Ce tacticien hors pair s'était donné une mission, celle de couler le plus de bateaux possible le plus vite possible. Mais l'homme qui dirigeait la marine nazie depuis 1943 et qui avait succédé à l'Amiral READER, était l'un des derniers dignitaires nazis inquiétés à Nuremberg en octobre 1945. Il sera aussi celui qui dirigera pendant quelques jours l'Allemagne après la disparition d'Adolf HITLER dans le bunker de Berlin. Condamné à une peine symbolique de prison de dix années à purger à Spandau en octobre 1946, l'Amiral Karl DOENITZ surnommé "Le lion" reste, il est vrai, l'un des dignitaires du régime les moins impliqués dans tous les crimes perpétrés et relevés après la défaite nazie du 8 mai 1945. Pourtant, beaucoup diront que l'alliance de DOENITZ et d'HITLER était une alliance contre la raison et qu'elle aura fini par coûter la vie à de nombreux Allemands.

Pour DOENITZ, la prise de pouvoir d'HITLER en janvier 1933 c'était un nouveau et salutaire départ pour la nation allemande et après une longue période de disette l'assurance d'une remise en ordre nécessaire. L'assassinat de Ernst ROHM, il le vivra même comme l'acte d'auto-défense d'un état. La marine dont il faisait déjà partie se soumettra dès lors totalement au nouvel homme providentiel qu'était Adolf HITLER et comme tous les autres soldats, Karl DOENITZ prêtera serment jurant de servir leur Führer, au besoin jusqu'à la mort. En août 1935, il sera nommé commandant de la première flottille de U-Boote de la Reichsmarine appelée ensuite à devenir la Kriegsmarine. Convaincu qu'il avait un rôle à jouer à la tête de ses U-boote, il choisira cependant de ne pas cautionner des actes comme ceux commis pendant "La nuit de cristal" en novembre 1938 avant, ensuite, de se rapprocher du "Fiancé de l'Allemagne". La guerre venue, l'objectif de DOENITZ sera de parvenir à affamer l'Angleterre en livrant à la tête de ces sous-marins une lutte sans merci. Conscient du danger que représentait un possible débarquement allié, il fera construire d'énormes bunkers pour protéger ses sous-marins comme à Lorient où il occupera les locaux de la villa Kernevel à Larmor-Plage. Sans pour autant parvenir à stopper un désastre devenu flagrant en février 1943 après Stalingrad ! Après avoir relevé Heinrich HIMMLER de toutes ses fonctions le 5 mai, l’Amiral annulera l’ordre de destruction massive d’Adolf HITLER qui avait fait bondir SPEER mais il maintiendra jusqu’à la chute du régime la terreur qu’il défendait pour garantir l’obéissance absolue des troupes aux ordres venus de Berlin. Après quelques autres tentatives de résistance, DOENITZ essaiera de négocier une paix séparée à l'ouest mais les Alliés, fermes, lui demanderont de capituler sans conditions. Ce qui sera fait le 8 mai 1945.

Avec 300 officiers de son état-major replié à Flensburg hors de Berlin, Karl DOENITZ sera arrêté par les Alliés le 23 mai 1945 sans avoir pu mener jusqu'au bout son opposition face aux Russes à l'est. Ce seront 23 jours de pouvoir consacrés à la négociation de la capitulation, à la sauvegarde d'un million et demi d'Allemands coincés à l'Est, puis à la recherche d'un consensus avec les Américains et les Britanniques afin d'éviter les Russes.