Sacha GUITRY qui craignait qu'on lui enlève son théâtre sera l'un des premiers artistes à tenter d'éteindre l'incendie qui menaçait le monde de la culture. « Tant que nous ne pouvons pas les mettre dehors, dira t-il à ARLETTY (ci-contre) l'une des gloires de l'époque, sachons nous les mettre dedans ! » Des paroles qui lui vaudront d'être inquiété à la Libération, sans doute aussi pour avoir pactisé avec le gros morphinomane nazi Hermann GOERING et avoir répondu à la plupart des attentes des occupants allemands ! Comme le confiera un historien, « chacun se sauvait comme il peut. » Mais se sauver, c'était quoi ? Etait-ce par exemple accepter d'intégrer La Continentale, une filiale de production cinématographique de l'UFA de GOEBBELS ? Peut-être et certains le feront en trichant parfois sur un certificat d'aryanité. Ils seront néanmoins quelques-uns à quitter le pays et à proposer leur talent aux Etats-Unis comme Jean GABIN ou le cinéaste Jean-Paul LE CHANOIS. Jamais pourtant le cinéma n'aura été en aussi bonne santé qu'au cours de ces années-là ! GABIN s'engagera du reste très vite dans les Forces Françaises Libres mais, et c'est le comble, il lui faudra ensuite ramer pendant près de dix ans avant de retrouver la place qu'il occupait avant-guerre au sommet de l'affiche. Une exception à retenir avec Harry BAUR (en tête d'article) qui était au sommet de la gloire avant-guerre et dont le profil passait mal chez certains Allemands qui le prenaient pour un Juif. Comme le Gestapiste DANNECKER qui n'appréciait pas les goûts cinématographiques du docteur GOEBBELS. Après l'avoir fait tourné pour La Continentale, Harry BAUR sera arrêté à son retour à Paris, enfermé à la prison du Cherche-midi et torturé, et ils le relâcheront juste pour le laisser mourir en avril 1943. sans que jamais on n'en comprenne réellement les raisons. Il semblerait que cette fin peu glorieuse ait été due à son épouse Rika, d’origine turque, musulmane de surcroît, qui aurait été soupçonnée d’être juive… Comme Harry BAUR mais surtout pour s'être engagé dans la Résistance et le réseau Alliance, le jeune Robert LYNEN  sera fusillé en 1944 à Karlsruhe.

Ce sont les chanteurs qui réussiront à tirer le meilleur parti de cette collaboration artistique à l'image du ténor corse Tino ROSSI, de Charles TRENET, d'Edith PIAF, de FERNANDEL ou de Maurice CHEVALIER souvent invité sur la radio pétainiste Radio-Paris. FERNANDEL qui alternait chanson et cinéma chez La Continentale où il ne tournera cependant que des navets, allait d'ailleurs déjeuner tous les jours au Cercle Allemand sans jamais chercher à s'exclure d'un compromis qui l'arrangeait finalement assez bien. Une des grandes forces des nazis était que leurs beaux uniformes plaisaient aux femmes et qu'elles seront quelques-unes à le payer en 1944 lorsqu'il s'agira de sanctionner ce qui pouvait l'être. ARLETTY arrêtée à l'automne 1944 pour faits de collaboration, ainsi que pour avoir eu des relations suivies aves la fille de Pierre LAVAL et qui avait pourtant mal vécu l'arrivée des Allemands à Paris en juin 1940, aura ce commentaire acide : « Mon coeur est français mais mon cul est international ! » L'actrice Mireille BALIN (ci-contre) qui avait vécu un temps une Love story avec Tino ROSSI et qui abritait ses amours avec un soldat de la Wehrmacht sera arrêtée, violée et jetée en prison, et son amant exécuté. Elle vivra mal cette indignité et sa mise au rancart suivies d'une interdiction de tourner. Devenue indigente, elle sombrera dès lors dans l'alcool et la misère. Et tout cela sans oublier ce train de la honte dans lequel avait pris place l'actrice Danielle DARRIEUX qui avait accepté de se rendre à une invitation des GOEBBELS pour tenter d'arracher à la prison son amant de l'époque RUBIROSA (extrait vidéo ci-dessous)

Contrairement à ce qui se passe chez nous depuis déjà quelques mois, les lieux culturels de distraction avaient donc été rouverts durant l'occupation nazie, sans doute pour faire oublier aux Français la gravité d'une situation dramatique à souhait. Ce qui n'est malheureusement pas le cas actuellement.