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Henri Grouès dit l'Abbé Pierre, l'insurgé de Dieu
Jusqu'au bout "il" se sera opposé aux conditions miséreuses proposées à ceux qui n'avaient d'autre choix que celui de les accepter pour échapper souvent à la mort. "Il" c'est cet homme généreux ci-dessus, Henri GROUES qui nous a quittés voici déjà une quinzaine d'années et qui était plus connu sous le nom d'Abbé PIERRE. Mais qui était-il cet homme, sinon une des personnalités préférées des Français. Assurément un homme d'une grande générosité que les plus jeunes n'auront hélas pas connu ?
Né le 5 août 1912 à Lyon au sein de négociants soyeux lyonnais aisés et cinquième enfant d’une famille catholique bourgeoise de huit enfants, rien ne poussait l'Abbé PIERRE à entreprendre ce qu'il a entrepris, si ce n'est qu'il vaquait déjà à l'âge de six ans avec son père à différentes tâches qui les voyaient tous les deux s'occuper en fin de semaine des sans abri et mendiants de l'endroit où ils vivaient. Ce n'est cependant qu'à l'âge de seize ans, en 1928, lors d'un pèlerinage à Rome alors qu'il avait découvert le scoutisme qu'il connaîtra ce qu'il a appelé "un coup de foudre avec Dieu". Dès lors il fera vœu de pauvreté et devenu moine capucin en novembre 1931, à 19 ans il découvrira au cours de sept années de monastère ce que pouvait être la réflexion et également la rudesse de la vie monastique. En 1938 il sera ordonné prêtre avant de quitter les Capucins et de gagner le diocèse de Grenoble. Homme d'engagement, il n'hésitera pas durant l'occupation à devenir Résistant avant, un temps, d'être député à l'Assemblée Nationale puis de fonder le mouvement d'EMMAUS. C'est d'ailleurs pour tenter d'échapper aux Allemands qui l'avaient arrêté en 1943 sachant que ce vicaire accueillait des enfants juifs. qu'il prendra le nom d'Abbé PIERRE, un nom qui lui restera ensuite définitivement. Il parviendra néanmoins à se sauver de leurs griffes grâce à une diphtérie qui lui évitera probablement la déportation. Devenu un résistant actif, il créera et supervisera après coup des maquis dans les massifs du Vercors et de la Chartreuse et il fera passer le plus jeune frère du général de GAULLE en Suisse. C'est du reste sur les conseils de l'entourage du général qu'il se lancera en politique et qu'il sera élu député de Meurthe-et-Moselle en octobre 1945 puis à deux autres reprises.
Frappé en 1954 par deux vagues de froid très importantes : on relèvera dans le pays -21 degrés à Mulhouse, - 13 à Paris et même -30 à Wissembourg dans le Bas-Rhin, l'abbé PIERRE lance sur Radio-Luxembourg, pas encore devenu le futur RTL que l'on connaît un appel resté célèbre pour demander une "insurrection de la bonté" et pour protéger les sans-abri qui meurent de froid. Une somme considérable de plus de 700.000 euros, ce qui était énorme pour l'époque, permettra de construire des hébergements d'urgence. Ce combat aura aussi permis l’adoption de la loi interdisant l’expulsion de locataires pendant la période hivernale. Sa popularité sera un rempart contre les quelques imprudences qu'il commettra. Ainsi, en avril 1996, l'abbé PIERRE soutiendra le négationniste Roger GARAUDY après la publication de son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, dans lequel l'auteur expliquait que les juifs auraient inventé la Shoah pour justifier l'expansion d'Israël. GARAUDY était une connaissance de longue date du fondateur d'Emmaüs et celui-ci expliquera par la suite avoir agi par amitié.
Derrière sa silhouette frêle, ce religieux, combatif et courageux qui avait une force phénoménale, est mort le 22 janvier 2007, à 94 ans à l'Hôpital du Val-de-Grâce, des suites d'une infection du poumon droit consécutive à une bronchite. Même diminué, il avait tenu un an auparavant à se rendre à l'Assemblée nationale pour s'opposer aux députés qui voulaient vider de sa substance la loi obligeant plusieurs centaines de communes à construire des logements sociaux sur leur territoire. Notre sœur la mort", comme il la désignait, l'abbé PIERRE l'aura souvent côtoyée. Par accident lorsqu'il "dévissera" dans un glacier alpestre pendant la guerre ou lorsqu'en juillet 1963 il échappera de justesse au naufrage d'un bateau argentin dans le rio de la Plata. Mais surtout à cause de la maladie. Jamais, peut-être, il n'aura réussi à puiser au tréfonds de lui-même autant de ressources physiques et mentales pour venir, des décennies durant, au secours de son prochain d'autant que pulmonaire, il devait fréquemment interrompre ses études, au collège des jésuites de Lyon. Mieux, alors qu'il souffrait de la maladie de Parkinson, les médecins réussiront à en stopper les effets. Il repose dans le cimetière de la communauté d'Emmaüs d'Esteville, en Seine-Maritime.
Alors que dans deux mois se profileront à nouveau des menaces pour ceux qui, confrontés à la dictature oppressante de petits financiers à la manque, auront tout perdu comme d'autres voici déjà près de soixante-dix ans, il reste comme seul rempart cet appel, son appel à lui l'Abbé qui avait tant ému la France durant l'hiver 1954 (à voir ci-dessous) !
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