• Henri Giraud et de Gaulle, deux profils...

    Le choix difficile du Général Giraud...

    Le choix difficile du Général Giraud...

    C'est selon toute vraisemblance son choix de se maintenir quelques mois après son évasion d'Allemagne dans le camp de PETAIN et de Vichy et d'admettre des choix discutables comme les penchants antisémites des Pétainistes, du moins jusqu'à la fin 1942, qui aura été fatal au général GIRAUD que le Président ROOSEVELT (ci-dessus avec GIRAUD) préférait à de GAULLE. Un de GAULLE auquel ce dernier reprochait une mentalité de fasciste, pensant que c'était un opportuniste sans scrupules, un ambitieux au dernier degré, décidé à installer une dictature en France. Selon lui, le libérateur de la France aurait dit à GIRAUD que leur pays aurait besoin d'une révolution sanglante. ROOSEVELT confiera du reste à sa femme Eleanor, que de GAULLE était un soldat, un patriote certainement dévoué à son pays, mais en revanche, que c’était un politique et un sectaire et qu'il avait effectivement en lui tous les attributs d’un dictateur ».

    Déjà évadé au cours du premier conflit de 1914-18 après avoir été blessé et capturé, Henri GIRAUD avait, dès son plus jeune âge, voulu être soldat, sans doute pénétré d'un élan patriotique assez vif après la défaite de 1870. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait été considéré comme un chef de guerre de tout premier plan et qu'il ait été auréolé d'une certaine notoriété. Fait prisonnier par les Allemands le 18 mai 1940 à Sedan, où il avait eu sous ses ordres un certain colonel de GAULLE, il était en effet parvenu à s'évader, au grand désespoir d'HITLER, qui avait refusé de la faire libérer à la demande du Maréchal PETAIN en 1941 et qui, selon lui, valait trente divisions. C'est du moins ce qu'il dira à Otto ABETZ un peu plus tard. Apprenant que GIRAUD s'était évadé, il entrera du reste dans une rage folle et tentera de le faire abattre en mettant même sa tête à prix. Car parvenir à s'évader de la forteresse de Königstein à proximité de Dresde où il était détenu en avril 1942, c'était impossible. Elle avait été bâtie au XVIe siècle sur un piton rocheux dominant la vallée de l’Elbe, et située en plus à huit cents kilomètres de la France. L’alerte aussitôt donnée dans toute l’Allemagne, les autres prisonniers consignés dans leurs quartiers, les lieux fouillés, on ne retrouvera qu’une lettre adressée au commandant de la place, le général GENTHE, qui aurait pu laisser penser à un suicide. Mais aucun corps au bas de la falaise de quarante mètres ne sera retrouvé. Une affaire à devenir fou. D’autant que le matin même de ce vendredi 17 avril 1942, GIRAUD, d’excellente humeur, papotait en allemand avec son geôlier comme tous les jours, à 9 h 45. Mais au moment de l'alerte, le fugitif était déjà loin. Certes, son évasion aurait pu échouer, même si elle n’avait rien d’improvisée. GIRAUD la méditait depuis des mois, n’acceptant pas la défaite et convaincu que la France devait se libérer, vaincre avec ses alliés, sur un pied d’égalité, l’hydre nazie. En ayant organisé une pareille évasion, le général de 63 ans avait le panache et l’offensive chevillés au cœur. Prisonnier modèle, avec d’autres officiers, il avait suivi des cours d’allemand, potassé sa syntaxe, bavardé chaque jour avec ses gardiens, lu le journal. La seule voie de sortie qui lui était apparue possible sera la plus dangereuse et ce sera la falaise. Une corde de plus de quarante mètres sera tressée avec les ficelles empaquetant les colis des prisonniers, jalousement conservées au fil des mois et renforcée par un câble de campagne enroulé par petits bouts dans le caoutchouc de boîtes de conserve truquées par la société Olida. GIRAUD héritera d’un camarade une gabardine beige sans signe distinctif, chipera un pantalon usagé à un jardinier allemand, achètera à un postier un indicateur des chemins de fer prévoyant les différents itinéraires de fuite possibles. Enfin, il recevra de son épouse le message convenu: "Denise fera sa première communion le 17 avril à 10 heures." Le jour dit, un quart d’heure après le passage de la patrouille allemande dans les jardins surplombant la falaise, et le traditionnel bavardage avec le lieutenant qui la commande, le général GIRAUD descendra au bout de la corde aidé par deux camarades, tandis que sept autres généraux surveilleront les alentours. En deux minutes, le fugitif parviendra en bas du piton rocheux, s’enfoncera dans les taillis, se déguisera en promeneur, chaussera des lunettes et se rasera les moustaches. Puis il se mettra en route gagnant la gare de Bad Schandau, à une quinzaine de kilomètres de la forteresse. À peine arrivé, un jeune homme l’abordera avec un "Morgen Heinrich". Un signal qu'il attendait de son guide, Roger GUERLACH, qui s'était muni de faux papiers au nom d’Heinrich GREINER, industriel alsacien, et d'une valise contenant les vêtements correspondant à cette identité. Une fois en zone libre, Henri GIRAUD filera à Lyon, embrassera sa famille et remerciera les officiers qui l’avaient aidé à s'évader. Le maréchal JUIN considérera d'ailleurs que cette évasion était un haut fait d'arme militaire !

    Le choix difficile du Général Giraud...

    Après avoir rallié les autorités de Vichy et accepté, après l'assassinat de DARLAN, de devenir à sa place Haut-Commissaire en Afrique Française et Commandant en chef des armées, les choses se gâteront pour le général GIRAUD. Car il ne faisait aucun doute que son évasion d'Allemagne gênait considérablement Vichy. Au point même qu'il lui avait été demandé de se rendre à nouveau aux Allemands pour apaiser la colère d'HITLER. Sans doute aussi parce qu'une incompréhension entre GIRAUD et LAVAL avait très vite surgi, GIRAUD étant persuadé que les Allemands étaient d'ores et déjà foutus ! Le général n'admettait pas non plus que l'on puisse se résigner à une quelconque collaboration et il était fermement décidé à repartir au combat. Ce sont probablement ces menaces qui pesaient sur lui, tant de Vichy et de LAVAL que de la Gestapo, qui feront que les Américains et ROOSEVELT tenteront de gagner le général à leur cause dès la fin 1942. Subissant des pressions, contraint de promettre qu'il ne tenterait rien contre PETAIN, et sans qu'il tienne ses engagements estimant qu'il avait été forcé de les souscrire, il deviendra avec de GAULLE et malgré ses divergences avec ce dernier, co-Président du Comité Français de Libération Nationale à l'été 1943. Et cela au terme de ce que l'on peut considérer comme une nouvelle évasion car rester alors en France aurait été suicidaire. C'est donc avec le secours de quelques hommes qu'il s'embarquera au Lavandou pour gagner l'Afrique, inquiet néanmoins de laisser derrière lui sa femme et ses enfants. Pour son petit-fils l'amiral Hervé GIRAUD, c'est la situation désespérée de la Tunisie qui précipitera son grand-père dans la bagarre avec un certain succès puisque le général GIRAUD y fera 250 000 prisonniers. Un épisode dont on ne parle hélas jamais. Mais avec de GAULLE les deux hommes ayant une vision totalement différente de ce qu'il convenait de mettre en place en France à la Libération, GIRAUD sera exclu de ce comité en novembre 1943 après avoir tenté de mener avec succès une opération de libération de la Corse en s'appuyant sur un groupe de résistants d'obédience communiste. Et cela alors qu'on l'avait mis en garde, cette opération ayant été préalablement jugée dangereuse. La Corse sera pourtant libérée en trois semaines et sera le premier département français à l'être sans le bain de sang prévu en septembre 1943. Mais de GAULLE réussira cependant à éliminer complètement le général GIRAUD le 9 avril 1944, quelques semaines avant le débarquement allié de Normandie.

    Ce qui est certain, c'est que le profil du général GIRAUD reste peu connu et que les historiens ne sont pas encore parvenus à avoir une explication claire sur ses agissements après son évasion d'Allemagne. A-t-il voulu en avril 1942 se rapprocher de PETAIN et de Vichy pour que les siens ne soient pas inquiétés ? C'est possible. Le 4 mai 1942, il avait effectivement assuré PETAIN ne pas aller à l'encontre de l'action de son gouvernement avant de se rapprocher d'une solution américaine. Cet engagement pris néanmoins sous la contrainte pèsera lourd dans le bilan puisque cette seule action englobe aussi des actes d'antisémitisme patents qui étaient déjà connus du général. La présence de DARLAN, le représentant de Vichy pèsera également lourd dans le passif que l'on pourrait reprocher au général GIRAUD, même en tenant compte du fait que l'émissaire de PETAIN ait trahi son camp sur la fin, juste avant d'être assassiné.

    Malgré un démarrage discutable, le film visible sur Youtube évoque ci-dessous assez largement son évasion rocambolesque de la forteresse de Königstein d'avril 1942.

     

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