Personne ne savait qu'une politique d'anéantissement de la population juive d'Europe avait été décidée. C'est du moins la teneur des propos officiels qui ont longtemps été tenus sur la solution finale et l'holocauste et que l'on entend parfois encore. Jusqu'à ce que l'on retrouve des documents en 2000 montrant que les Etats-Unis et les Britanniques étaient parfaitement informés de ce que les nazis avaient en projet concernant les Juifs. Pourtant, dès 1941, un consul chilien avait informé la Grande-Bretagne du projet mortifère des nazis. Il s'appuyait sur un document établi par les Allemands eux-mêmes qui reconnaissait clairement que 3 274 Juifs avaient déjà été tués dans les territoires russes conquis par l'avancée des troupes nazies. Pour justifier cette non intervention, certains responsables admettront qu'arrêter l'holocauste n'était pas à l'époque dans les priorités de la guerre entreprise contre les puissances de l'axe ! Cela porte à réfléchir d'autant qu'en 1942, avant les premières rafles à grande échelle décidées un peu partout, il restait encore près de 5 millions de Juifs sur les 6 qui auraient pu être épargnés si les Alliés s'étaient donné les moyens d'intervenir ! Certains diront que le ministère des Affaires étrangères américain aurait même empêché l'accès aux informations dans le seul but de pouvoir contenir davantage le flux migratoire, car nombreux étaient ceux qui, parmi les Juifs, avaient commencé à fuir l'Europe pour éviter les pogroms en tentant de s'installer aux Etats-Unis.

Au moment où disparait l'une des figures éminentes de la mémoire, l'écrivain Claude LANZMANN, ce film "Pacte avec le diable" s'imposait. Réalisé par Canal + et Planète il revient également sur la responsabilité de certains entrepreneurs américains qui n'hésiteront pas à s'allier avec les nazis dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir, pour faire tourner leurs usines et éviter des difficultés après le krach d'octobre 1929 et le ralentissement économique qui a suivi aux Etats-Unis.