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Maurice Papon, le fonctionnaire sans état d'âme
Un fonctionnaire borné et zélé dans toute sa splendeur comme il en reste encore quelques-uns aujourd'hui ! Telle pourrait être la définition de ce qu'inspire un homme comme Maurice PAPON, qui se définissait comme un homme d'ordre et qui n'avait qu'un objectif, celui de servir l'Etat. Mais, cela impliquait-il qu'on en fasse pour autant ce ministre qu'il est devenu après avoir été l'auteur de ces crimes contre l'humanité qu'on lui a reproché trop longtemps après d'avoir commis ?
A l'âge de vingt-cinq ans, il avait gravi une à une toutes les marches du pouvoir, tant à gauche en bon radical-socialiste qu'à droite, devenant l'un des barons du giscardisme bon teint. Puisque le bon Valy lui confiera le portefeuille de Ministre du Budget dans les années soixante-dix dans le gouvernement de Raymond BARRE. On oublierait presque, en égrenant toutes ces réussites que, devenu Secrétaire Général de la Préfecture de Gironde en 1941, PAPON après avoir "menacé les Juifs" une première fois (ci-contre) n'hésitera pas à envoyer à la mort 1 690 enfants juifs entre 1941 et 1944, et cela sans le moindre état d'âme. Mais, comme les Résistants que TOUVIER fera arrêter, PAPON avait-il une âme ? Là est la question. Il n'en n'aura pas davantage une vingtaine d'années plus tard quand, à la tête de la Préfecture de Police de la Seine, il s'illustrera à nouveau dans ce que nous pourrions définir comme "une ratonnade" et qui reste un acte d'une sauvagerie inouïe que seul un pareil sadique aurait pu perpétrer sans être inquiété.
C'est entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1981 que le CANARD ENCHAINE trahira ce lourd passé jusqu'alors dissimulé. On prétendra que les gaullistes n'avaient pas souhaité qu’on rouvre la page vichyssoise en évoquant le passé trouble de certains fonctionnaires rompus au charme du pouvoir. D'autant que ce secrétaire de Préfecture avait si gentiment accueilli le libérateur de la France en 1944 à Bordeaux... Finalement, et c'est tant mieux, Maurice PAPON — mort en 2007 — sera condamné à dix ans de réclusion, au retrait de ses décorations et à la privation de ses droits civiques pour complicité de crimes contre l’humanité. Mais non, sans avoir tenté de se soustraire à la Justice après une escapade remarquée en Suisse où, la veille de l'audience, il avait projeté de faire appel à un arbitrage de la Cour Européenne. Cela lui vaudra de faire la une du journal de FRANCE 2 dans le reportage et de l'extrait qui suit.
Ce qui ne manque pas de sel dans cette affaire, en admettant que l'on puisse nourrir un quelconque regret et nous n'en nourrissons aucun tant l'homme qu'est PAPON est abject par son comportement, c'est que c'est le même magistrat qui, du temps de MITTERRAND, ne s'était pas montré favorable à entreprendre un procès contre le dénommé BOUSQUET (dont le niveau de responsabilité était beaucoup plus élevé) qui se sera cette fois-ci montré bien plus empressé à requérir contre l'ancien secrétaire général de la Gironde devant un tribunal. Et ce qui pourrait apparaître comme une nouveauté, c'est que pour la première fois un fonctionnaire de Vichy a donc été renvoyé devant une cour d’assises pour complicité de crimes contre l’humanité, montrant de ce fait du doigt l’État puisque Maurice PAPON, crédité de faits de Résistance (on se demande bien lesquels), a pu poursuivre une brillante carrière après la Libération. Autre nouveauté, le fait que la défense des avocats VILLEMIN et VARAUT ait pu plaider pour une responsabilité administrative qui, selon Michel ZAOUI, l'avocat des parties civiles, « donne la sensation d’une immunité, voire d’une impunité totale, et d’une totale irresponsabilité pénale ». Avouons que cela aurait été scandaleux si les deux défenseurs avaient obtenu satisfaction !
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