• Roger-Patrice Pelat, "l'ami du Président". C'était encore une bien curieuse disparition

    Roger-Patrice Pelat, "l'ami du Président"

    Roger-Patrice Pelat, "l'ami du Président"

    L'homme savait être très discret et il aura fallu que soit révélée une ténébreuse affaire, celle d'un délit d'initiés commis dans le monde de la Bourse, délit qui l'avait vu curieusement être étrangement bien informé, pour que l'on apprenne l'existence de cet homme restée inconnue du grand public. Inculpé le 16 février 1989 dans l'affaire Péchiney, il n'aura d'ailleurs guère l'occasion de paraître puisqu'il décédera quelques jours plus tard, le 7 mars. Et cela malgré une intervention remarquée, celle de son ami le Président MITTERRAND le 12 février 1989. Profitant de l'émission 7 sur 7, il était venu s'expliquer et dire quelle était l'amitié qui l'unissait à Roger-Patrice PELAT, impliqué dans cette ténébreuse affaire et ce délit d'initié qui lui avait rapporté quelques millions de francs. Après avoir rappelé que son ami était né pauvre et qu'il l'avait rencontré en 1941 alors qu'ils étaient tous les deux prisonniers en Allemagne, le président avait solennellement déclaré à Anne SINCLAIR que si son ami avait commis une faute, il ne pourrait préserver la même qualité d'amitié. Des mots qui auraient pu sonner comme une menace de rupture. Ce que le public ignorait c'est que MITTERRAND avait pourtant eu à coeur de remercier PELAT qui avait facilité une autre transaction : le rachat de Vibrachoc, l'une des sociétés de PELAT, par ALSTOM ! Vibrachoc, qui fut, pendant près de trente ans, au coeur des activités de PELAT, avait été fondée en 1953 grâce à l'argent de son épouse et de son beau-père ainsi qu'aux conseils de M. Robert MITTERRAND, frère du futur président. Elle s'était développée et avait fini par avoir une réputation de leader dans le secteur des amortisseurs d'avion avant, cependant, de connaître quelques difficultés et d'être aux portes du dépôt de bilan. Cette générosité consentie à PELAT n'était que la rétribution de bonnes oeuvres prodiguées à des amis chers et, en premier lieu, au président de la République lui-même. Selon le juge Thierry JEAN-PIERRE, François MITTERRAND avait reçu de Vibrachoc des honoraires non négligeables: 293 000 francs entre 1972 et 1980. A partir de mai 1981, c'est son fils Gilbert qui prendra le relais, percevant près de 560 000 francs - toujours de Vibrachoc - jusqu'en 1989. D'où ce commentaire de Michel GUENOT, cité par le magistrat : « Les sommes portées en regard du nom de François MITTERRAND ne correspondent à aucune prestation réelle (...). Gilbert MITTERRAND, quant à lui, facturait des prestations mensuelles à hauteur de 7 500 francs hors taxe. Ces prestations étaient fictives. Il s'agissait là d'un moyen détourné pour assurer une rente amicale de Roger-Patrice PELAT à son ami MITTERRAND.»

    En novembre 1988, la société nationalisée française Pechiney annonce une O.P.A sur la société américaine Triangle, cotée à New York. Pechiney était particulièrement intéressée par la filiale de Triangle, American Can (ANC), qui est alors le spécialiste de l’emballage. Dans les jours qui précèdent l'annonce officielle de l'offre publique d'achat, le volume moyen d'échange du titre Triangle passe subitement de 3 500 à 200 000 titres par jour, l'action Triangle s'envolant de 10 à 56 dollars. Pechiney doit donc finalement racheter Triangle à un prix beaucoup plus élevé que prévu, ce qui ne s'avère donc pas être l'excellente affaire qui était projetée au départ. Ce gonflement des échanges ne manquera pas d'étonner les autorités de tutelle du marché américain et donc une enquête qui établira très vite qu'il y aurait eu un délit d'initiés et que des "amateurs" bien informés auraient fait leurs emplettes en empochant au passage des sommes rondelettes. Avertie par son homologue américain, la Commission des Opérations de Bourse française (C.O.B) ouvrira à son tour une enquête dont elle transmettra les conclusions au Parquet. La suite est restée dans beaucoup de mémoires puisqu'apparaîtront soudain le nom de ceux qui figuraient parmi ces amateurs bien informés, dont celui de ceux gravitant autour de la Présidence de la République et de certains de "ses amis". 

    Roger-Patrice Pelat, "l'ami du Président". Encore une bien curieuse disparition

    L'affaire à laquelle Roger-Patrice PELAT était mêlé et les poursuites qui avaient été diligentées contre lui s'éteindront donc. La caution de 4,5 millions de francs (près de 700.000 €) qui avait été versée par le défunt sera même remboursée à ses héritiers. Décédé le 7 mars 1989, cet homme d'affaires restera longtemps un personnage fort encombrant pour ceux qui avaient été ses amis : le président de la République bien entendu mais aussi Pierre BEREGOVOY qui reconnaîtra quelques années plus tard avoir pu acheter un appartement dans le XVIè à Paris grâce à un prêt de Roger-Patrice PELAT. Une affaire et quelques magouilles sur lesquelles le chroniqueur Jean MONTALDO reviendra dans un ouvrage qui n'est pas passé inaperçu : Mitterrand et les quarante voleurs (document ci-contre). Il est vrai que cette affaire Pechiney aura fait couler beaucoup d'encre puisqu'ils seront quelques-uns à avoir été soupçonnés de s'être enrichis. Le délit d'initié qui a entouré, en novembre 1988, l'achat de la firme américaine Triangle, propriétaire d'American National Can (ANC), par le groupe public Pechiney a aussitôt fait l'objet d'un certain nombre d'inculpations. Grâce aux autorités boursières américaines, un certain nombre de réseaux qui, jusque-là, bénéficiaient d'une totale impunité ont été montrés du doigt. La personnalité des acheteurs, dont neuf ont été envoyés en correctionnelle, en avait même fait une affaire très politique. Le délit d'initié constaté ou recel de délit d'initié qui a entouré l'opération aura tout de même rapporté à ses neuf auteurs quelque 48 millions de francs de plus-values (un peu plus de 7 millions d'euros). Autour de Roger-Patrice PELAT, ils seront huit autres à être inquiétés : Alain BOUBLIL l'un des conseillers de Pierre BEREGOVOY, Samir TRABOULSI, Patrick GRUMAN et Ricaldo ZAVALA, Charbel GHANEM, Leo FROM, Max THERET, Robert REIPLINGLER et Jean-Pierre EMDEN.

    De l'avis d'un autre inculpé dans cette ténébreuse affaire de délit d'initiés, un certain Max THERET ancien créateur de la FNAC, Roger-Patrice PELAT était aussi solide qu'un vieil arbre deux mois auparavant. Alors que faut-il en déduire ? Certes, l'homme aurait pu se sentir montré du doigt par la calomnie et céder devant une pression médiatique devenue insupportable, ce qu'on ne manquera pas de souligner autour de lui pour expliquer sa mort soudaine. Il est vrai qu'attaqué de toutes parts après son inculpation, l'homme aurait pu vouloir se défendre en avouant beaucoup de choses trop gênantes pour le pouvoir mitterrandien ! Une mort qui ne sera pas la dernière dans l'environnement présidentiel puisqu'après Roger-Patrice PELAT suivront les disparitions de François de GROSSOUVRE et de Pierre BEREGOVOY qui ne seront pas plus explicitées.

        

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