• Georges Guingouin, le maquisard dont on voulait la peau

    Georges Guingouin, le maquisard dont on voulait la peau

    Georges Guingouin, le maquisard dont on voulait la peauFils d'un sous-officier mort au front en 1914, il aura été le résistant le plus décoré de France, et pourtant... Pourtant, c'est loin des siens et de sa terre limougeaude que disparaîtra Georges GUINGOUIN en 2005, à 92 ans.

    Devenu communiste à la veille du Front Populaire de 1936, blessé en juin 1940 après avoir été mobilisé, il quittera l’hôpital pour éviter d’être fait prisonnier par les Allemands. et il sera d'ailleurs vite hors de question que Georges GUINGOUIN collabore avec Vichy. D'où sans doute cette opposition qui en fera pour un Jacques DUCLOS appelé à remplacer Maurice THOREZ au moment de la signature du pacte de non-agression liant les nazis et l'URSS, un opposant et un militant qu'il convenait de surveiller. Cependant et malgré l'interdit qui frappait les communistes jusqu'à l'été 1941, "Lou Grand" réorganisera les cellules dont il avait été l'un des responsables en Haute-Vienne. Il obtiendra même la reconnaissance et le soutien des agriculteurs de la région et c’est parmi eux qu’il recrutera le gros de ses futures troupes, notamment ces « légaux » qui, tout en menant dans leur ferme ou leur village une vie « normale », lui fourniront une aide primordiale. Suspendu de ses activités d'enseignant par le rectorat, puis condamné aux travaux forcés par le régime de Vichy pour vols de documents, il deviendra dès lors l'un des résistants les plus actifs de la région de Limoges. Ainsi, en janvier 1943 dévalisera-t-il une poudrière afin de se procurer les munitions dont ses hommes avaient besoin. Il capturera également le n° 2 de la phalange nazie Das Reich qu'il fera ensuite exécuter apprenant ce qui s'était passé à Oradour-sur-Glane. Mais, en 1944, malgré l'ordre qui lui avait été donné par l'un des responsables communistes, il refusera de libérer Limoges, s'inspirant de l'exemple de Tulle quelques semaines plus tôt et d'une localité qui avait cru trop vite à sa libération. Sans doute sa profonde capacité d'analyse et son humanisme l'amenaient-il toujours à ne pas livrer à la boucherie les hommes qui l'avaient rejoint et qui s'étaient placés sous son commandement, même face à un diktat. Et pour les dirigeants communistes, il n’était plus question en 1944 de se débarrasser de GUINGOUIN, que le succès de ses actions et sa popularité rendent incontournable. Il participera finalement à la libération de la ville deux mois plus tard sans l'appui des forces armées extérieures. Devenu maire de Limoges en 1945, il ne sera cependant pas réélu deux ans plus tard. Vivement attaqué par des responsables communistes en novembre 1945, il sera démis de ses fonctions au PCF puis exclu pour avoir interpellé Maurice THOREZ et lui avoir demandé des explications à la suite du traitement particulier dont il était l'objet. Le Parti Communiste le réhabilitera sur le tard en 1998 à un moment où il n'attendait plus rien. Marcel RIGOUT, l'ancien ministre communiste du gouvernement de Pierre MAUROY, reconnaîtra, dans un communiqué, que Georges GUINGOUIN, "tout au long de sa vie, de ses combats, avait toujours été un homme de conviction allant au bout de ses idées" et qu'il fut "d'un grand courage et d'une grande fidélité à son idéal"."

    Accusé en 1953 du meurtre de deux paysans, l'après-guerre le verra mis en cause dans une affaire qui fera la une de nombreux médias. Le 24 décembre, répondant à une convocation du juge d’instruction de Tulle pour témoigner dans une affaire d’assassinat remontant à novembre 1945, dans laquelle étaient mis en cause deux anciens membres du maquis, il ressortira du bureau du juge menottes aux mains et accusé de « complicité d’assassinat ». Aussitôt incarcéré à la prison de Brive, cette arrestation succédera à une nouvelle campagne de calomnies, initiée cette fois par le socialiste Jean LE BAIL, battu par GUINGOUIN aux municipales de 1945 mais élu député de Limoges en 1946. Après avoir apostrophé le juge, sévèrement rossé par deux gardiens à son retour en cellule, il sera interné à Toulouse considéré comme en état de démence pour s'être opposé au traitement dont il était l'objet. Il est vraisemblable que l’affaire avait été montée et suivie par d’anciens fonctionnaires du gouvernement de Vichy, restés à leurs postes ou réintégrés après la Libération qui voulaient se venger de lui. Georges GUINGOUIN sera finalement lavé de tout soupçon, au terme de plusieurs années d’un combat judiciaire où s’illustreront deux jeunes avocats promis à un brillant avenir : Robert BADINTER et Roland DUMAS. Il bénéficiera d'un non-lieu en 1959 et, parti s'installer en Champagne, il y redeviendra enseignant avant de prendre sa retraite en 1968. "Lou grand" décédera en 2005 à 92 ans.

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