• Juin 1943, affaire Jean Moulin... Edmée Deletraz, l'agent double de Caluire...

    Edmée Delettraz, l'agent double de Caluire...

    Dès lors qu'est évoquée l'affaire de l'arrestation du Responsable de la Résistance française Jean MOULIN, son nom revient automatiquement lors de l'énumération des faits. Ne serait-ce que par le rôle qu'Edmée DELETRAZ aura joué ce triste 21 juin 1943 à Caluire. Edmée, de son autre nom, madame DEVILLE, était d'abord un agent du réseau Gilbert fondé par le colonel Georges GROUSSARD, chargée des relations avec la Suisse. Un homme qui n'était pas très favorable aux Gaullistes pendant la guerre. Arrêtée le 16 avril 1943 à Lyon, elle sera ensuite utilisée par la Gestapo en mai et juin, d'abord pour l’arrestation à Mâcon le 28 mai 1943 de Berty ALBRECHT, la secrétaire et compagne de Henri FRENAY, puis ensuite pour celle de Jean MOULIN à Caluire. Beaucoup de ceux qui ont voulu incriminer Edmée DELETRAZ ont prétendu qu'elle avait été la maîtresse d'un sinistre personnage, devenu nazi, du nom de Robert MOOG qui était parvenu à infiltrer les milieux de la Résistance, ce qui aura permis aux nazis de se procurer une grande quantité de données qu'ils exploiteront.

    Lydie Bastien, la diabolique de CaluireS'agissant de l'affaire de Caluire, Edmée dit avoir suivi René HARDY jusqu’à la maison du docteur DUGOUJON pour connaître l'adresse où devait se tenir cette réunion secrète, puis elle devait retrouver Klaus BARBIE et lui indiquer celle-ci. Mais lorsqu'elle a été entendue au sujet de l'affaire de Caluire, elle a affirmé avoir laissé en fin de matinée, le même 21 juin, des messages à plusieurs résistants de sa connaissance pour qu'ils annulent cette réunion qu'elle savait pipée, ce qu’attestent des témoins. Elle apparaît donc comme un véritable agent double, jouant le jeu de l’adversaire, quitte à s'être salie les mains, mais en essayant de minorer autant que possible les effets dévastateurs de sa collaboration avec les nazis. Différents témoignages attestent de sa loyauté à la Résistance et du fait qu'elle aurait tout tenté pour prévenir les résistants de ce qui les attendait à Caluire. Mais elle ne pouvait savoir que Jean MOULIN se présenterait chez le docteur DUGOUJON avec trois quarts d'heure de retard et que ses tentatives d'alerter les résistants échoueraient. Pire encore, et elle s'en voudra longtemps, en cherchant à retarder les sbires de BARBIE au maximum, elle leur permettra de réaliser un coup de filet encore plus important que si elle s'était abstenue de les retarder. Car si BARBIE et ses sbires étaient arrivés à l'heure, en voyant leurs tractions devant la maison MOULIN n'y serait pas entré. Il semble donc que ses efforts d'alerter la Résistance aient été manifestes bien qu'arrivée avec l’équipe de BARBIE à Caluire, place Castellane où se tenait la réunion, elle ait feint de ne pas reconnaître la maison, leur faisant perdre du temps et espérant que ses messages du matin laisseraient le temps aux résistants de fuir. Certains disent qu'elle s'est demandée jusqu'à son dernier jour si elle avait bien agi. On peut être néanmoins surpris par le fait que, sachant que cette réunion devait avoir lieu chez un certain docteur DUGOUJON, les nazis n'aient pas pris la précaution de savoir à l'avance où son cabinet de médecin était réellement situé à Caluire et s'il y avait plusieurs issues de façon à poster à chacune d'entre elles des vigiles pour éventuellement stopper les fuyards s'il s'en trouvait. Ce qui démontrerait également quel était le degré de précipitation des sbires de Klaus BARBIE qui ont malgré tout été servis par une chance de voyous !

    Edmée, si on en croit ses propos, aurait de surcroît vu HARDY le matin du 21 juin, à l’aise parmi les Allemands dans les bureaux de la Gestapo à l'Hôtel Terminus qui se serait entraîné à se libérer d’un cabriolet, le nom que l'on donne à ce chaînon censé remplacer des menottes. La pseudo évasion de Caluire de l'intéressé reste donc assez peu vraisemblable pour les témoins de la scène. Ce qui est regrettable, c'est que ce qui a semblé être une évasion simulée avec coups de revolver maladroits des sbires nazis tirés en l'air n’ait jamais fait l’objet d’une reconstitution au moment des deux procès intentés contre lui en janvier 1947 et mai 1950, ce qui aurait sans doute rendu sa version des faits beaucoup moins crédible. Mais, défendu comme HARDY l'avait été par le ténor du barreau qu'était Maître GARÇON, Edmée DELETRAZ n'avait aucune chance. Elle sera même singulièrement déstabilisée par le célèbre défenseur lorsqu'elle aura à témoigner à la barre et à un point tel que le Président du tribunal devra envisager une suspension de séance. En revanche, son implication dans l'arrestation de Berty ALBRECHT, proche collaboratrice et compagne d'Henri FRENAY, le patron du réseau COMBAT, le 28 mai 1943 ne prête à aucune hésitation. Même si elle est liée au fait qu'Edmée DELETRAZ croyait avoir affaire avec Bertie à un agent allemand, ce qu'avait tenté de lui faire croire BARBIE ! Ce qui l'amènera à participer à la mise en oeuvre de ce qu'elle ne supposait pas au départ être un piège. 

     

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