• 25 août 1944, un trauma : la tuerie SS de Maillé (Indre-et-Loire) !

    «Un scandale : la tuerie SS de Maillé (Indre-et-Loire) !

    Un trauma : la tuerie SS de Maillé (Indre-et-Loire) !A l'image de ce qui s'était passé à Oradour-sur-Glane en juin 1944, ce seront 124 des 500 habitants de la bourgade de Maillé, un village du sud de la Touraine qui seront massacrés le 25 août 1944, parfois même à l'intérieur de leur maison. Et 52 des habitations sur les 60 seront incendiées par environ 80 hommes qui, dira l'enquête ordonnée, auraient appartenu aux 800 éléments de la 17ème division de la Waffen SS Panzergrenadiers Götz von Berlichingen. Une partie de ces éléments seraient effectivement restés en Touraine pour lutter contre la Resistance. Un certain Julien CHEIPPE, âgé de 46 ans et demeurant près de la gare de Nouâtre, qui sera témoin de l'arrivée à Maillé de la division de la Waffen SS en charge du massacre, n'aura pas le temps de prévenir les villageois de ce qu'il imaginait déjà et qui les attendait. Arrêté, il sera aussitôt abattu par les nazis. Ce sera, avec Oradour, l'une des plus grandes tueries de la guerre survenue au moment même où Paris se libérait, mais pas la seule. En Normandie, dans le village de Graignes, au nord de Saint-Lô, alors que les Alliés venaient de débarquer et que des parachutistes américains l'occupaient, après avoir repris la commune, des soldats d'une autre partie de cette même 17e Panzergrenadier SS massacreront 32 Américains et 31 civils accusés de leur avoir prêté main-forte.

    A Maillé, le village sera presque rayé des cartes avec les corps retrouvés de 124 personnes (37 hommes, 39 femmes et 48 enfants de moins de quinze ans) ! Ultime vengeance d'une faction isolée de la brigade qui sentait le sort lui échapper ou action de représailles pour avoir voulu sanctionner la mort de soldats allemands tués par une résistance locale ? Du moins si l'on en croit un message retrouvé parlant de "punission" ? On dit aussi qu'en février 1944, le village de Maillé avait été repéré par la Gestapo comme étant "un nid de guêpes". Il est vrai que proche de la ligne de démarcation et de voies de communication importantes, l'endroit était un terrain d'action idéal pour la Résistance. Longtemps, les questions auxquelles il aurait fallu apporter des réponses, ne trouveront que le silence de ceux qui, survivants, avaient choisi d'oublier l'affaire. Au point même d'éviter de fêter chaque 25 août la commémoration de la libération de Paris qui leur aurait rappelé trop de cauchemars ! Mais aurait-il fallu évoquer ce qui avait traumatisé, les quelques enfants survivants comme leurs parents ? Ces événements de Maillé, personne ou presque n'en parlera donc plus pendant soixante ans, beaucoup quittant même le village, comme si on avait choisi de faire du seul Oradour-sur-Glane, le symbole de la barbarie nazie en France et d'oublier l'endroit où beaucoup avaient vécu jusqu'ici. Du moins jusqu'à ce qu'un magistrat allemand de Dortmund, Ulrich MAAβ, apprenant quel avait été ce drame, choisisse d'instruire ce dossier faisant état de crimes imprescriptibles, et espérant que certains agresseurs commenceraient à se libérer de secrets trop lourds à porter. Nicolas SARKOZY au nom d'une France qui aura commis une faute morale en laissant seul un village se débattre face au souvenir de cette horrible tuerie, viendra à Maillé s'excuser en 2008, quatre ans après un premier représentant de l'Etat dont on n'avait peu parlé de la visite. Hélas, en 2017 le procureur allemand de Dortmund qui avait déjà instruit une dizaine de dossiers, classera l'affaire après onze années d'investigations, n'étant pas parvenu à retrouver un seul des auteurs vivants, l'un des responsables déjà condamné par contumace à Bordeaux en 1952, le sous-lieutenant Gustav SCHLUTER étant décédé en 1965 à Hambourg, et son supérieur hiérarchique n'ayant pas été réellement identifié, bien que le nom d'un certain lieutenant-colonel STENGER décédé en 1977 ait un temps circulé. En admettant que ce dernier ait été le seul à avoir donné cet ordre punitif et que celui-ci ne l'ait pas été par les services centraux de la Gestapo eux-mêmes et un dénommé Carl OBERG.

    Maillé (Indre-et-Loire) l'autre massacre de la Waffen SS« Une vraie bande de sauvages ! se souvient encore l'une des survivantes de cette journée tragique, Mauricette CHARPENTIER (ci-contre). Ils nous chassaient comme s'ils chassaient des lapins, leurs cris, c'était ça ! Ils ont tiré sur Maman et, mon petit frère, ils lui ont coupé la gorge ! » Après être restée près de sa mère agonisante, la fillette partira se cacher. « Je crois que ma mère, ma sœur et ma grand-mère s'étaient enfermées à l'intérieur de la maison. Ils ont dû les faire sortir et les ont massacrés devant cette porte » dira de son côté Eliane CREUZON. Un autre, Roger, dira que la plus jeune des petites victimes, un bébé, n'avait que quatre mois et qu'il a été tué d'une balle dans la nuque, et que le plus vieux avait quatre-vingt-neuf ans ! Quelle barbarie ! Certains diront que pour s'être livrés à de pareils actes ces quatre-vingts soldats étaient ivres, voire drogués et qu'ils n'étaient donc plus dans leur état normal car, pire, tous les enfants seront été tués à bout portant. Il n'y aura pas de fusillés. C'est dans ce cadre-là qu'Isabelle VIEUX, une graphiste tourangelle a été amenée à travailler sur le village-martyr, à photographier en gros plan et dans leur intérieur des hommes et des femmes aujourd'hui en âge d'être ses grands-parents. Un travail qu'elle a exposé à la Maison du Souvenir de Maillé.

    Un trauma : la tuerie SS de Maillé (Indre-et-Loire) !La bourgade, contrairement à Oradour-sur-Glane a, depuis, été reconstruite, fidèlement même à l'ancienne. Une Maison du Souvenir y a effectivement été installée en 2006 après soixante ans de silence, suivie notamment par Serge MARTIN, l'un de ces enfants qui aura échappé à la tuerie et qui se sera rendu voici quelques années en Allemagne pour en savoir davantage. Et pour que l'on n'oublie pas tous ces morts qui auront longtemps tétanisé une petite localité qui ne demandait qu'à croire en des lendemains plus agréables en cette fin de guerre. Environ cinq mille cinq cents visiteurs y sont accueillis en moyenne chaque année auxquels on explique ce qui est arrivé et on a fait graver une plaque à la mémoire des disparus assassinés en août 1944 (photo en tête d'article). Depuis, des mémoires d’habitants se sont aussi remises à se souvenir, voire, parfois, à trouver des explications encore plus cruelles qui pourraient expliquer un tel drame. Au risque d'aller contre quelque chose de plus insupportable car la mémoire est souvent liée au trauma et elle peut fluctuer selon l'humeur du moment, l'instant aussi où l'on va raconter ce qui dérange encore. Pour Serge MARTIN, « Faut plus laisser monter ces extrémistes comme Hitler était. Faut pas laisser ces gens-là s’installer. C’est ça ce qu’il faut dire. C’est ça qu’il faut faire comprendre aux jeunes. Mais sans parler avec de la haine. Je ne parle jamais de haine. Mais si on avait parlé de ce massacre commis un 25 août, on avait peur qu'on ne nous aurait pas crus. Tout cela a changé ma vie complètement et je vis avec ».

    France-Télévision, pour les besoins d'un reportage et parallèlement à l'enquête ordonnée par le procureur Ulrich MAAβ (en photo ci-dessus), a voulu en savoir un peu plus ! Au risque de débusquer aussi des énormités qui choqueront probablement certains de ceux qui restent attachés à la vérité ! Et il y en aura quelques-unes ! Un reportage ô combien instructif !

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