• Les derniers jours d'Anne Frank

    Si son histoire a fait le tour du monde depuis 1947, elle continue d'opérer comme un mirage et une porte entrouverte vers l'espoir.

    Morte à Bergen-Belsen à 16 ans, l'adolescente Anne FRANK avait été arrêtée le 4 août 1944 à Amsterdam dans une annexe secrète aménagée des bureaux qu'avait occupé sa famille qui s'y cachait depuis le 6 juillet 1942. Installée à Francfort-sur-Main, sa famille se sentant de plus en plus persécutée par les nazis, avait dû fuir l'Allemagne en 1933 pour les Pays-Bas. Un pays où pensant pouvoir redémarrer une existence, son père Otto avait créé OPEKTA WORKS, une nouvelle société. Les FRANK étaient juifs réformistes et ils pratiquaient beaucoup des traditions de la foi juive, sans toutefois observer l'ensemble des coutumes. C'est dans cette annexe que la famille FRANK s'était cachée sans imaginer que les Pays-Bas allait devenir un jour le pays qui détient le triste record du nombre de Juifs assassinés dans l’Europe occidentale occupée par les nazis. « Je ne pense pas que les Néerlandais voulaient nous tuer, ils agissaient par peur » dira une survivante juive, amie d'Anne FRANK. Tout sera fait pour que les éventuels visiteurs indésirables aient la conviction que la famille était partie précipitamment en Suisse. Quelques amis et employés informés de leur abri leur permettront deux années durant de pouvoir compter sur un peu de nourriture et quelques nouvelles de l'extérieur. Le 4 août 1944, entre 10 h et 10 h 30, l'abri de la Famille FRANK sera découvert par les services de sécurité de la police allemande (Grüne Polizei) vraisemblablement sur l’indication d'un informateur qui ne sera jamais identifié. Ce qui est bien dommage. On évoquera des gens qui auraient été employés illégalement par la Famille FRANK sans avoir été déclarés. Entrés dans la maison, ils semblaient savoir précisément où il devaient se rendre et après avoir découvert la porte-bibliothèque pivotante cachant la porte d'accès à l'Annexe, les Gestapistes exigeront qu'on l'ouvre. Les FRANK et certains de leurs proches seront aussitôt emmenés vers le camp de transit de Westerbrok avant d'être ensuite dépotés vers Auschwitz.

    Les derniers jours d'Anne Frank

    Ses amis diront d'elle qu'Anne était expressive, énergique et extravertie et qu'elle nourrissait une véritable passion pour l'écriture. Ce qui peut expliquer qu'elle ait trouvé une certaine forme de refuge dans cette écriture durant les deux années qu'aura duré l'enfermement de la famille FRANK à Amsterdam. Dans certains des passages de son journal, l'adolescente fournira des détails sur l'oppression grandissante que les Juifs vivaient. A propos de l'étoile jaune que les Juifs étaient obligés de porter en public, elle énumèrera les restrictions et les persécutions qui bouleversèrent la vie de la population juive d'Amsterdam. Couverte de poux et affaiblie, Anne FRANK avait à la fin à Bergen-Belsen perdu tout espoir de pouvoir retrouver un jour la liberté. Si elle avait su que son père avait recouvré la liberté à Auschwitz, elle aurait peut-être tenu et résisté quelques mois de plus. Elle finira par mourir en mars 1945 du typhus, deux jours après sa soeur Margot et quelques jours seulement avant que les Britanniques libèrent le camp où elle se trouvait. C'est son père Otto qui publiera en 1947 son journal après l'avoir découvert, se rendant compte que sa fille se serait battue pour qu'il soit publié. Ce journal d'Anne FRANK est sans doute aujourd'hui le manuscrit le plus lu dans le monde au sujet de l’Holocauste et il a été traduit en 70 langues dans des dizaines de pays. Décrit comme le travail d'un esprit mûr et perspicace, l'œuvre donne un point de vue intime de ce qu'aura été la vie quotidienne d'Anne FRANK pendant l'occupation nazie. Ce journal d'une adolescente au destin tragique a fait d'Anne l'une des victimes emblématiques de la Shoah.

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  • Monsieur Bill aura la tête tranchée !

    Monsieur Bill aura la tête tranchée !

    Au début des années soixante, la guillotine ne chômait pas et il n'était pas rare qu'on y fasse appel pour trancher la tête d'un condamné. Georges RAPIN alias Monsieur Bill auteur d'un meurtre répugnant ne sera pas le dernier à avoir la tête tranchée, lui qui rêvait d'avoir un destin de gangster, et d'être un héros de série noire au point d'avoir organisé la médiatisation d'un personnage que reniaient les caïds de Pigalle ! Alimentant la presse populaire des faits-divers, l'homme aura longtemps éclairé les photographies de Détective et de France Soir en se présentant sous les traits de l'homme sulfureux qu'il se plaisait à camper, lui qui n'était pourtant qu'un fils à papa sans personnalité. Le magazine Détective lui consacrera d'ailleurs plusieurs couvertures dont celle publiée ci-contre.

    Mais, qui était exactement ce "Monsieur Bill" dont on parlait beaucoup au début des années soixante, même dans les cours de récréation et que les petits loubards admiraient ? Un malfrat ? Celui qu'il prétendait être ? Assurément ! Certains diront qu'il était fou et que c'était un retardé mental. Disons qu'à l'époque, Pigalle était le royaume des vrais hommes, des durs, des julots, des michetons en costumes à rayures et belles cravates qui, roulant en décapotable, partageaient leurs journées entre parties de cartes et belles filles. Issu d'une famille aisée, et reconnaissable à sa tête de gouape déjantée, Georges RAPIN n'avait pourtant pas le profil de ces individus manquant de tout qui auraient pu être fascinés par le crime et une vie dissolue, et qui auraient juré de se venger un jour de la société en devenant une figure du grand banditisme. Au fil des années, le caractère de l'enfant s'affirmera en fonction de la sollicitude dont on l'a entouré. Car lui, "Pinpin", l'enfant gâté d'une maman qui l'adorait, lui le fils unique d'un ingénieur et de parents qui ne savaient rien lui refuser, il avait tout ce que pouvait désirer un gamin : une existence dorée et tout ce que pouvait obtenir par ses caprices un adolescent manipulateur et turbulent. A l'école il se montrera un élève irrégulier, se plaignant de maux de tête, ou de fièvre subite pour ne pas aller en classe. A chaque fois ses parents seront aux cent coups, eux qui avaient déjà perdu un premier enfant. Le gamin avait même de la suite dans les idées, qu'on en juge ! A 5 ans, alors qu'il était au théâtre avec sa mère, il la forcera à partir à l'entracte car il n'y avait pas de bonbons. A 17 ans, après avoir été renvoyé de plusieurs lycées, l'adolescent commencera à travailler laborieusement. Ses parents tenteront de lui procurer un emploi dans une librairie, mais il sera mis à la porte de chez GIBERT JOSEPH, d'où il sera licencié pour avoir été surpris en train de manipuler une arme. Qu'à cela ne tienne, comme il voulait être le tenancier d'un bar pour être davantage dans la note, on lui paiera à son retour du service militaire le Bill's bar, puis un deuxième qu'il ne fera pas l'effort d'exploiter. Il prétendra lors de sa revente que le Bill's Bar ne marchait pas. Pour le consoler, on finira par lui offrir la Dauphine Gordini noire dont il avait besoin pour ses frasques et pour enlever ses danseuses ! Tout cela alors qu'il avait tout d'abord rêvé être comédien, ce qui l'avait amené avant de partir à l'armée à prendre des cours de comédie chez Madame BAUER-THEROND.  

    Monsieur Bill aura la tête tranchée !Arrêté pour un crime affreux, puis pour avoir commis un crime parfait qu'il avouera, l'homme ira jusqu’au bout de sa mythomanie en n'hésitant pas à s'attribuer la paternité de plusieurs autres crimes. Sans doute pour avoir l'air encore plus vrai et ressembler à ces hommes sans foi ni loi que l'on aurait pu craindre lorsqu'on les croisait. Interpellé le 4 juin 1959 par le commissaire Jean-Marie CHAUMEIL de la Première Brigade Territoriale dans le luxueux appartement familial du 209 boulevard Saint-Germain où il demeurait avec ses parents, il reconnaîtra après vingt-quatre heures d'interrogatoire, avoir tué Muguette THIREL dite Domino (ci-contre), une entraîneuse qu'il venait d'acheter à un dénommé STELLO, un souteneur du milieu de Pigalle. Lui reprochant de ne pas lui rapporter assez à lui le flambeur, d'autant qu'il venait de perdre deux millions d'AF aux cartes, il décidera de la tuer. Le corps de celle-ci, tout d'abord difficilement identifiable, sera retrouvé calciné par des promeneurs dans la forêt de Fontainebleau et l'autopsie réalisée démontrera que la jeune femme avait été abattue de cinq balles de 7,65 et que dix litres d'essence avaient été utilisés pour la faire disparaître. Ce sont les escarpins de couleur rose qui permettront de savoir que l'on avait affaire à cette même Muguette THIREL que l'on avait vue monter dans une voiture noire appartenant à un certain "Monsieur Bill" la veille. La violence du meurtre frappera les enquêteurs, sidérés par l'audace du meurtrier, qui avait tué la jeune femme à quelques mètres de la route seulement au risque d'être facilement repéré. Ce qui provoquera de suite une énorme médiatisation de l'affaire. A la sortie du cabinet du juge, après son arrestation, il lancera aux journalistes présents fier comme Artaban : « Merci, messieurs pour être venus aussi nombreux. Je dois être quelqu’un. Vous avez raison de prendre aujourd’hui vos clichés : c’est le plus beau jour de ma vie. » Les caïds de Pigalle eux prendront aussitôt leurs distances, estimant horrible qu'on ait pu tuer cette pauvre Muguette qui, blessée, vivait encore lorsqu'elle sera brûlée. 

    Guillotiné le 26 juillet 1960 dans le quartier des condamnés à mort de la Prison de la Santé, malgré la brillante plaidoirie de quatre de ses défenseurs dont un certain René FLORIOT, Monsieur Bill n'avait que 24 ans. Après être revenu sur ses aveux et sur les treize crimes dont il s'était accusé, désireux en prison de retrouver sa maîtresse Nadine, RAPIN mettra de la distance avec ce Monsieur Bill qui définissait chacun de ses actes. Reniant son personnage, Georges RAPIN se présentera en effet devant ses juges en jeune homme de bonne famille et comme un garçon qui aurait été perverti par de mauvaises fréquentations à Pigalle et donc injustement accusé. En revenant sur ses aveux, RAPIN accusera du reste un souteneur prénommé ROBERT d'avoir tué Dominique parce qu'elle le faisait chanter, et cela sous ses yeux. Les deux compères auraient convenu que RAPIN s'accuserait du crime le temps pour ROBERT de se mettre au vert. L'explication ne convaincra néanmoins personne. Les experts appelés à la barre décriront l'accusé, comme quelqu'un d'émotif, à la recherche d'émotions violentes et nourrissant un complexe d'infériorité. Il ne faudra qu'une demi-heure aux jurés pour le condamner à mort ! Ce dernier refusera cependant de se pourvoir en cassation et de faire appel de sa condamnation à mort qu'il reconnaîtra après coup être une reconnaissance du statut de caïd qu'il avait longtemps revendiqué en s'accusant au passage de crimes qu'il n'avait pas commis en dehors de celui de la jeune prostituée et d'un pompiste, Roger ADAM qui avait osé le traiter de "petit con". Exécuté par le bourreau André OBRECHT, celui-ci écrira dans ses mémoires à propos de son exécution : « Monsieur Bill a mis en scène lui-même son suicide légal. Il a coupé le col de son veston et de sa chemise. Et, à notre arrivée, il riait. Il riait mais devait être déçu de n'avoir personne pour l'interviewer et immortaliser son cabotinage.» L'homme qui rêvait de ressembler au caïd interprété par Jean GABIN dans l'extrait ci-dessous mourra à 24 ans.

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  • Otto Skorzeny, le balafré

    Otto Skorzeny, le balafréCe mercenaire sera l'un des derniers hommes de main auquel HITLER fera appel pour entreprendre des missions périlleuses dont il s'acquittera souvent avec succès comme ce sera le cas en 1943 dans les Apennins, lorsqu'il s'agira de délivrer Benito MUSSOLINI que des partisans avaient enlevé et qu'il ramènera en Allemagne dans la Tanière du Loup. Ingénieur, polyglotte, bagarreur, anticommuniste acharné, Otto SKORZENY garde de ses duels à l'épée plusieurs balafres qui lui striaient le visage. Il faut dire que l'homme né à Vienne en 1908 était un jusqu'au-boutiste acharné qui n'hésitait pas à rallier le camp de ceux qui avaient besoin d'un mercenaire tel que lui.

    Otto Skorzeny, le balafréDevenu SS en 1938, il rejoindra très vite la Leibstandarte chargée de la protection d'Adolf HITLER avant de prêter main forte aux nazis en Russie et à l'est où il est probable qu'il ait été membre des Einsatzgruppens, ces unités de police qui massacrèrent plus d’un million et demi de Juifs. Devenu un atout en des temps plus difficiles pour les nazis, ses idées séduiront, et en avril 1943 il sera placé à la tête d’une école chargée de former des agents capables de mener des opérations téléguidées derrières les lignes ennemies. Le 25 juillet 1943, après avoir congédié MUSSOLINI, le roi Victor Emmanuel III, soucieux de garantir la pérennité de sa dynastie et de rompre avec le fascisme, avait fait arrêter le Duce. HITLER, peu disposé à laisser son ancien allié se retirer du conflit et toujours convaincu de sa capacité à galvaniser les foules, fera appel à lui pour une opération commando d'envergure. Il ne faut pas oublier que pendant longtemps le dictateur nazi a considéré MUSSOLINI comme son « maître » et redoutant que le nouveau gouvernement italien l’extrade aux alliés. il espérait que sous la direction du Duce, les nationalistes italiens reprendraient le combat à ses côtés. Les Allemands, avec beaucoup de difficultés, avaient fini par localiser l’endroit où était détenu le dictateur déchu, un massif montagneux en plein cœur des Apennins, situé à 120 km au nord-est de Rome. MUSSOLINI était retenu à l’hôtel Campo Imperatore à 2 000 mètres d’altitudeOr, l’hôtel situé au sommet d’une falaise n’était accessible que par un téléphérique. Le 10 septembre, envoyé en reconnaissance au-dessus du Gran Sasso, un avion permettra à SKORZENY d’établir un plan d'attaque en faisant appel à douze planeurs qui devront acheminer les commandos chargés de délivrer le Duce. Un parachutage ayant été jugé trop risqué, c’est un petit alpage repéré lors du vol de reconnaissance qui sera choisi par le mercenaire nazi pour faire atterrir les planeurs. Ayant pris la précaution de s'entourer d'un général bien connu en Italie, le général SOLETTI, les premiers commandos pénétreront dans l’hôtel, bientôt rejoints par les autres sans que personne ne tire. L’Italie qui venait de traverser de nombreuses défaites étant en proie à une débandade générale avec un gouvernement n’arrivant pas à rétablir une situation bien compliquée, on admet que personne n'ait voulu s'interposer. Les geôliers poseront même avec le Duce pour une photo souvenir avec les membres du commando de SKORZENY (photo ci-dessus).

    En septembre 1944 HITLER enverra son mercenaire à Budapest en Hongrie où un rapport de force était en train de s’inverser, le régent du pays Milkos HORTY négociant en secret un armistice avec les Soviétiques. SKORZENY entreprendra de kidnapper le fils du dirigeant hongrois, et sous la menace de la mort de son fils, celui-ci sera contraint de renoncer à son pouvoir. Il sera remplacé le lendemain par Ferenc SZALASI, une marionnette que les Allemands mettront en place pour mener le combat contre les communistes jusqu’à la fin de la guerre. Dans les derniers moments du conflit, il participera à la création du réseau « Die Spinne », l’araignée, un réseau qui devait se charger d’exfiltrer des anciens SS vers l’Italie. On estime à près de 600 les SS qui bénéficieront de l’aide de Die Spinne pour fuir et échapper aux Alliés. Arrêté, en 1947 il sera inculpé au procès de Dachau pour ses exactions durant la bataille des Ardennes, mais finalement acquitté, non sans s'être évadé durant son incarcération et avoir été considéré comme l'un des hommes les plus dangereux et encore libres.

    En 1953, le président égyptien Mohammed NAGUIB qui avait à coeur de contenir les Israéliens, le recrutera en tant que conseiller militaire. SKORZENY fera alors appel à des anciens SS et officiers de la Wehrmacht pour l'aider à entraîner l'armée égyptienne. Il passera ensuite du temps en Argentine, où il agira en tant que conseiller du président Juan PERON et garde du corps de son épouse Evita. Les historiens auront également vent d'une collaboration entre le Mossad et SKORZENY. S’il est surprenant que l’ancien SS, favori d’HITLER ait pu travailler avec les Juifs, c'était aussi une assurance vie et l'homme était bien plus anti communiste qu'antisémite. En témoigne sa participation en 1970 à la création d’une organisation de lutte anti-communiste chargée de recruter des mercenaires baptisée « Paladin group ». Après avoir été opéré à Hambourg de deux tumeurs, il mourra le 5 juillet 1975 à 67 ans d’un cancer du poumon, restant jusqu’à la fin un nazi convaincu.

      

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  • Fritz Bauer pour comprendre...

    Fritz Bauer pour comprendre...Il avait cherché à savoir là où tout avait commencé, en Allemagne, seize ans plus tôt, en février 1933 ! Un pays, son pays, qu'il avait dû quitter avant de songer à y revenir en 1949, mettant un terme à un long exil. En 1933, il avait dû partir parce qu'il était juif et qu'il avait adhéré au parti social-démocrate, et parce que les nazis lui avaient retiré son poste de juge à Stuttgart l'enfermant, un peu plus tard, dans un camp de concentration. Il s'en était évadé, avait été repris, s'était encore évadé et il s'était réfugié en Suède Jusqu'à la fin de la guerre.

    Devenu procureur à Brunswick, Fritz BAUER deviendra célèbre en 1952 en défendant la mémoire de la résistance allemande au nazisme lors du procès d’Otto REMER. REMER était le chef de la garnison de Berlin en juillet 1944 et il avait fait arrêter le comte Klaus von STAUFFENBERG, l’un des conjurés de juillet 1944 à l'origine d'un attentat qui avait failli provoquer la mort d'Adolf HITLER dans sa "Tanière du Loup". Très isolé au sein de son corps professionnel et même plus largement dans la société allemande, il avait fallu à BAUER dénoncer REMER, qui militait alors dans un parti extrémiste néo-nazi, de façon à sauver la mémoire de von STAUFFENBERG. Sans doute aussi parce que la dénazification opérée après la guerre était encore à l'époque un processus inachevé. Mais, et c'est l'évidence même, Fritz BAUER s'était également heurté à une sorte d’amnésie de la part de ses concitoyens, en particulier au sujet du génocide des Juifs, comme si une sorte de déni était le seul moyen pour les Allemands d'oublier ce qui s'était réellement passé au pays de Goethe. Une attitude qui évoluera après l'arrestation d'EICHMANN et sa condamnation en Israël en 1961.

    Initiateur du "Procès d'Auschwitz" Fritz BAUER, le procureur de la jeune République fédérale d’Allemagne dans les années cinquante, est aujourd'hui devenu un héros en Allemagne. Mais ne l'était-il pas déjà avant ce procès pour avoir participé en 1960, en collaborant avec les services secrets israéliens, à la capture du nazi Adolf EICHMANN qui s'était caché en Argentine sous une fausse identité. Il en était convaincu, pour se reconstruire démocratiquement son pays devait juger les criminels nazis, et on peut dire qu'il aura apporté toute son aide à ce processus. Il fallait faire en sorte que les jeunes Allemands puissent découvrir quels avaient été les crimes de leurs parents et ce qu'avait été cette période de nazisme qui avait plongé l'Allemagne dans un gouffre sans fond. C'est en 1958 lors du procès des Einsatzgruppen, les escadrons de la mort que l'on aura pris conscience de l’insuffisance des poursuites engagées contre les criminels nazis, bien que de multiples plaintes aient été déposées. Peut-être aussi parce que la constitution des dossiers de mise en accusation était très longue et qu'il fallait trouver des témoins, en admettant que ceux-ci veuillent témoigner. Il semble bien que la RFA ait joué sa crédibilité en tant que démocratie du camp occidental, désireuse cependant de montrer qu’elle entretenait désormais un rapport critique avec son passé et qu'elle était donc prête à s'amender.

    GLOBKE devenu dans les années cinquante l'adjoint du chancelier ADENAUER, était en poste au ministère de l’Intérieur du Reich en 1935 et il avait, semble-t-il, répondu à une commande de l'Etat acceptant de travailler à une restriction des droits des juifs. Il sera l'un des premiers officiels à devoir rendre des comptes. Sa présence aux côtés d'ADENAUER sera très vite jugée dérangeante car il était l’emblème de la compromission de toute une partie de la fonction publique.

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