• La bonne dame de Nancy

    La bonne dame de Nancy

    Y'avait la bonne dame de Loudun, celle qu'on avait longtemps accusé d'avoir empoisonné à l'arsenic ses proches les uns après les autres et puis, la bonne dame de Nancy, celle qu'on appelait du nom de Simone WEBER, âgée de 55 ans qu'on baptisera également "la diabolique". Mais qui était-elle exactement cette Simone WEBER ?

    Comme Simone n’avait pas le physique d’une femme fatale, qu'elle était au moment des faits blafarde, rondelette avec un regard bleu exorbité, qu'elle était également consciente de ses limites, elle jetait son dévolu sur des hommes esseulés ou vulnérables. Accusée d'avoir tué puis découpé à la meuleuse son ex-amant Bernard HETTIER et assassiné son ex-mari Marcel FIXARD qu'elle aurait épousé sans qu'il le sache, Simone WEBER nie encore aujourd'hui être l'auteure de ces deux affreux crimes. Elle sera arrêtée en janvier 1986 alors que HETTIER avait déjà disparu depuis le 22 juin 1985 et qu'il avait fallu six longs mois d'auditions pour tenter de comprendre ce qui avait bien pu arriver à son ancien amant. « On a fabriqué Simone Weber avec les couilles de Landru et les ovaires de Marie Besnard », dira avec cet humour dont il était seul capable, l'élégant Maître VERGES, qui sera viré pour ce trait d'esprit que sa cliente qualifiera de vulgaire, une femme qui aura usé pas moins de 25 avocats durant les cinq années de procédure qui l'opposera au juge Gilbert THIEL avec la volonté d'user d'a peu près tous les artifices pour se soustraire à la Justice. De malaises dont elle se plaignait lors de ses interrogatoires chez "Mon Juge" le nom qu'elle lui donnait à l'effondrement en plein tribunal qui lui vaudra d'être aussitôt ramenée en prison... On dira de cette meurtrière « aux yeux vipérins » qu'elle s'était fabriquée une autre personnalité pour masquer ses échecs de femme et de mère. Celle qu'on a accusé d'avoir empoisonné son marin, tué et découpé son amant à la meuleuse à béton ne s'est jamais comportée comme quelqu'un que la majesté de la justice effrayait, mais comme une dame capable de donner le ton. Quelqu'un qui pouvait être à la fois douce, mais aussi violente, cassante.

    Le premier mariage de Simone, en 1955, n'avait pas été une réussite, malgré cinq enfants et Jacques THUOT n'avait tardé pas à demander le divorce, qu'il n'obtiendra finalement qu'en 1978 se plaignant d'avoir épousé une femme volage, méchante et atteinte par la folie des grandeurs qui l'avait même menacé de séquestration et qui l'avait drogué. En 1978, par l'entremise d'une petite annonce, Simone WEBER fera la connaissance d'un retraité de la Coloniale, l'adjudant-chef Marcel FIXARD, soixante-dix-huit ans, qui vivait dans une petite maison, rue de l'Abattoir, à Rosières-aux-Salines. Pour se vieillir de quinze ans, elle falsifiera ses papiers, portera une perruque grise, se fera appeler Monique, fera de son fils François un neveu et prétendra être veuve sans enfants en étant professeur de philosophie à la retraite. Le 22 avril 1980, poussant le bouchon un peu plus loin, elle épousera son ancien militaire dans la plus stricte intimité et pour cause, puisque Marcel FIXARD n'assistera pas à son mariage à Strasbourg ! Tout en ponctionnant petit à petit les économies de son nouveau compagnon, Simone avait songé à asseoir sa situation et il lui en fallait plus. C'est un comédien à la retraite, Georges HESLING qui jouera le rôle du marié absent et qui le remplacera devant le maire ! Tout semblait avoir été prévu puisque un mois après leur mariage Marcel FIXARD mourra d'une crise cardiaque et comme Simone avait rédigé un faux testament, le leg lui reviendra ! Comme elle avait employé de la digitaline qu'elle avait pu se procurer, il sera impossible au Juge THIEL de démontrer qu'il y avait eu assassinat du vieux militaire.

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    Le 22 Juin 1985, Bernard HETTIER (ci-contre), contremaître aux usines Solvay, qui avait été son amant durant deux ans disparaît soudainement. Quarante-huit heures plus tard, Patricia HETTIER, 25 ans, déclare à la police la disparition de son père Bernard en précisant que depuis des semaines, il est harcelé par son ancienne maîtresse. Son nom, on le donnerait en mille : Simone WEBER ! L’amoureuse éconduite avait fait fabriquer un double de ses clefs pour fouiller chez lui en son absence, l’avait menacé de mort fusil à la main et donc... A 48 ans, Simone était une femme aigrie mais toujours à l’affût d’un bon parti et son choix s'était porté sur Bernard HETTIER. Les deux quinquagénaires étaient vite devenus amants, mais en quelques mois l’idylle avait tourné au cauchemar, Simone vouant à Bernard un amour obsessionnel. Leur relation était devenue intermittente et chaotique et d’une jalousie maladive, Simone fantasmait en permanence sur ses infidélités supposées, fomentant les pires vengeances. Après sa disparition, il sera établi que Simone avait persuadé sa sœur Madeleine, qui vivait à Cannes depuis la mort de son mari, de détruire le passeport et le chéquier de Bernard et de cacher sa voiture, dont elle avait falsifié les plaques d'immatriculation. Comme elle se savait surveillée depuis le début du mois de juillet 1985, les deux femmes décideront de communiquer par code. Pour se transmettre les numéros de cabines publiques d'où elles échangeront et afin d'échapper aux écoutes téléphoniques des policiers, les deux sœurs feront semblant d'échanger des numéros de Loto. Simone ira même jusqu'à persuader son gendre qui vit à Enghien de se faire passer pour Bernard HETTIER auprès d'un médecin afin d'obtenir un arrêt de travail qu'elle expédiera aux usines Solvay. Quelle rouerie ! Elle persuadera également son cousin Roger LAPIERRE de téléphoner à Louise NUSS, la dernière maitresse de Bernard, pour dire à celle-ci que son compagnon se trouvait dans sa maison de campagne de Charmois l'Orgueilleux, dans les Vosges. Mais elle ne parviendra pas à convaincre sa fille Brigitte de tirer de l'argent avec la carte du Crédit agricole de son ancien amant. Elle le fera donc elle-même, à plusieurs reprises, pour faire croire qu'il était toujours vivant. En janvier 1986, elle offrira 10 000 francs à deux de ses codétenues sur le point de sortir à condition qu'elles acceptent de téléphoner anonymement à « L'Est républicain » et au « Républicain lorrain » pour dire qu'elles avaient aperçu Bernard HETTIER en compagnie d'une femme dans les rues de Metz. 

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    Le juge Gilbert THIEL qui avait compris à qui il avait affaire rassemblera le témoignage des HAAG, voisins de Simone, avenue de Strasbourg, qui avaient entendu du remue-ménage toute la nuit du 22 au 23 juin et un bruit persistant d'aspirateur. Se serait-il agi de la meuleuse louée la veille du crime, et déclarée perdue. Dix-sept sacs de plastique charriés à l'aube du dimanche 23 juin et posés au pied d'un bouleau, devant l'immeuble, à l'intention des éboueurs, qui passaient tous les jours à cinq heures du matin seront retrouvés. Er pire il y aura cette découverte, presque trois mois plus tard, dans la Marne, d'une valise contenant un tronc humain dont les experts estimeront qu'il pourrait être celui de Bernard HETTIER. Dimanche 15 septembre 1985 en effet, sur les bords de la Marne, un pêcheur remontera une grosse valise d’où s’échappait une horrible puanteur, fermée par une ceinture et un parpaing. Les gendarmes y découvriront un sac-poubelle renfermant un tronc humain putréfié, celui probablement de Bernard HETTIER. Des indices concordants tels que l’âge, le groupe sanguin de la victime, de la terre du jardin de Simone WEBER rue des Abattoirs… et des traces de peinture bleu ciel correspondant à la couleur de sa voiture, suggèreront qu’il s’agissait de son ex-amant disparu dont le corps avait été dépecé avec une meuleuse-tronçonneuse à béton. Les enquêteurs découvriront que la terrible Simone en avait justement loué une, le 21 juin 1985… On retrouvera l’engin dans le coffre de sa voiture, souillé de sang, un morceau de chair humaine coincé dedans avec, chez elle, une carabine 22 long rifle et des chéquiers au nom du disparu.

    La bonne dame de NancyIl faudra attendre le jeudi 17 janvier 1991 pour que se tienne le procès qui s'étirera sur six semaines. Au milieu de ses trois derniers avocats (photo ci-contre) Simone WEBER en sera la vedette cabotine et fielleuse : 130 témoins et 23 experts se succèderont, sous les injures ou les éclats de rire de l’accusée. Un faisceau d’indices accablants la désignait comme coupable, mais il manquait au juge THIEL et aux enquêteurs des preuves irréfutables. Il sera difficile de parvenir à reconstituer le corps de celui qui avait été apparemment dépecé par Simone même si le bagage qui transportait le corps était une des deux valises que Bernard HETTIER avait achetées avant d'être assassiné. Libérée en 2005 après être restée en prison quasiment une vingtaine d'années, Simone WEBER continue toujours à nier son implication dans le meurtre de son dernier amant, malgré les indices recueillis par les enquêteurs. C'est la comédienne Véronique GENEST qui interprète son rôle dans le téléfilm qui a été réalisé sur l'affaire.

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