• René Sentuc, le justicier communiste

    René Sentuc, le justicier ténébreux

    Le 10 septembre 1944, sous la passerelle de l'Avre à Saint-Cloud sera retrouvé un corps. Puis deux autres justifiant que l'on s'inquiète de retrouver ainsi autant de dépouilles d'individus partiellement dévêtus et lestés d'un pavé de grès, leurs membres entravés. Un meurtre d'une ou deux balles dans la nuque qui semble avoir eu lieu en pleine nuit avant que les victimes aient été jetées à l'eau. Ce seront des dizaines de cadavres qui seront repêchés dans la Seine, que la police judiciaire mettra souvent des mois à identifier. Pour 28 d’entre eux, la signature sera identique. puisque leurs mains seront liées avec du fil électrique. L'une d'elles est une blanchisseuse Berthe VERLY (ci-contre), qui tenait un commerce à Garches, et qui sera abattue après avoir été accusée de collaboration avec l'occupant. En 1950, la justice conclura qu’il n’y avait eu aucun motif à son arrestation : c’est un voisin, alcoolique et violent, qui l’avait dénoncée à tort. D'autres subiront le même sort dont cette dame un peu plus âgée, Madeleine GOA qui, avec son époux, seront tués sans preuve sérieuse. On dira que le coupe qui avait suivi de sa fenêtre l'arrivée des alliés avec une longue vue avait été pris pour un couple de tueurs embusqués sur les toits. Alors que les GOA avaient hébergé des Juifs durant l'occupation.

    René Sentuc, le justicier ténébreuxEn cette période troublée, la police ou ce qu'il en reste après une collaboration qui l'a compromise a d'autres chats à fouetter. Cependant, il y a ce témoin qui a entendu claquer les coups de feu et qui a vu disparaître dans la nuit deux Traction avant Citroën. Et puis, ces indices sur les morts : une lettre à un certain capitaine BERNARD, ou ce linge brodé du nom d'un institut : « Institut George-Eastman. » Un endroit qui pour les habitants du XIIIe arrondissement est plus connu sous le nom d'Institut dentaire. Les derniers jours d’août 1944, l’endroit a été investi par un groupe de FTP, les francs-tireurs et partisans communistes, qui en ont  fait un centre clandestin de torture où se tient un tribunal révolutionnaire du même genre que celui qui rendait justice au pays nazi sous l'autorité d'un certain FREISLER. Jean-Marc BERLIERE, historien, a révélé cet épisode peu glorieux de la Libération dans un livre qui a nécessité une fastidieuse enquête dans les archives militaires. Ce capitaine BERNARD de son vrai nom René SENTUC (ci-contre) dont on possède très peu de photos deviendra même après coup chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la Croix de guerre et Médaillé militaire. Comme quoi, on peut avoir été un salaud, et être récompensé de bravoure ! Un fait qui inspirera Claude LELOUCH pour son film Les bons et les méchants avec un de GAULLE épinglant une décoration au revers de la veste d'un ancien policier collabo (Bruno CREMER). Dès octobre 1944, une très discrète enquête policière sera menée pour identifier ces FTP qui officiaient sous pseudo, et qui étaient alors intouchables. La justice traînera des pieds, avant d'identifier ledit BERNARD : un FTP du nom de René SENTUC, conseiller municipal communiste de Malakoff. Il sera finalement amnistié au tournant des années 1950 mais il restera cette tache qui écorne singulièrement l'image lumineuse de cette Résistance que certains voulaient revancharde. 

    Le film ci-dessous revient pour Histoire Interdite sur cette période de chaos traversée par notre pays après le débarquement allié et la libération de Paris. Avec des images fortes, celles d'actes héroïques ou de bévues dont se seront rendus coupables des justiciers trop vite portés à trouver des victimes expiatoires pour se venger de ce qu'ils venaient de subir quatre années durant.

     

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