Comme quelques autres nazis, le général Karl WOLFF qui encadrait une brigade de Waffen SS dira n'avoir pas su que l'on exterminait des juifs dans des camps comme Auschwitz ou Bergen-Belsen voire Treblinka. Jugé pour crimes de guerre (photo ci-contre), il avait dû se convaincre que c'était le seul moyen d'échapper à des peines lourdes d'emprisonnement et donc... Ce qui fera de lui un personnage assez controversé et qui est difficilement admissible chez un homme qui aura été le chef d'état-major de HIMMLER et son chef de liaison avec HITLER. et qui aura assisté en compagnie du Reichsführer à l'exécution d'un déporté. Effectivement sur ordre de HIMMLER, il avait dû, malgré sa répugnance, accompagner celui-ci sur un lieu d’exécution et assister à la mise à mort de quelque 100 à 120 hommes. Une mise à mort que HIMMLER lui-même aura du mal à conduire et qui le verra vomir. Ce qui le sauvera probablement au moment de devoir répondre de ses actes sera son attitude car WOLFF était un fin diplomate aux manières les plus distinguées tranchant même avec celles que l'on attendait d'un SS brutal ; et, même sur le banc des accusés, avec son air de dandy, il gardera cet air distingué, élégant et soigné. Le pire de l'histoire, c'est que c’est en gants blancs qu’il transmettait ses ordres sanguinaires. L'une de ses lettres adressées à l'un de ses subalternes suffira à mieux cerner quel type d'homme et de responsable Karl WOLFF pouvait être :

« Cher camarade du parti,
En mon nom et en celui du Reichsführer S.S. je vous remercie sincèrement de votre lettre du 28-7-1942.
C’est avec une joie particulière que j’ai pris connaissance du fait que, depuis 14 jours, roule quotidiennement vers Treblinka un train avec environ 5.000 représentants du peuple élu et que nous sommes ainsi en mesure de faire accomplir ce transfert de population à une cadence accélérée. J’ai pris l’initiative d’un contact avec les services intéressés, de sorte qu’une exécution de ces mesures semble assurée sans accroc.
Je vous remercie encore une fois de la peine que vous vous êtes donnée dans cette affaire et me permets de vous demander par la même occasion de continuer à veiller à ces affaires.
Avec mes meilleures salutations, Heil Hitler. »

Avec un nom pareil, celui qui finira par être général, avait toutes les chances de plaire à Tonton Adi "le fiancé de l'Allemagne" en digne représentant d'une meute de sauvages ! Mais il faudra pourtant que ce fils d'un juge de tribunal de district attende le second conflit pour que de lieutenant à l'issue de la guerre de 1914-18 il puisse gravir les échelons et notamment ceux de la SS où il s'était enrôlé en 1932. Cela après avoir travaillé à la Deutsche Bank à la suite d'une démobilisation conséquence du Traité de Versailles et des obligations liées à un désarmement allemand. Il semble que sa concurrence avec Reinhard HEYDRICH sous la houlette de Heinrich HIMMLER lui ait profité et lui ait valu à l'été 1943 d'être devenu un chef SS à part entière, responsable du nord d'une Italie occupée. HIMMLER qui l'appelait « Wölffchen » (petit loup) lui rendra d'ailleurs hommage après qu'il se soit rétabli à la suite d'une délicate opération chirurgicale. Le 13 septembre 1943, convoqué à une réunion avec HITLER, celui-ci lui confiera une mission spéciale qu'il devra garder secrète et dont seul le Reichsführer HIMMLER avait été informé. Celle d'occuper avec ses troupes la Cité du Vatican, d'y sécuriser ses archives et ses trésors artistiques, et d'emmener le pape et la curie vers le nord pour qu'ils ne tombent pas entre les mains des Alliés. Une mission que WOLFF n'exécutera pas, tout en retirant d'importants trésors d'art de Monte Cassino. 

Le 29 avril 1945 à Caserta en Italie, la veille de la mort d’HITLER, le général SS Karl WOLFF signera un document de reddition au nom du général von VIETINGHOFF, après de longues négociations secrètes non autorisées avec les Alliés occidentaux, alliés qui étaient considérés avec une grande méfiance par l’Union soviétique comme désireux de parvenir à une paix séparée. Dans le document, WOLFF acceptait un cessez-le-feu et la reddition de toutes les forces sous le commandement de VIETINGHOFF dès le 2 mai, 14 heures. Arrêté en mai 1945, Karl WOLFF sera condamné à une peine de quatre ans d'enfermement avant d'être à nouveau jugé en 1962 pour la déportation de 300 000 juifs au camp d'extermination de Treblinka et complicité de génocide. Il sera condamné à 15 ans de travaux forcés, mais il sera libéré en 1969 pour raisons de santé et décédera en 1984.