• Fritz Bauer, le procureur qui voulait comprendre...

    Fritz Bauer pour comprendre...

    Fritz Bauer pour comprendre...Il avait cherché à savoir là où tout avait commencé, en Allemagne, seize ans plus tôt, en février 1933 ! Un pays, son pays, qu'il avait dû quitter avant de songer à y revenir en 1949, mettant un terme à un long exil. En 1933, il avait dû partir parce qu'il était juif et qu'il avait adhéré au parti social-démocrate, et parce que les nazis lui avaient retiré son poste de juge à Stuttgart l'enfermant, un peu plus tard, dans un camp de concentration. Il s'en était évadé, avait été repris, s'était encore évadé et il s'était réfugié en Suède Jusqu'à la fin de la guerre.

    Devenu procureur à Brunswick, Fritz BAUER deviendra célèbre en 1952 en défendant la mémoire de la résistance allemande au nazisme lors du procès d’Otto REMER. REMER était le chef de la garnison de Berlin en juillet 1944 et il avait fait arrêter le comte Klaus von STAUFFENBERG, l’un des conjurés de juillet 1944 à l'origine d'un attentat qui avait failli provoquer la mort d'Adolf HITLER dans sa "Tanière du Loup". Très isolé au sein de son corps professionnel et même plus largement dans la société allemande, il avait fallu à BAUER dénoncer REMER, qui militait alors dans un parti extrémiste néo-nazi, de façon à sauver la mémoire de von STAUFFENBERG. Sans doute aussi parce que la dénazification opérée après la guerre était encore à l'époque un processus inachevé. Mais, et c'est l'évidence même, Fritz BAUER s'était également heurté à une sorte d’amnésie de la part de ses concitoyens, en particulier au sujet du génocide des Juifs, comme si une sorte de déni était le seul moyen pour les Allemands d'oublier ce qui s'était réellement passé au pays de Goethe. Une attitude qui évoluera après l'arrestation d'EICHMANN et sa condamnation en Israël en 1961.

    Initiateur du "Procès d'Auschwitz" Fritz BAUER, le procureur de la jeune République fédérale d’Allemagne dans les années cinquante, est aujourd'hui devenu un héros en Allemagne. Mais ne l'était-il pas déjà avant ce procès pour avoir participé en 1960, en collaborant avec les services secrets israéliens, à la capture du nazi Adolf EICHMANN qui s'était caché en Argentine sous une fausse identité. Il en était convaincu, pour se reconstruire démocratiquement son pays devait juger les criminels nazis, et on peut dire qu'il aura apporté toute son aide à ce processus. Il fallait faire en sorte que les jeunes Allemands puissent découvrir quels avaient été les crimes de leurs parents et ce qu'avait été cette période de nazisme qui avait plongé l'Allemagne dans un gouffre sans fond. C'est en 1958 lors du procès des Einsatzgruppen, les escadrons de la mort que l'on aura pris conscience de l’insuffisance des poursuites engagées contre les criminels nazis, bien que de multiples plaintes aient été déposées. Peut-être aussi parce que la constitution des dossiers de mise en accusation était très longue et qu'il fallait trouver des témoins, en admettant que ceux-ci veuillent témoigner. Il semble bien que la RFA ait joué sa crédibilité en tant que démocratie du camp occidental, désireuse cependant de montrer qu’elle entretenait désormais un rapport critique avec son passé et qu'elle était donc prête à s'amender.

    GLOBKE devenu dans les années cinquante l'adjoint du chancelier ADENAUER, était en poste au ministère de l’Intérieur du Reich en 1935 et il avait, semble-t-il, répondu à une commande de l'Etat acceptant de travailler à une restriction des droits des juifs. Il sera l'un des premiers officiels à devoir rendre des comptes. Sa présence aux côtés d'ADENAUER sera très vite jugée dérangeante car il était l’emblème de la compromission de toute une partie de la fonction publique.

    Yahoo!

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :