C'est cet ignoble personnage (ci-contre après la guerre), ancien chef de la section des affaires juives de la Gestapo en Belgique, qui avait été chargé avec quelques autres de veiller à la déportation des Juifs en Belgique. Entre le 28 octobre 1940 et le 1er juin 1942, 17 ordonnances anti-juives avaient été promulguées par le Gouverneur pour la Belgique et le Nord de la France. Les Juifs recensés, seront exclus de la fonction publique, de l’enseignement, de la magistrature et des médias. Sous la direction de Kurt ASCHE, et pendant un peu plus d'un an à partir d'août 1942, ce seront 10 000 Juifs qui seront déportés.

Muté en Belgique au début de l'année 1941, il sera le premier des responsables nazis à être employé pour remplir les différents camps existants et davantage encore dès l'été 1942 et la mise en oeuvre de "la solution finale". En contact étroit avec Adolf EICHMANN il ira même jusqu'à créer une association, l'A.J.B, chargée en Belgique de la distribution des étoiles jaunes et de superviser les déportations vers Auschwitz ! En allant jusqu'à planifier des rafles pour quérir ceux qui avaient la mauvaise idée de se défiler et de ne pas donner suite à ses convocations ! Des quelque 12 000 Juifs qui seront convoqués sous le fallacieux prétexte d’une mise au travail, seuls 4.023 tomberont dans le piège et se présenteront. 

La déportation des Juifs de Belgique vers le camp d’extermination d’Auschwitz débutera le 4 août 1942 et s’achèvera le 31 juillet 1944. Le premier convoi comportera 998 personnes dont 140 enfants de moins de 16 ans. Les victimes seront d’abord concentrées à Malines, une petite ville située à mi-chemin des agglomérations de Bruxelles et d’Anvers où résidaient plus des 9/10^es de la population juive du pays. C'est la caserne Dossin de Saint-Georges (photo ci-contre) qui servira de camp de rassemblement. Vingt-huit convois de déportés quitteront Malines pour gagner ensuite Auschwitz. Plus des deux tiers d’entre eux seront assassinés dans les installations de gazage de Birkenau dès leur arrivée. Après la guerre, de nombreux témoins décriront Kurt ASCHE comme une sorte de « diable sur la terre » qui avait par ailleurs largement profité des biens de ceux qu'il faisait déporter et conduire à la mort. Il sera, en raison de ces faits, muté à Gand avant d'être par la suite condamné par un tribunal militaire allemand à 16 mois de prison qu'il purgera à Mauthausen. Hormis une éphémère Association des Anciens détenus de la Caserne Dossin de Malines, les victimes de la déportation raciale resteront désorganisées. L’absence d’une reconnaissance étatique de leur statut de victimes spécifiques ne favorisera donc pas l’émergence d’associations les regroupant ni les poursuites qui auraient pu être entreprises. 

ASCHE disparaîtra jusqu'en 1962 grâce à une fausse identité et c'est grâce aux KLARSFELD qu'on retrouvera sa trace en 1975. En novembre 1975, l’acte d’accusation contre ASCHE sera signé par le Procureur général et conclura à la nécessité d’un procès en Cour d’assises. Mais en février 1976, la Chambre d’Accusation du Tribunal de Flensbourg refusera d’ouvrir le procès, estimant que l’acte d’accusation n’était pas assez fondé pour obtenir une condamnation des inculpés. Après cinq années de tergiversations et le suicide d'un complice du nom de EHLERS, un procès se tiendra néanmoins. La Cour d’assises allemande retiendra, en qualité de parties civiles quelques ayants droit de disparus formellement identifiés. Les autres, tous les autres s'étaient perdus dans la comptabilité anonyme de la déportation telle qu’elle figurait dans le dossier. ASCHE sera condamné en juillet 1981 à sept années de réclusion, une peine tenant compte de son grand âge. Il trouvera donc le moyen d'enquiquiner tout le monde jusqu'au 16 avril 1997, date à laquelle à Hambourg il finira fort heureusement par décéder !