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karl brandt, médecin miséricordieux ou tortionnaire nazi ?
Ils seront quelques-uns, médecins sous le Troisième Reich et après le jugement des dignitaires nazis, à avoir dû répondre devant le tribunal de Nuremberg dès octobre 1946 de crimes contre l'humanité, parmi lesquels Karl BRANDT, médecin personnel d'Adolf HITLER pendant une dizaine d'années. De son journal intime conçu en prison lors de son procès on apprendra qu'il était né le 8 janvier 1904 à Mulhouse, d’un père commissaire de police, et qu'il avait quitté une Alsace enlevée aux Allemands en 1918, dès 1919, choisissant de poursuivre ses études de médecine à Dresde, Iéna, Berlin et Fribourg-en-Brisgau. Spécialisé en chirurgie du traumatisme crânien, il avait pourtant projeté un temps de rejoindre le docteur SCHWEITZER à Lambaréné en Afrique, avant de devoir y renoncer faute d'avoir la nationalité française et d'avoir effectué son service militaire en France. Epoux d'une championne de natation qui plaisait beaucoup à Adolf HITLER, Anna REHBORN qui avait été médaillée aux Championnat d'Europe de 1927, il adhérera très vite aux thèses nazies, fasciné par le "fiancé de l'Allemagne". Dès février 1932, se jurant comme d'autres médecins, d'accomplir son devoir en tant que serviteur de la santé publique, juste avant de devenir par la suite un familier du Berghof à Berchtesgaden et de veiller à la santé du dictateur. Aidé par une intervention appréciée lors de l'accident de voiture de l'aide de camp du Führer, il fera effectivement vite partie de ses favoris.
Chargé début 1939 de superviser le plan T4, puis par une lettre antidatée de septembre 1939, de diriger avec Philipp BOUHLER l’exécution du programme d’euthanasie, il sera nommé commissaire plénipotentiaire du Reich pour la santé, dépendant directement de HITLER. Responsable à ce titre des moyens matériels médicaux pour tout le Reich, des programmes d’euthanasie et des expérimentations médicales réalisées dans les camps de concentration, ses compétences seront encore élargies en 1943 et le 25 août 1944, date à laquelle il sera nommé délégué du Reich pour le service de santé. Promu Gruppenführer SS le 20 avril 1944 et lieutenant général des Waffen SS, mal vu de BORMANN, il était opposé aux méthodes employées par Théo MORELL, le médecin de HITLER. Entré en disgrâce à la suite d'une autre opposition à l'un des favoris du Führer, un certain Léonardo CONTI, il sera aussitôt révoqué en octobre 1944 de sa fonction de médecin d’escorte.
Jugé à Nuremberg par un tribunal militaire américain à l'automne 1946, il ne parviendra pas, contrairement à d'autres, à s'exonérer de la moindre responsabilité de crimes contre l'humanité et condamné à mort le 20 août, il sera exécuté par pendaison le 2 juin 1948. Il semble que le fait d'avoir été mêlé à l'extermination de Juifs en Pologne lui ait été fatal, de même que celui d'avoir laissé mourir, souvent affamés, des handicapés qu'il se défendra d'avoir voulu tuer, évoquant pour justifier les euthanasies pratiquées, des actes de "mort miséricordieuse". On croirait rêver en entendant de pareils propos.
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