• Son job : parvenir à licencier des salariés !

    Son job : s'arranger pour licencier des salariés !

    Son job était de mettre les gens hors de l'entreprise sans qu'il y ait de conséquences pour celles qui l'employaient. L'un de ces personnages cyniques que sont ces sociopathes avait accepté de témoigner devant les caméras de France-Télévision voici quelques mois déjà, donnant parfois le sentiment d'avoir été fier de son rôle de "Manager de transition". Un manager capable d'avoir su mettre en oeuvre des procédures de licenciement souvent discutables qu'il ne conteste pas le moins du monde quant à leur aspect "olé-olé". Auteur d'un ouvrage publié aux éditions du Cherche-Midi (1), ce personnage au passé trouble et à la personnalité complexe ne se cache même plus aujourd'hui, d'autant qu'il a, pour chacun de ses actes, une justification à faire froid dans le dos !

    Licencier en toute impunité aura pourtant été durant vingt-deux ans son crédo, et l'homme âgé de 51 ans n'était habité que par un seul objectif, celui de mettre la personne à licencier hors de l'entreprise. Avec excellence, avoue-t-il avec froideur, sans bruit et sans esclandre, immédiatement et sans qu'il reste la moindre trace qui aurait pu être reprochée à l'entreprise donneur d'ordre. En utilisant souvent des paroles pouvant être blessantes pour ceux impitoyablement mis en cause. Une technique dont ce Didier BILLE, c'est le nom de ce sinistre personnage, qui aime à se présenter comme ayant été une machine à broyer, a usé, puisqu'il aura réussi en quelques années, en qualité de DRH pas comme les autres, à licencier un millier de personnes. Et cela dans des conditions relevant parfois du mauvais polar, désespérant au passage des quantités impressionnantes de salariés. Tout en percevant une rémunération moyenne de 240.000 € par an sur la vingtaine d'années qu'auront duré ses missions d'élagage et de dégraissage d'effectifs. Des licenciements dont le motif, infamant, restait parfois à inventer de toutes pièces, avec aussi des mises à pied intervenant à titre conservatoire parce que les objectifs fixés n'auraient pas été atteints ou qu'une prétendue faute grave aurait été commise par ceux qu'il débarquera comme des malpropres... Dans le reportage qui suit, les recettes auxquelles il faisait appel sont même montrées et expliquées, disséquées sous tous leurs aspects. C'est la première fois qu'un DRH, au comble d'un cynisme effrayant, dénonce la collusion entre les ressources humaines et les directions d'entreprise visant à dissoudre le lien social, et à instaurer une culture de la peur. Une peur qu'il aura accepté de diffuser en toute complicité, se considérant comme un simple exécutant et rien d'autre.

    En enquêtant sur ce dossier et sur cet ancien militaire soudain reconverti en DRH "coupeur de têtes", ce qui nous est apparu c'est que l'homme donne vraiment le sentiment d'être capable d'utiliser un double langage et d'avoir su distiller un climat de peur. D'abord en se présentant froidement devant les caméras d'ENVOYE SPECIAL comme la pire des ordures et comme un homme n'éprouvant aucun regret ni aucune honte. Il était, à l'entendre, missionné pour accomplir une sale besogne et il n'aurait ressenti aucun affect particulier en licenciant ses semblables, ressemblant à ces sociopathes désignés aujourd'hui d'un autre nom, puisqu'on les assimile au sein de nos entreprises à des "pervers narcissiques".

    Ensuite, en se présentant différemment, avec un peu plus de retenue, minorant même singulièrement ses responsabilités d'ancien Directeur des Ressources Humaines, puisqu'il avouera même à la journaliste qui l'interrogeait, que toutes ces pratiques le perturbaient un peu. Ce qu'il confirmera à d'autres enquêteurs venus rencontrer ce personnage d'une complexité rare habitué à faire usage de ce double langage.

    A regarder ce reportage d'Elise LUCET, qui avait déjà consacré voici quelques mois un reportage aux méthodes discutables employées en termes de management de personnel par des sociétés comme LIDL ou comme FREE, on se demanderait si notre société ne s'est pas mise à fabriquer des pervers ? En tout cas, l'équipe de la journaliste aura fait mouche puisqu'elle a reçu depuis la diffusion de cette émission plusieurs courriers émanant de cercles de dirigeants passablement choqués, ainsi que des lettres ouvertes. Comme si la vérité faisait désormais peur à ceux qui sont aujourd'hui chargés de distiller au sein de nos entreprises des concepts nouveaux de management très en vogue aux Etats-Unis ?

    (1) DRH, la machine à broyer, éditions du Cherche-Midi

     

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