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Il avait écrit : Hitler m'a dit. Il sera contraint de fuir l'Allemagne nazie
Hermann RAUSCHNING (ci-dessus), l'un des partisans de la première heure d'Adolf HITLER était Président du Sénat de Dantzig, une fonction à laquelle il devra renoncer en 1935 et fuir l'Allemagne pour avoir refusé d'obéir à l'ordre de faire arrêter des prêtres catholiques et des Juifs. Dans un ouvrage publié en 1939 : Hitler m'a dit, dont on se défie aujourd'hui, avait-il voulu se venger d'un homme qu'il avait suivi dès le début des années trente ? En prenant connaissance de ce document on pourrait effectivement se demander si RAUSCHNING n'a pas voulu corser certaines des confidences que lui auraient faites le dictateur, pour les rendre encore plus étonnantes. D'autant qu'il n'aurait rencontré le Führer qu'à quatre reprises et qu'il paraît difficile d'avoir tiré de leurs rares rencontres autant de confessions et de précisions d'un homme qui ne se livrait pourtant guère à ceux qu'il ne voyait que peu.
Dans cet ouvrage, HITLER est présenté au travers de ses vues les plus intimes et de ses plans pour l'avenir recueillis au terme d'une douzaine de conversations privées, que l'auteur aurait eues avec le dictateur entre 1932 et 1934 et même sur l'Obersaltzberg avant que l'ancienne pension Wachenfeld devienne le Berghof. Pour RAUSCHNING, HITLER n'avait rien qui puisse attirer. Et son aspect physique ne contribuait certes pas à rehausser sa capacité de séduction. Il en donne une description précise : « Son front est fuyant et disgracieux. La mèche de cheveux qui lui tombe sur les yeux, sa petite taille sans prestance, la disproportion de ses membres, sa gaucherie, ses pieds plats d'une longueur démesurée, son nez hideux, sa bouche sans expression et sa petite moustache en brosse, en font un être plutôt disgracieux. Quand il est calme, précise encore RAUSCHNING dans ce document, il parle à la bonne franquette, à la viennoise, et même avec le jargon et l'accent viennois. Mais, quand il est en transe (image ci-dessus), ses phrases se gonflent, ondulent, bouillonnent, fleurissent en une éloquence prolixe et brutale qui n'appartient qu'à lui et que la radio nous a trop fait connaître... Ses cheveux en désordre, son visage contracté, ses yeux hagards et sa face cramoisie, on aurait pu avoir peur qu'il ne tombe victime d'une attaque ». On le voit, dès la préface de l'ouvrage, les propos de l'auteur et sa description du personnage ne grandissent guère l'ancien caporal autrichien et ils rappellent les aveux d'un autre de ses célèbres détracteurs, le journaliste Sebastian HAFFNER qui, lui aussi, avait dû fuir l'Allemagne en prenant même la précaution de changer également de nom. Pour donner encore un peu plus de crédibilité à ces éléments, le préfacier précisera que les transcriptions de Hermann RAUSCHNING sont d'une fidélité phonographique !
Si la Bible nazie Mein Kampf avait été, de l'avis de beaucoup, conçue pour les masses, l'ouvrage : Hitler m'a dit (ci-contre) fait état des véritables buts politiques et sociaux qu'HITLER entendait mettre en oeuvre. Des précisions qui font parfois froid dans le dos ! Ce que le nouveau maître de l'Allemagne depuis janvier 1933 haïssait dans le Christianisme, aurait-il confié à son interlocuteur de Dantzig, c'est la pitié, la tendresse, l'appel à la douceur et le respect des plus faibles. Menaçant de révéler des éléments, ses vues « Ces ensoutanés connaissent bien leur monde et savent exactement ou le bât blesse... On verra comment ils ont fait sortir l'argent du pays, comment ils ont rivalisé d'avidité avec les Juifs, comment ils ont favorisé les pratiques les plus honteuses !... Certes l'Eglise a été quelque chose autrefois. A présent, nous sommes ses héritiers, nous sommes nous aussi une Eglise... Oui, nous sommes des barbares, et nous voulons être des barbares. C'est un titre d'honneur. Nous sommes ceux qui rajeuniront le monde. Le monde actuel est près de sa fin. Notre seule tâche est de le saccager, avait-il lancé un jour pour prévenir ceux qu'il exécrait. Nous devons être brutaux, nous devons le redevenir avec une conscience tranquille ». Reste aussi la description d'un HITLER se réveillant la nuit en proie à des cauchemars et montrant, terrorisé, un angle de sa chambre en criant, décrivant une entité qui l'aurait tourmenté, « là, il est là ! », une confession qui selon certains observateurs, aurait été empruntée à un écrit de Guy de MAUPASSANT. Si de nombreux historiens et réalisateurs de documents se sont inspirés de ces écrits, d'autres en revanche comme le biographe britannique Ian KERSHAW ont clairement indiqué que ces révélations de RAUSCHNING étaient une fraude totale et qu'elles avaient constitué un document pour la propagande de guerre des Alliés. Ce faux mémoire n'aurait donc été conçu dès sa publication en 1939 que pour inciter l'opinion publique à entrer en guerre contre HITLER. Certes, la façon dont l'auteur décrit le dictateur a pu trouver une certaine audience tranche avec d'autres descriptions. Parmi les membres du parti et les sympathisants il n'était en effet question que de ses yeux profonds et bleus. Or, ses yeux ne sont ni profonds, ni bleus. Le regard est tantôt fixe, tantôt éteint. Il leur manque cet éclat, cette lumière qui est le reflet de l'âme. Sa voix sombre au timbre étrange est choquante pour un Allemand du Nord. Son intonation est pleine, mais sifflante, comme s'il avait les narines obstruées. Au reste, cette voix criarde, gutturale, menaçante et frénétique, restera célèbre dans le monde entier. Elle incarne le tourment contemporain, et pendant longtemps, elle restera comme le symbole d'une époque de folie, sans que personne comprenne comment il a pu émaner d'elle un charme quelconque.
Hermann RAUSCHNING, issu d'une famille de propriétaires terriens, se verra spolié après le traité de Versailles d'une partie de ses propriétés, ce qui justifie le fait qu'il ait eu tout d'abord envie de rejoindre le NSDAP. Avant d'être écoeuré par les attitudes et la disponibilité d'un va-t-en guerre qui ne se préoccupait pas des problèmes rencontrés par les Allemands. L'ancien Président du Sénat de Dantzig trouvera refuge en Suisse puis en France et au Royaume Uni avant de s'exiler aux Etats-Unis à Portland dans l'Oregon. Devenu un best-seller, précisons que son ouvrage sur HITLER sera réédité en 2005 en France par Hachette.
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