• Le crime de Phil Spector, le faiseur de tubes

    Phil Spector... La chute d'un producteur de génie

    Qui n'a pas, au moins une fois, entendu parler du producteur Phil SPECTOR ? Car après avoir tenté de s'imposer comme chanteur (photo ci-contre) et fondé un groupe en 1957, les TEDDY BEARS, après avoir décroché un premier tube s'inspirant de "le connaître, c'est l'aimer" l'épitaphe copié sur la tombe de son père, il avait aidé les plus grands de la pop music en produisant leurs tubes, passant des RONETTES et Tina TURNER aux BEATLES et aux RIGHTEOUS BROTHERS, deux chanteurs blancs qui chantaient comme des noirs ! Tout le monde finira d'ailleurs au début des années soixante par se précipiter pour enregistrer avec lui. Ses atouts et ce qui le distinguait des autres, c'était de savoir tout de suite ce qui allait devenir un tube et d'être aussi à l'avant-garde des techniques du son, en donnant à entendre aux gens ce qu'ils voulaient entendre et en le retraitant dans des chambres d'écho, ce qui avait pour effet de démultiplier les effets obtenus ! Une sorte de génie, millionnaire à vingt ans ! Impertinent dans ses choix, il arrivait à faire d'un son un son riche et profond qui passait très bien en radio. Millionnaire, il aurait pu terminer en apothéose après une trentaine d'années au sommet, mais en devenant autoritaire et capricieux et en donnant des ordres avec un pistolet à la main, il a fini par éloigner tous ceux qu'il avait attirés et avec lesquels il travaillait encore. Son épouse la Cubaine Ronnie la première, Ronnie dont il se séparera en 1973. Ce producteur qui se disait être atteint de bipolarité en était arrivé à tyranniser ses propres enfants. Se serait-il enfermé dans son monde à lui en perdant complètement les pédales et en pointant le pistolet qui ne le quittait plus sur tous ceux qui le contrariaient ? C'est probable. Devenu quelqu'un de passionné par les armes, on y a souvent songé. Mais cela lui sera préjudiciable puisque ses cinq dernières compagnes témoigneront contre lui durant un procès devenu le plus cher de l'histoire judiciaire américaine.

    Le crime de Phil Spector, le faiseur de tubes Car c'est en effet pour un tout autre fait que ce producteur est resté célèbre et surtout pour un meurtre justifiant un procès, celui de la troublante Lana CLARKSON (ci-contre) un ancien mannequin qui sera retrouvée morte à son domicile le 2 février 2003 et qu'il accusera pour se défendre d'avoir voulu se suicider à son domicile ! La jeune femme qui n'avait jusque-là pas eu spécialement de chance travaillait au moment des faits comme escort girl et comme hôtesse dans un club, le House of blues, et cette rencontre avec ce magnat de la technique du son aurait pu lui permettre de se faire enfin une place plus enviable que celle qu'elle avait à quarante ans à peine alors qu'elle était encore sémillante et que, fauchée, elle avait longtemps rêvé être une grande actrice. Mais c'était sans compter sur le fait que Phil SPECTOR était ce soir-là pas mal imbibé et qu'il a dû vouloir lui faire jouer un rôle qu'elle n'appréciait pas avec le secours d'une arme. Du moins si l'on en croit la version de l'accusation. Pour la défense de SPECTOR, on avancera d'autres éléments que ceux-là et le fait que névrosée, elle avait aperçu l'arme en entrant chez lui et qu'elle s'était ensuite donnée la mort. L'une de ses anciennes flirts qui avait dîné avec lui avant qu'il retrouve Lana, dira à charge qu'il avait beaucoup bu ce soir-là et qu'il avait commencé à dérailler. Peut-être aussi à flirter avec la jolie blonde qui après avoir d'abord refusé sa compagnie avait accepté de le raccompagner chez lui voyant qu'il était passablement éméché. Ce que confirmera Adriano DE SOUSA le chauffeur de la limousine, un Brésilien qui, attendant au volant de sa voiture que la jeune femme revienne, entendra soudain un coup de feu ! De l'avis de nombreux observateurs, il est vraisemblable que Phil SPECTOR n'avait pas accepté que la jeune femme se refuse à lui et qu'il s'était une fois de plus servi de son arme pour l'effaroucher. Il prétendra quant à lui qu'elle s'était dopée à la codéine et qu'elle avait bu trop de tequila. Alors, qui a raison ? Le célèbre producteur ou une amie de la jeune femme qui rapporte que Lana allait très mal la veille de sa mort et qu'elle avait menacé auprès d'elle de se suicider.

    Le crime de Phil Spector, le faiseur de tubesIl aura fallu plusieurs procès pour que le producteur de rock américain Phil SPECTOR soit reconnu coupable de meurtre dans cette affaire, alors qu'un non lieu avait surpris après le tout premier. Malgré la présence à ses côtés d'un avocat qui avait fait ses preuves et qui avait défendu l'acteur O.J SIMPSON mais dont il se séparera mécontent qu'il n'ait pu parvenir à convaincre le jury qui avait à le juger. Au terme de son premier procès six ans plus tôt, les jurés n'avaient effectivement pas réussi à se mettre d'accord. Peut-être aussi à cause d'un témoignage ambigu recueilli auprès du chauffeur Adriano DE SOUSA quant aux propos tenus par Phil SPECTOR lorsqu'il est sorti de sa demeure avec un revolver dans la main. Mais comment aurait-il fallu percevoir le : Je crois que j'ai tué quelqu'un devenu pour la défense de l'accusé : Je crois que quelqu'un a été tué. Des propos que le chauffeur étranger avait eu du mal à traduire. Par ailleurs, le jury avait-il été froissé par le fait que le célèbre producteur avait pu se payer les meilleurs experts et défenseurs et que ses membres aient voulu ne rien entendre des arguments avancés par la défense ? 

    L’homme, âgé de 79 ans, était apparu dernièrement amaigri, son crâne dégarni n’étant plus couvert par les perruques qu’il a longtemps utilisées et qui sont interdites en prison. Condamné à dix-neuf ans de prison, il avait été transféré dans une unité médicalisée de la prison de Stockton, mais les autorités californiennes n’ont pas précisé le mal dont souffrait SPECTOR en raison du secret médical. Probablement la maladie de Parkinson déjà visible dans le reportage ci-dessous. Reste que l'intéressé lui-même restait persuadé n'être pour rien dans ce qui a été présenté comme un meurtre et le reportage qui en a été tiré par Karl ZERO est assez complet et aide à comprendre. Certes, les nombreux travers du célèbre producteur ne l'auront pas aidé à se disculper ! Son goût pour les armes à feu et les stupéfiants non plus ! Il est également tout à fait possible que l'on ait voulu avec cette affaire condamner ses derniers excès ! Mais au vu des éléments mis en balance et des contradictions relevées d'un reportage à l'autre, l'affaire reste un véritable imbroglio et de là à ce qu'il y ait eu un troisième procès, tout restait envisageable !

    Mais il n'y aura pas de nouveau procès et l'homme usé par ses incarcérations répétitives mourra en prison à la fin de l'année 2020.

     

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  • Paul von Hindenburg, celui auquel on doit 1933 et le nazisme

    Après s'être vivement opposé à lui, le vieil homme qu'était Paul von HINDENBURG n'avait eu d'autre solution en janvier 1933 que de nommer Adolf HITLER chancelier du Reich et cela alors qu'il l'avait toujours considéré comme un extrémiste. Sans doute avait-il estimé pouvoir mieux contenir ses débordements en l'ayant près de lui plutôt qu'en le laissant au dehors haranguer les foules avec ses S.A.

    Général victorieux durant la Première Guerre Mondiale, l'homme avait conservé malgré la défaite de 1918 une immense popularité dans son pays. A tel point que dès le décès du Président EBERT, il avait consenti à se présenter aux suffrages pour être enfin élu. Mais l'Allemagne était-elle en mesure en 1925, après la libération de prison d'Adolf HITLER de résister à une renaissance de son parti nazi ? Probablement pas et très vite on arrivera à une montée des extrêmes dans une opinion déjà chauffée à blanc par une crise sans précédent. Une crise qui profitera indéniablement aux nazis, un peu plus encore même après les premières faillites survenues à la fin de l'année 1929 dans une économie devenue dépendante du versement d'aides extérieures. Car l'effondrement du marché de Wall Street aux Etats-Unis provoquera un gel du versement de ces aides à des pays étranglés comme l'était l'Allemagne.

    Paul von Hindenburg, celui qui avait longtemps refusé le nazismeSitôt arrivé à la Chancellerie du Reich, il ne faudra guère de temps à HITLER et aux nazis pour s'imposer face à un homme qui n'était plus à 86 ans en mesure de s'opposer à ce qui sonnera le glas de l'Allemagne. C'était comme si tout avait été préparé à l'avance avant un 23 mars 1933 fatidique et ses pleins pouvoirs à ce qui attendait un pays qui avait choisi de capituler devant le nazisme. Avec d'abord un incendie du Reichstag susceptible de permettre les premières chasses à mort diligentées contre des opposants comme les communistes et l'adoption de mesures toutes plus liberticides les unes que les autres avec la création des premiers camps où l'on déportera les opposants. Tout en flattant au passage un vieux maréchal resté sensible aux honneurs. Ce qui vaudra à Joseph GOEBBELS d'organiser pour la circonstance une grande manifestation où HITLER s'inclinera en tenue civile devant celui qui avait trop longtemps retardé son accession au pouvoir (photo ci-contre). Un geste qu'il répétera quelques mois soucieux de ménager celui qui était déjà aux portes de la mort. Ce sera son dernier geste d'humilité face à un Paul von HIDENBURG souffreteux de plus en plus dépassé et en retrait des affaires du Reich.

     

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  • Olivier de Pierrebourg, l'intrépide

    Comme hélas quelques autres, Olivier HARTY de PIERREBOURG fait partie de ces hommes dont on ne parle pas assez. Né le 10 juillet 1908 à Vauxbuin dans l'Aisne, il avait choisi le journalisme après des études de lettres à la Sorbonne. Devenu rédacteur à l'agence Havas au service étranger, il sera également secrétaire d'André PHILIP, le député SFIO du Rhône. Mobilisé en 1939 dans la cavalerie et promu aspirant en mai 1940, il sera démobilisé en septembre et démissionnant de l'Agence Havas il refusera tout contact avec Vichy.

    Résistant de la première heure aux côtés d'André PHILIP, il trouvera, dès novembre 1940, un passage clandestin sur la ligne de démarcation qui lui servira pendant toute la durée de l'occupation. Il pourra de la sorte faire passer en zone nord les premiers journaux clandestins et assurer le passage de personnalités de la Résistance et d'agents de liaison. Il sauvera également de nombreux réfugiés politiques en faisant passer à Londres puis à Alger des renseignements importants. Il ouvrera parallèlement à ces activités de Résistant une entreprise de tissu à Lyon, rue de Constantine qui deviendra rapidement un centre de rencontre pour la Résistance. Il participera en outre avec des catholiques comme le père CHAILLET, à la fondation en mai 1941 du comité de secours oecuménique "l'Amitié Chrétienne" qui avait pour but principal de soustraire aux recherches de la police allemande et de celle de Vichy les réfugiés politiques et les Juifs. Il fera sortir des camps de nombreuses personnes qu'il installera dans des maisons d'accueil en zone sud. Grâce à son action, plusieurs centaines d'enfants juifs seront sauvés de la déportation vers la Pologne en 1942. Il hébergera également dans son appartement lyonnais des Juifs en transit auxquels il fournira des faux-papiers. Grâce à lui, André PHILIP entrera en contact avec Edouard HERRIOT alors que celui-ci était en résidence surveillée près de Lyon. Il organisera le passage de PHILIP en Angleterre en juillet 1942 et entrera ensuite au réseau de renseignement Phratrie de Jacques ROBERT (alias Denis) comme chargé de mission politique et de la section de contre-espionnage. Il y sera notamment chargé par les services de Londres de convaincre, d'assurer la sécurité et d'acheminer vers la Grande-Bretagne l'ambassadeur René MASSIGLI qui parviendra à Londres, à bord d'un Lysander, en janvier 1943.

    Il sera ensuite nommé Commissaire aux Affaires étrangères par le général de GAULLE. Après l’occupation de la zone sud par les Allemands en novembre 1942, il fera passer lui-même de nombreuses personnes en Espagne et en Suisse et créera le premier réseau de la police à Lyon, point de départ du futur réseau Ajax d’Achille PERETTI. Fin 1942, il organisera également l’évasion du camp Saint-Sulpice-La-Pointe près de Toulouse de deux membres de Phratrie. Désigné pour rejoindre André Philip à Alger en mai 1943, il décidera de passer par l'Espagne avec son épouse. Arrêtés par la Gestapo le 10 août 1943, ils seront incarcérés à Argelès puis à Tarbes et enfin à Toulouse. Olivier de PIERREBOURG, sans son épouse, sera emmené à Compiègne. Lors de son transfert vers le camp de Buchenwald en Allemagne, le 17 septembre 1943, il organisera l'évasion de ses camarades de wagon et parviendra lui-même à sauter du train, juste avant l'entrée du convoi en Lorraine. Il se fracturera la jambe en se réceptionnant mal. Dès son rétablissement, il se remettra, à Paris, à la disposition du réseau Sosies de Pierre et Dominique PONCHARDIER. Au début de 1944 il tentera vainement d'organiser l'évasion de Pierre BROSSOLETTE de la prison de Rennes et prendra part en août 1944 à la libération de Paris. Après la guerre il sera quelque temps attaché au cabinet d'André PHILIP, ministre de l'Economie nationale puis reprendra ses fonctions au sein de son entreprise de tissus à Lyon. Député de la Creuse (1951-1973) et vice-président de la commission de la Défense Nationale (1959-1962), conseiller général de 1957 à 1970, il sera élu maire de Guéret en 1971.

    Olivier HARTY de PIERREBOURG est décédé à Paris le 23 août 1973. Il a été inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris.

     

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  • Mathilde Carré, dite la chatte...

    Pour le MI5 c'était quelqu'un de fondamentalement vicieuse, fielleuse et amorale. Mais de son parcours d'espionne, il ne reste rien ou pas grand-chose de Mathilde CARRE sinon cette interprétation de la splendide Françoise ARNOUL (ci-dessus) dans les deux films qui s'inspirent plus d'un personnage pourtant loin d'avoir une telle plastique que des propres aventures de Mathilde. La chatte puis La Chatte sort ses griffes d'Henri DECOIN furent cependant deux réussites cinématographiques.

    Mathilde Carré, dite la chatte...Mathilde CARRE (ci-contre), née Mathilde Lucie BELARD le 30 juin 1908 au Creusot dans la Loire, qu'on avait surnommée la Chatte, a été une espionne pendant la Seconde Guerre mondiale. On dira d'elle qu'elle aura été la "Mata Hari de cette seconde guerre, sans doute à cause de son implication. Il est vrai que responsable de nombreuses arrestations par trahison, elle aura été un agent triple. Agée de 32 ans au début de la guerre, Mathilde écumait les bars et s'ennuyait. Elle qui était infirmière dans le nord de la France avait dû se résoudre à suivre le mouvement d'exode de milliers de compatriotes vers le sud afin de fuir l'arrivée des tanks allemands. Ce soir-là, au café "La Frégate", au milieu des soldats et des réfugiés sirotant leur bière, elle attirera le regard d'un capitaine d’aviation polonais. C'est ce Polonais de rencontre qui lui proposera de mettre sur pied un réseau d'espionnage avec les relations qu'il s'était faites parmi les alliés. C'est à Vichy, alors que Mathilde fréquentait les bars des hôtels de luxe non sans se servir de ses atouts félins, que des journalistes américains la surnommeront La Chatte. Peut-être parce qu'il lui arrivait de se lover sur des banquettes en cuir en y laissant la marque de ses ongles.

    En novembre 1941 avec son Polonais, Mathilde et beaucoup d'autres seront arrêtés et brutalement interrogés. Mathilde craquera et acceptera dès lors de devenir un agent double pour le compte de l'Abwehr. Enfermée à la prison de la Santé puis interrogée par le sergent allemand Hugo BLEICHER, on lui présentera un ultimatum : Celui de travailler ensemble avec eux et de rester libre, soit d'être exécutée immédiatement et sans procès. Agent retourné, elle choisira de dénoncer ses anciens camarades participant ensuite à l'intoxication de l'I.S. britannique, notamment à propos de l'évasion de Brest de croiseurs allemands. Hugo BLEICHER, devenu son amant, l'accompagnera dès lors de loin aux rendez-vous qu'elle organisera dans les cafés avec ses anciens amis de l'Interallié, afin de pouvoir procéder à leur interpellation. Une petite fiche cartonnée piquée de taches, sera découverte par les agents français en Allemagne, à la fin de 1945, dans les archives secrètes de la section III F de l'Abwehr Paris, chargée du contre-espionnage, ce qui la trahira. En 1949, Mathilde CARRE sera condamnée à mort pour intelligence avec l'ennemi mais sa peine sera commuée un peu plus tard en vingt années de prison. 

    Il reste de nombreuses zones d'ombre autour de cette espionne responsable directement ou pas, de la mort ou de la déportation de dizaines de résistants... Ce qu'on peut dire c'est qu'elle n'aura été, ni une héroïne, ni une traîtresse ! Juste une personne broyée par un système qu'elle ne connaissait pas. Elle vivra cependant 98 ans décédant en 2006.

     

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