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Oct 1970... Le Cinq-Sept, dancing du cauchemar
Il n'y avait pas de drogue, seulement l'envie de s'amuser, de draguer et d'écouter de la musique ! Cinquante ans après, certains se souviennent encore de leur envie de s'éclater jusqu'au bout de la nuit, sans imaginer qu'ils seraient les témoins de ce qui s'est produit le samedi 31 octobre 1970 au 5-7 de Saint-Laurent-du-Pont dans l'Isère, une discothèque qui venait d'ouvrir au mois de mars précédent. L'endroit était vite devenu un lieu de rendez-vous pour toute un jeunesse et on pouvait s'y rendre en car, l'établissement ayant prévu de faire appel à un ramassage par car afin d'éviter les quelques possibles accidents de voiture qui auraient pu survenir à la sortie des jeunes gens.
A 1h40 du matin, sentant qu'il se passait quelque chose d'anormal dans les lieux, certains se dirigeront vers une issue de secours. Une issue qu'ils auront tout juste le temps de gagner avant qu'un début d'incendie embrase la discothèque et que tout le monde tente de se ruer vers les issues. Les premiers pompiers arriveront sur place à 2 heures du matin, mais trop tard pour espérer sauver quelques vies supplémentaires. Aux premières heures de la matinée, 142 corps seront retrouvés par les pompiers et les sauveteurs. Seuls quelques objets retrouvés près des victimes permettront d'identifier les victimes. La plupart n'avaient que dix-sept ou dix-huit ans ! Durant la semaine qui suivra tous les journaux ne parleront que du Cinq-Sept et il faudra que le général de GAULLE décède quelques jours plus tard pour que cesse ce que l'on considérera longtemps comme une véritable chasse au scoop !
Mais, en fin de compte, que s'était-il donc passé au Cinq-Sept pour qu'une pareille tragédie se produise ? Et qui en était responsable ? Ouvert depuis seulement sept mois, rien n'aurait pu laisser supposer qu'un tel drame se produirait ! Rien sinon une intervention, celle de quelqu'un qui aurait pu en vouloir à la société, au point que très vite on en arrivera à pointer le milieu grenoblois. Avec des pistes nombreuses : racket, ven-geance, proxénétisme, règlement de comptes... n'y aurait-il pas eu une explica-tion susceptible d'aider à comprendre ce qui avait pu se passer ? D'autant qu'une guinguette tenue par les mêmes propriétaires avait brûlé un an auparavant ! Dans le but de parvenir à éclaircir l'affaire des experts seront néanmoins nommés. Même en admettant une tentative extérieure de nuire, il fallait que l'on comprenne pourquoi le feu s'était propagé aussi vite après un premier court-circuit. On arrivera à déterminer que l'installation de chauffage défectueuse était responsable de l'incendie et que celui-ci n'aura laissé aucune chance aux jeunes qui se trouvaient à l'intérieur. La mousse de polyuréthane sera très vite désignée comme seule responsable de ce sinistre pour avoir trop facilement pris feu et avoir très vite propagé autour d'elle des flammèches qui ont embrasé l'ensemble. Mais elle ne sera pas la seule responsable des 152 morts car les tourniquets placés à l'entrée du dancing que l'on ne pouvait faire tourner que dans un sens seront eux aussi montrés du doigt. On retrouvera du reste plus d'une centaine de corps bloqués sur ces tourniquets à la suite de la panique survenue. Comment, dans de telles conditions, le dancing avait-il pu obtenir l'autorisation d'ouvrir ? Des responsables préfectoraux seront montrés du doigt et aussitôt mis à pied sans que l'on attende le procès. Un procès qui aura lieu le 9 octobre 1972, près de deux ans après l'horrible drame ! Mais sans que l'on parvienne à se mettre d'accord sur le degré de responsabilités des uns par rapport aux autres !
Les réquisitions seront jugées inacceptables par un très grand nombre de ceux qui avaient assisté aux débats et qui quitteront aussitôt l'enceinte du tribunal lyonnais estimant ne pas avoir été entendus. Le 20 novembre, en première instance, Gilbert BAS, l'un des trois propriétaires du dancing (ci-contre), les deux autres ayant péri, sera condamné à deux ans de prison avec sursis, et des peines mineures assorties de sursis seront prononcées contre les chauffagistes et le fournisseur de polyuréthane. Le maire de Saint-Laurent-du-Pont ne sera condamné qu'à dix mois avec sursis. Il n'y aura donc aucune peine de prison ferme de prononcée contre les responsables. Cinquante ans plus tard, la ville que le maire avait administrée, porte encore les stigmates de cette horrible affaire ! Les parents et les amis des victimes qui ne peuvent totalement oublier ce qui s'est passé à la Toussaint 1970 ont fait ériger six ans plus tard un mémorial à l'endroit de l'incendie qui rappelle ce que fut le drame et où l'on peut se recueillir ! (photo ci-dessous). Sur la plaque qui énumère le nom de ceux qui ont péri dans l'incendie, ils n'ont pas voulu faire figurer celui des deux propriétaires de l'affaire qui auront perdu la vie cette nuit-là, ce qui est compréhensible.
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