• Harry Stengritt, le "proxo" de Lydie la sulfureuse

    Avec sa gueule d'acteur de cinéma, "le beau Harry" STANKRET dit STENGRITT comme le surnommait la sulfureuse Lydie BASTIEN aura lui aussi joué un rôle dans l'arrestation de Jean MOULIN, ne serait-ce qu'en tant que collaborateur de Klaus BARBIE et pour avoir partagé la couche de l'ancienne prostituée de luxe qu'était "la fiancée" du renégat René HARDY dont il avait fait un agent qu'il rétribuait en bijoux. C'est d'ailleurs sur son ordre que celle-ci aurait séduit le responsable cheminot pour que les nazis puissent arrêter les principaux résistants. Il faut bien reconnaître que les deux crapules avaient tout pour s'entendre ! Lui âgé de 31 ans, elle de 20, ils avaient tous les deux un goût certain pour les parties fines ! STENGRITT avait perdu sa mère à la naissance et Lydie BASTIEN exécrait la sienne et ils avaient tous les deux une revanche à prendre sur l'existence ! D'abord dessinateur dans le textile et la confection, il était ensuite entré dans une banque avant de devenir soldat.

    Avant d'être nommé à Lyon, au sortir d'une école de police Harry STENGRITT faisait partie d'une force de 250 officiers et sous-officiers SD envoyés à Paris avec les troupes occupantes de la Wehrmacht et déguisées en Geheimefeldpolizei (GFP ou Police militaire). Leur tâche était de recueillir des données de renseignement sans attirer l'attention sur leurs actions secrètes. D'abord affecté à Maisons-Laffitte puis en novembre 1942 à Alençon, il le sera ensuite à Lyon en janvier 1943. STENGRITT n'avait pourtant au départ rien d'une grande pointure du renseignement. On ne l'employait qu'à la gestion des fiches signalétiques des agents français. Il était rarement vu en uniforme, et travaillait dans l'une des quelque 60 pièces de l'hôtel Terminus, que les SS avaient réquisitionné à leur arrivée dans la capitale rhodanienne en novembre 1942. Au début de juin 1943, ces locaux ne suffisant plus, ils déménageront à l'Ecole de Santé Militaire au 14 avenue Berthelot. C'est sans doute là qu'il rencontrera la sémillante Lydie BASTIEN qui travaillait déjà pour les nazis et que les deux seront amenés très vite à coucher ensemble car le nazi plaisait beaucoup à la demoiselle de petite vertu.

    A Caluire, où il s'était rendu avec Klaus BARBIE pour procéder à l'arrestation de Jean MOULIN dit MAX, c'est lui qui sera chargé de convoyer le traître René HARDY en lui passant à défaut de menottes un chaînon qui permettra au Résistant cheminot de prendre facilement la poudre d'escampette. Conduit avec tous ceux qui avaient été arrêtés dans les voitures qui les attendaient, HARDY portera brutalement un coup à Harry STENGRITT parvenant à se dégager du chaînon qui enserrait ses mains et, prenant ses jambes à son cou, il trouvera le moyen d'échapper aux gestapistes de BARBIE revenus de leur surprise qui, à l'image de son convoyeur, tenteront de faire feu sans évidemment l'atteindre.

    Harry STENGRITT sera capturé en novembre 1944, près de Metz, par les forces américaines, et après un passage à Paris emmené dans une cage de prisonniers de guerre vers Oberürsal. Interrogé le 2 août 1948 à Stuttgart sur les conditions de l'évasion rocambolesque de René HARDY le 21 juin 1943, STENGRITT sera à nouveau entendu à Paris le 7 décembre suivant et il déclarera que l'évasion du Résistant accusé ne s'était faite qu'avec la complicité de Klaus BARBIE. Présenté comme témoin à charge au second procès contre HARDY, son témoignage contribuera à l'acquittement, car il expliquera que la police française lui a presque dicté son premier témoignage. STENGRITT et HARDY s'étaient en effet concertés avant le procès et le nazi aurait accepté de livrer un faux témoignage contre une promesse d'aide si HARDY était acquitté. C'est le célèbre avocat Jean-Louis TIXIER-VIGNANCOURT, l'ami de Jean-Marie LE PEN qui défendra STENGRITT en 1954. Jugé pour crimes de guerre devant le tribunal militaire de Lyon, il sera déclaré coupable et condamné à mort sans que l'on tienne compte de "ses indications de 1948". Il sera cependant gracié et sa peinte de prison réduite à 15 ans d'emprisonnement, dont dix qu'il purgera.

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  • «Le tueur en chef de Maillé (indre et loire) c'est lui !

    Le tueur en chef de la bourgade de  Maillé (indre et loire) c'est lui !

    Longtemps oublié, le petit village tourangeau de Maillé a été le théâtre du deuxième plus important massacre commis par des soldats allemands sur des civils en France pendant la Seconde guerre mondiale, derrière Oradour-sur-Glane et Tulle ! Une véritable hécatombe que cette tuerie de 37 hommes, 39 femmes et 48 enfants, des êtres âgés de 3 mois à 89 ans. Cinquante-deux des soixante maisons que compte le village seront détruites ou gravement endommagées mais il aura fallu qu'il s'écoule plus de soixante ans avant que l'on arrive à identifier ce qui avait bien pu se passer exactement le 25 août 1944 à Maillé alors que les flonflons battaient leur plein à quelques dizaines de kilomètres de là à Paris où l'on fêtait la libération de la capitale ! Et c'est un visage qui a fini par s'imposer, celui d'un sous-lieutenant de la Waffen SS, un certain Gustav SCHLUTER (ci-dessus), monstre de son état, dont on ne garde que cette esquisse tirée d'une photographie en très mauvais état, un homme à l'état de bête qui n'aura pas hésité avec son bataillon basé à Châtellerault à tuer à mains nues et avec des armes, 124 personnes d'une bourgade de quelque 500 âmes, celle de Maillé ! Cet homme condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Bordeaux en 1952 dont on a pas réussi à éclaircir le rôle exact lors d'un procès sans témoins on en perdra hélas très vite la trace. Le 26 juillet 1950, des policiers français, qui avaient retrouvé sa trace, l'interrogeront à Hambourg mais le lendemain, il trouvera les moyens de fuir en RDA. SCHLUTER reviendra en catimini à Hambourg pour y mourir en 1965. Paisiblement comme un autre célèbre Waffen SS du nom de LAMMERDING auteur lui des massacres de Tulle et d'Oradour-sur-Glane. Mais, il est en effet difficile de croire qu'il ait pu, seul, prendre une telle décision en vue de rapatrier environ sept cents hommes et deux canons de DCA. Il est donc plus que probable que ce soit le lieutenant-colonel STENGER, Feldkommandant de Tours qui ait donné l'ordre d'exercer de telles représailles. Ces Waffen SS ne seront pas tous comme ce Wilhelm (photo ci-contre) dépeint dans La bouteille de goutte, l'un de nos derniers ouvrages qui avait résolument changé d'avis sur bien des choses une fois emprisonné ! 

    Le tueur en chef de Maillé (indre et loire) c'est lui !

    « A Maillé, on se trouve à 40 kilomètres de l'ancienne ligne de démarcation, précisera Éric Alary, près d'axes de communications essentiels, à savoir la nationale 10 et la ligne ferroviaire Paris-Bordeaux. Entre le 12 ou le 15 août et la fin du mois, le secteur a vu passer entre 100 000 et 150 000 soldats allemands en train de se replier ». L'importance stratégique du secteur n'échappait donc, ni aux Alliés ni aux résistants. D'autant qu'une autre division Waffen SS avait essuyé quelques pertes en ralliant le front de Normandie. Ce serait pour permettre l'évacuation par chemin de fer de ce qui restait de troupes et de matériels qu'une unité des Waffen SS de la 17ème Panzer Grenadier Division, la Götze von Berlichingen identifiable à ce poing de fer figurant sur leurs tenues de combat (à gauche) se serait livrée à un tel carnage. Dans la nuit du 24 août 1944, deux voitures allemandes venaient d'être mitraillées par des maquisards au nord du village et la ligne SNCF Paris-Bordeaux située à proximité du bourg (figurant en rouge sur le plan ci-dessous) venait d'être sabotée à trois reprises. Des ordres avaient donc été donnés dès le 24 août au soir pour que les nazis sécurisent les abords des voies. Dès le 25 août au matin, les SS tueront, mangeront, puis mettront le feu au village. Après leur départ, la Luftwaffe expédiera 80 obus sur les soixante maisons en flammes. Le surlendemain, le Feldkommandant de la région déplorera auprès du préfet l'"excès de zèle" de ses hommes et accusera oralement le lieutenant SCHLUTER. Ces ordres de sécurisation de la ligne Bordeaux-Paris, on a du mal à les comprendre aujourd'hui car Paris venait d'être libéré du joug nazi et il aurait été impossible d'évacuer d'Indre-et-Loire ce qui restait à la fin août 1944 de troupes allemandes et de matériel sans que celles-ci n'aient à nouveau à subir sur Paris de lourdes pertes compte tenu de la présence américaine.

    C'est une page de la Frankfurter Allgemeine Zeitung rédigée sur Maillé par un universitaire allemand enseignant à Tours qui attirera l'attention du tribunal de Dortmund, le plus important d'Allemagne traitant des questions délicates. Une procédure sera ouverte. Après avoir procédé à l'instruction du dossier et une information judiciaire en 2004 contre ce crime de guerre, imprescriptible en Allemagne, le parquet allemand a hélas classé l'affaire sans suite au début de l'année 2017, faute de coupables et de preuves.

    Le tueur en chef de Maillé (indre et loire) c'est lui !

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  • L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...

    C'est l'une des affaires criminelles hors normes qui aura donné de notre Justice un bien piètre visage ! Une affaire proprement révoltante !

    Dix-huit ans après un verdict qui aura beaucoup fait parler et souvent à tors et à travers, on ne peut cependant s'empêcher de revenir une fois de plus sur cette affaire de Montigny-les-Metz et sur la mort de ces deux garçonnets de huit ans toujours inexpliquée, et cela alors qu'on avait longtemps cru trouver un coupable ! Car le meurtre d'Alexandre BEKRICH et de Cyril BEINING retrouvés le crâne fracassé à coups de pierres sur le ballast bordant une voie de chemin de fer de stockage le 28 septembre 1986 aura surtout mis en lumière ce que pouvait être l'entêtement d'un enquêteur brûlant de faire condamner un coupable qu'il s'était fabriqué de toutes pièces, aidé par quelques autres enquêteurs à la désinvolture consternante ! Des enquêteurs semblables à ceux qui avaient eu douze ans plus tôt à Marseille à démystifier l'affaire RANUCCI ! Et cet entêtement perdure encore malgré d'autres pistes sérieuses à l'origine de la cassation de l'arrêt rendu quelques années plus tôt et l'acquittement de Patrick DILS. En effet, et même s'il refuse depuis 2002 de se livrer davantage, le responsable de la cacophonie, un certain Bernard VARLET, reste aujourd'hui toujours aussi sûr de la culpabilité de celui dont il avait fini par faire un adolescent perdu de 16 ans, fragile et vulnérable qui subira incarcéré maints outrages sans pouvoir s'y opposer ! On mesure d'autant mieux le poids de cet entêtement que ce gamin de seize ans désigné en 1986 par la vindicte populaire qui avait été jusqu'à menacer de le lyncher aurait bien pu avoir la tête tranchée si la peine de mort n'avait pas été abolie dans notre pays en 1981. Au risque de condamner à une sentence sans appel un second coupable discutable après le Niçois Christian RANUCCIcondamné à mort en 1976 pour un autre crime d'enfant, et dont on n'est toujours pas certain de la culpabilité aujourd'hui encore. Ce gamin restera donc longtemps le plus jeune condamné à perpétuité de France pour n'avoir bénéficié d'aucune circonstance atténuante. Mais revenons sur cette triste affaire et sur cet enquêteur au zèle excessif qui se croit toujours être la vérité incarnée et qui dira le jour du procès avoir suspecté ce pauvre gamin dès le premier jour ! 

    L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...

    « Je voulais juste rentrer chez moi », dira longtemps après Patrick DILS par le truchement d'un ouvrage pour justifier des aveux qu'il avait trop vite consenti à faire, ce qu'il clamera longtemps, signant même ses lettres dès le 6 mai 1987 de la mention : L'innocent incompris. « En d'autres temps, ajoutera t-il, on aurait réclamé ma tête et on l'aurait sans doute obtenue. Se fiant sans doute aux « t'inquiète pas garçon, ça n'est pas grave » et à la promesse d'un responsable d'enquête au visage congestionné soucieux de lui faire avouer l'inavouable, sept mois après la mort de deux garçonnets, et parce qu'il fallait mettre un terme à une trop longue enquête, le jeune Patrick DILS avait avoué ! Du haut de ses seize ans, dira t-il dans son livre, il vivait son premier face-à-face avec un représentant de l'ordre, intimidant et obstiné et il n'était pas de taille ; avec ses « écoute garçon » la partie était selon lui perdue d'avance. Pour provoquer ces aveux, VARLET lui fera même croire qu'on l'avait vu à proximité du talus, mais c'était un mensonge ! 

    Plus de 500 personnes interrogées dans les locaux de l'Hôtel de Police de Metz, pas toujours les bonnes, cinquante entendues durant une garde à vue, et deux qui avaient même avoué comme il le fera avant, eux aussi, de se rétracter, sans parler de ce prétendu ambassadeur du Luxembourg qui sévissait alors en Lorraine et qui se trouvera à deux doigts de reconnaître une quelconque responsabilité dans le meurtre... VARLET, MARCHEGAY et leur équipe n'avaient pas ménagé leurs efforts et quelques mois après le début de l'affaire du petit Grégory dans un département voisin, il faut bien reconnaître à leur décharge que la pression était énorme pour toute cette bande de flics aguerris ! Mais fallait-il pour autant se jeter sur le premier gamin sans défense venu pour aboutir et clore ce dossier, c'est toute la question ?... Il est cependant reconnu aujourd'hui que l’inspecteur VARLET en charge de cette affaire, n’a pas fait d’enquête criminelle, et qu'il a seulement cherché des aveux. A l’époque c’était d'ailleurs la culture de l’aveu qui primait, et obtenir l’aveu de quelqu’un qui était entendu suffisait à en faire un coupable. Emmené au dépôt pour la première nuit suivant cet interrogatoire, il verra défiler des policiers devant sa cellule qui le regarderont comme une bête fauve, chacun y allant de son petit commentaire, voire même d'insultes. Parce que c'étaient des représentants de l'ordre, le jeune homme ne répliquera pas à leurs quolibets. Soûlé par une pression insupportable et fatigué au terme d'une garde à vue de trente-six heures, Patrick DILS reconnaîtra donc le 28 avril 1987 lors de cette troisième entrevue avec les enquêteurs, leur avoir menti précédemment et avoir tué les deux gamins, parce qu'il se serait trouvé dans un état second ! Lorsqu'on l'avait entendu les deux premières fois, il n'avait pas voulu dire la vérité pour éviter d'être pris pour un chiffonnier faisant les poubelles d'autant qu'à l'école il faisait déjà l'objet de toutes les moqueries possibles et inimaginables. Pensant se retrouver enfin seul face à ses parents, l'inspecteur VARLET ne le lâchera plus l'accompagnant même devant eux en proférant un : « dis à ta mère que tu as tué les enfants ». Prisonnier d'un scénario qui dépassait tout ce que l'on aurait pu admettre, l'adolescent se trouvera effectivement enfermé dans une situation qui le dépassait. Mais une question brûle encore les lèvres ! Pourquoi était-ce ce jeune apprenti-cuisinier du restaurant La Crémaillère, un peu gauche que l'on avait retenu comme possible coupable et non les deux autres qui, entendus jusque là, n'avaient pas convaincu VARLET et son équipe ? Comme ce dénommé Henri LECLAIRE, un homme malade qui avait pourtant le don de perdre ses nerfs assez vite et de s'en prendre assez facilement aux gamins qui venaient fouiner dans les bennes à ordure dont il avait la charge devant son imprimerie ? Un homme que sa trop forte corpulence aurait cependant empêché d'avoir pu grimper sur le talus et donc de pouvoir commettre l'irréparable ? Etait-ce parce que lors de leur première entrevue en octobre 1986, on avait trouvé le jeune DILS avec les mains bandées, alors qu'il soignait tout simplement un eczéma et une allergie ? Ou était-ce parce qu'un appel anonyme peu sérieux avait attiré l'attention des enquêteurs sur lui ? Tout cela sans oublier le témoignage d'un couple qui aurait dit avoir entendu des pleurs venant de la voie ferrée vers 19 heures malgré leur télévision qui braillait. On se le demande encore aujourd'hui. On notera également que les enquêteurs avaient entendu un second suspect, manutentionnaire de son état et âgé de 18 ans du nom de Claude GRABOT. Lorsqu'on l'avait interrogé sur le double meurtre de Montigny-lès-Metz, il avait blêmi et des gouttes de sueur avaient perlé sur son visage. Pressé de questions, il avait finalement lui aussi admis avoir rencontré deux enfants et avoir voulu se livrer sur eux à des attouchements sexuels, puis devant leur refus les avoir frappés, d'abord avec un bâton puis ensuite avec une pierre. Mais après vérification, bien qu'il ait déjà été condamné pour un attentat à la pudeur, on s'apercevra que GRABOT n'était qu'un affabulateur. 

    « Allez, dis la vérité, aurait lancé l'adjoint de Bernard VARLET à Patrick DILS lors de ce troisième interrogatoire. Il faut que tu me racontes précisément ce que tu as fait ce dimanche en rentrant !... Imaginons que tu voies les vélos, que tu montes sur le talus, que tu voies les deux petits garçons ; on peut imaginer qu'ils se moquent de toi. Alors, tu prends une pierre pour leur faire peur et malheureusement tu en blesses un, il tombe à terre. Paniqué, tu prends une autre pierre et tu frappes le deuxième garçon. Complètement paniqué, tu cherches une grosse pierre pour terminer le travail (...) Mais ce n'est pas grave, c'est un accident, on peut comprendre » aurait ajouté l'inspecteur machiavéliqueUne fois ses aveux suggérés faits devant VARLET et son équipe, Patrick DILS croira utile de les confirmer. D'abord devant sa mère reconnaissant avoir fait le coup puis dès le lendemain face à la jeune juge Mireille MAUBERT laquelle, faute d'expérience donnera vite le sentiment de s'appuyer sur les policiers pour boucler cette affaire si délicate. VARLET ne relâchera pas à l'occasion celui qu'il considérera longtemps comme son trophée et il ne quittera pas la pièce. Pas une seconde l'adolescent ne restera seul avec la juge et il n'aura donc à aucun moment la possibilité de donner sa propre version des faits à celle qui aurait pu donner l'ordre à son détracteur de sortir de la pièce mais qui ne le fera pas. Comme il le reconnaîtra dans son livre, il a été victime d'un véritable abus de pouvoir et d'un abus de confiance. Il se rétractera cependant une première fois devant son avocat Bertrand BECKER mais, et c'est plus curieux, sans oser le faire une seconde fois devant la juge le lendemain au cours de la reconstitution des faits qu'elle avait organisée. Une reconstitution qui reste une véritable énigme car beaucoup de points relevés ne donneront pas lieu à un quelconque recoupement sérieux. On ne cherchera pas, par exemple, à savoir ce qu'était devenue la Fiat Panda longtemps garée ce jour-là à proximité de l'endroit. Toujours aussi surprenant, le jeune inculpé se montrera dans l'impossibilité de se souvenir comment étaient vêtues ses victimes ! Et on apprendra qu'un commandant de la Sécurité urbaine de Metz, un certain Omer STRAGIER présent lors de cette reconstitution et chargé du bouclage de l'opération, sera vite convaincu que ce qui avait été noté ne correspondait pas à la réalité. Une femme d'une cinquantaine d'années venue avec trois autres assister à l'opération, s'étonnera devant lui de l'absence du vieil homme à vélo. Alors qu'on ne parlait pas encore de HEAULME à l'époque ! Ce qui ne manque d'ailleurs pas de sidérer l'enquêteur VARLET qui déplore que STRAGIER ait pu rester aussi longtemps après coup sans se manifester. A sa décharge, le commandant de la Sécurité dira s'être posé davantage de questions encore, une fois connue la présence de HEAULME sur les lieux.

    Pour son avocat, un certain nombre de choses ne collaient pas qui appuyaient la rétractation de son jeune client après ses aveux trop suggérés. Le fait d'abord que le jeune Patrick DILS n'ait pas réussi à situer le lieu de son prétendu forfait et celui d'avoir donné le sentiment de réciter une version comme s'il avait dû l'apprendre. Le fait aussi que l'on ait joué sur des horaires impossibles à vérifier avec exactitude. Car, cela ne faisait aucun doute, si les DILS étaient rentrés à 18h45 de leur maison de week-end, Patrick n'aurait jamais pu se retrouver devant la benne à ordures de l'imprimerie à 18h30 ! Le fait enfin qu'il était de faible constitution physique et qu'il paraît difficile de l'imaginer frapper les deux garçonnets avec autant de force car si lever une pierre est une chose, la projeter avec violence et force en est une autre ! Toujours par peur de décevoir l'autorité et cette fois-ci la juge MAUBERT, il attendra quelques jours de plus avant de se rétracter devant elle. Il est à noter que l'on ne tiendra absolument aucun compte des propos qu'avait tenus le psychiatre après avoir examiné le jeune adolescent. « Monsieur DILS voit les faits en fonction de ce qu'il croit que les autres attendent de lui. Il se présente plutôt comme un enfant appliqué à la tâche qui lui est demandée, récitant les faits soucieux de bien faire et de ne pas décevoir, de satisfaire aux exigences qu'il pense être celles de son interlocuteur ». La jeune juge l'inculpera d'homicides volontaires et le fera incarcérer à la maison d'arrêt de Metz-Queuleu le privant même de visites que ces parents n'auront plus la possibilité de lui faire deux ans durant. Transféré à l'issue de son procès à la prison de Toul, il y sera victimes de violences et sodomisé par un autre détenu.

    Ce dimanche 28 septembre 1986, à 18h45 revenu avec toute la famille DILS de leur maison de campagne après y avoir passé le week-end, pendant qu'ils déchargeaient tous la voiture familiale, Patrick était allé chercher des timbres dans une benne à proximité de la voie ferrée proche de la rue Venizélos où les DILS demeuraient. Collectionneur de timbres, comme sa mère, c'est cette passion pour la philatélie qui sera en partie responsable de ses ennuis judiciaires car en recherchant des enveloppes dans des bennes à ordures à proximité de l'endroit où Alexandre et Cyril seront tués, il ne parviendra plus à se disculper devant les enquêteurs. D'autant qu'il sera montré du doigt et désigné comme étant l'auteur par un appel resté anonyme ! Et tout par la suite reposera sur ces fichus aveux puisqu'aucun témoin ne dira l'avoir vu sur les lieux du crime ce 28 septembre ! Comme il l'avouera après avoir été acquitté, VARLET était un flic de la vieille école, quelqu'un d'autoritaire et de déterminé qui se sentait fort, surtout face à quelqu'un qui était introverti comme Patrick l'avait longtemps été. Et le flic faisait peur à ce garçon peu sûr de lui à qui on avait appris à obéir sans chercher à se montrer rebelle. Et puis avouer qu'il était allé chercher des timbres dans cette benne, est-ce que ça n'était pas déjà reconnaître une faute dont il aurait pu avoir honte, voire quelque chose de condamnable ? De plus, ce pauvre gamin ne voulait pas que l'on dise de lui que c'était un garçon qui faisait les poubelles, et pour justifier sa présence dans le secteur, il a fini par tomber dans le piège qui lui était tendu. Avant de se mettre à parler et même de dire tout ce que les policiers étaient désireux d'entendre au terme d'une trop longue garde à vue. Patrick le reconnaîtra, l'adjoint de VARLET, un certain MARCHEGAY, plus vicieux, s'était montré plus amical en lui proposant au matin un café et un croissant. Il l'avait mis en confiance en lui suggérant même ce qu'il fallait dire ! A plus forte raison après que les DILS eurent reconnu qu'il s'était absenté entre cinq et quinze minutes car pour MARCHEGAY cet écart de dix minutes suffisait à tout expliquer. Il proposera même à l'adolescent d'observer une pause de dix minutes montre en main pour qu'il se rende mieux compte que dix minutes c'était très long ! Dix minutes à l'issue desquelles il finira par lâcher au gamin de plus en plus mal dans sa peau qui ne comprenait pas où on voulait l'amener : Tu sais, ce qu'il faut bien voir c'est que quand tu es arrivé à 18h45 les gosses étaient encore en vie et que quand tu es parti, ils étaient morts... Alors, moi je voudrais que tu m'expliques !  Qu'aurait pu répondre l'adolescent ? Et comme les réponses attendues se trouvaient dans les questions posées et qu'on avait affiché au mur un plan détaillé de l'endroit où les deux corps avaient été retrouvés... Il faut dire que la rue Venizélos et son talus, et que toutes ces voies de chemin de fer peuplées de wagons... Pour tous les gamins du coin c'était un endroit de rêve où ils étaient tous ravis de venir jouer, Cyril et Alexandre les premiers. Ce jour-là, vers les quatre heures de l'après-midi ils étaient revenus goûter avant de repartir s'amuser aux alentours de 17h30. Seulement, ce 28 septembre, personne ne les reverra plus, leurs deux vélos resteront au pied du talus. Que s'était-il donc passé pour que soudain on s'en prenne ainsi à eux ? Les deux enfants avaient-ils surpris quelque chose qu'ils n'auraient pas dû voir ou quelqu'un ? Une piste qu'on abandonnera Cyril et Alexandre n'ayant pas été agressés sexuellement malgré un pantalon baissé que la jeune juge en charge de l'enquête ne prendra pas en considération ! Le couple BEINING, inquiet de ne pas voir rentrer le petit de sa villégiature dominicale, seront les premiers à découvrir les corps et la petite ville, en périphérie de Metz, sera sous le choc de ce crime odieux, sans mobile et sans témoins. 

    L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...

    Certes, il y avait eu le jour de la reconstitution cette histoire de pierres, encore que parler de reconstitution treize ans après celle qui avait sonné le glas d'un autre célèbre condamné : Christian RANUCCI, serait bien imprudent ! Même si le jeune DILS avait pris trois de ces pierres pour mimer ce qui avait pu se passer ce fameux dimanche de septembre en fin d'après-midi. Il y reviendra longtemps après, expliquant que tout avait déjà été décortiqué dans la presse et qu'il n'avait rien inventé ! Mais, pour l'ancien policier qu'était Omer STRAGIER, qui ne se manifestera qu'en 2001, il y avait aussi cet inspecteur VARLET qui tenait fermement l'adolescent par le bras comme s'il avait absolument voulu le rendre plus docile et son adjoint le brigadier Roland HUPP dont les remarques l'avaient interpellé. Pour ce brigadier qui avait participé aux premières constatations sur les lieux du crime, au soir du 28 septembre 1986, on s'était complètement trompé en désignant lors de cette reconstitution un tout autre endroit. Pour ce dernier, ça n'était pas là que ça s'était passé, mais là-bas, et il avait désigné à STRAGIER un autre emplacement situé à une quarantaine de mètres où il aurait été intéressant de voir s'il n'y avait pas eu de projections de sang sur un quelconque wagon. Selon Me Daniel DELREZ, le premier avocat de Jacqueline BEINING, qui sera remplacé en mai 2000 parce qu'il ne croyait pas à la culpabilité du jeune aide-cuisinier, il fallait voir le gamin sous son casque de moto, avec son gilet pare-balles et VARLET qui l'empoignait fermement. Pour son avocat  Bertrand BECKER (ci-dessus), longtemps effacé, la faiblesse des charges pesant sur son jeune client aurait dû suffire à convaincre le jour du procès organisé à huis clos sans la présence des journalistes. Malgré le fait que les juges aient pu être indignés par l'atrocité des faits car il était reproché au jeune apprenti-cuisinier d'avoir tué les deux enfants sans mobile. Cela ne sera hélas pas le cas et ce grand échalas désormais âgé d'un peu plus de 18 ans qui, selon les psychiatres, n'avait alors que 8 ans d'âge mental, apparaîtra sonné à l'issue du procès, restera sans comprendre avant de s'effondrer en larmes. A mille lieues de ce qui se passait autour de lui, il avouera plus tard avoir souffert durant tout le procès d'une rage de dents qui l'incitera à rester absent et étranger à tout ce qui se passait. Habitué à ne pas riposter aux brimades qu'il subissait depuis l'école, Patrick DILS laissera une fois de plus les autres lui dicter ce qu'il fallait dire, comme cela avait été le cas face aux enquêteurs. Il sera condamné, et fait rarissime, sans même que la Cour lui refuse l'excuse de minorité, un principe souvent accordé aux jeunes criminels. Un premier pourvoi en cassation sera rejeté en 1990. Au terme d'un procès à huis clos, la presse convaincue de sa culpabilité n'ayant pas été conviée, on ne tiendra pas compte du fait que DILS était mineur. On se souviendra longtemps de cet adolescent longiligne à l'air apeuré, qui se demandait dans le box des accusés ce qui allait encore lui arriver, malgré le fait qu'il se soit rétracté après des aveux jugés trop précis ! Car le jeune DILS n'avait pas hésité à décrire tous les gestes du tueur par des expressions qui feront longtemps froid dans le dos comme lorsqu'il décrit le bruit qu'avaient fait les têtes des deux enfants en éclatant sous les coups donnés à l'aide d'une pierre. L'impossibilité par un médecin légiste ayant mal fait son travail, de préciser l'heure de la mort jouera contre l'adolescent. Si elle avait pu être connue, elle aurait pu l'exonérer des faits qu'on lui a reprochés. Les vêtements des deux garçonnets ne seront pas conservés, empêchant les premiers relevés d'ADN d'être effectués et la jeune juge passera sur un autre élément semble-t-il important : celui que le pantalon de l'une des deux petites victimes ait pu être baissé comme si l'agresseur avait voulu abuser de l'un des garçonnets ! Des empreintes de pas découvertes à proximité du lieu du crime ne feront pas l'objet d'un moulage ni d'une quelconque photographie. Un certain Frédéric GILBERT qui avait croisé à proximité un individu avec des vêtements tachés de sang ne sera pas réentendu par les enquêteurs et aucun portrait-robot ne sera fait de cet individu. Après deux requêtes en révision déposées er rejetées, une demande de grâce présidentielle sera rejetée elle aussi par le Président MITTERRAND.

    L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...En avril 1997, après un procès à Périgueux où HEAULME le tueur en série avait été une fois de plus condamné, de nouveaux faits marqueront l’affaire. L’adjudant de gendarmerie, Jean François ABGRALL, enquêteur en charge de son dossier, qui avait réussi à savoir cinq ans plus tôt que celui que l'on appellera quelque temps plus tard le routard du crime, était présent à Montigny-les-Metz en septembre 1986 et qu'il lui avait parlé de deux enfants qui lui avaient jeté des pierres alors qu'il se déplaçait à vélo. Mais ABGRALL n'avait jusqu'alors pu retrouver trace d'une quelconque affaire restée en suspens dans le périmètre. Et pour cause puisque DILS avait été condamné trois ans plus tôt et que l'affaire de Montigny appartenait au passé. C'est cependant une lettre qu'il avait adressé en octobre 1997 à un journaliste spécialisé Dominique RIZET qui alertera les deux nouveaux avocats de DILS, Jean-Marc FLORAND et Estelle DUBOIS. HEAULME venait juste d'être condamné à Draguignan pour le meurtre du petit Joris ! Les deux avocats qui avaient été adressés à la famille DILS par Jacques VERGES l'avaient été à la suite d'une intervention de Jacqueline DILS vers un ténor du barreau et donc vers un VERGES qui était à l'époque reconnu pour être l'un de ceux avec lesquels on ne transigeait pas. Jean-Marc FLORANT sera quant à lui très vite persuadé qu'une piste pouvait s'ouvrir après avoir pris connaissance des faits qui avaient été reprochés à Francis HEAULME. Un HEAULME qui n'avait pas cru devoir s'accuser du crime de Montigny pour une raison très simple, celle de perdre le bénéfice de visites au parloir que continuait à lui faire sa soeur, malgré les nombreux crimes dont HEAULME était accusé. Pour se donner davantage de chances encore de convaincre, Jean-Marc FLORAND organisera en compagnie des membres du comité de soutien, qui avait piloté une demande de révision du procès, une reconstitution privée (photo ci-dessous) des faits en 2000 à laquelle il conviera la presse et l'ancien commandant STRAGIER (ci-dessous à droite), soucieux de trouver enfin un appui. En mars 2001, la Cour de révision des condamnations pénales, composée uniquement de magistrats de la chambre criminelle de la Cour de cassation décidera donc de rejuger Patrick DILS sur la base d'un élément nouveau, inconnu en 1986, celui de la présence démontrée en septembre 1986 à Montigny-les-Metz d'un certain Francis HEAULME. Seulement les choses tourneront mal une fois de plus pour les DILS.

    L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...   L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...

    L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...

    « On a construit un coupable idéal et docile à défaut d'un vrai coupable, on a fabriqué des aveux et je vous demande de lui rendre son innocence, son honneur, sa liberté et son sourire » déclarera Me FLORAND, à l'issue d'une plaidoirie dans laquelle il développera les preuves de l'innocence de son client et celles de la culpabilité de HEAULME. Le 24 avril 2002, rejugé en appel à Lyon, Patrick DILS sera enfin acquitté alors qu'en juin 2001, quelques mois plus tôt, la Cour s'assises de la Marne l'avait à nouveau condamné à Reims à vingt-cinq ans de détention après six longues heures de délibérations ! Malgré un avocat général Jean-Dominique SARCELET qui s'était pourtant prononcé pour un acquittement du jeune homme ! Un scénario qui n'avait pas manqué de plonger ses défenseurs dans la perplexité et qui les verra se demander ce qui n'avait pas fonctionné. L'attitude trop sûre d'un homme à présent convaincu d'être enfin reconnu innocent ou bien autre chose. Plus vraisemblablement l'intervention à la barre de l'enquêteur VARLET qui, quinze ans plus tard, réussira une fois encore à l'éteindre, le prévenu ne sachant pas s'exprimer s'étant montré guère convaincant. Devant les Assises du Rhône, tout sera différent, Patrick DILS s'appuyant sur tout ce qui lui avait manqué dans la Marne et notamment sur une préparation fructueuse. Il apparaîtra à Lyon sans ces lunettes (ci-contre) derrière lesquelles on lui avait reproché de se cacher. Comme il le révèlera à Christophe HONDELATTE lors de son émission un camarade de cellule Pierre LEFEVRE le préparera à mieux contenir les affirmations des juges et enquêteurs en lui faisant comprendre que si lui, il avait la vérité pour lui, les autres n'avaient rien. Il lui fera également comprendre qu'il ne devait plus être spectateur mais acteur de ce nouveau procès, ne plus avoir honte, répliquer à toutes attaques. Dès le départ, DILS mettra d'ailleurs les choses au point et à une question de la Présidente du tribunal qui l'invitait à se présenter, il lâchera : « Si vous avez l'impression aujourd'hui d'avoir un homme face à vous, sachez pourtant que j'ai arrêté de vivre à l'âge de seize ans ! » Il n'y aura cependant rien de dit à propos de ce qui s'était réellement passé avant qu'il se croie obligé de faire ces aveux tendancieux à des policiers qui l'avaient manipulé, jouant sur sa méconnaissance des êtres et des choses. C'est cet homme métamorphosé qui leur fera face à Lyon bénéficiant cette fois de la présence d'un public acquis à sa cause. Car, depuis son arrestation de 1987, les choses avaient changé et un courant de sympathie s'était manifesté, sans doute conscient que l'on avait condamné injustement un jeune adolescent dépassé par les événements. Pour mieux leur faire comprendre ce qu'il venait de traverser, il n'hésitera pas à leur dire dès le départ que durant cette longue traversée de l'enfer, il avait subi des violences. « Je suis entré à Toul avec cette étiquette de meurtrier d'enfants collée dans le dos, dira t-il, et j’ai été pris en grippe tout de suite. Ça a commencé par des insultes balancées depuis les fenêtres d’autres cellules. Ont suivi des grands coups de torchon mouillés derrière les reins à la douche ». Passif, choisissant de résister sans se plaindre aux gardiens, il reste persuadé aujourd'hui que ce qui importait c'était surtout d'éviter qu'il y ait trop de coups, ce qui aurait pu être le cas s'il avait appelé à l'aide. Après avoir été condamné par la justice des hommes il l'était à nouveau mais cette fois-ci par les voyous et les durs. « Tu n'es qu'un pédé, un enculé » lui avaient-ils dit. Une fois libéré, il aura maille à partir avec certains surveillants de Toul qui porteront plainte pour diffamation contre son ouvrage, parce qu’ils n’avaient pas admis qu'il décrive ce qu’il avait vécu et subi au sein de ma détention à Toul, c’est à dire le viol. Pour eux, il avait affabulé et n’avait jamais été violé, parce que si ça avait été le cas, j’aurais porté plainte. Le fait que deux pêcheurs qui n'avaient pas jusqu'ici témoigné en sa faveur sera déterminant. N'avaient-ils pas croisé HEAULME le visage en sang à proximité de la voie ce 28 septembre ? Affolé et tremblant, il leur dira être tombé sur les cailloux en descendant du talus ! Il sera par ailleurs démontré par une cellule de recherches de la Gendarmerie que Patrick DILS n'aurait pas eu le temps matériel de tuer les deux enfants entre 18h45, l'heure à laquelle il était rentré de week-end, et 19h00. Les recherches entreprises par cette cellule s'arrêteront aussi sur un autre fait longtemps laissé de côté, celui que sur le talus bordant la rue Venizélos, les lampadaires de la voie ferrée étaient allumés. Du moins s'il avait fallu en croire les détails donnés par le gamin lors de son inculpation, alors qu'en ce dimanche de septembre, les lampadaires étaient éteints !

    L'enquêteur Bernard VARLET vivra très mal cet acquittement et mieux, il se croira obligé de porter plainte contre Patrick DILS après la sortie de son premier ouvrage : Je voulais juste rentrer chez moi écrit en collaboration avec la journaliste Karen ABOAB et publié chez l'éditeur Michel Lafon en 2003. 

    L'affaire Patrick Dils : L'acharnement coupable d'un enquêteur...

    Patrick DILS qui vient d'avoir 50 ans est aujourd'hui le père de deux enfants mais malgré sa nouvelle vie il garde tout de même un goût amer après ce qu’il a vécu. Il sait aussi ce qu'il doit à sa mère qui l'aura défendu jusqu'au bout. Pour Envoyé Spécial, l'équipe du magazine d'information de France-Télévision  qui avait évoqué un possible suspect oublié est revenue récemment sur cette enquête, notamment après la mise en cause de deux autres coupables... Un certain Henri LECLAIRE et bien entendu celui que tout le monde attendait, Francis HEAULME, le routard du crime ! On ne manquera cependant pas au passage de s'étonner des propos tenus dans ce reportage par la grand-mère de l'un des deux gamins tués, Ginette BECKRICH (ci-contre) qui avait pourtant chargé assez facilement le jeune adolescent et même encore à Lyon en 2002, une fois l'acquittement prononcé ! Qu'elle ait pu changer aussi facilement son fusil d'épaule après avoir suspecté LECLAIRE ne manque pas de surprendre. On l'entend encore lancer excédée à un média présent : « Pour nous, parties civiles, il n'y a pas de doute, c'est DILS l'assassin ! » Mais pire que tout, c'est que Patrick DILS sera contraint une fois encore lors des deux procès qui devaient permettre de confondre HEAULME, en 2017 et 2018, de répondre à des accusations. Il aura le sentiment d'être à nouveau poursuivi par un acharnement judiciaire sans nom et obligé de se justifier, ne serait-ce qu'à la demande des avocats de HEAULME et de la Famille BECKRICH. Et le dossier ne semble toujours pas prêt de trouver une issue puisque Francis HEAULME, après avoir été condamné en appel en décembre 2018, est résolu à déposer un pourvoi en cassation. L'opinion qu'a l'auteur Emmanuel CHARLOT qui vient de publier une "contre-enquête" sur cette affaire aurait elle jeté un trouble sur la seule responsabilité du routard du crime dans ce meurtre ? Qui sait ? Car, pour CHARLOT, les auteurs de ce crime abominable auraient en effet été deux et si le nom de HEAULME revient souvent, il se pourrait qu'il n'ait pas agi seul ce dimanche 28 septembre 1986. 

     

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  • Marie-France Pisier ou la beauté d'un personnage incompris

    Marie-France Pisier ou la beauté d'un personnage incomprisL'affaire du pédophile Olivier DUHAMEL aura attiré l'attention sur un autre fait divers qui avait bouleversé quelques années plus tôt le monde du cinéma, celui de la disparition le 24 avril 2011 de l'actrice Marie-France PISIER. Une disparition sur laquelle aura coulé longtemps beaucoup d'encre malgré le fait que l'ancienne vedette du cinéma français souffrait d'un cancer du sein et qu'elle aurait pu vouloir en finir en mettant fin à ses jours après une nouvelle récidive de celui-ci, malgré une opération chirurgicale de la dernière chance. Alors que son corps avait été retrouvé dans une piscine à Saint-Cyr-sur-Mer dans une de ses propriétés du Var par son mari Thierry FUNCK-BRENTANO, on s'était néanmoins posé beaucoup de questions car avant sa mort Marie-France était pleine de vie, et cela malgré le cancer qui la rongeait. Elle avait même, semble-t-il, des projets professionnels. Oui, sa mort avait interpellé et cela d'autant qu'on l'avait retrouvée coincée dans une “lourde chaise en fer forgé”, selon le rapport d’une autopsie qui n’avait pas permis de déterminer les circonstances de sa mort. Encore que l'on puisse se demander comment on peut arriver à se noyer coincé dans une chaise ! Avait-on poussé la chaise à l'eau avec une Marie-France qui assise dessus avait tenté de se débattre ? On avait aussi évoqué des travaux entrepris à proximité de la piscine qui auraient pu jouer un rôle dans une mort accidentelle. Mais on était surtout parti à l'époque du fait que Marie-France était probablement morte d’une crise cardiaque après avoir pas mal bu, car on n’avait pas retrouvé d’eau dans ses poumons en sachant que le mélange alcool et Ixprim, l’antalgique qu’elle prenait, met dans un état très particulier au contact de l’eau. Selon certains autres avis et une source proche de l'enquête, Marie-France PISIER qui ne s'était pas noyée était, pour eux, morte avant de tomber dans la piscine emmêlée dans sa chaise, sans qu'ils parviennent à élaborer un quelconque scénario. Ce que tenteront de faire les enquêteurs en plongeant et en s'aidant de l'une des chaises retrouvées sur les lieux comme le précise le court reportage consacré à cette affaire PISIER/DUHAMEL (photo ci-dessous). Ce qui peut ajouter d'invraisemblance à celui-ci, c'est que cette nuit-là il pleuvait à Saint-Cyr-sur-Mer et qu'on ne comprend pas très bien ce qui avait pu pousser Marie-France à vouloir faire du tourisme sous la pluie au bord de sa piscine !

    Marie-France Pisier ou la beauté d'un être incompris

    Marie-France Pisier ou la beauté d'un personnage incompris

    Marie-France PISIER avait fait ses premiers pas au cinéma au début des années soixante en tournant pour François TRUFFUAT et elle symbolisait tout comme sa mère "les femmes libres". Elle n'était pas suicidaire et son premier mal en avait fait une femme déterminée prête, semble-t-il, à lutter et à faire face à toutes les épreuves qui lui seraient encore imposées. Cela avait été le cas après le suicide de son père Georges survenu après sa décision de faire de son enfance un livre : Le bal du gouverneur dont elle fera d'ailleurs un film par la suite. Cette enfance, Marie-France en conservait un très mauvais souvenir d'autant qu'elle avait dû fuir en compagnie de sa mère Paula et de sa soeur la Nouvelle-Calédonie où elle était venue au monde avant d'émigrer à Nice et de trouver sa voie. François TRUFFAUT lui donnera une première chance avant qu'elle accepte de poser dévêtue et un cuissardes pour des magazines masculins comme Lui ou Playboy, plus par goût de la provocation que pour mettre du beurre dans les épinards. Ce qui est sûr, c'est qu'après avoir atteint le graal après un passage télévisuel très remarqué dans Les gens de Mogador et deux César pour un second rôle avec André TECHINE qui semblait lui préférer Isabelle ADJANI, sa carrière d'actrice déclinera. Malgré une dernière tentative dans un film de Gérard OURY : L'as des as, tourné en 1980 aux côtés de Jean-Paul BELMONDO. Juste le temps d'essayer de devenir une maman comblée et de se tourner vers l'écriture. 

    Marie-France Pisier ou la beauté d'un personnage incomprisOn prétend aujourd'hui que la disparition de Marie-France serait essentiellement liée aux abus d’Olivier DUHAMEL (ci-contre) sur son beau-fils. Et c’est Camille KOUCHNER qui vient d'en parler dans un ouvrage intitulé « La Familia Grande » publié aux éditions du Seuil annonçant que son beau-père politologue aurait abusé de son frère jumeau Victor, alors qu’il n’avait que 13 ans. Le livre a jeté un pavé dans la mare, et Camille, la fille de l’ex-ministre de SARKOZY qui avait fondé Médecins du monde, a déballé au grand jour un secret de famille, que le Tout-Paris connaissait mais que le silence a couvert. Un secret de famille bien lourd concernant Olivier DUHAMEL, un politologue habitué des plateaux télé et radio qui enseignait à Sciences Po, un homme auteur de nombreux ouvrages et conseiller de ministres, une figure de l’intelligentsia. Le problème, d'est que la nuit, il se glissait dans le lit de son beau-fils de 14 ans pour l’initier en lui ayant dit qu'il allait lui montrer et « que tout le monde fait ça ». C'est au cours d'un été, 2008 ou 2009, que les enfants auraient décidé d’informer leur mère Evelyne PISIER du comportement abusif de leur père et beau-père, lors de leur adolescence. Celle-ci se serait alors empressée de rejoindre la maison de sa sœur, Marie-France. Une Marie-France décidée à en parler à tout le monde qui voulait même lui faire la peau avant bizarrement de se "suicider" ou de "se faire suicider". 

    Cette histoire aurait alors détruit la relation si fusionnelle entre Evelyne, l’épouse d’Olivier DUHAMEL et la comédienne, deux femmes qui avaient jusqu'alors tout partagé, même leur maris puisqu'on prête à Marie-France une courte passade avec "Monsieur Christine OCKRENT", le dénommé Bernard KOUCHNER. Comme Camille KOUCHNER le révèle dans La familia Grande« Je les ai si souvent vu faire... A Sanary, certains des parents et enfants s'embrassent sur la bouche ». Le magazine France Dimanche en redresseur de torts coutumier s’est depuis demandé si le décès de Marie-France PISIER était en rapport avec cette affaire de viol ? Camille KOUCHNER, la fille du French doktor, a annoncé que lorsque sa tante a su ce qui se passait avec son frère, elle aurait rapidement voulu se venger d’Olivier DUHAMEL, contrairement à Evelyne PISIER, sa femme, qui aurait tout fait à l'époque pour le protéger. Iris, la fille de Marie-France a révélé dernièrement que sa mère était très choquée du fait que sa soeur Evelyne n'ait pas protégé d'abord ses enfants et que personne ne réagisse. Pire, au sein de la grande bande d'amis d'Olivier DUHAMEL que Camille KOUCHNER a baptisé La familia Grande, tous étaient au courant de ce qui se passait. Pour son neveu Julien KOUCHNER, le décès de Marie-France PISIER, n'est pas un suicide et il n'est pas le seul à le penser. Il affirme : « Je n'ai jamais cru que ma tante se soit suicidée, comment elle est morte. Ma seule certitude, c'est que toute cette histoire l'a tuée » ! Ce qui est aujourd'hui certain, c'est que le fantôme de cette tante protectrice qu'était Marie-France PISIER est encore aujourd’hui l’unique alliée de Camille KOUCHNER mais sans que l'on ait véritablement éclairci le mystère de sa mort d'avril 2011 ! En admettant qu'on l'ait voulu !

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