• Jean Luchaire, l'ami de monsieur l'ambassadeur nazi Otto Abetz...

    Jean Luchaire, le collabo fusillé

    Il rêvait d'un destin extraordinaire mais son nom restera marqué du sceau du déshonneur. Né en 1901 au sein d'une famille d'intellectuels, le nom de Jean LUCHAIRE est en effet associé à cette presse collaborationniste qui avait choisi de soutenir le régime nazi à partir de 1940. Présenté comme un homme de gauche, ce dandy très mondain s'était vigoureusement opposé au traité de Versailles dont se servira Adolf HITLER pour accéder au pouvoir en Allemagne. Appartenant à une génération d'ambitieux entrés au seuil des années 1920, dans une France où les places étaient faciles à prendre après l'hécatombe de la Grande Guerre de 14-18, il a rapidement su s'imposer comme le leader d'une génération. Avec des idées pacifistes qui intéressaient particulièrement Aristide BRIAND lui aussi favorable à une fédération européenne dès la fin des années vingt. C'est avec Otto ABETZ, le futur ambassadeur allemand en poste en France, qu'il nouera dès 1930 des liens qu'il estimait nécessaire à une parfaite entente avec nos voisins allemands et à une époque où ABETZ qui était social-démocrate n'avait pas encore versé dans le nazisme. On notera que l'épouse de ce dernier, Suzanne de BRUYKER, était Française et que le bel Otto l'avait rencontrée chez LUCHAIRE.

    La capitulation de la France permettra avec l'aide de son ami Otto ABETZ nommé ambassadeur du Troisième Reich en France le 3 août 1940 et bénéficiant du soutien de Pierre LAVAL, de donner un nouveau sens à ses engagements, lui qui, dix ans plus tôt, mettait encore tout en oeuvre pour freiner en France la progression de la droite nationaliste, après la défaite de la droite parlementaire. D'autant qu'ABETZ avait besoin d’un organe de presse qui soit en mesure de défendre la politique de l’Allemagne nazie. LUCHAIRE acceptera bien entendu la proposition de l’ambassadeur du Reich et son journal Notre temps deviendra Les Nouveaux Temps. Soucieux de plaire à son ami allemand, son journal se transformera peu à peu en officine allemande. Ce sera une période bénie pour ce patron de presse qui bénéficiera à la fois du soutien financier des Allemands et de celui des Pétainistes de Vichy. Notre Temps deviendra au passage une revue inconditionnellement favorable à HITLER, à sa politique révisionniste et même à son antisémitisme. Mais certains trouveront le nouveau patron de presse bien changé, l’ancien socialiste pacifiste se montrant séduisant et jouisseur, cyniquement noceur et, en outre, d’une paresse incommensurable. Déjà propriétaire de divers biens immobiliers, Jean LUCHAIRE achètera une propriété à Vernon puis rue Saint-Lazare à Paris et à Barbizon. Lors de ses fréquents séjours dans cette demeure, il y organisera des fêtes recevant ses amis du tout-Paris, Français et Allemands, sous la protection bien entendu de la Kommandantur locale. Le 26 mai 1941, dans les salons parisiens de la Tour d'argent, le gratin de la collaboration fêtera même cet arriviste qu'était Jean LUCHAIRE. Patrons de presse, producteurs, ministres, petites amies du cinéma comme Yvette LEBON ou Mireille BALIN, officiels allemands et noceurs du Tout-Paris célèbreront l'apogée journalistique du plus grand communicant de l'époque. Y paraîtront Pierre LAVAL, Fernand de BRINON, des écrivains vendus et où, entre deux exécutions d’otages, les STULPNAGEL viendront essuyer leurs mains sanglantes aux rideaux, avant de prendre des petits fours. En quelques années, Jean LUCHAIRE sera devenu l'archétype du traître mondain, et pire, le bouffon de cour vendu aux Allemands, tout simplement par amour de la dolce vita, du luxe et du pouvoir. 

    Après la débâcle nazie du Printemps 1945, devenu Commissaire à l’Information d'un gouvernement collaborationniste fantoche, il tentera de gagner Merano en Italie où il sera finalement arrêté par les Américains. Cela après avoir tenté en vain d'obtenir l'asile politique au Liechtenstein puis en Suisse. Livré au nouveau gouvernement français puis jugé par la Cour de Justice de la Seine le 21 janvier 1946 en présence d'ABETZ qui était détenu à la Prison du Cherche-Midi, il sera fusillé le 22 février au fort de Montrouge, et ses biens confisqués. ll sera établi par la Cour que ses écrits, articles, livres et ses activités de patron de presse n’avaient jamais cessé de contribuer à la propagande de l’Allemagne nazie. L'une de ses nombreuses maîtresses Yvette LEBON survivra bien mieux puisqu'elle s"éteindra à 104 ans en août 2014. Son père, Julien LUCHAIRE, qui a été un résistant, évoquera la difficulté de se refaire un nom, tant le sien restera attaché à la personne de son fils, Jean, chantre de la collaboration, condamné à mort par la Haute Cour et fusillé le 22 mai 1946. « Je sors d'un tunnel de plusieurs années. Non seulement : je reste, pour ceux qui ne me connaissent pas personnellement, dans l'ombre de la tragique histoire de mon fils. Je m'en suis bien aperçu ces temps-ci, dès le premier pas que j'ai esquissé pour tâter le terrain théâtral. Je ne peux, je ne dois d'ailleurs pas me résigner ; je m'obstinerai ; mais j'ai besoin de l'aide de mes amis.

     

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