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Le camp de la Gestapo de Neue Bremm
Construit en 1940, Neue Bremm (ci-dessus) était l'un des camps géré par la Gestapo. Situé à Brême près de Sarrebrück, il devait servir d'annexe pour la prison de la police de la ville, élargie avait-on dit, et avait été créé pour héberger des gens qui n'étaient pas destinés à l'extermination, du moins dans un premier temps, mais qu'on avait prévu de torturer. Un camp de travail où l'on enfermait des étrangers et des travailleurs forcés puis, un peu plus tard des prisonniers de guerre. Le nombre de personnes qui ont été tuées dans ce camp a atteint néanmoins plusieurs centaines et on parle même de 20 000. Le parlementaire Stéphane HESSEL y sera enfermé, de même que le Père Jacques de JESUS (dessin ci-contre) à compter du 28 mars 1944.
Certains témoignages comme celui de Michel VIDAL (vidéo ci-dessous) font état d'une véritable horreur vécue par les prisonniers évoquant même des kapos qui donnaient la mort. Des kapos dont ils se vengeront à la fin des hostilités sans attendre qu'ils soient jugés. Michel VIDAL, né le 28 décembre 1925, avait été arrêté le 14 avril 1944 à Amiens par la Feldgendarmerie et la Gestapo pour des faits de Résistance et il avait été déporté aussitôt à Neue Bremm. Un camp devenu lui aussi tristement célèbre par les nombreuses exactions commises. Le jour à peine levé, les prisonniers étaient alignés au garde-à-vous dans le camp jusqu’au milieu de l'après-midi, entourés par une meute de jeunes S.S., gourdins au poing, qui ne ménageaient pas leurs insultes, ni les coups qu'ils donnaient. Il est facile d'imaginer, dans les faubourgs de Sarrebrück, un carré d’environ 200 mètres de cotés entouré de fils de fer barbelés et électrifiés. Et à chaque angle, un mirador avec une sentinelle et une mitrailleuse braquée sur l’intérieur. Accrochés au grillage, il n'était pas rare d'y trouver deux ou trois squelettes vivants, nus et qui hurlaient dans une langue incompréhensible, probablement des Russes qui avaient tenté de s’évader.
Lors du procès de Rastatt et d'audiences très fréquentées par le public, il y en aura 235, le personnel du camp allemand qui ne faisait pas partie des SS ou de la Gestapo sera en avril 1946 condamné par le « tribunal général du gouvernement militaire de la zone d'occupation française » pour les crimes de guerre qui avaient été effectivement commis, non par des SS mais par le personnel du camp et des bons pères de famille qui s'étaient comportés comme des bêtes enragées. Comme un certain Nikolaus DROKUR, un homme de 63 ans. Parce qu'il fallait que le peuple soit confronté aux horreurs commises par le parti national-socialiste. Mais, contrairement à Nuremberg, ceux qui étaient poursuivis n'étaient pas des hauts dignitaires nazis comme GOERING ou HESS mais des parfaits inconnus. Certains de ces membres du personnel de Neue Bremm étaient gagnés par une sorte d'ivresse de la violence et le fait qu'on leur avait laissé faire ce qu'ils voulaient avec les prisonniers du camp.
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