Son nom ne revient pas souvent quand on parle de résistance et pourtant !... Pourtant Bob NANT grâce à sa fougue et son mépris du danger, très vite affecté aux Groupes francs (GF) de Chambéry s’illustrera sans attendre dans de nombreuses opérations demeurées célèbres : distribution de tracts et de journaux de la résistance, destruction des laminoirs de l'usine de l'Aluminium français et d'un train de munitions à la gare SNCF de Chambéry, qui évitera un bombardement à la ville, mise à sac du siège de la Milice, avec un dynamitage qui fera tomber toutes les vitres de la Place Porte Reine... jusqu'à une embuscade pour s’emparer d’un transport d'essence aux Echelles le 16 novembre 1943.

C'est parce qu'il ne voulait pas rester à la charge de son oncle et sa tante qui l'avaient hébergé à la mort de ses parents et dès le début de la guerre qu'il était entré comme élève à l'école militaire des pupilles de l’Air d'Istres. Après l’armistice de 1940, Bob et plusieurs de ses camarades, rejoindront le futur maire de Chambéry et ministre du général de GAULLE que sera Pierre DUMAS pour fonder le premier mouvement organisé de résistance en Savoie regroupant des élèves du lycée de garçons et de l’école professionnelle. De nombreux ouvrages rendent compte du rôle important joué par cette " trentaine " de jeunes qui n’admettaient pas la honte de l’armistice et étaient résolus à résister à l’occupant. « Brûlé » en Savoie et condamné à mort, Bob NANT passera plusieurs semaines caché d’une planque » à l’autre avant de rejoindre les Groupes Francs de Lyon. Le 27 mai 1944, en tentant de libérer un membre du réseau "Corvette", il tombera dans les mains de la Milice de Lyon. Le reste de son groupe capturé, il sera brûlé vif dans une grange à St Genis-Laval. D’abord pris pour un petit truand cherchant à se faire rétribuer par les deux camps et muni de faux papiers d’identité, Bob mettra tout en oeuvre pour être rapidement libéré. Reconnu par un chambérien, ancien camarade à l’école du Bocage, devenu chef du 2ème service de la milice à Lyon, un certain Paul TOUVIER, il sera livré à un tortionnaire, GONNET qui lui infligera des interrogatoires et des tortures des plus cruelles. TOUVIER qui connaissait sa famille le soumettra aux pires pressions psychologiques, allant jusqu’à un simulacre d’exécution au petit matin, entre deux séances de tortures. Transféré au fort de Montluc et comprenant qu'il allait être exécuté par les Allemands, Bob profitera d’une corvée de charbon pour s'évader par la grande porte après avoir assommé et pris l'uniforme allemand de l'un de ses gardiens. Il sera l'un des seuls témoins survivants au procès de Paul TOUVIER qui se tiendra par contumace en 1947, avant, en 1989, d'apprendre l’arrestation de son vieil ennemi dans le sud. 

Homme d'honneur et de devoir, Bob NANT n'a jamais voulu oublier les cicatrices que lui ont infligées ses bourreaux. Pour lui, le combat continuait… Quelques mois avant son décès, il témoignait encore, auprès des jeunes générations, du sacrifice d'hommes et de femmes qui avaient donné leur vie pour la liberté de la France, laissant après deux heures d’entretien à bâtons rompus des classes entières d’adolescents rêveurs et émerveillés…tant il savait faire se lever le vent de l’aventure, avec la simplicité généreuse qu’on lui connaissait. Le 29 mars 2009, à l’âge de 86 ans, Bob rejoindra ceux dont il parlait souvent avec regret, ses amis, laissant une famille éplorée et des amis orphelins. Bob NANT était Chevalier de la Légion d'Honneur, titulaire de la Médaille de la Résistance française, de la Croix de Guerre 39-45, de la Croix du Combattant... Il était également membre et particulièrement engagé au sein de l'Union nationale des combattants, de l'association des Combattants Volontaires de la Résistance, de l'Association nationale des Médaillés de la Résistance française et du Comité d'entente de Savoie des mouvements de résistance et déportation.