• Fernande Grudet ? Elle savait gérer un bordel, seulement...

    Fernande Grudet, elle savait gérer un bordel !

    Fernande Grudet ? Elle savait gérer un bordel !Si le nom de Fernande GRUDET laisse souvent perplexe, en revanche il n'en n'est sûrement pas de même de celui de Madame CLAUDE qui a longtemps été considérée comme l'une des proxénètes les plus connues de France et de Navarre. Quelqu'un qui aura régné sur le plus célèbre réseau de proxénétisme français dans les années 1960-1970. D'autant que cette "maquerelle" s'était mise à beaucoup parler d'elle après avoir cessé ses activités dans le domaine du sexe en racontant à peu près tout et n'importe quoi. N'importe quoi car Fernande était un brin mythomane et qu'on aurait dit qu'elle se plaisait à beaucoup mettre en scène. Elle mentait avec un aplomb magnifique dira l'une de celles qui l'avait approchée pour recueillir des éléments biographiques. Et c'est peut-être cette faculté à beaucoup imaginer qui la fera répondre positivement à une collaboration cinématographique émanant d'un certain Just JAECKIN (ci-contre), le père d'Emmanuelle, qui lui proposera de participer à l'écriture d'un film, Les filles de Madame Claude, qu'il avait décidé de consacrer à ses activités de proxénète. Un film où, avouons-le, autour d'actrices superbes, son rôle d'entremetteuse tenue par la belle Françoise FABIAN l'avait magnifié. Encore très peu connue à l'époque elle avait certes déjà songé à sortir du silence par le biais d'un livre qui lui avait permis de raconter ses aventures tout en maîtrisant cependant parfaitement sa communication. Une communication qui finira par dérailler car deux jeunes journalistes avaient entrepris en 1975 d'en savoir un peu plus sur cette MADAM dont on parlait de plus en plus et de lui consacrer à leur tour un ouvrage.

    Fernande Grudet ? Elle savait gérer un bordel !Ce qui est sûr c'est que l'Angevine Fernande GRUDET aimait beaucoup les sous et qu'il avait donc fallu s'inventer en parfaite mythomane une enfance de bourgeoise qui aurait pu coller avec l'image qu'elle voulait laisser d'elle. Car, en vérité, son père était un modeste commerçant qui vivotait à Angers d'une activité qui ne lui permettait pas toujours de ramener suffisamment d'argent à la maison et de donner à la petite Fernande ce que la gamine aurait brulé d'avoir, sans doute pour épater davantage à l'école ses camarades de classe. Ce qui l'incitait à se présenter souvent comme la fille d'un ingénieur ou d'un industriel voire d'un milieu aisé. Et avec ce père modeste, tenancier d'un bistrot mal situé et vendeur à la gare de boissons et de sandwiches à la sauvette, on était loin du compte. Pour paraître davantage, surtout à l'école, elle dira aussi qu'élevée à la dure, on l'avait un temps confiée à une institution religieuse, celle de sœurs visitandines. Ce qui n'a pu être démontré. Celle qui deviendra à la fin des années cinquante une impératrice du charme ne pouvait décidément pas évoquer ce qu'avait pu être cette enfance aux côtés d'une seule sœur. Une enfance où il est clair qu'elle avait manqué d'amour et qui l'incitera à gagner d'autres horizons et à fuir après la guerre la région angevine. Non sans avoir essayé de se faire passer au passage pour une victime et une jeune résistante qui aurait été déportée à Ravensbrück après avoir été arrêtée, ce qui est totalement faux. Elle prétendra même lors de l'écriture de son premier livre avoir sauvé dans les camps nazis Geneviève, la nièce du général de GAULLE.

    Fernande Grudet ? Elle savait gérer un bordel !Confrontée à la dureté de la vie parisienne où elle accouchera d'une fille qu'elle confiera à sa mère, très vite, elle apprendra à cerner ce qui pouvait rapporter davantage, convaincue que deux choses marchaient bien en France : la bouffe et le cul ! Et comme elle n'était pas une bonne cuisinière, elle sera donc attirée par le domaine de la prostitution. Grâce à quelques relations nouées dans le milieu des truands elle apprendra en une douzaine d'années tous les rudiments utiles de ce que devait savoir un bon proxénète et comment s'en sortir avec des locaux adaptés à cette activité. Mais pas en proposant n'importe quoi soucieuse finalement de vendre du rêve et de faire en sorte que les hommes n'aient pas l'impression de coucher avec des prostituées, ce qu'elle avait même été après-guerre au tout début dans le quartier de l'opéra. Elle voulait, avouera-t-elle un peu plus tard, rendre le vice joli ! C'est le Paris des beaux quartiers et un appartement trouvé rue de Marignan à deux pas des Champs Elysées qui le permettra. Un appartement où après avoir dû elle-même continué à se prostituer, elle en arrivera à monter une véritable entreprise en recrutant les plus belles filles dont elle fera de redoutables VRP. Avec des prestations accolées à des négociations de contrats générant de juteuses retombées. De l'avis de ceux qui auront travaillé avec elle, Madame CLAUDE, son nouveau nom d'entremetteuse, avait un don incroyable pour évaluer ce qu'elle pouvait tirer d'une fille en faisant parfois appel à de la chirurgie esthétique pour rendre les troublantes créatures recrutées encore plus belles : coiffure, manucure, haute couture, tout était mis en oeuvre. Elle n'hésitera pas non plus à tester celles qu'elle avait recrutées pour être sûre qu'elle avait sous la main de quoi faire chavirer des cœurs. Et il y en aura quelques-uns qui déposeront les armes parmi lesquels des play-boys, des princes, des vedettes comme l'acteur Marlon BRANDO et des grands capitaines d'industrie comme le patron de Fiat Giovanni AGNELLI, généralement assez friqués, voire même des responsables politiques comme ce sera le cas du Président John-F. KENNEDY. Avec des prestations rémunérées de 1.500 à 2.000 € la nuit, Madame CLAUDE sera plusieurs fois millionnaire. Grâce à ses call-girls elle interviendra même dans des ventes d'armes avec des filles susceptibles de pouvoir aider à la séduction de marchands de canons. Mais tout a une fin et les protections qu'elle avait réussi à négocier avec la Brigade Mondaine contre divulgation de renseignements utiles au pouvoir en place finiront un jour par tomber. Notamment après l'arrivée au pouvoir d'un certain Valéry GISCARD d'ESTAING et d'un homme Michel PONIATOWSKI qui n'aimait pas beaucoup les proxénètes. D'autant que notre Madame CLAUDE avait d'énormes besoins de reconnaissance, besoins qui la perdront car les services fiscaux alertés ordonneront une enquête en lui réclamant quatre ans plus tard pour 1,7 million d'euros d'impôts. 

    L'affaire se terminera mal et, après avoir tenté de fuir en juin 1977 et de se refaire aux Etats-Unis en devenant boulangère et en épousant un jeune gigolo, elle sera contrainte, expulsée après dénonciation, de revenir en France où, en déc. 1985, elle sera assez vite arrêtée et emprisonnée. Ce sera alors le début d'une descente inexorable aux enfers et, en 1992, le terme définitif d'une carrière de proxénète qu'elle avait tenté de faire redémarrer dans le quartier du Marais. Emprisonnée le 18 mars 1992 à Fleury-Mérogis pour proxénétisme aggravé, c'est grâce à une chaîne de télévision qui acceptera de payer une caution de 45.000 € que Madame CLAUDE pourra retrouver la liberté et tenter une dernière fois d'échapper au courroux de la justice. Mais en déc. 1992 elle sera condamnée et elle choisira de s'effacer en se retirant sur la côte d'azur. Avant de décéder à 92 ans le 19 déc. 2015.

     

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