision de l'affaire. Et ce qu'il raconte ne manque pas d'intérêt !

    « Faut-il que la honteuse plaie de la tragédie de Caluire soit bien profonde dans notre mémoire collective pour qu'elle continue d'alimenter toutes sortes de controverses plus de cinquante ans après l'arrestation de Jean Moulin, le 26 juin 1943, par le chef de la Gestapo de Lyon, le sinistre BARBIE », écrira-t-il dans le quotidien Le Monde en 1998. Mobilisé, à la déclaration de guerre en 1939, en qualité de médecin lieutenant auxiliaire après des études menées à la Faculté de Médecine de Marseille, ce jeune fils de médecin né en 1918 a très vite senti ce qu'il lui fallait faire après Vichy et l'appel du général de GAULLE du 18 juin 1940 et avoir tenté de rejoindre Londres, avant de devenir l'un des piliers du M.U.R. (Mouvements Unis de Résistance). Démobilisé en 1941, commencera alors pour lui aux côtés du responsable militaire Henri AUBREY un parcours de résistant au sein d'un mouvement appelé à devenir Combat et dirigé par Maurice CHEVANCE et Henri FRENAY. Il sera chargé dans un premier temps de la diffusion du journal du mouvement Vérités pour Marseille, participant à la réunion constitutive de Combat pour la région Sud. Il y sera désigné en 1943 comme secrétaire politique. En août 1943, les MUR s’installant à Paris, il y sera désigné comme secrétaire du Comité directeur chargé plus spécialement des contacts politiques avec les autres mouvements de la Résistance et la délégation générale. Sa survie durant la Seconde Guerre mondiale relève du miracle : des résistants de la première heure, dès 1940, demeurés sur le sol français, il est l'un des rares à avoir échappé aux rafles, tortures et déportations. « Berneix » dans la clandestinité, il avait sa propre méthode reconnaissant qu'il fallait : « Se confondre dans la grisaille des murs [...], tout à l'opposé de ce qu'on peut voir dans les films d'espionnage ». Après la libération, Jacques BAUMEL entreprendra une carrière politique. Membre de l'Assemblée consultative provisoire (1944-1945), il sera élu député de la Moselle à la première Assemblée nationale constituante en 1945, puis député de la Creuse à la seconde Assemblée nationale constituante en 1946, présidant le groupe UDSR.

    L'avis de Jacques Baumel à propos de l'affreuse réunion de Caluire du 21 juin 1943De ses relations avec nombre de ceux qu'il côtoyait dans la Résistance lorsqu'il avait une vingtaine d'années, il conserve pas mal de souvenirs et aussi quelques appréciations sur ce qu'ils étaient. Ainsi René HARDY qui sera éternellement suspecté d'avoir livré Jean MOULIN aux nazis, était pour lui un homme de droite auquel il reprochait de fricoter avec des communistes comme AUBRAC. Comme d'ailleurs quelques autres individualités du mouvement Combat d'Henri FRENAY auquel il appartenait et qui voyaient d'un mauvais oeil ce partenariat avec des gens considérés comme étant de gauche à l'image de l'ancien préfet Jean MOULIN. Il y aura longtemps après guerre à propos de cette arrestation de Caluire une assez vive opposition entre les partisans de l'ancien préfet dont son secrétaire Daniel CORDIER et d'autres résistants comme Henri FRENAY ou même Jacques BAUMEL. Au nom de nombreux résistants, ce dernier protestera même solennellement dans un communiqué contre la scandaleuse déformation de la vérité historique qui a été véhiculée dans le téléfilm "Jean Moulin" diffusé sur TF1, une fiction en deux parties de Pierre AKNINE avec Francis HUSTER dans le rôle principal, avant qu'elle soit diffusée : « Nul n'a le droit et ne peut invoquer quelque témoignage sérieux que ce soit pour impliquer d'une façon directe ou indirecte le général Pierre de BENOUVILLE dans l'affreuse histoire de Caluire banlieue lyonnaise et l'arrestation de Jean MOULIN. Dans sa dernière ligne droite, Jacques BAUMEL en revenait souvent à sa vraie histoire, sa plongée dans la nuit de la clandestinité qui lui avait sans doute permis de se révéler à lui-même ! Il consacrera plusieurs ouvrages à ce passé de résistant, dont un certain Résister, histoires secrète des années d'occupation qui sera publié chez Albin Michel (ci-contre). Puis La liberté guidait nos pas publié en 2004. A propos de son engagement dans la Résistance, il dira seulement : « Ma réaction du refus était plutôt une réaction individuelle, plus viscérale que raisonnée… ». Aux côtés du « peuple de la nuit », celui qui se fera successivement appeler Saint-just, Berneix et Rossini, s'efforcera de faire revivre, tels qu'il les a connus, ses camarades de combat.

    En 1969 et jusqu'en 1972, celui que ses proches avaient décrit comme un loup solitaire sera secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, Jacques CHABAN-DELMAS se contentant ensuite de fonctions de parlementaire jusqu'en 2002. Il sera aussi secrétaire général du RPR et de partis comme le RPF en 1947 puis l'UNR. Devenu maire de Rueil-Malmaison pendant plus de trente ans (1971-2004), il présidera le Conseil général des Hauts de Seine de 1970 à 1973 puis de 1976 à 1982. Croix de guerre 1939-45 et Compagnon de la Libération, il est décédé le 17 février 2006 à Rueil-Malmaison et a été inhumé à Fourneville dans le Calvados. Au début des années 2000, Jacques BAUMEL avait encore participé à des échanges à la télévision dans l'émission Les repères de l'Histoire aux côtés du journaliste Laurent JOFFRIN à propos des résistants Jean MOULIN et Pierre BROSSOLETTE (ci-dessous).

     

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  • Charles de Gaulle, l'amoureux de la France

    Charles de Gaulle, l'amoureux de la FranceLe 9 Novembre 1970 à La Boisserie, voici cinquante ans, alors qu'il venait d'étaler quelques cartes devant lui pour une réussite et qu'il s'apprêtait à souper à Colombey-les-deux-Eglises, le général dira avoir mal au dos avant, soudain, de s'affaisser terrassé par un AVC. Charles de GAULLE allait avoir 80 ans quelques jours plus tard...

    Ce que l'on peut en dire aujourd'hui, au moment où l'on évoque sa personnalité, c'est que nombreux sont ceux qui seront passés à côté de lui sans réellement avoir conscience de ce qu'était l'homme, et de ce qu'était celui qui aura tout de même réussi à faire de la France le pays dans lequel nous avons longtemps pu vivre sans subir d'agression extérieure réelle en dehors des quelques actions menées par l'OAS au moment de l'accession de l'Algérie à l'indépendance. Un pays qui a bien changé depuis et qui ne manquerait pas de le faire frémir s'il voyait ce qui s'y passe aujourd'hui. Ce n'est donc pas sans raison si, cinquante ans après sa disparition, les témoignages affluent pour rendre hommage à ce qu'il reste de "l'homme du 18 Juin" et à ce qu'il était aussi au sein d'une mouvance familiale où chacun respectait l'autre, son épouse Yvonne la première, qui se plaisait à rester dans l'ombre, à l'inverse d'une Claude POMPIDOU ou d'une Danièle MITTERRAND voire d'une Carla BRUNI. L'éclat et le secret, la série biographique diffusée sur France 2 redonne à cet égard l'importance qu'occupait à ses yeux cette femme Yvonne, la petite femme chérie du grand homme (ci-dessus) et sa fille Anne, atteinte de trisomie 21 qui s'éteindra prématurément à l'âge de vingt ans, même si l'ancien chef d'Etat avait souhaité de son vivant garder secrète la vie qu'il menait avec les siens hors des sphères du pouvoir. A la mort d'Anne, Charles de GAULLE aura ces mots qui donnent une idée du combat qu'il avait dû mener pour qu'Anne trouve sa place au sein de leur monde d'apparences : « Maintenant, elle est comme les autres » dira t-il alors qu'Anne était morte dans ses bras d'une broncho-pneumonie qui avait fini par la terrasser. On a dit fort justement à son propos que face à ses convictions de leader politique il avait répondu présent en endossant le rôle du personnage qui ne subit pas l’Histoire mais qui la construit, ce qui a pu se vérifier. Même s'il a finalement été rattrapé par la modernité, lui qui avait été l'apôtre de la guerre de mouvement, au point de devenir sur la fin et aux yeux de la jeunesse le symbole de l'immobilisme. Pour les concepteurs de cette série télévisée le défi était double, car dans le titre, L'Éclat et le Secret, figurent à la fois l'homme privé et l'homme public. Or, sur l'homme privé, nous ne savons toujours que peu de choses si ce n'est ce qu'on aura finalement appris de la bouche de son fils, l'amiral Philippe de GAULLE. Il aura donc fallu "inventer" et pour que cela soit crédible, adosser ce qu'on savait à des apparitions publiques, celles pour lesquelles il existait des documents fidèles, eux, à l'original.

    Charles de Gaulle, l'amoureux de la France

    Né à Lille un 22 novembre, en 1890, au sein d'une fratrie de 5 enfants dans une famille profondément pieuse de juristes parisiens originaire de Champagne, le petit Charles a effectué une partie de ses études primaires à l'école des Frères des écoles chrétiennes de la paroisse Saint-Thomas-d'Aquin. L'interdiction des congrégations religieuses en France le verra achever ses études secondaires chez les jésuites du Sacré-Coeur, en Belgique. Admis à l'École militaire de Saint-Cyr à 18 ans en 1908, après avoir suivi une année de préparation au collège Stanislas, il sortira treizième de sa promotion sur les 211 qu'elle comptait et rejoindra en 1912 le 33e régiment d'infanterie à Arras sous les ordres d'un certain... Philippe PETAIN. Un colonel PETAIN qui appréciera vite ce jeune homme ombrageux, brillant, cultivé, taciturne et sûr de lui qui passait souvent pour être arrogant tout en étant un habile conférencier. Dès le début du conflit, le jeune lieutenant Charles de GAULLE démontrera néanmoins un grand sens du devoir tout en s'appuyant sur un réel courage physique. En mars 1916, il sera même porté disparu, mort au champ d'honneur après avoir été transpercé d'un coup de baïonnette. Mais mort il ne l'était pas, il avait seulement été fait prisonnier par l'ennemi. Souvent capturé, il s'évadera à deux reprises. Après s'être marié en 1921 avec la jeune Yvonne VENDROUX dont il s'était profondément épris, il rejoindra l'école de Saint-Cyr pour enseigner, mais ses théories qui mettaient l'accent sur le mouvement et le rôle des blindés susciteront très vite l'hostilité de ses supérieurs. Pénétré de ce dont il avait été le témoin en 1914-18 c'est pourtant lui qui avait raison quand il estimait que la ligne Maginot ne protégeait que faiblement nos frontières avec l'Allemagne. Lorsque les combats débuterpnt réellement en mai 1940 et en pleine débâcle, le colonel de GAULLE nommé à la tête d'une division cuirassée se distinguera en menant le 17 mai une contre-attaque efficace à Montcornet dans l'Aisne. Il fallait réussir à ralentir l'avance des armées allemandes et il y parviendra avant que, faute de carburant, il doive renoncer. Ce qui en fera néanmoins, et très vite, un homme sur lequel on choisira de s'appuyer et qui lui vaudra d'être nommé général. Paul REYNAUD, qui est alors président du Conseil, lui confiera du reste un poste au ministère de la Défense et en fera un sous-secrétaire d'Etat à la guerre avec mission d'organiser la résistance de l'armée française. Jusqu'à ce que se produise un diktat, celui d'un PETAIN devenu vice-Président du Conseil qui brûlait déjà depuis le 10 juin de demander l'armistice aux nazis et à HITLER. Une éventualité que ne pouvait accepter Charles de GAULLE qui, après avoir proposé un plan de repli des armées françaises en Bretagne refusé par les instances gouvernementales et appuyé un plan d'entente avec les Britanniques, choisira aussitôt de quitter Bordeaux, de s'expatrier en Angleterre et d'y demander l'asile à un Winston CHURCHILL qu'il avait rencontré quelques jours plus tôt convaincu que la France était en train de perdre la guerre. De son côté CHURCHILL éprouvera les mêmes difficultés à faire admettre à son propre gouvernement cette entente avec de GAULLE, avant cependant de tous les convaincre que ce dernier était l'homme du destin. 

    Charles de Gaulle, l'amoureux de la France

    Le 16 juin, il a donc fallu à Charles de GAULLE prendre la décision la plus difficile à prendre de sa vie et d'accepter de devenir un homme seul, un déserteur, après avoir consacré toute sa vie au domaine militaire. Il sera d'ailleurs aussitôt condamné à mort par le gouvernement de Vichy. Pourtant déserteur, l'était-il réellement ? Et n'était-il pas tout simplement un homme qui, refusant la défaite, s'engageait dans un combat important pour défendre le pays qu'il aimait plus que tout. Son appel du 18 du même mois, repensé à plusieurs reprises, reste même un modèle du genre : « Le Gouvernement français a demandé à l'ennemi à quelles conditions honorables un cessez-le-feu était possible. Il a déclaré que, si ces conditions étaient contraires à l'honneur, la dignité et l'indépendance de la France, la lutte devait continuer. Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France ! Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire, car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continuer la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
    Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres ».

    Charles de Gaulle, l'amoureux de la FranceC'est en refusant la fatalité, que le Général s'imposera quelques années plus tard face à CHURCHILL et à EISENHOWER et qu'il pourra changer la face du monde et de la France car, que se serait-il passé si, en juin 1944, les dollars avaient supplanté le Franc Français et si les Etats-Unis de ROOSEVELT avaient annexé la France après l'avoir libérée du joug nazi à l'issue d'un débarquement resté dans toutes les mémoires ? Acclamé par une foule en liesse le 25 août 1944 à Paris après avoir reçu le soutien du général EISENHOWER autorisant la division du général LECLERC à entrer la première dans Paris, de GAULLE prononcera un discours resté depuis dans toutes les mémoires où sera évoqué un Paris martyrisé, outragé mais libéré. Devenu le leader incontournable du pays, il le restera jusqu'en janvier 1946 où, lassé par le comportement de partis il estimera que sa tâche était arrivée à son terme. Attaché à doter la France d'un véritable appareil d'état il entreprendra dès lors une croisade pour faire en sorte qu'elle puisse se doter d'une constitution propre à éviter que se répète ce qui avait conduit le pays à capituler en juin 1940. Mais son projet de RPF (Rassemblement pour la France) ne séduira pas et il lui faudra attendre les événements d'Algérie pour que l'on fasse à nouveau appel à lui et qu'il soit investi des pleins pouvoirs. Le 1er juin 1958, intervenant à l'Assemblée nationale, il obtiendra après un discours d'investiture 329 voix pour et il constituera son cabinet après consultation des chefs historiques des partis politiques. Il sera ainsi le dernier Président de Conseil de la IVè République, un système qu'il souhaitera très vite abolir. L'ancien chef de la France libre était il est vrai hostile à cette IVe République qu'il avait quittée en janvier 1946 et qui ne permettait pas, pour reprendre sa propre expression, aux gouvernements de gouverner tant ils étaient dominés, grinçait-il, par des petits partis qui cuisaient leur petite soupe au petit coin de leur feu. La composition de son premier gouvernement rassurera l’opinion et la classe politique puisqu'il comportait 23 ministres, dont 15 parlementaires et 7 hauts fonctionnaires. Peut-être aussi parce que les principales forces politiques de l’Assemblée, à l’exception du Parti communiste, y étaient représentées. Le général de GAULLE proposera rapidement une Vème République avec élection au suffrage universel d'un président dans le cadre d'une constitution qu'il proposera dès le 4 septembre et soumise à référendum le 28 du même mois. Pour certains de ses opposants, ce retour au pouvoir sera longtemps considéré comme un modèle de stratégie. Il attendra néanmoins le 8 janvier 1959, une fois son programme accepté, pour emménager à l'Elysée avec son épouse Yvonne. 

    Charles de Gaulle, l'amoureux de la FranceLe général de GAULLE mènera à son terme la décolonisation française entendant mener une politique de grandeur, autour d'une restauration de la puissance de son pays et affirmant son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. On peut aujourd'hui se demander si cette décolonisation n'a pas été le fruit d'une situation dont il avait été le témoin en France, et trop longtemps occupée par les nazis. La France quittera l’OTAN et il fera en sorte de développer la recherche lui permettant de se doter de l’arme nucléaire. Ce qui ne se fera pas sans quelques levées de boucliers, notamment après son arrivée à la tête du pouvoir en 1958. Devant les inquiétudes que soulevait son retour, il entreprendra de rassurer lors d'une conférence de presse restée aujourd'hui en mémoire de quelques-uns des documents conservés. On l'entend encore dire aux nombreux journalistes présents ce jour-là : « Est-ce que j'ai jamais attenté aux libertés publiques fondamentales ? Je les ai rétablies. Et y ai-je jamais attenté une seconde ? Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? » lancera t-il au moment de son investiture. À la fin des années 1960, son absence de modernisme lui vaudra d'être raillé pour son côté hiératique, solennel, autoritaire, alors que la gauche le détestait et notamment François MITTERRAND. Ses conférences de presse resteront un modèle du genre, surtout comparées à celles que l'on nous impose aujourd'hui et qui sont d'une mièvrerie consternante ! Les événements de mai 1968 révèleront cependant l’incapacité du régime gaulliste à répondre aux aspirations des générations nées au cours des Trente glorieuses. L’autorité de de Gaulle sera même remise en cause en mai 1968 après des grèves ponctuées de manifestations et d'émeutes qui paralyseront le pays pendant un peu plus d'un mois (mai-juin). Le 29 Mai, en pleine agitation sociale et estudiantine, le général de GAULLE faisant annuler le Conseil des ministres quittera Paris en hélicoptère en fin de matinée dans le plus grand secret. Officiellement parti pour Colombey-les-Deux-Eglises où il aurait dû arriver vers 13h15, le chef de l’État ne réapparaîtra que quelques heures plus tard, ce qui ne manquera pas de provoquer un certain émoi. Avant que le 30 mai il prenne la décision de dissoudre l'Assemblée nationale et de maintenir au pouvoir son premier ministre. Malgré une Assemblée nationale encore plus favorable au pouvoir gaulliste après des événements qui l'avaient fortement ébranlé, il semble que le général de GAULLE avait besoin d'en passer par un nouveau référendum de légitimation qui, tout comme en 1958, lui aurait permis d'achever son septennat jusqu'en 1972 avec un mandat clair du peuple. Annoncé d'ailleurs dès le 24 mai 1968 dans l'espoir de calmer la révolte étudiante et ouvrière et plusieurs fois reporté, le référendum d'avril 1969 tendant à faire approuver la fusion du Sénat et du Conseil économique et social, et d'autre part la reconnaissance des régions comme collectivités territoriales verra le "NON" l'emporter avec 52,41% des suffrages. Cette réforme proposée curieusement par référendum entendait plus précisément renforcer la composition du Sénat, tout en diminuant son pouvoir législatif au profit d'une fonction consultative, sans aucun pouvoir de blocage. Les analystes s'accordent à considérer qu'au-delà même d'un refus des réformes proposées, c'est le départ du général qu'avaient souhaité les partisans du non parmi lesquels figurait un certain Valéry GISCARD d'ESTAING. 

    Le chef de la France Libre de 1944 dirigeait le pays depuis un peu plus de dix ans, seulement mai 1968 l’avait sérieusement ébranlé et il avait même été sur le point de renoncer au pouvoir en partant voir son fidèle MASSU le 29 mai 1968. Malgré un raz-de-marée encourageant et une très forte majorité de parlementaires, aurait-il fallu renoncer à ce référendum pour se maintenir, ou partir ? Il avait 78 ans, et des ruptures d’anévrisme avaient déjà emporté son père et un de ses frères. A ses proches, qui voulaient encore y croire, de GAULLE répétait : « Nous serons battus ». Les fidèles continueront quelque temps de s’interroger sur les raisons qui ont poussé l’homme du 18 juin à vouloir, à tout prix, lier son sort à ce texte ingrat, obscur et sans importance alors qu'une majorité écrasante venait de lui être donnée au Parlement. Jean-Marcel JEANNENEY est de ceux-là. A près de 99 ans, celui qui était alors chargé de la réforme des régions et du Sénat en éprouvait toujours des regrets : « Je lui avais dit qu’il ne fallait pas qu’il s’engage trop sur cette affaire. Il m’a répondu : Je ne vais tout de même pas vous laisser vous battre tout seul ! Si les Français me désavouent, avait-il ajouté, c’est qu’ils ne sont pas d’accord avec ma politique.»   

    Charles de Gaulle, l'amoureux de la FranceL'ancien président Charles de GAULLE décédera d'une rupture d'anévrisme le 9 novembre 1970. Il avait 79 ans. « C'était un être unique, sans successeur ni prédécesseur », a dit dernièrement son fils Philippe, l'amiral de GAULLE. Dans cette phrase, il y a toute l'admiration du résistant qu'il aura lui aussi été mais aussi tout l'amour d'un fils pour ce père entré dans l'histoire mais resté accessible. « Il aimait bien les plaisanteries, raconte t-il. Par exemple, alors qu'il visitait l'usine Citroën, quand on lui annonce qu'on va offrir une DS à chacun de ses ministres, il n'hésite pas à répondre : "Donnez-leur plutôt des idées ! ». Ce dont on ne se souviendra peut-être pas, c'est que l'ID était alors une version simplifiée de la DS. Le Président aimait le cinéma, les comiques d'avant guerre et les grands acteurs comme FERNANDEL, Louis de FUNES, Michèle MORGAN qu'il trouvait fort jolie, avec beaucoup d'allure, jouant bien. À l'Élysée, il regardait aussi la télévision. Selon la légende, on prétendait que Noëlle NOBLECOURT, une animatrice, avait été mise à la porte parce qu'Yvonne de GAULLE avait trouvé peu convenable qu'elle montre ses genoux, ce qui est faux pour le fils du général.

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  • Sigmund Rascher, le protégé d'Himmler

    Sigmund Rascher, le protégé d'Himmler

    Né en 1909 dans une famille de médecins, Sigmund RASCHER voulait devenir médecin major au sein de la Luftwaffe nazie avant de se tourner vers des expérimentations qui seront ordonnées ordonnées sur des déportés. En 1939, il fera arrêter son père par la Gestapo avant de rencontrer sa future femme Nini DIEHLS son aînée de 15 ans. Leur union sera favorisée par le Reichsführer SS Heinrich HIMMLER, un grand ami de Nini qui témoignera vite une amitié pour le couple. On ira jusqu'à prétendre que l'ancienne chanteuse de cabaret qu'était Nini avait été la maîtresse du fidèle Heinrich qui était pourtant loin d'être "un chaud lapin". 

    Pour éviter d'avoir à servir sur le front russe, RASCHER se lancera dans la fabrique puis la commercialisation de médicaments tirés d'expériences tentées sur des déportés, n'hésitant pas à les sacrifier à ses ambitions. Certaines de ses victimes seront forcées de passer jusqu'à trois heures nues dans une piscine remplie de glace ou jusqu'à 14 heures debout à l'extérieur dans le froid glacial de l'hiver pour tester leur résistance au froid. Surnommé "le docteur La Mort", Sigmund RASCHER est connu pour avoir trompé le public avec des affirmations bizarres prétendant avoir découvert le secret de la fertilité surnaturelle. Afin de plaire au fidèle Heinrich et de bénéficier d'un soutien renouvelé de sa part, ne pouvant avoir d’enfant avec sa femme, il n’hésitera pas ce faisant à mentir sur sa descendance en s'attribuant la paternité d'enfants nés des relations adultérines que sa bonne avait contractées. Il fera croire à HIMMLER qu'une femme pouvait procréer jusqu'à l'âge de 48 ans ! Mais, découvrant la supercherie, le Reichsführer SS HIMMLER ne lui pardonnera pas son mensonge. Impliqué de surcroît avec son épouse dans une histoire de vol d'enfants et dans des malversations financières effectuées au détriment du parti nazi, il perdra l'estime du fidèle Heinrich dès avril 1944. Interné à Dachau en février 1945 il sera exécuté le 26 avril par les SS sur l'ordre de ce dernier avant l'arrivée des Américains ! Cependant, il y aura tellement d'exécutions et de suicides restés mystérieux dans l'Allemagne nazie au cours des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, qu'il en sera de même de l'exécution du Dr Sigmund RASCHER abattu dans une cellule de prison à Dachau. Son épouse Nini aurait été, quant à elle, d'abord emprisonnée à Munich où après avoir attaqué une gardienne, elle sera dirigée vers le camp de concentration de Ravensbrück où après avoir à nouveau attaqué une gardienne, elle sera abattue quelques jours avant la libération du camp.  

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  • Antoinette Sachs, la maîtresse engagée de Jean Moulin

    Antoinette Sasse, la maîtresse engagée de Jean Moulin

    Les liens qui unissaient l'artiste juive Antoinette SACHS ou SASSE, la fille d'un diamantaire hongrois, premier prix de piano et peintre, à Jean MOULIN sont aujourd'hui connus et pour le journaliste et enquêteur Pierre PEAN, il est vrai qu'Antoinette aura vécu avec lui une sorte d'amitié amoureuse. Sans néanmoins accepter de l'épouser et de lui faire un enfant. Peut-être parce qu'il y avait déjà dans la vie du jeune préfet une autre femme Marie-Gilberte interprétée dans un téléfilm d'AKNINE par Maruschka DETMERS. Il est vrai aussi que le célèbre résistant était un homme à femmes qui papillonnait beaucoup. Si Gilberte, elle aussi, connaissait le rôle de son amant dans la Résistance, elle finira par être fatiguée de la vie et des contraintes que lui imposait Jean MOULIN, et elle rompra brutalement avec lui en février 1943 laissant la place à Antoinette. Ce dont l'ancien préfet sera très affecté.

    Antoinette Sachs, "l'amie" de Jean MoulinCe qui est établi c'est qu'Antoinette SACHS, cette autre femme que l'on peut présenter comme une rebelle, une résistante et une mécène, aura été au cours des sept dernières années du grand résistant l'une de ses plus proches amies et aussi celle qui lui procurera des faux papiers lorsqu'il en aura besoin. Jean MOULIN et Antoinette SACHS s'étaient rencontrés en 1936 lors d’un dîner mondain organisé par les WIBAULT au moment où le futur préfet d'Eure-et-Loir travaillait avec le ministre Pierre COT et, entre eux, il y avait de suite eu de nombreuses affinités et une communion d’esprit. Peu avant le 15 juin 1940, ce que ne démontre pas le film d'AKNINE, ils se retrouveront à Chartres et à Paris pour préparer une future action de résistance aux envahisseurs nazis, puis, à l’automne 1940, lorsque Jean MOULIN, après avoir été révoqué par las autorités vichyssoises, s’interrogera sur ce qu'il devait entreprendre pour que son pays redevienne libre. Antoinette, peintre elle-même (photo de gauche) et portraitiste de renom animera également la galerie d'art qu'il avait ouvert à Nice après avoir été sa secrétaire concurrençant le très jeune Daniel CORDIER. Alors qu'elle était en danger compte tenu de ses origines, elle se fera délivrer en novembre 1941 pour elle et pour les autres membres de sa famille un certificat de non-appartenance à la race juive par le Commissariat général aux questions juives. Mais sa situation étant néanmoins devenue précaire car elle était étroitement surveillée par les autorités de Vichy, elle rejoindra en septembre 1943, sa sœur Suzanne en Suisse.

    Son parcours explique que dès Lyon libérée de la tutelle nazie, elle ait voulu connaître le détail de ce qui s'était passé à Caluire le 21 juin 1943 et qu'elle se soit ensuite investie dans la création d'un musée hommage consacré à l'ancien préfet d'Eure-et-Loir qu'elle avait poussé à rejoindre le général de GAULLE au début des hostilités. Elle jouera bien entendu un rôle éminent dans cette recherche de vérité qui verra René HARDY, le traître amoureux comparaître à deux reprises devant les tribunaux en 1947 et 1950 sans qu'il y soit néanmoins condamné. Jusqu'à sa mort en 1986 elle consacrera son énergie et sa fortune à mieux faire connaître Jean MOULIN et avec Laure MOULIN, la soeur du résistant, elle fera en sorte que l'on en arrive en 1964 à ce célèbre hommage rendu par André MALRAUX lors du transfert de ses cendres au Panthéon. Antoinette SACHS reste aujourd'hui peu connue mais aussi incroyable que cela puisse paraître, Jean MOULIN n'aurait probablement eu droit sans elle qu'à quelques lignes dans les livres d'histoire sans devenir le symbole de cette France qui, refusant le joug allemand, s'était levée pour dire non dès 1940 et il n'aurait pas donné son nom à des avenues, des places ou des lycées. Ignorée par les historiens qui la trouvaient trop fantasque et trop sulfureuse, pour que soient pris au sérieux ses témoignages et ses archives déposés justement au musée créé avec son argent, ceux-ci auront préféré oublier qu'elle avait également été une résistante active aux côtés du fondateur du Conseil de la Résistance. Fantasque et sulfureuse, elle l'était sûrement et son curriculum vitae le démontre, car cette femme libre et un tantinet excentrique, capable de se hisser aux commandes d'un avion, deviendra par la suite une artiste émérite et une musicienne récompensée par un premier prix de piano. 

    Antoinette SACHS est décédée le 23 décembre 1986. 

     

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