• Georges Mandel, tué pour venger la mort d'Henriot

    Georges Mandel, pour venger la mort d'Henriot

    Il fallait venger la mort de Philippe HENRIOT et donc assassiner un homme qui avait représenté tout ce que la junte vychiste au pouvoir exécrait. De son statut de juif jusqu'à celui de Résistant. C'est du moins la version officielle d'un acte que certains autres attribuent comme l'écrivain et historien François DELPLA à Adolf HITLER lui-même qui était désireux de se venger d'un homme qui s'était toujours élevé contre le nazisme dès le début des années trente. C'est d'ailleurs lui qui s'était élevé à la tribune de la Société des Nations contre le rétablissement en Allemagne  nazie du service militaire obligatoire. Promu ministre de l'Intérieur du 18 mai au 16 juin 1940 dans le dernier gouvernement de Paul REYNAUD avant la prise de pouvoir du Maréchal PETAIN, c'est lui qui fera arrêter certains intellectuels favorables à l'Allemagne nazie parmi lesquels les rédacteurs du magazine Je suis partout. Il aura une influence directe dans la nomination de Charles de GAULLE au poste de sous secrétaire d'Etat à la guerre en juin 1940. très proche de REYNAUD et animant à ses côtés le camp de la fermeté, il plaidera au Conseil des ministres qui se tiendra au château de Cangé le 13 juin 1940 pour une résistance à tout prix. Opposé au général WEYGAND, et persuadé que la France pouvait résister à l’Allemagne grâce à son Empire et son alliée l’Angleterre, il s’embarquera le 20 juin 1940 sur le Massilia dans le but de continuer la lutte. Il semblait alors qu’il se tenait prêt à être l’homme du refus de l'armistice et il apparut durant quelques jours, comme celui qui pouvait incarner le sursaut. Il perpétuait il est vrai l’esprit de CLEMENCEAU dont il avait été le plus proche collaborateur en 1917. Suite à la signature de l’armistice, il sera alors accusé de trahison par le gouvernement dirigé par PETAIN. Parti en Afrique du Nord pour échapper aux Vychistes, il sera néanmoins à nouveau arrêté au Maroc le 8 août 1940 puis, condamné à la prison à vie à Riom, incarcéré au Château de Chazeron avec Edouard DALADIER, Paul REYNAUD et le général Maurice GAMELIN. 

    Après son arrestation en août 1940 et son emprisonnement au Fort du Portalet, Georges MANDEL sera déporté à Sachsenhausen puis à Buchenwald en 1943, dans la maison du fauconnier, réservée aux personnalités, où se trouvait déjà Léon BLUM. Il avait pourtant tenté d'alerté PETAIN sur sa condition de prisonnier mais sans pour autant recevoir de réponse du vieux maréchal. « Me maintenir au Portalet quand la France entière va être occupée équivaut à me livrer à l’ennemi. Je tiens à ce que vous soyez averti afin qu’il soit bien établi devant l’Histoire que vous serez éventuellement responsable de ce crime ». Les Allemands finiront par le livrer à la Milice de DARNAND et le milicien MANSUY qui appartenait également à la SIPO-SD nazie l'abattra le 7 juillet 1944 de neuf balles dans le dos dans la forêt de Fontainebleau. Selon le témoignage de Fernand de BRINON à la Libération, « La livraison de MANDEL était une décision d’HIMMLER, transmise par Karl OBERG, le chef de la police allemande en France. Une mesure prise en représailles de l’assassinat du collabo Philippe HENRIOT ». Après l'exécution de Georges MANDEL, d'autres plans avaient été arrêtés et notamment l'exécution de responsables comme Paul REYNAUD et Léon BLUM.

    Georges Mandel, tué pour venger la mort d'HenriotNé Louis ROTHSCHILD le 5 juin 1885, Georges MANDEL s'était fait connaître en devenant le chef de cabinet de Georges CLEMENCEAU en 1917 après avoir été journaliste à l'Aurore. Juif, ses parents avaient dû fuir l'Alsace annexée à l'Empire allemand en 1871 pour conserver la nationalité française. Soucieux d'apparaître comme quelqu'un qui n'avait rien à voir avec les banquiers du nom de ROTHSCHILD, il avait rapidement choisi de changer de nom empruntant le patronyme de son oncle maternel Louis MANDEL. Il n’avait pourtant aucun lien de parenté avec les banquiers mais ce hasard ouvrira un large champ aux attaques antisémites qu'il aura à supporter. Brillant, lucide, influent, courageux, énergique, combatif, paradoxal, orgueilleux, il mettra quelques années à obtenir les postes auxquels ses qualités et sa réputation auraient pourtant dû le conduire. On dira que MANDEL aurait été rongé par le doute de soi et qu'il ne s’aimait pas parce qu'il était laid. « Tout dans son comportement nous indique qu’il n’était pas réconcilié avec l’apparence physique que le nature lui a donnée (…) Sa laideur fait l’objet, parmi ses contemporains, d’une rare unanimité ». Ministre de l'Intérieur du dernier gouvernement de la IIIe République, cette prise de fonctions éphémère sera le couronnement d'une carrière commencée à vingt et un ans, en 1906, année où ce fils de riches commerçants parisiens était entré en politique comme d'autres entrent en religion. Il était entré au Parlement en 1919 comme député de la Gironde et était devenu ministre en 1934. Soixante après sa mort, sa mémoire n’a pas laissé beaucoup de traces : une avenue à Paris, une stèle au bord de la nationale 7 en forêt de Fontainebleau. Les gaullistes l’ignorent, l’extrême droite le poursuit toujours de sa haine ; à gauche, il n’est pas de la famille. Pour Joël DROGLAND, agrégé d'histoire, « L’homme solitaire qui manqua de si peu la grande Histoire est resté sur le quai, noble et très pathétique ». A l'écran, dans un film de Claude GORETTA : Le dernier été (ci-dessous), c'est le comédien Jacques VILLERET qui lui prêtera ses traits.

     

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