• Hjalmar Schacht, le banquier du diable

    Hjalmar Schacht, le banquier nazi véreux

    Surnommé "le banquier du diable", il a effectivement été le banquier d'Adolf HITLER mais aucune charge ne sera retenue contre lui à Nuremberg en octobre 1946. Sans doute était-on parti du principe qu'il n'avait pas trempé directement dans les assassinats programmés par les nazis et qu'il ne s'était borné qu'à conseiller le maître de l'Allemagne sur le plan des finances du Reich. Ce qui est pourtant loin de faire l'unanimité des avis de gens qui dressent de lui un tout autre profil que celui qui a été retenu par les juges !

    Né en janvier 1877 au Danemark au sein d'une famille modeste de Prusse, Hjalmar SCHACHT n'était pas quelqu'un qui aurait pu être considéré comme appartenant à l'extrême-droite. Mais c'était un opportuniste qui aimait avoir raison et qui se voyait tout à fait occuper de très hautes fonctions. Ses études d'économie et un doctorat dans le domaine le lui permettront après avoir occupé des fonctions de direction à la Dresdner Bank dès 1909. Durant le premier conflit mondial, il aura d'ailleurs très vite la possibilité de se faire remarquer en administrant intelligemment les finances de la Belgique après l'occupation allemande de 1914. Un début de notoriété qui le verra rencontrer les personnalités les plus éminentes. L'homme était écouté et en 1923, à 46 ans, il sera bientôt chargé d'arrêter la fuite de la monnaie dans une Allemagne soudain confrontée à l'impossible. Nommé commissaire à la monnaie, il parviendra à stopper la forte inflation devenant du même coup une figure assez populaire. Mais hélas, cette République de Weimar à laquelle il collaborait n'était pas suffisamment armée pour que l'Allemagne puisse retrouver sa splendeur passée. Nommé à la tête de la Reichsbank, il sera bientôt chargé de renégocier les dommages de guerre étouffants qui pesaient sur l'économie allemande, ce qui lui vaudra de fréquenter des industriels et... un certain GOERING après s'être brouillé avec le chancelier BRUNING appartenant au Zentrum.

    Hjalmar Schacht, le banquier nazi véreux

    Fasciné par le charisme d'HITLER, il a très vite été l'un de ses partisans même s'il se défend d'avoir été un nazi de la première heure. Habile, il n'était cependant pas convaincu de la crédibilité du programme économique de l'intéressé. Il prétendra plus tard qu'il n'avait aucune idée en 1933 des excès que les nazis allaient commettre et qu'il pensait que le caporal autrichien était un aventurier politique sorti des bas-fonds sociaux où fourmillent les naissances illégitimes. A lire ces propos versés dans un portrait publié chez Gallimard, on aurait presque le sentiment d'avoir raté un épisode. C'est cependant grâce à sa notoriété auprès des industriels et de la cote qu'il avait su gagner à l'extérieur du pays qu'il parviendra à se hisser aux plus hautes fonctions, devenant d'abord Président de la Reichsbank avant d'être nommé ministre de l'Economie du Reich. Un poste où, bien qu'il n'ait pas adhéré au NSDAP, il sera encensé par HITLER. Il trouvera d'ailleurs vite des solutions propres à relancer l'industrialisation du pays et de quoi financer son développement. Grâce à l'émission d'une monnaie parallèle et l'émission de bons, les fameux bons d'épargne MEFO (Metallurgische Forschungsgesellschaft) destinés au financement de l'état, il parviendra même à attirer des capitaux extérieurs. L'avantage pour l'Allemagne était que ces bons MEFO n'étaient pas considérés comme de la masse monétaire. Pour SCHACHT, ils n'étaient qu'une anticipation sur les revenus futurs de l’État allemand, c’est-à-dire une technique dite de « pré-financement ». Seulement à l'arrivée de l'échéance de ces bons, HITLER décidera que ces revenus futurs de l'état se devaient de s'appuyer sur des conquêtes extérieures comme ce sera le cas avec la Tchécoslovaquie et l'annexion de productions comme Skoda. SCHACHT se serait défié de l'emploi des capitaux collectés et des projets de guerre d'HITLER, préférant s'atteler aux courbes du chômage qui avaient failli avoir raison de son pays et aussi au fait que les Allemands continuaient à supporter une véritable disette en 1935 et même pendant les Jeux Olympiques de Berlin. Certes, c'est un peu grâce à lui si 7 millions de chômeurs parviendront à retrouver un emploi après 1933. Ce que nient certains spécialistes qui s'appuient sur un certain nombre d'autres mesures prises dès 1932 par le chancelier BRUNING. Ce qui est néanmoins plus paradoxal au vu de l'examen du profil du ministre nazi sont les relations qu'entretenait SCHACHT avec le Troisième Reich car l'homme avait été franc-maçon et il avait été initié dans une loge à Berlin en 1908. Etait-il parvenu à s'éloigner de ces obédiences ou à taire ses anciens centres d'intérêt ? La question mériterait d'être soulevée.

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    Alors que c'était un parfait antisémite, il jouera les pleureuses et se dira avoir été choqué par ce que La nuit de cristal avait provoqué et par la déportation massive de Juifs, une opposition avec GOERING le verra quitter ses fonctions de ministre de l'Economie et se rapprocher des opposants à HITLER. Inquiet de ce qui se passait dans un pays qu'il avait contribué à redresser, il assistera au chaos de la Seconde Guerre Mondiale. Mais sans pouvoir s'y opposer. Jusqu'à le voir impliqué dans le projet d'attentat de juillet 1944 qui lui vaudra d'être inquiété, arrêté et déporté dès le 23 juillet 1944. D'abord à Ravensbrück puis à Flossenburg et enfin à Dachau. Arrêté par les Alliés après avoir été délivré de Dachau, toujours considéré comme un dignitaire nazi, il sera entendu au procès de Nuremberg et accusé de complot et de crimes contre la paix. Ce qui aurait pu le faire condamner, c'est qu'il ne s'était pas opposé à la spoliation des Juifs décidée à partir de 1935 mais ses arguments finiront par l'emporter et il sera définitivement libéré après être passé par un processus de dénazification. 

    Sa personnalité sulfureuse, hautaine et imbue d’elle-même ne cachait pas l'homme brillant et glaçant qu'était Hjalmar SCHACHT, un homme à multiples facettes qui ne sera jamais rattrapé par son passé ce qui est pour le moins surprenant au vu du déroulement de sa carrière de responsable au sein du Troisième Reich. Un Troisième Reich dont il avait soutenu la création en tentant d'adresser une pétition au Président HINDENBURG appelant HITLER aux responsabilités. Il n'aurait, dit-on aussi, jamais apprécié les pires excès de la politique d'exclusion des nazis, mais en bon antisémite, il en aura cautionné les premiers pas législatifs de la loi de 1935 adoptée à Nuremberg contre les Juifs, même sans être intervenu dans la rédaction des textes. Contrairement à certaines autres affirmations, on prétendra même que SCHACHT n'était pas un antisémite, ce qui paraît difficilement admissible.

    le 3 juin 1970 il décédera à 93 ans. Il avait créé en 1950 une banque d'investissement et il avait trouvé après 1948 à conseiller plusieurs pays en voie de développement et il accompagnera l'Iran dans la renégociation de ses contrats pétroliers. L'économiste Jean-François BOUCHARD dont les conclusions ont parfois heurté dira de lui que c'était un génie et un rationaliste qui analysait une situation, qui déterminait le principal problème à résoudre avant de prendre toutes les décisions nécessaires pour y parvenir, décisions auxquelles il se tenait, à tout prix. Nous, nous restons convaincus que c'était un antisémite qui n'a pas craint de faire du cinéma pour s'exonérer de charges qui l'auraient englouti !  

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