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Patrick Henry... ou l'histoire d'un salopard
Patrick HENRY... Voilà un personnage qui campe à lui seul tout ce qu'il y a de plus méprisable chez l'être humain et dont le terrain de jeux préféré était la manipulation ! Un brin narcissique et avide de reconnaissance, il aura l'outrecuidance de dire à un média lors de sa première sortie de prison que la véritable peine n'était pas de passer sous la guillotine, mais de vivre. Comme s'il avait souhaité jouer le rôle d'un sacrifié d'office qui aurait été à la recherche d'un peu de compassion après le meurtre du petit Philippe, un garçonnet de 7 ans qu'il avait commis vingt-cinq ans plus tôt (photo ci-contre). Représentant de commerce, il avait l'allure d'un jeune homme tout à fait comme il faut avec, il est vrai, un talent fou pour camper des rôles sur mesure ! Ainsi celui de cet homme (en tête d'article) présenté comme un ami de la famille qui, interviewé à Troyes au moment de l'affaire, s'indignera à la télévision réclamant sans émotion aucune la mort pour ceux qui ont fait ça. « Ça fait mal au coeur pour les parents et pour le petit garçon », ajoutera-t-il. « Je jouais un jeu, lâchera-t-il longtemps après. Il fallait que je fasse bonne figure pensant m’en sortir, ne pas être découvert ». Le pire c'est qu'au moment de cet interview, le petit devait déjà être mort ! Il l'avait enlevé trois semaines plus tôt à sa sortie d'école le 30 janvier 1976. Une rançon considérable d'un million de francs sera demandée aux parents et le corps de l'enfant découvert dix jours après son rapt dans une chambre d'hôtel des environs de Troyes, enroulé dans un tapis et caché sous le lit d'une chambre d'hôtel qu'il avait louée.
Confiée au commissaire divisionnaire Yves BERTRAND de Reims, sans lien de parenté avec les parents, (ci-contre), l'enquête piétinera quelque temps, les enquêteurs manquant même d'interpeller le ravisseur dans une cabine téléphonique publique, au moment où ce dernier appelait les parents du garçonnet au téléphone. Ce qui laissera supposer aux policiers qu'ils avaient affaire à un amateur qui n'avait pas une expérience consommée du kidnapping, mais qui connaissait bien la famille du petit Philippe. Car si les parents du garçonnet n'avaient pas d'argent, le grand-père en revanche était l'une des dix plus grosses fortunes de la région. Interpellé et placé en garde à vue, Patrick HENRY ne craquera pas et libéré, il jouera même avec un sang-froid stupéfiant un grand numéro de communicant répondant sans crainte aux nombreuses questions des journalistes, estimant à leurs micros qu'il n'était pour rien dans l'enlèvement du gamin. Confondu, il reconnaîtra avec toujours la même froideur être parti quatre jours aux sports d'hiver choisissant de laisser le petit corps sans vie de l'enfant enroulé dans une couverture. Michel PONIATOWSKI, le ministre de l'Intérieur ira jusqu'à demander que l'on sanctionne un tel crime par la peine de mort. Le père de l'accusé lui-même le rejoindra. Massée devant le palais de justice de Troyes, la foule réclamera vengeance. Pire pour les deux défenseurs de l'accusé, celui-ci n'avait aucune circonstance atténuante à faire valoir ; il était même probable qu'il ait prémédité son geste. C'était donc au départ une peine de mort assurée ! A une voix de majorité, le jury, composé de six hommes et de trois femmes, lui accordera les circonstances atténuantes qu'il avait réussi à imposer à force de manipulation et grâce aussi à une plaidoirie magistrale de Robert BADINTER. Ce dernier aura notamment cette phrase forte : « Si vous décidez de tuer Patrick Henry, c'est chacun de vous que je verrai au petit matin, à l'aube. Et je me dirai que c'est vous, et vous seuls, qui avez décidé. Et puis dites-vous bien que couper un homme en deux ne mettra pas un terme au crime ». Patrick HENRY pleurera, la tête dans ses mains, finalement heureux de ne pas devoir offrir sa tête au bourreau. Christian RANUCCI à Marseille (photo ci-dessous) n'aura pas la même chance alors qu'il était lui, sans doute innocent du meurtre dont on l'avait accusé. Cette mort d'un enfant de sept ans aura bouleversé les Français et un vent de colère soufflera longtemps sur le pays.
Mais qui était ce Patrick HENRY en dehors de cet homme d'un cynisme effroyable qui avait un certain goût pour les jeux de rôle et la manipulation ? Un homme que beaucoup prennent encore pour "un monstre". Attiré par l'argent, c'était quelqu'un qui cherchait à vivre au-dessus de ses moyens et à avoir l'air de quelqu'un qui finalement n'était rien du tout. Avant de trouver des arguments pour le défendre, l'un de ses deux avocats, Robert BADINTER dira qu'il s'était trouvé face à un accusé sans personnalité et sans intérêt, terne et falot ! On notera cependant qu'il avait déjà été condamné pour avoir commis nombre de malversations dès son plus jeune âge. Des perquisitions entreprises au domicile de ses parents permettront de retrouver le produit de vols commis dans les environs et pour lesquels il n'avait pas été condamné faute de preuves. L’école, il l’avait quittée à 14 ans reconnaissant qu'il était nul. Il obtiendra un C.A.P. de cuisinier. En prison, trois mois après le verdict, il reprendra tout à partir de la sixième afin d'obtenir un bagage puisque la mort n'avait pas voulu de lui et qu'il était trop lâche pour attenter à ses jours. Grâce à une religieuse qui procurait un savoir aux détenus, il lui faudra quinze ans pour passer, par correspondance, son B.E.P.C. obtenu en 1978, son bac en 1983, un Deug de Sciences et Structures de la matière (mathématiques, physique, chimie et informatique en 1987, un D.U.T. d’Informatique en 1989 et une licence de Mathématiques obtenue en 1993. Ce nouveau jeu de rôle lui permettra de passer pour un détenu modèle et d'obtenir une conditionnelle alors qu'il avait été condamné à la perpétuité. Seule la ministre Elisabeth GUIGOU, garde des sceaux, qui n'avait pas été abusée par l'intéressé, s'opposera à la remise en liberté sollicitée.
« Vous ne le regretterez pas, monsieur le Président » dira t-il à la barre après avoir échappé à la mort. On sait aujourd'hui qu'il ne tiendra pas parole, habitué qu'il était de bonne heure à prendre les gens pour des imbéciles. La manipulation fonctionnera tout aussi bien que celle qui lui avait valu de passer à la télévision et de s'indigner devant force caméras en réclamant la mort pour le coupable du meurtre. Une preuve du profil de tordu de cet énergumène avec un nouveau délit commis en 1985 juste après l'obtention des premiers diplômes. Transféré en 1981 dans la prison de Caen, dans le Calvados, les gardiens retrouveront quatre ans plus tard des stupéfiants et de l'alcool dans sa cellule ce qui lui vaudra en 1989 d'être à nouveau condamné cette fois-ci pour trafic de drogue. Libéré en 2001 après vingt-cinq ans de détention, sa liberté conditionnelle tournera court. Alors qu'il avait pourtant annoncé à la presse la sortie d'un livre : Avez-vous à le regretter ? donnant à penser qu'il avait changé, comme s'il avait décidé de continuer à se moquer de ceux qui lui avaient donné une nouvelle chance comme cet imprimeur de la région caennaise qu'il avait rencontré en détention et qui lui avait proposé un emploi à sa sortie de prison. Il commettra d'ailleurs rapidement un nouveau délit en juin 2002. L'ancien détenu sera arrêté pour un vol, dans un magasin de bricolage, écopant d'une amende de 2000 euros. Et quelques mois plus tard, il sera arrêté près de Valence en Espagne à bord de son 4/4 avec plusieurs kilos de cannabis dans son véhicule. Il avait prévu de vendre du shit au Maroc pour gagner l'argent qui lui manquait pour redémarrer une existence après avoir quitté son emploi chez l'imprimeur qui lui avait pourtant fait confiance. Ce qui lui vaudra de retourner aussitôt à la case prison. L'un des enquêteurs, le commissaire PELLEGRINI, qui, tout comme Elisabeth GUIGOU n'avait pas été abusé par ses manipulations successives, dira au moment de la sortie d'un article paru dans Paris-Match au printemps 2002 que l'homme qu'il avait arrêté en 1976 n'avait pas changé !
Libéré pour des raisons médicales et jouant là encore de son talent de comédien en essayant d'apitoyer une fois encore sur son sort d'être incompris, Patrick HENRY mourra d'un cancer à l'âge de 64 ans au CHU de Lille, une ville où il vivait depuis sa sortie de prison. Il n'est pas certain qu'il ait laissé inconsolables tous ceux qui auront cru en lui au fil des années sensibles à ses "Vous ne le regretterez pas".
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