-
Alfred Naujocks, l'homme qui a déclenché la guerre de 39-45
« Un groupe de soldats polonais s'est emparé la nuit dernière, peu avant vingt heures, du bâtiment de la radio de Gleiwitz. Seuls quelques employés se trouvaient à cette heure-là en service. Il est manifeste que les assaillants polonais connaissaient parfaitement les lieux. Ils ont attaqué le personnel et fait irruption dans le studio, assommant ceux qu'ils rencontraient sur leur chemin...». Diffusé sur toutes les radios, ce commentaire ne pouvait que provoquer la colère et c'était tout ce qu'attendait depuis des mois le Troisième Reich d'Adolf HITLER pour enfin avoir le prétexte de livrer une bataille, la bataille qui sonnerait la fin de la Pologne. Sans que personne ne se doute que tout avait savamment été monté de toutes pièces !
Bras droit à partir de 1934 du boucher de Prague, Reinhard HEYDRICH, Alfred NAUJOCKS (ci-contre) reste l'un des rouages essentiels du faux attentat commis contre l'émetteur radio de Gleiwitz en Silésie, à la frontière polonaise. Un attentat qui n'avait rien de comparable à la description qui en a été faite et qui servira, selon la plupart des historiens, de prétexte à l'envahissement de la Pologne par les troupes du Reich dès le lendemain 1er septembre. HEYDRICH, qui avait fait état de plusieurs incidents irritants à la frontière insuffisants pour mettre le feu aux poudres et qui ne cachait plus ses projets, était désireux en cette fin d'été 1939 de mettre lui-même le feu à la mèche pour provoquer l'embrasement tant attendu par leur Führer ! Le fils d'épicier qu'était NAUJOCKS, devenu major chez les SS, s'était spécialisé dans l'espionnage, la machination, la falsification de passeports, ainsi que dans la miniaturisation d'émetteurs-récepteurs radio. Des connaissances qui lui seront très utiles à Gleiwitz le 31 août 1939. « HEYDRICH m'avait ordonné personnellement de simuler une attaque contre la station radio allemande de Gleiwitz, près de la frontière polonaise, en faisant croire que le groupe d'agresseurs était formé de Polonais. Il disposait de 11 à 13 condamnés de droit commun qu'on devait habiller en soldats polonais et dont on laisserait les cadavres sur le terrain pour faire croire qu'ils avaient été tués au cours de l'action. Un médecin à la solde de HEYDRICH leur administrerait prématurément des injections mortelles en même temps que l'on s'arrangerait pour qu'ils portent des traces de balles provenant de fusils. Après l'incident, des journalistes et d'autres personnes seront amenés sur les lieux », dira-t-il à Nuremberg lorsqu'il y sera interrogé en novembre 1945 pendant le célèbre procès. Le 9 novembre 1939 suivant, les médias allemands accuseront la Grande-Bretagne d’avoir orchestré l’attentat du 8 novembre 1939 dans la brasserie de Munich qui fera de nombreuses victimes après le départ du Führer. Deux agents secrets britanniques du MI6, le major Richard STEVENS et le capitaine S. PAYNE BEST seront enlevés par un commando SS dirigé par Alfred NAUJOCKS. Ils seront transférés en Allemagne pour y être interrogés, mais en vain. SCHELLENBERG, un agent allemand du SD, qui s’était fait passer pour un délégué de la résistance militaire allemande contre HITLER avait organisé une rencontre secrète à Venlo, en Hollande, entre les deux agents britanniques, un agent hollandais et lui-même. Heinrich HIMMLER avait ordonné le kidnapping des deux Britanniques immédiatement après l’attentat de la veille à Munich. Un des deux officiers portait une liste d’agents sur lui. Les autorités allemandes purent donc arrêter beaucoup d’agents britanniques dans l’ancienne Tchécoslovaquie et dans d’autres territoires occupés. Et la « conspiration anglo-hollandaise contre le Reich » donna, là encore, à Adolf HITLER un prétexte pour envahir les Pays-Bas.
Ces opérations achevées, NAUJOCKS sera également à l'origine en 1942 de l'opération Bernhard visant à inonder la Grande-Bretagne de faux billets à hauteur d'une somme équivalente à 600 millions de nos euros pour déstabiliser son économie avant d'être exclu ensuite par les services d'HEYDRICH pour avoir refusé d'obéir à un ordre. En octobre 1944, il sera fait prisonnier par les Américains alors qu'il se battait avec sa division de Waffen SS dans les Ardennes et en 1946, il réussira cependant à s'évader du camp où il avait été emprisonné après Nuremberg. Il vivra quelques années paisiblement à Hambourg où il mourra le 4 avril 1966 sans avoir été repris.
Tags : naujocks, polonais, contre, 1939, radio
-
Commentaires