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Mein Kampf, la Bible damnée rééditée en France
« Les Juifs sont des sangsues et l'Allemagne a besoin d'un espace vital et d'occuper le territoire qui lui revient » On ne saurait être plus clair et un véritable plan de domination du monde avait été conçu. Pour le futur dictateur nazi, il fallait se débarrasser des Juifs parce qu'ils étaient responsables d'une dégénérescence de l'Allemagne ! La catastrophe était donc prévisible et l'ouvrage dans lequel il figure : Mein Kampf, le document brûlot conçu par Adolf HITLER en atteste. Un ouvrage dont le titre aurait été trouvé par son ancien supérieur hiérarchique, le sergent Max AMANN qui dirigera très vite la maison d'édition du parti nazi : EHER VERLAG à charge pour celle-ci de le publier.
Rédigé en 1924 lors de son incarcération à la prison de Landsberg, la publication de ce document contestable se révélera une opération assez lucrative pour le dictateur nazi puisqu'il en tirera suffisamment de revenus pour éponger les dettes du procès qui lui avait été intenté après sa tentative de putsch de novembre 1923 et pour acquérir son Berghof. Surtout une fois devenu le leader incontesté en Allemagne. Une version française de Mein Kampf traduite sans qu'aucune donnée n'ait été expurgée vaudra à son éditeur français, un certain Fernand SORLOT de devoir répondre à une plainte d'Adolf HITLER. En effet, SORLOT qui n’avait pas acquis les droits de traduction sera assigné au tribunal, une plainte ayant été déposée contre lui par Eher-Verlag et les stocks saisis. Depuis son accession au pouvoir, HITLER cherchait en effet à masquer ses ambitions militaires en dehors de l’Allemagne, cette dernière n’étant alors pas prête à faire la guerre. Surtout avec la France, l'ennemi public n°1 pointé du doigt dans l'ouvrage et soupçonné d'être un pays où la dégénérescence allait bon train à cause d'un métissage condamnable.
Longtemps enfoui dans les mémoires, un peu plus de 12 millions d'exemplaires de ce "torchon" seront imprimés après l'arrivée au pouvoir des nazis. Version en braille pour les non-voyants, exemplaire remis dès 1933 aux jeunes mariés, tout avait été prévu pour que l'ouvrage se répande. Et il continue à être imprimé un peu partout aujourd'hui malgré les interdictions, puisqu'on parle de 70 millions d'exemplaires diffusés, les droits ayant été vendus dans plusieurs pays après 1933. Même si l'on doute que tous les Allemands l'aient lu ! Mein Kampf, la Bible damnée a longtemps été interdite en Allemagne dès la fin de la guerre et peu d'Allemands nés après la guerre y auront eu accès.
L'ouvrage est aujourd'hui, en Allemagne, placé sous le contrôle étroit de l'Etat qui a longtemps souhaité empêcher sa réimpression, ne serait-ce que par respect pour les victimes. Avant de se raviser puisqu'il est à nouveau réédité depuis 2016 et qu'il s'en serait déjà écoulé plus d'une centaine de mille. Le livre désormais libre de tout droit et de toute autorisation préalable à l'extérieur n'est pas étranger à la décision de l'éditeur français Fayard de publier à son tour cet ouvrage scandale en France. C'est Florent BRAYARD, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de l'histoire de la Shoah qui serait chargé de piloter ce projet avec le concours d'une quinzaine se spécialistes, chercheurs et historiens, car cette édition serait complétée par une annexe critique. Jusqu'alors et le reportage qui suit le montre, des versions avaient déjà continué à être régulièrement imprimées, comme au Danemark depuis 1998, comme en Egypte, en Libye ou en Syrie où ce poison est donc libre d'agir sur les esprits les plus dérangés depuis quelque temps.
Fallait-il rééditer cet ouvrage de haine avec tous les risques que cette initiative peut induire ? Le débat est ouvert.
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