• Jacques Crozemarie, le pape de l'escroquerie

    Jacques Crozemarie, le pape de l'escroquerie

    Jacques Crozemarie, l'escroquerie

    L'homme aura défrayé l'actualité, c'est le moins que l'on puisse dire, nuisant après coup à quantité d'opérations de collecte qui ne retrouveront plus jamais l'audience qu'elles avaient avant qu'apparaissent au grand jour les magouilles de ce sinistre personnage. Un homme, ingénieur de son état, qui aimait se faire appeler docteur ou professeur et qui avait su nouer des complicités en faisant appel à des cancérologues réputés comme Léon SCHWARZENBERG ou Lucien ISRAEL. L'ex-président de l'ARC, sera en effet accusé aux côtés de vingt-cinq autres prévenus d'avoir détourné quelque 20 millions de francs français (3 millions d'euros). « Nous avons toujours du mal à nous remettre du scandale », reconnaîtra peu de temps après le début de l'affaire Michel LUCAS, qui lui succédera à la tête de l'Association pour la recherche sur le cancer (ARC). Les fonds récoltés par l'association chuteront en effet des deux tiers après la découverte du scandale.

    C'est en 1991 qu'un rapport confidentiel de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) avait, rappelons les faits, épinglé l'utilisation anormale faite par Jacques CROZEMARIE des sommes versées par 3,5 millions de donateurs. On s'était en effet aperçu que 72 % de ces sommes étaient consacrés au fonctionnement et à la publicité de l'ARC, et que seulement 28 % l'étaient à la recherche contre le cancer. L'affaire révélera alors l'énormité d'une escroquerie réalisé de main de maître par ce franc-maçon auquel on aurait pourtant donné le bon Dieu sans confession et dont les apparitions rassurantes sur le petit écran avaient longtemps laissé supposer qu'on allait enfin trouver avec ce Saint homme un remède à la progression du cancer. Le pire c'est qu'il faudra trois ans avant que CROZEMARIE reconnaisse qu'il y avait effectivement un os dans le bouillon et qu'il arrête de nier l'évidence : les détournements de fonds via les prestataires de service de l'association (entre 200 à 300 millions de francs) et son propre enrichissement personnel, car l'homme menait grand train de vie aux dépens des donateurs. Surfacturés, les services dont il bénéficiait permettaient ensuite de redistribuer à son profit des montants fort importants. L'homme était à la tête de l'ARC depuis trente-quatre ans (1962), mais ce qui lui est reproché ne couvre que les années 1991 à 1995. C'est dire si CROZEMARIE en aura profité ! Le magistrat instructeur semble en outre avoir délibérément ignoré les hypothèses politiques évoquées dans le dossier d'instruction. Il n'a pas enquêté sur les sociétés de communication de gauche et de droite (Ofres, CDA consultants) qui avaient fait d'importants bénéfices sur le dos de l'ARC, grâce à des encarts publicitaires surfacturés.

    CROZEMARIE sera condamné en juin 2000 à quatre ans de prison ferme, 380.000 euros d'amende et 30,5 millions d'euros de dommages et intérêts à verser à l'ARC. Sa luxueuse villa de Bandol, avec piscine chauffée, financée en partie grâce à l'argent détourné via un réseau complexe de fausses factures, a été saisie et mise en vente par l'ARC. Deux appartements parisiens, le mobilier, le bateau et son compte suisse ont également été saisis. Quatre heures seulement après avoir été condamné par la Cour d'appel de Paris à quatre ans de prison et 2,5 millions de francs d'amende pour recel d'abus de confiance et recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire de l'ARC. Jacques CROZEMARIE sera arrêté par la police à son domicile de Bandol et incarcéré quelques heures plus tard à la prison Saint-Roch de Toulon. La Cour d'appel, remarquant qu'il s'était fait porter malade à chaque convocation de la justice, n'admettra pas sa dernière excuse, ni son hospitalisation à la veille de son procès en appel.

    Peu de temps avant sa mort (2002) il était sorti de prison et un taxi l'avait conduit dans la région de Saint-Malo, où l'attendait son demi-frère, Robert, sa seule famille. « Jacques Crozemarie quitte la prison dans un état de santé pas brillant », confiera l'un de ses deux avocats, Jean-Marc VARAULT, qui était également l'avocat de Maurice PAPON. On ne se refait pas. « Il a entièrement purgé sa peine et a bénéficié du jeu normal des remises de peine, souligne t-il, et contrairement à ce qu'il avait fait avec Maurice PAPON, il n'a pas souhaité mettre en avant les problèmes de santé de son client pour anticiper sa libération. « Cela n'aurait rien changé, puisque nous savions qu'il allait sortir. » Sur la fin et devant ceux qui le jugeaient, l'homme n'avait rien perdu de sa morgue, de son insolence ni de son autoritarisme. Déchu de la Légion d'honneur qu'il avait obtenue, il est décédé lundi 25 décembre 2006 dans le Var à l'âge de 81 ans, selon la mairie de Bandol (Var) et gageons qu'il n'y a pas eu grand monde pour pleurer sa disparition.

     

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  • Commentaires

    1
    Ouki
    Mercredi 10 Novembre 2021 à 16:29
    Je comprends mieux pourquoi, le 25 décembre 2002, j'ai passé un si beau Noël !
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