• Edouard Stern ou l'assassinat d'un grand prédateur

    Edouard Stern ou l'assassinat de la 38ème plus grosse fortune de France

    Edouard Stern ou l'assassinat de la 38ème plus grosse fortune de France

    1er mars 2005 au matin, Édouard STERN ne se présente pas au travail. Une chose rare pour ce banquier d'affaires toujours à l'heure. En début d'après-midi, alertés par ses collaborateurs les policiers découvrent son corps dans le loft qu'il occupe au 17, rue Adrien-Lachenal à Genève, tué de plusieurs balles de Smith et Wesson 9 mm et emmailloté d'une combinaison en latex de couleur chair. Très vite les enquêteurs penchent pour l'épilogue tragique d'un jeu sado-maso qui aurait mal tourné mais dont ils auront cependant du mal à expliquer les tenants et l'aboutissement macabres. Ce qui est certain c'est qu'inconnu de son vivant malgré le fait qu'il ait été l'un des descendants du créateur de l'une des toutes premières banques d'affaires françaises et qu'il ait été marié à Béatrice, une fille de Michel DAVID-WEILL, président de la Banque Lazard, l'homme va soudain devenir lui aussi l'un des banquiers les plus célèbres grâce à la une de tous les magazines people de la planète car son penchant pour les affrontements sexuels va beaucoup faire jaser. D'autant que des sex-toys et des ustensiles sexuels seront retrouvés dans le loft ainsi qu'un certain nombre de revues olé-olé. A 50 ans, ce grand prédateur de la finance, divorcé et père de trois enfants qu'il adorait, pesait un milliard d’euros... 

    Edouard Stern ou l'assassinat de la 38ème plus grosse fortune de FranceLe crime a tous les ingrédients d’un polar sulfureux, un polar auquel on finira même par mêler un jour la mafia russe. L'homme d'affaires n'avait pas caché peu de temps avant sa mort qu'il craignait pour sa vie et il s'était procuré des armes dont ce Smith et Wesson qu'il emmenait partout avec lui pour se protéger. Mais qui, plus sérieusement, aurait pu tuer Edouard STERN, l'ami et le banquier de Nicolas SARKOZY, un homme qui était tout de même en 2004 la 38ème fortune française ? Un rival en affaires parmi lesquels aurait également pu figurer une autre personnalité qui a aujourd'hui les dents longues, le dénommé Thierry BRETON. Avant que STERN ait été abattu, il avait été l'administrateur de Rhodia et le jeune banquier avait eu pour projet de lui déclarer la guerre puisqu'une plainte avait déjà été déposée contre l'ancien "Monsieur Thomson-Brandt". Juste avant que BRETON ne soit appelé par Jacques CHIRAC pour prendre en charge l'Economie et les Finances de notre pays. Certes, l'homme d'une cinquantaine d'années était réputé être assez dur en affaires et il avait redressé la Banque Stern que son propre père avait été incapable de diriger avant de la revendre fortune faite ? Personne ne saura répondre aux premières questions alors que son immeuble comptait un commissariat au rez-de-chaussée, où personne n'entendra de détonation. Ce qui est certain c'est qu'il connaissait son meurtrier puisque la porte d'entrée de son luxueux loft n'avait pas été forcée ! C'est lors de l'enquête que la part d'ombre du banquier livrera quels étaient ses excès, et des excès en tout ! Car ce n'était un secret pour personne, l'homme arrogant et méprisant semblait ne trouver de plaisir que dans des situations perverses. Peut-être aussi parce qu'enfant, il avait été humilié par un père, Antoine, qui ne songeait qu'à s'amuser et dont il se vengera en l'évinçant de sa propre banque. De l'avis de ceux qui le connaissaient, Edouard STERN était un homme agissant dans la vie comme partout ailleurs : sans scrupules. Ce qui l'amènera à croiser une certaine Cécile BROSSARD (ci-contre), un être éprouvé elle aussi par une enfance chaotique que l'on définira comme étant bipolaire, une sculptrice qu'il ne montrera jamais autour de lui lors de leurs premiers rendez-vous. On a dit qu'il avait entretenu avec elle une passion dévorante, charnelle et orageuse, qui les rongeait et les consumait tous les deux. Une créature plutôt maigriotte que les propres enfants d'Edouard trouvaient "tarte" et qui n'était pas spécialement une beauté. Elle rompra plusieurs fois, revenant toujours, comme si elle était subjuguée par cet homme qui alternait à son égard les comportements les plus amoureux et les plus odieux. Les messages tendres à son "petit lapin" seront par exemple suivis d'autant d'insultes du genre : « Tu n'es qu'une salope et tu ne crois quand même pas que je vais passer ma vie avec toi ! » Après l’été 2004, l'état de santé de Cécile s’était dégradé et elle avait perdu onze kilos. « Barre-toi, ça va mal finir », lui avaient dit des amis, persuadés qu’elle finirait par se tuer au comble d'une dépression. Crises de larmes, évanouissements... Cécile évoquera un jour la torture morale qu'elle subissait avant, le lendemain, d'être aux anges, parce que tout était rentré dans l’ordre. Mais elle ne rompra pas.

    Passionnée des alcôves et ayant vécu des expériences traumatisantes plus jeune en supportant même un viol, la jeune femme a, semble-t-il, soudain exigé davantage de son compagnon de jeux érotiques ponctués de sado-masochisme et, à défaut de reconnaissance, d'avoir au moins la contrevaleur d'un million de dollars pour se trouver sécurisé financièrement. Des fonds qu'elle s'était engagée à lui restituer et qui aurait été un gage des intentions du banquier.  Son "mec", comme elle avait coutume de dire de lui, ne lui avait-il pas promis le mariage ? A partir de la mi-février, ce million de dollars sera même au centre de toutes les préoccupations du couple. Cécile BROSSARD a-t-elle attendu cette pluie de dollars pour le quitter définitivement ? Ou Edouard STERN a-t-il utilisé ce million pour un nouveau jeu pervers afin de la tester ? Difficile de savoir quel a pu être le cheminement de pensée des uns et des autres ! Mais Cécile ayant tardé à restituer les fonds, Edouard s'était arrangé pour les faire bloquer, ce qui aurait provoqué l'ire de sa partenaire de jeux torrides qui l'aurait amenée à lui demander des explications en se rendant chez lui le 28 février au soir, quelques heures après avoir appris de sa banque que l'homme de sa vie venait de bloquer les fonds qu'il avait mis à sa disposition. Il est clair que cet homme à femmes, Edouard STERN n’avait pas du tout l’intention d’épouser Cécile, d'autant qu'à la même période, il avait proposé à une ­ex-amie, l'ex-miss URSS Julia, de « donner une ­seconde chance à [leur] couple ». Et Julia aurait attendu un enfant de lui, Maximilian qui mourra à l'âge de cinq mois en 2000. 

    Pourtant, les retrouvailles d'Edouard et de Cécile donneront lieu, une fois de plus, à des échanges torrides jusqu'à ce qu'elle lui ait demandé la raison pour laquelle il avait procédé au blocage des fonds versés et qu'il lui ait répondu en lançant cette phrase que Cécile prendra pour une véritable injure et qui condamnera le banquier : « un million, c'est cher payé pour une pute » ! Certains observateurs se demanderont s'il avait fait exprès de sortir une telle injure ou s'il n'avait pas voulu se suicider en prononçant à ses risques et périls ce que d'autres qualifieront de "phrase gâchette". Récupérant alors un revolver qu'elle savait où trouver, Cécile BROSSARD tirera quatre fois sur celui qui l'avait insultée avant de quitter l'appartement en catastrophe avec l'arme dont elle se débarrassera. Un tueur à gages n'aurait pas fait mieux ! Ayant appris à manier une telle arme, une première balle sera tirée presque à bout portant, à 10 ou 15 centimètres de la tête et la cagoule que portait Edouard STERN épargnera à Cécile la vision du visage de son amant. Puis trois autres détonations claqueront parce qu'elle ne voulait pas, dira-t-elle aux enquêteurs, qu'il souffre. Elle récupérera ensuite tout ce qui aurait pu la compromettre, effaçant ses empreintes, et emportant avec elle son attirail de "maîtresse sado-maso". Sans cependant se douter que ce départ serait filmé par une caméra au sous-sol qui la verra monter ce 28 février dans une voiture avec un sac à 21h17. Mariée à un naturopathe suisse, un certain Xavier qui était davantage un père de substitution qu'un époux qu'elle rejoindra, elle lui demandera par téléphone de réserver pour elle aux chemins de fer suisses un billet sur le Montreux-Milan de 23h40. Elle prétextera devant lui, la nécessité de prendre de la distance après une nouvelle dispute avec STERN, une passade que ce Xavier avait fini par tolérer. Elle ne s'étendra pas bien entendu sur son geste vengeur qu'elle lui cachera et quittera la Suisse pour l'Australie avant d'y revenir trois jours plus tard alertée par Fabienne SERVAN-SCHREIBER. Fabienne, la demi soeur d'Edouard qu'elle connaissait lui dira ce qui était arrivé à son séducteur pervers de frère. Mais c'est une toute autre version que Cécile BROSSARD servira aux enquêteurs un peu plus tard, en leur confiant avoir vu Édouard STERN le 28 février, déjà mort et tué à l'aide d'une arme, assurera-t-elle. Des versions qui permettront aux enquêteurs de la confondre car avec la chaleur qui se dégageait de la combinaison en latex, les trous faits par les balles s'étaient rebouchés et il n'y avait que le meurtrier qui aurait pu savoir que la mort avait été donné par une arme à feu et cela d'autant que la caméra dont elle avait ignoré la présence l'avait trahie. Et puis, il était difficile de croire qu'une autre personne ait pu se manifester ce soir-là avant elle pour tuer le banquier sans se faire photographier. 

    Arrêtée après avoir été entendue et n'avoir pas su se sortir de deux interrogatoires serrés pendant lequel elle avait tout d'abord nié toute implication dans le meurtre, Cécile BROSSARD craquera au second, le 15 mars. En possession de l'un des sept jeux de clés du loft, il n'avait guère été difficile aux enquêteurs de la localiser et de la convier à quelques échanges. Elle sera jugée en juin 2009 et condamnée à huit ans et demi de prison mais, avec les remises de peine, elle n'en fera que cinq. Contrainte de quitter le territoire suisse, elle tente depuis de se reconstruire en France dans la région parisienne, à la campagne, chez sa soeur. Mais elle est aujourd'hui tellement effondrée et sans doute stupéfaite d'avoir pu ôter la vie à celui auquel elle était attachée qu'elle doit bénéficier d'un suivi psychologique. Plongée dans une profonde dépression, elle a même fait une tentative de suicide. Cette histoire a inspiré de nombreux livres, dont deux romans, Latex, de Laurent SWEIZER, et Sévère de Regis JAUFFRET. Avant que Cécile BROSSARD soit inquiétée on avait même pensé à un sordide règlement de comptes évoquant la mafia russe, Edouard STERN ayant été compromis dans maintes affaires qui l'avaient vu s'opposer à des groupes. D'une autre liaison avec une jeune femme russe, Julia LEMIGOVA, il avait eu un enfant, un petit garçon qui mourra sans que l'on sache qui avait pu vraiment le tuer malgré l'implication d'une nourrice, Maya, qui avait regagné son pays la Bulgarie.

    De ce fait divers on fera aussi un film avec, dans le rôle de Cécile BROSSARD, Laetitia CASTA.

        

     

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