• André Leysen et les nazis

    André Leysen et les nazis

    Issu d'une famille très flamande de Pulle et sous l'impulsion de sa mère Elza MERTENS, une féministe assez excentrique qui a été la première femme pilote d'avion de Belgique, le jeune André LEYSEN avait sympathisé avec l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale et fréquenté une école allemande où il avait rencontré celle qui sera sa future épouse, Anne AHLERS. Dès les premiers mois de l'occupation, il avait en effet quitté son collège anversois pour gagner la Deutsche Schule, une école allemande d'une ville de l'Escaut qui était assez éloignée de chez lui et qui impliquait qu'il accepte chaque jour près de quatre heures de transport avant d'y accéder. C'est en 1941 qu'il deviendra membre des Jeunesses hitlériennes, où il avait rapidement gravi les échelons avant de partir servir en Allemagne avec ses condisciples. Surtout pour pouvoir monter à cheval et faire du sport, se défend-il. Sans être des pro-nazis nous étions des pro-Allemands par manque d'identification à une Belgique dominée par les francophones. Son frère Frits, lui aussi gagné par les théories nazies, sera parmi les tout premiers à gagner le front de l'Est dans les rangs de la Waffen SS. Lorsque le Troisième Reich s'est effondré en 1945, André LEYSEN se trouvait du reste à Berlin encore noyé au milieu de ces Jeunesses Hitlériennes. Rentré chez lui après un voyage d'un mois depuis Berlin, être monté dans un wagon à bestiaux ouvert, abandonné son uniforme, et avoir été désinfecté avec du DDT à la frontière suisse et alors qu'il sortait de la gare centrale d'Anvers, les cloches des églises se mirent à sonner pour célébrer le cessez-le-feu et la capitulation de l'Allemagne. Pour lui, ce fut comme un signe, même s'il avait déjà été assez puni pour avoir soutenu le Troisième Reich sans finir avec une balle bien placée ou avoir été emprisonné. Ce qu'il a vécu de manière manifestement très consciente au cours des années d'occupation aurait largement valu à d'autres une lourde peine lors de la répression qui a suivi alors qu'il aura, lui, réussi à passer entre les mailles du filet.

    André Leysen et les nazisL'homme s'en sortira effectivement plutôt bien puisqu'après son mariage en 1952, il pilotera les destinées de l’entreprise maritime Ahlers de son beau-père. Une entreprise à laquelle il donnera un nouveau souffle, avant de se retrouver à la tête du groupe industriel Agfa-Gevaert. Alors qu'il n'avait pas voulu parler ni répondre à des questions concernant ses activités pendant la guerre, sera publié un livre : Derrière le miroir, une jeunesse dans la guerre édité aux éditions Racine de Bruxelles, où il avait décrit sans fard son parcours, depuis son adhésion aux Jeunesses hitlériennes en 1941 jusqu'aux lendemains de la guerre où il avait finalement découvert l'ampleur de la catastrophe et de ses errements de jeunesse. Puis, bien plus tard, conscient que l'extrême droite menaçait à nouveau l'équilibre mondial, il avait voulu s'affranchir de ce passé et mettre les gens en garde sur ce qui s'était passé quarante ans plus tôt. Un ouvrage qui répond imparfaitement aux questions que l'on pourrait se poser sur son environnement familial cause semble-t-il de son engagement nazi car un adolescent de quatorze ans ne s'engage pas ainsi seul dans une telle machine à broyer les identités !

    André LEYSEN décédera en 2015 à l'âge de 88 ans ; il souffrait depuis dix ans de la maladie de Parkinson. Alors qu'il aurait pu prétendre à être anobli après ses réussites industrielles, son passé de nazi au sein des Jeunesses Hitlériennes ne le lui permettra pas.

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