Le colonel REMY était l'un des premiers résistants qui auront permis à notre pays de se libérer de la tutelle nazie, mais que sait-on au juste de l'homme ? Peu de choses en dehors du fait qu'il s'appelait en réalité Gilbert RENAULT, qu'il était assez énigmatique et qu'il s'était essayé jeune à pas mal de domaines dont la finance avant de se tourner vers le cinéma, mais toujours sans obtenir de réussite ! On dit aussi qu'il était de l'extrême droite ! Né le 6 août 1904 à Vannes, aîné d'une famille de neuf enfants, fils d'un professeur d'anglais et de philosophie, c'est semble-t-il son aversion pour les Allemands qui l'auront aidé à trouver sa voie auprès du général de GAULLE à Londres dès l'appel du 18 juin 1940. « animateur magnifique et organisateur pratique, menant l’action secrète comme un sport grandiose mais calculé », Gilbert RENAULT selon Charles de GAULLE ne manquait pas de qualités. Ce que l'on sait moins et qui est relaté dans un livre d'entretiens publié par Philippe de GAULLE, le fils du général, c'est que le lien entre les deux hommes souffrira rapidement de quelques divergences. 

Très vite adoubé par le colonel PASSY, Gilbert RENAULT ne tardera effectivement pas à se distinguer au sein de la BCRA  où on le chargera de monter un réseau de renseignements sur le sol français et de surveiller les mouvements ennemis sur la côte Atlantique. C'est lui qui fondera, en novembre 1940, la Confrérie Notre-Dame qui s'étendra progressivement à l'ensemble de la zone occupée et même à la Belgique. Ce réseau deviendra l'un des plus importants de la zone occupée et ses informations permettront de nombreux succès militaires comme l'opération sur le navire nazi Bismarck, ou comme les attaques de Bruneval et Saint-Nazaire. La Gestapo, n'ayant pu parvenir à l'arrêter se vengera en arrêtant sa mère, ses cinq soeurs - dont deux seront déportées - et son frère Philippe qui ne reviendra pas de déportation. De ce colonel REMY, sir Claude DANSEY, l’un des chefs de l’Intelligence Service, dira : « C’est le plus extraordinaire agent que j’aie rencontré au cours de ma longue carrière ».

Après la guerre, Gilbert RENAULT entrera pendant quelque temps au cabinet personnel du général de GAULLE et organisera un temps les grands rassemblements du RPF avant de devenir un écrivain populaire et prolifique. Et un homme dont les prises de position, notamment à l'égard du Maréchal PETAIN, étonneront parfois. Il plaidera en effet avec passion pour la réhabilitation de PETAIN en 1950 et de tous ceux qui l’avaient suivi, par « abnégation », s’enferrant parfois, sans se rendre compte qu’il avait été manipulé par d'anciens pétainistes et par l’extrême-droite antigaulliste. Dans le téléfilm qui suit il évoque cette ligne de démarcation qui aura été le cauchemar de bien des Français après la signature de l'armistice de juin 1940.