• Edgar, le voisin juif d'Hitler...

    .Feuchtwanger, le voisin juif d'Hitler...

    Edgar, le voisin juif d'Hitler...Edgar FEUCHTWANGER, le fils d'un éditeur munichois également avocat et chargé de cours Ludwig (ci-contre), n'a pas oublié, d'autant qu'il avait été contraint avec sa famille et comme d'autres Juifs de quitter avant-guerre l'Allemagne pour l'Angleterre le 15 février 1939. Mais, lui il était même aux premières loges de ce qui s'est construit en ces années de folie puisqu'il était le voisin d'Adolf HITLER à Munich, Prinzregentenplatz, au tout début de la carrière politique du dictateur en 1929. Une présence somme toute assez discrète puisque sur sa boîte aux lettres son nom n'apparaissait pas, pas plus que celui d'Angelica RAUBAL, la nièce avec laquelle il vivra une sinistre expérience qui se conclura fort mal pour la petite Geli. De la fenêtre de sa chambre d'enfant, alors qu'il ne savait pas encore qu'il était juif, Edgar voyait le garde nazi en faction devant l'immeuble de son trop célèbre voisin dont il sera témoin entre 1929 et 1933 de l'arrivée au pouvoir. Elle ne fera qu'empirer la situation de sa famille FEUCHTWANGER pourtant très connue en Bavière, d'autant que son oncle Lion, l'un des auteurs les plus lus à cette époque, avait cru pouvoir ridiculiser "le Fiancé de l'Allemagne" dans Erfolg, un pamphlet qui rencontrera un grand succès. A partir de 1935, la situation des FEUCHTWANGER, leur situation empirera, l'Etat de droit s'était effondré, dira-t-il. 

    Edgar, le voisin juif d'Hitler...C'est d'ailleurs Lion FEUCHTWANGER qui avait écrit la première version du Juif Süss dont on fera un film qui sera interdit en Allemagne avant que GOEBBELS en fasse un remake et ce qu'il est devenu, un grossier outil de propagande anti-juif ! Le comble, c'est que c'est cette dernière version qui restera dans les esprits et non la première ! Lion FEUCHTWANGER devra alors fuir son pays pour s'exiler en France notamment après l'interdiction de ses livres en 1933, qui seront brûlés par les nazis. Il quittera bien entendu la France pour les Etats-Unis au début de la guerre, s'estimant à nouveau en danger. En 1929, le voisin encombrant du jeune Edgar qui n'avait que cinq ans venait de quitter son modeste gite de Munich pour emménager dans le superbe appartement que le garçonnet pouvait apercevoir de sa fenêtre et qui appartenait à deux des supportrices d'HITLER. 

    Dès qu'HITLER sera aux commandes, la ville de Munich deviendra un véritable lieu de rassemblement où demeureront beaucoup de responsables nazis comme Herman GOERING, Heinrich HIMMLER, Rudolf HESS voire même Ernst ROHM qui sera assassiné en juin 1934. C'était un endroit où vivait aussi la maîtresse du Führer, une dénommée Eva BRAUN. A neuf ans, Edgar comprendra ce que pouvait signifier le nazisme, ne serait-ce qu'à l'école où une enseignante nazie profitait de son ascendant sur ses élèves pour faire passer le message et se rendre coupable d'actes antisémites. Des attitudes qui auront des conéquences sur certains jeunes enfants puisqu'un ami, Ralph, choisira de ne plus lui adresser la parole en ne l'invitant plus à ses anniversaires. L'avocat SIEGEL qui était l'un des amis de la famille sera contraint au cour de la Nuit de Cristal de défiler en caleçon à moitié dévêtu avec une pancarte autour du cou sur laquelle on pouvait lire : Je suis Juif mais je ne me plaindrai plus jamais à la Police ! On l'avait brutalisé, il avait perdu ses dents et on lui avait endommagé ses tympans. Une photo prise ce jour-là fera le tour du monde et la une du Washington Post aux Etats-Unis. Pire, avant que toute la famille s'exile en Angleterre en 1939, le père d'Edgar sera arrêté pendant la même nuit de novembre 1938 et déporté à Dachau après la visite à domicile de deux émissaires de la Gestapo. Sans que ceux-ci fassent le lien entre mon père qu'ils arrêtaient et mon oncle Lion, celui qui avait osé se moquer d'Adolf HITLER dans un pamphlet. Tous nos livres seront embarqués et jetés dans des grandes malles en bois afin d'être "mis en sécurité". Pour HITLER, dira-t-il, qu'il soit pratiquant ou pas, un Juif c'était de la vermine ! Sans imaginer qu'un jour, l'enfant qu'était encore Edgar serait en mesure de témoigner un jour de tout cela ! En 1935, nous étions devenus des citoyens de seconde zone, se souvient-il. Mais il était extrêmemnt difficile d'émigrer car si nous réussissions à partir au prix de je ne sais quelles difficultés pour obtenir un visa et trouver un pays qui veuille bien nous accueillir, face au barrage de la langue et devant l'impossibilité de trouver du travail ailleurs nous restions démunis. Une fois les Jeux Olympiques passés et l'Autriche annexée, HITLER était plus puissant que jamais. En 1939, il était clair que plus personne n'aurait pu modérer les appétits du Führer avec une persécution des Juifs à l'intérieur de l'Allemagne et des guerres à l'extérieur. Il avait réduit les oppositions à néant et était devenu un véritable magicien capable de vous sortir un lapin du chapeau !

    Feuchtwanger, le voisin juif d'Hitler...Devenu un historien britannique, Edgar FEUCHTWANGER a publié ses mémoires en Allemagne, dans la maison d'édition où travaillait son père que fréquentaient des auteurs comme Thomas MANN auxquels, enfant, il était fier de servir le thé lorsqu'ils s'arrêtaient chez leur éditeur. Après avoir accepté de participer au tournage de ce reportage qui suit, Il s'est résolu dernièrement à publier un autre ouvrage aux éditions Michel Lafon : Hitler, mon voisin où l'on ne peut être que sidéré par ce qu'il y raconte : Je suis sous la table, écrira-t-il, je vois les chaussures d’oncle Lion, blanches et noires comme la fourrure du panda que Rosie m’a montré dans un livre. Elles sentent le cirage. Celles de mon père sont brillantes, les fenêtres s’y reflètent, petites et déformées. Ma mère porte ses jolis souliers à talons hauts qui allongent ses jambes. Celles de tante Marta sont croisées l’une contre l’autre, comme deux personnes qui s’embrassent derrière un mince filet noir ; entre les fils des bas, sa peau blanche apparaît saupoudrée de grains de beauté. De ma cachette, j’écoute ce qu’ils disent. J’entends les mots, je les répète en moi sans les comprendre. J’essaye de les retenir et leur imagine un sens. C’est comme une musique qui me berce, incompréhensible, mystérieuse. Dans le film qui suit, on voit Edgar montrer à une enseignante d'aujourd'hui ses cahiers d'écolier où, chez cette institutrice du nom de WEIKEL, tout était bâti à la gloire de ce Führer antisémite. 

    Le domicile munichois du dictateur a été transformé après la guerre en commissariat de quartier, et en face, l'ex-appartement des FEUCHTWANGER abrite aujourd'hui un cabinet d'avocats. Le film réalisé bien qu'étant de qualité discutable pour la bande son et des commentaires hélas quasiment inaudibles, montre quelle auront été les images marquantes retenues par un garçonnet qui était pourtant rempli d'espoir et qui devra se tourner vers d'autres chemins que ceux qu'il voulait emprunter au début des années trente.

      

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