• Edouard Leclerc, et un passé de jeune homme inexpliqué à Landerneau

     Edouard Leclerc, il s'était distingué

    Edouard Leclerc, un passé lourd souvent évoquéNé dans une famille catholique de treize enfants et fils d'un militaire franc-comtois proche des Croix de Feu appartenant à l'extrême-droite française des années d'avant-guerre, avant d'être l'entrepreneur que l'on sait, Edouard LECLERC avait laissé à la sortie d'un conflit meurtrier un autre souvenir. Du moins si l'on se réfère à ses dernières années d'adolescent ! Car à un peu moins de dix-huit ans, lors de la Libération du pays en 1944, Edouard LECLERC emprisonné six mois après avoir été soupçonné de collaboration et de ne pas être favorable à la Résistance, sera accusé d'avoir « donné » aux nazis de Landerneau plusieurs résistants de sa bourgade finistérienne et d’atteinte à la sécurité extérieure de l’Etat. L'un d'entre eux du nom de François PENGAM (Photo ci-contre) le paiera cher puisque arrêté après son père dans la nuit du 21 mai 1944, il sera torturé et fusillé par les Allemands le 27 mai 1944 à 20h30. Il apparaîtrait que le jeune Édouard aurait fourni des renseignements à un officier allemand du nom d'Herbert SCHAAD, sur des habitants qui avaient pris part à des actions de résistance, et, plus grave, il aurait après coup été désigné par SCHAAD lui-même, lors du procès de ce dernier, comme l'un des dix-neuf membres français appartenant au "Kommando de Landerneau". A cette occasion, il aurait notamment donné à la Gestapo le nom de PENGAM père, entraînant du même coup l'arrestation du fils François qui craignait pour son père. Des accusations qui resurgiront lors des premiers succès de l'entreprise qu'il avait créée en 1949, émanant de concurrents commerciaux. Par quatre fois, en 1976, 1977, 1987 et 1988, la justice déclarera coupables de diffamation ceux qui avaient évoqué son implication dans la mort du jeune François PENGAM alias "Fanchic", sans que l'affaire ne cesse de soulever des protestations. Pire, lors de la remise de la rosette de la Légion d'Honneur en 2008 à un Edouard LECLERC âgé de 83 ans, des interrogations subsistaient encore, voire même une certaine indignation parmi les associations d'anciens combattants et chez ceux qui connaissaient l'histoire de la Seconde Guerre mondiale dans le Finistère. Car, depuis 1944, un chuchotement continuait de hanter les rues de Landerneau, une petite ville de 14 900 habitants : celui qu'Edouard LECLERC aurait collaboré en donnant le nom de gens au Kommando allemand de Landerneau... Le 5 mars suivant la remise de cette distinction, la famille de François PENGAM adressera même un courrier à la Chancellerie de la Légion d'honneur pour exprimer "son profond désarroi" à la suite de la cérémonie de l'Elysée. Car les proches de François PENGAM s'interrogent toujours aujourd'hui sur le fait que la République puisse décorer un homme qu'elle avait pourtant reconnu comme ayant été irresponsable de ses actes en 1944. Au début de l'été 2008, l'héritier de la dynastie Michel-Edouard LECLERC sollicitera un rendez-vous avec le préfet du Finistère Pascal MAILHOS afin de lui demander pourquoi il s'était opposé à ce que son père soit décoré de la Légion d'honneur. Si le Préfet connaissait les faits de collaboration reprochés à l'homme d'affaires sous l'Occupation nazie, son avis ne sera cependant pas suivi par l'Elysée, le Président SARKOZY étant d'un avis contraire.

    Edouard Leclerc, et un passé lourd à Landerneau

    Mais comment les choses se seraient-elle vraiment passées ? Selon une enquête menée par un journaliste indépendant du nom de Bertrand GOBIN, le jeune Edouard LECLERC après avoir été arrêté, reconnu comme ayant été un fervent partisan de la collaboration, était allé trouver SCHAAD à la Kommandantur IC 343 de Landerneau pour lui signaler une liste de personnes de la bourgade finistérienne qui s’absentaient fréquemment la nuit et qu'il pensait être de la Résistance. Des personnes parmi lesquelles se trouvait PAUGAM père. L'adolescent leur avait indiqués les domiciles des personnes désignées, cinq ou six arrestations furent opérées, dont celles d'un certain LAGADEC et d'un certain CORRE. Le futur entrepreneur sera ensuite transféré, toujours avec eux, à Quimper, afin d’y être jugé. Edouard LECLERC examiné au point de vue médical bénéficiera cependant d’un non-lieu et d'un certificat de complaisance car il sera reconnu irresponsable de ses actes. Un non-lieu qui serait dû, a t-on dit, à une intervention familiale car les LECLERC étaient très écoutés localement. Inutile de dire que Bertrand GOBIN sera poursuivi après ses affirmations et qu'il devra s'en expliquer.

    Edouard Leclerc, un passé lourd souvent évoquéAprès avoir failli devenir ecclésiastique, Edouard LECLERC choisira en 1949 de renoncer à la prêtrise et malgré les accusations qui pesaient sur lui, il décidera de lancer seul ce qui deviendra assez rapidement une chaîne de magasins et d'ouvrir une première épicerie dans sa ville natale rue des Capucins. Une épicerie qu'il agrandira même en 1964. Et le 17 septembre 1959 à Issy-les-Moulineaux (Photo ci-contre) il ouvrira avec Jean-Pierre LE ROCH un premier magasin en région parisienne succédant à sa modeste épicerie de Landerneau ! Court-circuitant les fournisseurs et supprimant leurs marges en pleine période d'inflation après la guerre, le prix de gros affiché était alors situé 30 % en dessous de celui proposé par les autres commerçants. Ce qui lui vaudra pas mal d'inimitiés. Rejoint après coup par d'autres, c'est une véritable chaîne qui se montera et en août 1957, le mouvement comptera 9 centres distributeurs, tous bretons. Présent sur les plateaux télévisés et s'opposant à la loi Royer, Edouard LECLERC ne ménagera pas ses efforts pour développer ensuite ses centres. Dans les années soixante-dix, sous la présidence de GISCARD d'ESTAING Il s’attaquera également aux marchés des carburants, des livres, des produits pharmaceutiques, des parfums, de l’or, des voyages afin de proposer des coûts plus attrayants que chez certains autres. En 2005, il cèdera la présidence de l’ACDLec à son fils Michel-Édouard LECLERC, qui en était déjà le coprésident depuis 1988.

    Edouard LECLERC est décédé le 17 septembre 2012 et son fils Michel-Marie LECLERC, qui avait choisi de se faire appeler Michel-Édouard LECLERC a depuis repris le flambeau avec, toujours, une sorte de communication ambiguë, une véritable tradition familiale.

     

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